Sublime étude de Monet à Belle-Ile sur les effets et variations chromatiques d'une journée qu'on ne peut capter qu'en peignant sur le motif.
Ce qui est intéressant, c'est que Monet a renoncé au noir le qualifiant de non couleur, et elle revient sous son pinceau par la voie que la nature impose au crépuscule dans ces fameux récifs inhospitaliers de Belle-Ile. Ce qui est encore plus édifiant c'est que Monet a réalisé une pochade: le Port-Dormois, où la roche brune, noire, s'oppose à des bleus introuvables et occupe la toile de manière ostentatoire. Les paysages marins de Belle-Ile ont vaincu Claude Monet.
(*) La pochade est la première esquisse du peintre face ici aux éléments
La fidélité de Maurice Denis à Perros-Guirec est celle de toute une vie. Il y est venu très jeune. [...]
"Impression sinistre et grandiose de ruines antédiluviennes évoquant des cataclysmes géologiques et de sombres légendes, un chaos parsemé de petites maisons paisibles et basses décorées d'un ou deux pots de fleurs devant le mur peint à la chaux".
Les premiers touristes ont découvert le site dans les années 1860. l'arrivée du train à Lannion en 1881 (et du "petit train" à Perros en 1906) déclenchera l'essor de la station balnéaire. (p. 84)
Perros où le lieu de l'épanouissement classique
La géographie des peintres en Bretagne est une quête sans fin. Elle a été tentée pour les seules côtes du Mont-Saint-Michel à Pornic : il a fallu six volumes...
Pendant ses étés bretons, Denis a aussi peint des paysages. Pas plus que les autres tableaux, le paysage n'est fait en plein air, il est peint à l'atelier à partir des notes et des carnets. Même si un effet lumineux en est à l'origine, il se refuse à faire de la traduction d'une sensation un sujet pictural. En 1898, il s'élevait avec véhémence contre la tendance contemporaine qui veut que "tout devient suivant l'heure et le temps motif de peinture (...) On ne fait plus que noter des sensations". Dans un tableau de paysage, son objectif, il le note à Perros en 1897, c'est d'abord "de pénétrer l'expression de la nature". Quant à la lumière, il l'écrit en 1906 dans un article intitulé "Le soleil", le peintre ne peut rivaliser à l'aide de ses "boues colorées" avec l'éclat de la nature. Il s'appuie sur l'expérience de Cézanne pour en déduire qu'il faut non pas reproduire mais représenter par de la couleur ; il résume (et il répétera), remplacer la lumière par la couleur. (p. 71)
Les attraits bretons.
Je me repose en peignant quelques bretonneries sans importance. (p. 71)
A André Gide, de Loctudy en 1901
Cinquante ans après [sa mort], il est toujours présent. Peu d'oeuvres dans les musées, beaucoup dans les collections privées. Ses dessins, ses faïences, ses peintures circulent, atteignent des niveaux records en salles des ventes. Il a de vrais "fans" qui collectionnent les livres qu'il a illustrés, qui cherchent à posséder toutes les pièces de son fameux service de la mer ou à se procurer cendriers et menus du restaurant Prunier... Et, indice infaillible : des faux circulent.
J’ai pu faire toutes les études de roches que je désirais … Je me mets actuellement au grand panneau représentant les falaises de la presqu’île de Crozon avec les Tas de Pois