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Citation de liliterre


J'avais écrit la mort d'Antonin -considérée, dans la mythologie familiale, comme LE drame inaugural (il y en aurait d'autres). Pour cela, j'avais dû choisir, parmi les versions qui m'avaient été données, celle qui me semblait la plus vraisemblable, la plus proche en tout cas de ce qu'en racontait Liane, ma grand-mère [...].
Qu'avais-je imaginé? Que je pouvais raconter l'enfance de Lucile à travers une narration objective, omnisciente et toute-puissante? Qu'il me suffisait de puiser dans le matériau qui m'avait été confié et faire mon choix, mon "petit marché"? Mais de quel droit?
Sans doute avais-je espéré que, de cette étrange matière, se dégagerait une vérité. Mais la vérité n'existait pas. Je n'avais que des morceaux épars et le fait même de les ordonner constituait déjà une fiction. Quoi que j'écrive, je serais dans la fable. Comment avais-je pu imaginer, un seul instant, pouvoir rendre compte de la vie de Lucile? Que cherchais-je au fond si ce n'était approcher la douleur de ma mère, en explorer le contour, les replis secrets, l'ombre portée?
La douleur de Lucile a fait partie de notre enfance et plus tard de notre vie d'adulte, la douleur de Lucile sans doute nous constitue, ma sœur et moi. Pourtant, toute tentative d'explication est vouée à l'échec. Ainsi devrais-je me contenter d'en écrire des bribes, des fragments, des hypothèses.
L'écriture ne peut rien. Tout au plus permet-elle de poser des questions et d'interroger la mémoire. (p.41/43)
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