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Citation de litolff


Tu vois, autrefois j'croyais que c'était le devoir des vivants de rester au chevet des morts, mais c'est le contraire. Ici, ce sont eux qui vous veillent. Je crois même qu'ils nous plaignent. Car, non seulement ils savent ce qui nous attend de l'autre côté, mais il y a pire encore, ce que la guerre a fait de nous. Tantôt du bétail qu'on conduit à l'abattoir, les jambes qui flageolent de trouille à guetter l'obus qu'est pour toi. Tu l'entends partir, il s'ramène, au bruit tu sais pour qui c'est : derrière, à gauche, à droite, puis miaule celui qui porte ton nom. Tu t'fais tout petit. Tu sais qu'tu vas être pulvérisé, ton cœur, on dirait qu'il va éclater. Ca craque, il pleut des cailloux. T'es vivant, et tu ne peux pas te l'expliquer. Tantôt, c'est ton tour d'être le boucher, tu ne te reconnais plus. Tu saignes des hommes à la baïonnette, tu as la tête pleine du tac-tac des moulins à café, l'odeur de la graisse chaude te rentre dans les narines, tu vas à l'aveugle dans les fumées, et boum-boum, ça saute, ça tombe, c'est un massacre.
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