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Critiques de Denis Langlois (26)
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Le voyage de Nerval

Je l'avoue pour commencer : je n'avais jusqu'ici pas de sympathie particulière pour Gérard de Nerval.

Mis à part ses fameux vers –« Je suis le ténébreux, le veuf, l'inconsolé / le prince d'Aquitaine à la tour abolie/ Ma seule étoile est morte, et mon luth constellé / Porte le soleil noir de la Mélancolie» j'étais en peine de citer l'un des titres de ses écrits les plus connus. Je me souvenais juste qu'il avait traduit Faust et qu'il était contemporain De Balzac et de Victor Hugo, de Théophile Gautier, et d'Alexandre Dumas.



Mais je ne savais pas particulièrement qu'il avait été voyagé au Liban.

Grâce à Denis Langlois, on va tout savoir sur ce voyage « en Orient », dans un pays que l'auteur connaît lui-même parfaitement - il faut relire son très bon roman "Le déplacé" que j'avais chroniqué aussi.



L'écrivain d'aujourd'hui a trouvé une forme originale pour parler de l'écrivain d'hier : il s'adresse à lui directement et d'emblée il le tutoie. Sans aucune flagornerie. Bien au contraire : le grand poète est démasqué à chaque fois qu'il travestit la réalité (« Hypocrite ! Imposteur ! Comme si tu ne le savais pas, cela fait huit ans que tu es rentré ! ») : Celle d'un Liban de pacotilles que Denis Langlois n'a pas de mal à débusquer – à l'image de ce récit haut en couleur (un pseudo combat contre des Druzes) qui ne s'est sans doute jamais déroulé comme décrit par le poète. Pour tous ceux qui vénèrent Gérard de Nerval, attention, le risque est important de le voir tomber de son piédestal.



On comprend dès les premiers chapitres que le poète souffre de troubles psychologiques et qu'il a besoin de soins réguliers. Pourtant, quand l'occasion se présente, et grâce au fonds de son ami Fonfride, le « Voyage en Orient » - ce sera le titre de son récit à son retour publié en 1851 - dont tous les Européens rêvent est à portée de main. Nous sommes en 1843 et nous allons suivre le poète dans son voyage, déchiffré par Denis Langlois.

Ce voyage commence par l'Egypte où nous découvrons les démêlées du poète au Caire : il doit absolument être marié, sous peine d'être condamné à quitter son logement.

Fort heureusement il va découvrir la belle Zeynab, une esclave rebelle et susceptible, qu'il va devoir emmener avec lui au Liban, où il découvrira la religion des Druzes à laquelle elle appartient. Et surtout la belle Salema, dont le père, un cheik druze, est emprisonné. Qu'à cela ne tienne : le poète va s'occuper de faire libérer le père … pour mieux demander la main de sa fille.

Lequel père aura une parole très juste : « Si tu as voulu rendre service, tu n'as fait que ton devoir. Si tu y avais intérêt, pourquoi te remercierais-je ? »

Et donc, alors que le mariage est en bonne voie, la date fixée, et le poète en pleine étude de la religion druze : « Je tourne la page 559. Surprise, le chapitre est fini. le suivant s'intitule Epilogue, il est situé à Constantinople. Tu as donc quitté le Liban. » Une pseudo fièvre invoquée comme excuse pour quitter le Liban, qui suscite l'ironie de l'auteur Denis Langlois : « Pauvre Nerval, quelle minable explication indigne de toi ! Quelle justification de faux jeton ! »



Dans la seconde partie du livre, on va suivre le poète qui poursuit son voyage en Turquie, puis Naples, Livourne, Gênes, et Marseille puisque le poète revient en France en 1844, avec de fréquents allers et retours en clinique, allant jusqu'à s'enfermer lui-même parfois. Avec ce verdict posé par l'auteur : »Tu te trompes, Nerval. En fait, tu es perdu. C'est un mal insidieux dans tes bagages. On ne se remet jamais d'un voyage en Orient et encore moins d'une plongée dans la religion druze. »



La dernière partie du livre verra le poète errer dans Paris, retrouver la belle pianiste Marie Pleyel dont il est toujours amoureux mais sans espoir pour lui, et publier beaucoup.

Comme Nerval est connu pour ses mensonges, personne ne peut croire par exemple que Goethe ait dit du bien de sa traduction de Faust. Et cela lui vaut un esclandre avec Théophile Gautier, qu'il menace d'un couteau, ce qui heureusement ne se finira pas en accident mortel.



L'intérêt du livre tient à l'adresse d'un écrivain à un autre, par delà les 150 ans qui les séparent. Les comparaisons sont intéressantes, comme celle où l'auteur commente le propos du poète « il vaut mieux croire à une folie que ne rien croire du tout » : lui aussi, un siècle et demi plus tard, a couru après des utopies.



L'écriture est fluide, c'est agréable à lire, et ce tutoiement proposé par l'auteur en direction du poète nous le rend très vivant. Mais sincèrement le 19ème siècle n'est pas ma tasse de thé.

Le récit se terminera sur une scène datant du 2 mai 2020, où Denis Langlois se rend au Cimetière du Père-Lachaise pour voir la tombe de Gérard de Nerval. Déception : tout est terni, noirci – seule la présence d'un homard en plastique, « clin d'oeil à l'une de tes excentricités supposées » - peut nous faire sourire.

Face à cette tombe dégarnie, une autre tombe avec un buste altier : celui d'Honoré de Balzac. Tout un symbole : l'histoire littéraire du 19ème a surtout retenu l'auteur de « la Comédie humaine », au détriment de cette figure majeure du romantisme français que fut Gérard de Nerval et il n'est pas sur qu'elle n'ait pas eu raison.


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L'affaire Saint-Aubin

Voici un récit très détaillé d'une affaire qui a défrayé la chronique pendant une quarantaine d'années.



Grâce à l'auteur, on va suivre pas à pas l'histoire de la famille Saint-Aubin, originaire de Dijon, et de leur fils Jean-Claude, apparemment mort dans un brutal accident de voiture.

Mais rien n'est simple dans cette affaire, et le moins qu'on puisse dire c'est que la justice fat lourdement obstruction à la recherche de la vérité.

Car les parents de Jean-Claude, et notamment sa mère Andrée, forcent l'admiration.

Contre vents et marées, malgré le nombre incalculable de refus, de non lieux et de fins de non recevoir, de contradictions dans les procès-verbaux ou dans les croquis décrivant le lieu de l’accident, celle-ci va s'acharner à tenter de découvrir la vérité.

On y croisera ici tout un tas de personnalités publiques de tout bord, de ministres de la Justice fermés à la discussion, jusqu’à Pierre Joxe, la Ligue des Droits de l’homme, et même François Mitterrand lui-même, curieux de rencontrer ces époux acharnés à voir aboutir une enquête que bien d’autres auraient abandonnée en route.



Accident provoqué par un convoi militaire fantôme ? Méprise par les services secrets, ayant confondu Jean-Claude Saint-Aubin avec un agent visé par un attentat ? Bavure ? ou finalement simple accident dramatique ?



Le lecteur se fera son jugement, mais Denis Langlois, connu pour son goût pour la chronique judiciaire, nous livre là toutes les clefs pour nous faire notre propre jugement.



Un excellent exercice de synthèse, rondement mené, qui fait de "L'affaire Saint-Aubin"un thriller très enlevé et qui donne la foi dans un combat possible contre la justice - à condition d'avoir une ténacité digne de Andrée Saint-Aubin, une vraie femme d'exception.



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Le voyage de Nerval

C'est un voyage effectué à titre personnel sans escorte militaire contrairement à d'autres artistes de la même époque attirés par l'Orient (au sens large), plus ottoman que libanais, que Nerval entreprend entre 1843 et 1844. Il conditionnait pour lui le recouvrement de sa santé, du moins l'espérait-il, après un séjour de plusieurs mois dans la clinique du docteur Blanche où il avait aussi appris la mort du grand amour de sa vie (l'actrice Jenny Colon/Leplus). Les graves troubles surgis au cours de l'année 1841 qui l'avaient mené chez l'aliéniste sont chroniqués au début du livre de D. Langlois. Son mal mis entre parenthèses voilà Nerval libéré qui embarque à la fin de 1843 à destination d'Alexandrie avec un coéquipier plus fortuné (Joseph de Fonfride). Voyage d'Orient promu par le Romantisme, réservé à quelques privilégiés, souvent fantasmé, testé par d'illustres prédécesseurs (Chateaubriand, Lamartine) et très en vogue au XIXe siècle comme rappelé en cours de lecture par Langlois. L'Orient berceau des grandes religions universelles et divinités chères au coeur De Nerval et pour lui lieu de renaissance symbolique et littéraire. Son orient formé de tous les écrits dont il s'est imprégné est pour part rêvé, il sera largement reconstruit, réinventé par un projet littéraire qui voit le jour huit ans après son retour ce qui constitue sa singularité. Un Voyage d'Orient qui a pris son temps en quelque sorte. Rapport au temps dans la création De Nerval qui suggéré n'est pas le sujet ici. Ce Voyage de Nerval est d'abord la lecture personnelle de Langlois en version poche partagée en style direct et familier prenant trop souvent et de manière trop appuyée la forme d'une apostrophe énervée à l'égard De Nerval.



Lecture effectuée à un moment de sa carrière où lui-même en panne d'inspiration se trouve au Liban cent-cinquante ans après le poète, pays ravagé par quinze ans de guerre et toujours aussi secret que celui visité par Nerval. D. Langlois rapporte dans un premier temps les circonstances, étapes et péripéties colorées qui émaillent le récit nervalien révélant les sources qui guidèrent le poète (ses lectures en particulier, « piratages » selon Langlois), puis s'arrête ensuite sur le retour du voyage et les conditions qui firent naître le livre jusqu'à sa publication en deux temps, longtemps différée, d'abord en feuilleton dans la Revue des deux Mondes puis en volumes après recomposition par Nerval pour l'édition définitive (Charpentier, 1851). L'Egypte, d'Alexandrie au Caire où il séjourne quatre mois avec remontée et descente du Nil, un crochet par Beyrouth et un séjour de trois mois à Constantinople : autant de destinations prometteuses de sensations pour des lecteurs que Nerval fit bien attendre. Il leur offrait par son voyage une vision contemporaine et cosmopolite documentant des villes où il séjournait (Le Caire en particulier), leurs habitants et leurs moeurs et rendait compte d'une mosaïque de territoires et populations où se mêlaient juifs, Egyptiens, Grecs, Arméniens, musulmans, Turcs, chrétiens maronites et druzes ne renonçant pas pour autant à l'agrément du récit (chasse au faucon ou expédition punitive maronite dans les montagnes libanaises, nuits arabo-byzantines de la capitale ottomane) ou à faire resurgir de vieilles légendes (celle du calife Hakem). Plus de neuf cents pages où l'écrivain narrateur déploie un talent polyvalent occulté par Langlois qui peine à guider sur le chemin d'une inspiration plus singulière et mystérieusement nervalienne.



Pauvre Gérard ! En vrac il lui est reproché d'utiliser un précédent voyage en Autriche et en Suisse pour introduire celui-là, de faire attendre cent quarante pages pour atteindre l'Orient et évoquer les premières « péripéties » égyptiennes ; de "piquer" une fausse visite aux Pyramides à l'abbé Terrasson ; D. Langlois qui égrène mensonges, anglophobie, emprunts (H. Vernet, Serieys, Lane), arrangements, « salades » et préjugés et s'offense d'une mise en scène littéraire (cocasse si on y lit de la dérision de la part De Nerval) déguisant une réalité sinistre : l'achat par Nerval d'une esclave javanaise (par Fonfride en réalité qui disparaît du récit), la jeune Zeynab, au marché du Caire censé le mettre en conformité avec les bonnes moeurs locales, réjouissante Zeynab qui lui en fait voir ensuite de toutes les couleurs (Chapitre 2). Nerval qui reprend ensuite la mer à Damiette sur un bateau grec et Zeynab qui fait à nouveau des siennes, sa quarantaine devant le port de Beyrouth qui lui permet d'entamer la lecture de L'exposé sur la religion des Druzes de Sylvestre de Sacy recommandée par la libraire du Caire Mme Bonhomme pendant que Zeynab fait trempette du bout des pieds. Après leur installation chez des hôtes maronites il la confie à une institution française de Beyrouth et rencontre enfin la princesse Druze Salema de son coeur dont le père en délicatesse avec les autorités locales l'initie à la religion des Druzes. Mais le poète tombe malade et les fiançailles à l'eau... Il file à Constantinople ! La lecture est expédiée, les épisodes rapportés ramenés à un niveau anecdotique. Au retour d'Orient l'antimilitariste Langlois reproche l'allocation obtenue du maréchal Vaillant (futur ministre de la guerre du second empire) alors que Nerval est hospitalisé sans ressources (p. 180) et le soixante-huitard se mesure avec satisfaction au quarante-huitard trop tiède que reste à ses yeux l'écrivain.



Bon, Nerval qui trouve pourtant grâce aux yeux de Saïd a t'il cédé à l'orientalisme ambiant et faut-il s'indigner de procédés d'appropriation littéraire courants dans son milieu quand le droit de la propriété intellectuelle tel qu'on le connait aujourd'hui n'existe pas ? On peut y réfléchir en se plongeant dans son Voyage (car Nerval comme Fromentin en Algérie méritent la lecture), ou rester avec Langlois qui lui semble avoir tranché et ne réussit pas vraiment à rendre compte de la manière dont le temps a oeuvré pour transformer les souvenirs de voyage en récit ni des détours empruntés par la création nervalienne, entre réel et imaginaire. le retour d'Orient nouveau départ pour Nerval est bien documenté ouvrant une phase très féconde dans les dernières années de sa vie. Période de reconnaissance par ses pairs où coexistent jusqu'au jour de son suicide des moments intenses de création solitaire ou partagée (théâtrale, poétique, romanesque) et des épisodes de rechutes de ses troubles psychiques, au milieu desquels prend place la reconstitution du Voyage et sa publication en épisodes et en livre. Ce Voyage où s'enchevêtrent les années, se superposent les souvenirs, s'entrecroisent la quête mystique et amoureuse, recommencé entre lucidité et crises de folies, est peut-être d'autant mieux réinventé qu'il avait été différé par celui à qui Jules Janin avait depuis longtemps taillé un costume d'illuminé. D. Langlois perd son temps à savonner Nerval, il intéresse davantage quand sa lecture s'emploie plus subtilement à suivre l'étoile orientale De Nerval en Orient : Jenny, lors d'apparitions successives ou sous incarnations diverses au gré des morceaux relus du Voyage (Mme Bonhomme à la librairie française du Caire, la princesse Salema à Beyrouth, ou Marie Pleyel au retour en France). La vision quasi mystique de l'amour de Nerval l'a-elle poursuivi dans le Chouf ?



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La politique expliquée aux enfants

Parce qu’on ne peut limiter la politique au jeu électoral, parce qu’elle concerne au contraire toutes nos manières de vivre au quotidien, il est important de comprendre ce qu’elle recouvre, pour pouvoir décider et agir par soi-même, en parfaite connaissance de cause. Denis Langlois, avec une très grande simplicité, explique un certain nombre de notions pour inviter les enfants (et les autres, la précision est parfaitement justifiée) à ne pas laisser quiconque décider à leur place.

(...)

À la différence des habituels « bréviaires républicains » qui fabriquent des citoyens soumis, ce texte ambitionne d’éveiller des esprits critiques et libres. À prescrire absolument, à laisser trainer et si ça ne suffit pas (les jeux vidéos ou les romans d’héroïc fantasy sont tellement plus séduisants) à lire soi-même pour en débattre malgré tout.



Article complet sur le blog.
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La politique expliquée aux enfants

Un sujet d'actualité que j'avais envie de partager avec mes petits-enfants, ce n'est pas facile de leur parler de façon neutre et intéressante d'un tel thème.

Le texte est intéressant et aide vraiment à réfléchir par soi-même.



J'ignorais qu'il s'agissait d'une énième réédition, et j'ai trouvé l'idée excellente : plutôt que de réécrire les passages qui méritent changement, on a le texte de 1983 (première édition), puis des explications sur ce qui a changé depuis (et hélas, souvent les progrès ne sont pas patents).

Pour chaque partie du texte, il y a aussi une citation qui apparait en gros, la phrase qui peut être l'essentielle du sujet.



Je dois cependant avouer qu'en ouvrant le livre, j'ai été un peu déçue.

Je ne connaissais pas les éditions précédentes, même si j'aurais l'âge d'en avoir vu passer plusieurs, et, attirée par le nom de Plantu, je m'attendais à un livre beaucoup plus illustré. Des images et des textes courts, comme la plupart des documentaires actuels s'adressant aux enfants.

En fait, c'est un texte très dense, parsemé de quelques dessins d'humour.

Je ne l'ai pas encore proposé à mes petits-enfants, mais je sais déjà qu'il y en a assez peu qui auront envie de le lire. Ce qui serait dommage car on leur propose trop rarement des explications aussi claires et détaillées.



Je pensais y trouver aussi des notions sur les institutions, le vote, etc, mais c'était sans doute une erreur de ma part.



Il me semble que ce texte n'est pas neutre (peut-on l'être sur un tel sujet ?) et que l'auteur, tout en disant que chacun a droit à son opinion, penche clairement d'un côté. La suite est très bien, puisqu'il insiste sur le fait que chaque enfant doit suivre son propre avis, tout en écoutant celui des autres, et se faire ses propres idées. Mais l'enfant jeune aura quand même retenu que la justice est plus d'un côté que de l'autre ?



Je le commence au moment où la guerre vient d'éclater en Europe. il est hélas tellement d'actualité.



Au final, un petit document qui risque de ne pas beaucoup attirer les enfants, mais qui constitue une excellente base pour travailler avec eux sur ce thème, et leur rappeler que quel que soit leur âge, ils ont droit à avoir leur avis. Mais qu'ils doivent aussi écouter celui des autres et y réfléchir.

En bonus, une double page d'extraits de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, qui n'existait pas encore lors de la première édition.
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Les Dossiers noirs de la justice française

La société a érigé l’injustice en système. « Comment peut-on parler de justice alors qu’il existe des riches et des pauvres et que la loi, ainsi que les tribunaux, s’efforcent de préserver les privilèges des premiers ? Comment peut-on oser punir de prisons les menus larcins alors que notre système social et économique repose sur l’exploitation de l’homme par l’homme ? » Denis Langlois, avocat à la cour d’appel de Paris et ancien conseiller juridique de la Ligue des droits de l’homme, se propose d’éveiller le sentiment d’injustice de ses lecteurs et de démontrer l’hypocrisie du système judiciaire.



Article complet en suivant le lien.


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Pour en finir avec l'affaire Seznec

Tout a été dit ou presque sur Guillaume Seznec depuis ce 24 mai 1923 où l'on perd la trace de Pierre Quémeneur, son compagnon de voyage, quelque part entre Houdan et Paris.



Les deux compères étaient partis de Rennes pour Paris, dans une Cadillac déglinguée, pour y négocier l'achat et la revente de voitures américaines. Après un voyage calamiteux (la Cadillac fait panne sur panne, crevaison sur crevaison ...), les deux voyageurs épuisés arrivent, en soirée, à Houdan où, après un énième arrêt pour réparer la voiture, ils décident de se restaurer avant la dernière ligne droite : plus que 60 kms pour - enfin ! - atteindre Paris.



A partir de là, les récits divergent : Guillaume Seznec affirmera avoir laissé Pierre Quémeneur, désireux de finir le trajet en train, à la gare de Houdan (il n'y avait pourtant plus de train avant le lendemain), le chef de gare et ses cheminots indiqueront avoir vu les deux voyageurs repartir en voiture après avoir demandé leur chemin.



Une chose est certaine : plus personne (ou presque : le "presque" est capital) ne verra Pierre Quémeneur vivant à compter de cet instant.



Le lendemain, au lieu de rejoindre son ami à Paris, Guillaume Seznec décidera, de manière incompréhensible, après une énième panne à La Queue les Yvelines et alors qu'il est presque arrivé, de ... rebrousser chemin et de retourner à Morlaix dans la même Cadillac déglinguée !



Alors que la famille de Pierre Quémeneur commence à s'inquiéter - au bout de trois semaines - de n'avoir aucune nouvelle, un télégramme providentiel leur parvient le 13 juin.



Envoyé du Havre, d'où les paquebots partent pour les Etats-Unis, le message de Pierre Quémeneur les rassure : tout va pour le mieux, il sera de retour dans quelques jours.



Il n'en sera rien.



Le 20 juin, on trouvera même la valise de Pierre Quémeneur à la Gare du Havre.



Elle est tachée de sang et contient la promesse de vente d'un "château" appartenant à Pierre Quémeneur au bénéfice de Guillaume Seznec. La vente est consentie moyennant la somme de 35.000,00 Frs alors que la propriété en vaut 140.000 ...



En 1924, Guillaume Seznec - qui n'a jamais cessé de clamer son innocence - sera condamné aux travaux forcés à perpétuité à la fois pour le meurtre de Pierre Quémeneur et pour les faux en écriture (l'enquête démontrera - de manière difficilement contestable - qu'il est à la fois l'auteur du télégramme et de la promesse de vente).



Ainsi commence l'interminable affaire Seznec qui occupe, avec une régularité de métronome, la presse et les médias depuis plus de 90 ans.



La famille Seznec a, en effet, déposé, depuis la condamnation de leur mari, père, grand-père, quatorze demandes de révision, lesquelles ont toutes été rejetées avec la même régularité de métronome.



Denis Langlois, qui a été l'avocat de la famille Seznec pendant quatorze ans, livre un ouvrage passionnant et mesuré.



L'auteur y fait le point :



- sur les éléments à charge (qui sont tout sauf négligeables),



- sur les éléments à décharge ou à tout le moins susceptibles de créer le doute (il en existe qui n'ont jamais été exploités à l'époque),



- sur le parti pris inadmissible de l'enquête et de l'instruction,



- sur les conséquences terribles du procès et de la condamnation sur la femme et les enfants de Guillaume Seznec, jusqu'aux petits-enfants qui aujourd'hui encore portent le poids de cette affaire,



- sur les théories absurdes développées par un nombre incalculable de détectives amateurs depuis le meurtre,



- sur les multiples croisades entreprises en vue de la réhabilitation de Guillaume Seznec,



- sur les mensonges et les approximations relayées par la famille et les médias pour tenter de faire croire à l'innocence totale du bagnard (ce qui relève davantage du credo que d'un examen impartial du dossier).



Denis Langlois livre in fine sa propre théorie issue du témoignage (jamais révélé jusqu'à aujourd'hui) de l'un des fils de Guillaume Seznec.



Ce témoignage a été enregistré par Bernard le Her, neveu du premier et petit-fils du second, et confié sous le sceau du secret à Denis Langlois alors qu'il était en charge des intérêts de la famille.



Les révélations que cet enregistrement contient donnent de cette affaire un éclairage nouveau et, à ce titre, méritaient sans doute d'être portées à la connaissance du public et des historiens.



Deux bémols cependant.



La révélation de cette confidence m'interroge sur la violation, par l'avocat, du secret professionnel auquel il est tenu. Au nom de l'Histoire, Denis Langlois glisse un peu vite à mon goût - et sans convaincre - sur ce point.



L'auteur se montre, par ailleurs, très agressif à l'encontre de Denis Seznec, lequel s'est donné pour mission de parvenir, coûte que coûte, à la réhabilitation de son grand-père, au besoin en s'arrangeant quelque peu avec la vérité et en accaparant les médias, toujours prêts à endosser le costume - un peu trop grand pour eux - d'Emile Zola. S'agissant d'un ancien client, j'aurais aimé davantage d'élégance dans le propos.



Convaincue, jusque-là, de l'innocence de Guillaume Seznec (le battage médiatique avait fait son oeuvre), je ressors de cette lecture beaucoup plus informée et, du coup, beaucoup moins convaincue.



Et si Seznec, après tout, était en tout ou partie coupable ?





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La maison de Marie Belland

Dans un petit village au fin fond de la Haute-Loire, les habitants s'interrogent : où est la maison de Marie Belland ?

On se souvient...

Pourtant cette maison existe puisque deux nouveaux arrivants y habitent.

Mais, existe-t-elle vraiment ? Et ces nouveaux venus, qui sont-ils ?

Curieuse histoire, racontée avec beaucoup d'humour.

Le Livre du Mois de Février 2014
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La maison de Marie Belland

Où se trouve exactement la maison de Marie Belland ? Qui en sont les nouveaux occupants ?

La rumeur court, comment vérifier puisqu'au village on ne sait plus où se situe exactement cette maison.

Et ces occupants ? Existent-ils vraiment ?

Beaucoup d'humour dans ce récit, intéressants portraits des personnages qui évoluent dans ce huis clos.

Sympathique balade en Haute-Loire qui donne envie d'aller voir d'un peu plus près si par hasard, et pourquoi pas, on pouvait trouver la maison de Marie Belland...
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La maison de Marie Belland

Dans un petit village de Haute-Loire, Cronce, un couple « d’écrivain » viennent s’installer dans la maison de la Marie Belland en plein milieu des bois, provoquant curiosité et commérage auprès des poivrots oisifs du café du village. La vie du village bascule le jour où une lettre leur est adressée, on s’aperçoit que nul ne sait où se trouve cette maison, on ne voit jamais les écrivains et personne n’a réellement connu la Marie Belland. Une angoisse sournoise atteint petit à petit ses habitants.



Un roman extrêmement distrayant, un joyeux fourre tous où l’on retrouve une bonne dose d’humour, du terroir, de l’angoisse, du mystère, des légendes et de somptueuses descriptions de paysages Auvergnats. Les portraits des villageois et de la taulière du bistrot sont particulièrement réussis et plus vrais que nature même si l’auteur en aura forcé les traits pour les rendre plus humoristiques. L’ambiance générale est plutôt bien représentative de ses régions montagneuses du centre de la France un peu désertique, un peu au milieu de nulle part : univers clos où chaque élément nouveau est à la fois source d’anxiété et d’excitation. A noter : le village de Cronce existe réellement.
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Les partageux ne meurent jamais

J'ai lu ce livre à sa sortie, en 1992. C'était quelques mois après la chute du Mur et des dictatures de l'Est. A l'euphorie avait succédé une cruelle désillusion, à travers l'expérience catastrophique des démocraties populaires, c'était toutes les idées de progrès social qui étaient vouées aux gémonies. Le livre de Langlois apportait un peu d'oxygène. Je reproduis la critique que j'en avais faite dans le peuple du 15 mai 1992.



Y a-t-il encore un socialisme possible? Y a-t-il encore un socialisme souhaitable? Depuis la chute du Mur de Berlin, la gauche traverse une phase critique de son histoire. La plupart des partis socialistes semblent avoir renoncé à changer le monde. Tout messianisme politique proscrit, il ne nous reste qu'à accepter l'injustice, les inégalités, qu'à admettre enfin que nous vivons dans le meilleur des mondes possibles.



Dans un petit essai qui sort aux éditions Les Belles Lettres, Denis Langlois en appelle à une refondation de la gauche. "Ce n'est pas la révolution qui est dépassée, c'est la violence". Le ton est donné. "Les partageux ne meurent jamais" est un pamphlet, un vrai, avec juste ce qu'il faut de mauvaise foi, cette pointe de partialité qu'on accorde volontier au polémiste. Denis Langlois n'en pose pas moins de vraies questions: comment être satisfait par une société injuste, comment donner un souffle nouveau à la gauche.



Fort de son expérience au sein du groupe à l'origine de "l'appel des 75", cette coordination contre la guerre du Golfe qui avait un temps regroupé des forces de progrès, Denis Langlois en appelle à la constitution d'un vaste contre pouvoir, une fédération de tous ceux qui, à travers leurs différences, partagent le désir de changer la vie.



Mais comment transformer le monde dès lors que les cerveaux sont conditionnés, que le peuple est convaincu que tout changement porte la dictature en lui? Rompre avec le centralisme, bannir tout dogmatisme, donner des libertés, réhabiliter l'individu: Langlois voudrait inventer une façon différente de faire de la politique, favoriser un bouillonnement permanent.



"C'est une absurdité, écrit-il, de croire qu'on peut faire le bonheur des gens sans eux ou malgré eux". Toute prise de conscience passe par le développement de l'esprit critique.



On peut regretter le côté didactique de l'ouvrage. Il se livre à une sorte d'inventaire des conditions à réunir pour réveiller la gauche, donne des recettes, et à certains moment on a l'impression de lire un guide du militant. On l'aurait voulu moins pratique, plus idéologique.



D'autre part, le soutien de Langlois aux nationalismes, parce qu'ils veulent supprimer l'Etat jacobin et rapprocher le pouvoir des gens, est pour le moins étrange. Car même si on comprend bien ce que signifie l'encouragement des luttes visant à l'émancipation des peuples opprimés, force est de constater que les nationalistes sont rarement libertaires et autogestionnaires.



Créer une alliance multinationale ouverte et pluraliste, une coordination de tous ceux qui veulent changer le monde, construire une société meilleure est un but auquel on ne peut que souscrire, mais de grâce ne nous infligez pas vos drapeaux.



Malgré ces quelques réserves, il faut lire "Les partageux ne meurent jamais" parce que c'est un texte plein d'espoir, parce qu'à l'heure où d'aucuns souhaitent "réveiller le dormeur", toute réflexion sur l'avenir de la gauche est la bienvenue.
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La politique expliquée aux enfants

Waouh! enfin un bouquin intelligent pour parler de politique aux enfants, dans un langage absolument praticable, avec des idées claires, précises, concises, tout semble tellement facile avec ces mots-là!!!

Les chapitres : le pouvoir, les opinions politiques et les partis, les journaux la radio la télévision, l'ordre et la police, la justice, le désarmement, la pollution, les inégalités entre les hommes, les inégalités entre les pays, l'action politique.



Très belle réussite Mr Langlois!
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Pour en finir avec l'affaire Seznec

Denis LANGLOIS qui a été l’avocat de la famille SEZNEC pendant quatorze ans reprend pour la seconde fois (après « l’affaire SEZNEC » en 1988) la plume pour faire le point cette célébrissime énigme judiciaire.

L’auteur suit la chronologie des faits et quelle chronologie puisqu’elle couvre presque un siècle de 1923 à 2015 ! … et peut-être que l’auteur devra réactualiser son ouvrage puisqu’une ultime requête en révision est encore possible…avant que les historiens s’emparent de la question.



C’est sûrement l’ouvrage le plus complet et synthétique, au milieu des 32 parutions sur le sujet à ce jour : une mine d’informations compilées (mais ordonnées) et pourtant bien loin de la pile d’actes de procédure de près d’1m50 que Denis LANGLOIS a découvert la première fois qu’il a consulté le dossier.

L’histoire est connue de tous et pourtant son récit reste captivant, à cause des hommes qu’elle a emportés dans son sillage. Un simple fait divers, qui aurait dû rester dans la rubrique du même nom des journaux locaux et qui pourtant va traverser les régions et les ans parce que des hommes extraordinaires vont la porter. Que serait le dossier de la disparition de QUEMENEUR sans (pour ne citer que les principaux) :

- la forte personnalité de Guillaume SEZNEC et de son épouse Marie-Jeanne ;

- les convictions du commissaire VIDAL et les méthodes de son adjoint BONNY ;

- la fougue de l’ancien juge HERVE ;

- le terrible destin de Jeanne SEZNEC, fille de Guillaume ;

- l’héritage terrible de Denis et Bernard, petit-fils de Guillaume ?



L’affaire SEZNEC est une histoire d’hommes.



Le prétexte (?) à l’écriture de ce livre est pour l’ancien avocat de la famille la révélation d’un élément jusqu’alors enfermé dans le placard des secrets de famille. Et si la solution de l’énigme était si simple, si loin des trafics internationaux de stocks de l’armée américaine ? L’affaire en gagnerai-t-elle en éclat ou en pâleur ?

Et le secret professionnel me direz-vous ? Existe-t-il encore dans un tel contexte, parfois irrationnel et sur-médiatisé ? La seule façon d’avancer pour les survivants n’est-elle pas la vérité, pas tout à fait noire, pas tout à fait blanche ?

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L'affaire Seznec

N'étant pas Française je ne connaissais pas le cas Seznec. J,ai donc lu ce livre en n'ayant aucune attente. Agréable surprise, ça se lit comme un roman. Très documentée avec beaucoup de détails cette enquête est passionnante. Une erreur judiciaire comme il ne devrait plus en avoir. Cette erreur a vraiment brisé plusieurs vies et une famille au complet. A lire.
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La politique expliquée aux enfants

Merci à Babelio, et aux éditions La Déviation, pour l'envoi du livre La Politique Expliquée aux enfants.

Ouvrage paru une première fois au début des 80', l'auteur (avocat de profession) avait recouru à l'outil livre pour sensibiliser les enfants aux notions de liberté, d'égalité, de justice, de mieux-vivre..

En dépit de nombreuses objections ("A l'époque, on ne parlait pas de politique aux enfants") et toutes les embuches qu'il a rencontrées sur son chemin, son ouvrage a été un succès.

40 ans plus tard, le livre fait l'objet d'une réédition (celle que j'ai entre les mains donc..😁) dans laquelle, pour chacune des thématiques abordées, l'auteur fait un point sur "ce qui a changé" (où pas...) en 40 ans, le tout agrémenté de nouveaux dessins de Plantu.



Ce que j'ai aimé :

* la manière dont l'auteur s'adresse à ses petits lecteurs, il les interpelle et les amène à se poser des questions sur des sujets comme "la justice", "le désarmement" ou encore "la pollution"; qui trouvent un écho tout particulier dans le contexte politique, social, mondial actuel,

* les dessins de Plantu,

* le fait que le livre amène à développer son esprit critique.



Ce que j'ai moins apprécié : l'importance de la place du texte, son volume.

Le livre contient beaucoup de matière, ce qui peut décourager un jeune lecteur (mon fils de 10 ans l'a abandonné..)

Peut-être aurait-il été intéressant de profiter de cette réédition pour accorder un peu plus de place aux dessins, illustrer le propos sous forme de BD...



Pour finir : un livre nécessaire afin de permettre aux plus jeunes de se forger leur propre opinion, et qui n'est pas uniquement à mettre entre les mains des enfants 😉
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La politique expliquée aux enfants

Je remercie avant tout Babelio et les éditions "La déviation" (que je ne connaissais pas) pour l'envoi de ce livre; je le juge nécessaire pour nos jeunes qui se désintéressent de plus en plus de la politique, en témoigne la participation aux élections diverses des dernières années.



Lorsque j'ai eu le livre entre les mains, j'ai pris peur: cela ne me semblait pas du tout adapté à des enfants et j'ai pensé que je mettrais longtemps avant de le finir... Je m'attendais à plus d'image, plus de "fun" et d'aération dans la mise en page, plus de couleurs, plus de légèreté dans la typographie. Heureusement, cette impression d'austérité s'est amenuisée lorsque ma lecture a commencé: l'auteur s'adresse directement à l'enfant lecteur en le tutoyant, en lui demandant son avis, en faisant de multiples parallèles entre des événements politiques et ce qui peut être vécu en classe ou au sein d'un groupe de copains.



Denis Langlois aborde différents thèmes qui constituent les parties du livre; il explique le pouvoir, distingue les différents partis, évoque le rôle des médias, expose les notions d'ordre et de police, de justice, de guerre, de pollution, d'inégalité, il invite grandement à l'engagement politique. Tout m'a semblé très clair et cela m'a même aidée: il est arrivé, régulièrement, que des élèves me demandent la différence entre la droite et la gauche; j'ai préféré l'explication de Denis Langlois que la mienne et n'hésiterai pas à mêler nos deux idées... Quelquefois, des termes peut-être ardus pour de jeunes adolescents sont apparus: le fait de devoir s'engager "farouchement", la volonté de montrer les bienfaits de "l'impartialité"... Mais l'auteur explique bien, en conclusion, que ce livre n'est "qu'un point de départ", qu'il est "fait pour être discuté, critiqué", engager des "discussions fructueuses entre les enfants et les autres", qu'ils soient "amis, parents ou enseignants". Je ne pense donc pas que ces quelques mots bloqueront la compréhension des faits abordés.



J'ai apprécié aussi le processus engagé: Denis Langlois a repris les pages qu'il a écrites en 1983, puis a fait une comparaison, pour chaque thème, de la situation 40 ans après. Cela permet de voir combien certaines choses ont changé (les différents partis, les grandes puissances mondiales...) ou au contraire combien certaines n'ont pas évolué voire même se sont aggravées (la pollution…). J'ai même été déstabilisée de constater combien, en quelques mois même, certaines choses avaient pris un écho particulier et avaient modifié la donne: ce qui est évoqué dans le thème de la guerre pourrait être retravaillé, alors que l'attaque de l'Ukraine par la Russie nous a tous stupéfaits.

Je recommande en tous cas ce livre (même si je juge la présentation peu attrayante malgré les dessins de Plantu) qui fait comprendre aux enfants que la politique est l'affaire de tous et que s'ils ne s'en occupent pas, la politique, elle, s'occupera d'eux! ;-)

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Le voyage de Nerval

Alors en voyage au Liban et venant tout juste de finir un livre, Denis Langlois se trouve désœuvré. Il cherche un sujet pour un autre livre. C'est alors qu'il repense au Voyage en Orient de Gérard de Nerval et notamment son séjour en 1843 au Liban. Pas le même évidemment, des guerres et des reconstructions l'ont totalement changé. Mais Denis Langlois et Nerval sont sur les mêmes terres. Ce sera donc son nouveau sujet : une relecture du livre de Nerval.



Le gros livre de Nerval c'est Voyage en Orient, que je n'ai pas lu, ce qui ne m'a pas empêché de lire celui de Denis Langlois et de l'apprécier. Ce qui marque dès le début, c'est le tutoiement qu'adopte Denis Langlois et cette façon à la fois familière et respectueuse d'interpeller son sujet. Il ne le ménage pas, lui rappelle ses plagiats : "Le lu et le vécu se mélangent dans ta tête et dans tes pages. Impossible de les démêler. Aujourd'hui, on t'accuserait de contrefaçon, on te traînerait devant les tribunaux. A l'époque, cela se fait couramment. On pique sans vergogne chez son voisin en s'arrangeant pour qu'il ne soit pas trop connu. Il n'empêche que tu es un spécialiste de la fauche, et cela me reste en travers de la gorge. L'auteur de Sylvie plagiaire !" (p.31) L'admiration est toujours là d'où la déception d'autant plus grande.



Une grosse partie du livre de Denis Langlois est consacrée à la relecture de celui de Nerval et la suite concerne le retour en France et les dernières années de sa vie : les crises, les écrits diversement appréciés jusqu'au suicide. Une biographie des dernières années de Gérard de Nerval originale et très intéressante. Enrichissante et bien écrite, il n'est point besoin de connaître les écrits de Nerval pour la lire, c'est mieux de savoir un peu qui il était quand même. Et peut-être même de le (re)lire. Oui, voilà, c'est une bonne idée.
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Le voyage de Nerval

Mon cher Denis,



Je viens de remarquer la fissure sur la tombe du pendu. J'ai donc suivi cette balade au XIXe siècle, au romantisme finissant.



Foucault a dit : "le romantisme, c'est la folie qui retrouve sa voix". Peut-être qu'avec la disparition de Nerval, cette voix s'éteint, frappée du tabou pour se réveiller sous les plumes surréalistes.



Le voyage en Orient donc, je tiens à te dire que je ne l'aie pas lu, et suite à la lecture de ton livre, ça ne m'attire pas outre mesure. Dans la première partie, orientale donc, Gérard ne gagne pas particulièrement à être connu, c'est le moins que l'on puisse dire.

Menteur, plagiaire, acheteur d'esclave, rétrograde à certains égards, lâche?

On est face à un orientalisme cliché et navrant, qu'en a-dit Delacroix?

Aucune fulgurance mais du rance (pas terrible pour un grand poète).

D'abord circonspect quant à l'exercice consistant à commenter une relation de voyage, d'autant que les citations désincarnent un peu le récit, je trouve que tu portraites bien l'aspect plus ou moins pathétique de ces voyages orientaux et de ces plumes condescendantes.

Le retour à Paris, et donc la deuxième partie du livre, nous offre un Nerval plus fragile, proche de la folie mais attachant. Tu lui apportes de la consistance en le décrivant toi, de l'épaisseur d'âme. On a l'impression d'un albatros aux ailes trop grandes pour lui, coucou Charlie, mais dans son cas, ce sont ses émotions qui sont trop grandes, il ne sait qu'en faire.

Le Paris que tu nous dépeins Denis est convainquant et il est plaisant de battre le pavé avec Gérard et de s'arrêter de temps en temps essuyer un verre ou plus dans les estaminets du milieu du XIXe.

Un malchanceux Nerval, mais un malchanceux professionnel.

Au final, la folie ne lui volera pas sa mort. Ou la migration de son âme.

Salut Denis.

Pausole.
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Le déplacé

Qu’est devenu Elias Kassem, né en 1955, venant du village de Maasser dans le Chouf, professeur chrétien avant la guerre, et dont la femme et les deux enfants ont été massacrés ?



C’est à cette question posée sous forme d’enquête que le narrateur du Déplacé mi-désemparé mi-désabusé après la mort de son père, va se confronter. Ex-militant des droits de l’homme, avocat et aspirant à la Révolution, on sent le narrateur perdu et prêt à toute aventure qui lui permettra de prendre du temps pour réfléchir. Le hasard se présente sous la forme d’une femme libanaise à la recherche de son fils Elias, qui aurait échappé au massacre contre les Chrétiens en septembre 1983 et qui se serait réfugié un temps dans un couvent, mais elle n’en sait pas plus.



Il part donc. Première adresse : le Couvent Notre-Dame de Jounieh, où l’on s’attend à trouver silence et prière, mais qui ressemble plus à un hôtel international. Notre avocat mène l’enquête, mais dès la première rencontre avec la Mère Supérieure il se rend compte que les choses ne sont pas si simples.

« -Vous ne pouvez pas savoir comme elle a été longue et barbare » explique un prêtre maronite, à propos de la guerre. « Pendant quinze ans, tout le monde s’est étripé. 150 000 morts pour un pays de 4 millions d’habitants. Toutes les communautés : les chrétiens, les Druzes, les sunnites, les chiites, avec en plus la participation des Palestiniens, des Israéliens, des Syriens. C’était comme si toute la région se retrouvait sur un ring pour se cogner dessus. »



Se faisant passer pour un écrivain réunissant des éléments afin d’écrire sur les conséquences de la guerre sur les personnes déplacées, notre avocat remarque aussi, quand la Mère Supérieure consulte le registre des réfugiés accueillis au Monastère, que le nom d’Elias est entouré d’un cercle rouge …



Commence alors une longue marche qui va le mener du Couvent à Fatka, puis à Joulieh, puis à Beyrouth et enfin dans le Chouf. Menant son enquête, il va de témoin en témoin : Nadim, le fils de l’imprimeur, avec qui il a travaillé à Jounieh, le vieux pécheur, Salima Azar, la belle informaticienne de Beyrouth, Ramiz, le professeur de français dans le Chouf, jusqu’à cette surprenante soirée avec Walid Joumblatt en personne. Guidé par le seul fil du « hasard », qu’il suit depuis le départ, il arrivera enfin à destination, rencontrera les survivants du massacre et comprendra enfin la complexité des relations interreligieuses dans un petit village libanais.



D’une écriture très agréable, et qui laisse aussi la place à l’émotion, Le Déplacé se lit comme une enquête policière à laquelle on se prend au jeu. A la fin, on a l’impression de connaître ce personnage d’Elias Kassem, impression renforcée par l’utilisation du « je » par le narrateur, et du « tu » qu’il adresse à cet inconnu qu’on découvre peu à peu, en un portrait en creux brossé par ceux qui l’ont connu, créant ainsi une relation fictive qui sonne juste et qui nous touche.



Mais Denis Langlois traite en même temps de thématiques importantes comme la réconciliation, l’oubli ou le pardon dans un pays marqué par les conflits ethniques et religieux.



Peut-on pardonner à ceux qui ont massacré vos proches alors qu’ils étaient jusqu’ici vos voisins ? Peut-on résister à l’appel de la vengeance sans passer pour un traître ? Faut-il organiser des séances collectives de réconciliation générale pour espérer vivre à nouveau ensemble ?



Autant de questions d’une cruelle actualité qui éclaire la situation d’un pays voisin, victime d’un conflit terrible et tout proche : la Syrie.




Lien : https://www.biblioblog.fr/po..
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Le déplacé

Après l'aboyeuse de Djibouti, me voilà avec le déplacé. Le style est toujours aussi fluide est sympathique. L'histoire semble commencer comme une autobiographie... et je me demande si à bien des points de vue, elle ne l'est d'ailleurs pas!

Le narrateur part à la recherche d'Elias, porté disparu au cours de la guerre du Liban. Puis le roman avance, et puis cette recherche devient une quête personnelle. Le glissement progressif de la narration offre un "tu" de connivence à Elias, une confusion identitaire : le héros, qui vient de perdre son père, est à la recherche de lui-même, à la recherche d'un homme qu'il a perdu en cours de route. Intéressant donc, et bien documenté sur ce conflit qui opposa les Druzes et les Chrétiens.
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