Il appuya plus fort, horrifié.
Il n'éprouva aucune douleur, mais les tissus ne réagirent point.
Il appuya encore plus fort.
La chair se rouvrit, cédant à la pression. Son arme fut brusquement aspirée et sa main s'enfonça jusqu'au poignet dans l'horrible ouverture.
Rejetant la tête en arrière, il poussa un hurlement.
Il tira sur sa main, tira encore plus violemment.
Mais la couture s'était refermée autour de son bras comme une bouche édentée.
Il se leva en titubant.
- Non! cria-t-il. Non! Allons! Non, non, non!
Sa respiration devint spasmodique. Il suffoquai. Il fit le tour de la pièce en tanguant.
- Professeur O'Blivion, marmonna-t-il, que...?
Sans avertir, son estomac recracha sa main.
Elle était recouverte d'une substance gélatineuse écarlate; des morceaux de chair et de muscles y restaient accrochés.
Mais plus de pistolet.
- "Il existe diverses variétés de peur.
La première consiste en une sorte de malaise, l'impression que les choses ne sont pas ce qu'elles ont l'air d'être. C'est ce qu'on ressent quand on sait que quelque chose ne tourne pas rond, sans pouvoir encore déterminer de quoi il s'agit.
Puis il y a l'anxiété, une prémonition selon laquelle il vaut mieux ne pas savoir ce qui se trame, dehors. C'est cette variété-là qui pousse à se faire porter pâle au lieu d'aller travailler, sans avoir aucune excuse valable.
Après ça, il y a l'appréhension, qui réveille au beau milieu de la nuit et dit, pour l'amour du Ciel, n'allume pas la lumière ! On sent un souffle sur sa nuque, dans le noir, et on sait que ce n'est pas seulement l'imagination qui joue des tours, parce que quelque chose est effectivement entré dans la pièce.
Et enfin, il y a la panique, qui signifie que quelqu'un est sur le point de fracturer la porte et qu'on n'y peut rien. C'est une réaction primitive qui pousse à se frapper la poitrine et hurler à la mort, à se préparer à tuer ou à être tué, et il est alors trop tard pour se raisonner.
Mais plus forte encore que toutes ces peurs est la sensation du lapin la seconde précédant le coup de gourdin derrière la tête : un arrêt complet des fonctions organiques, la respiration suspendue, le cœur qui s'arrête de battre. Un simulacre de mort qui est l'ultime chance de survie, un état de mort dans la vie, plus fort que l'instinct, le réflexe, la pensée, ou le désir. Au-delà, il n'y a que le néant."
- “Quel est donc ce troisième qui marche à ton côté ?
Lorsque je compte il n’y a que nous deux
Mais lorsque je regarde au loin la route blanche
Il y a toujours un autre qui glisse à ton côté.“
~ La Terre vaine ~
* T.S. Eliot *
- "Toutes les choses vivantes meurent. Il ne t'appartient pas de savoir quand."