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Citation de dourvach


Les fantômes, naguère aimables, n'étaient donc pas venus jouer avec les rayons de lune, ils n'étaient pas sortis, innocentes créatures, de jardins parfumés, mais ils venaient de l'abîme.

Les autres enfants eussent pleuré, ils eussent appelé leur mère, mais Angustina, lui, n'avait pas peur et conversait placidement avec les esprits, comme pour établir certaines modalités qu'il était nécessaire de préciser. Serrés autour de la fenêtre, semblables à une guirlande d'écume, ils se chevauchaient l'un l'autre, se poussant vers l'enfant, et celui-ci faisait oui de la tête, comme pour dire : bien, bien, tout est parfaitement d'accord. A la fin, l'esprit qui, le premier, avait aggripé l'appui de la fenêtre, peut-être était-ce le chef, fit un geste impérieux. Angustina, toujours de son air ennuyé, enjamba l'appui de la fenêtre (il semblait déjà devenu aussi léger que les fantômes) et s'assit dans le petit palanquin, croisant les jambes en grand seigneur. La grappe de fantôme se défit dans un ondoiement de voiles et le véhicule enchanté s'éleva doucement.

("Le Désert des Tartares" : extrait du chapitre XI de l'Intégrale des "Romans et nouvelles", page 223, traduction de Michel Arnaud)

(Résumé : en poste au fort Bastiani depuis quelques années, le lieutenant Drogo fait un étrange rêve prémonitoire... Se revoyant enfant, il assiste - depuis la fenêtre d'un palais enchanté - au départ "dans les cieux" de son camarade Angustina, lui-même redevenu enfant... Angustina mourra dans les neiges un peu plus tard... et surtout, ni lui ni Drogo n'auront l'occasion de "se couvrir de gloire" en défendant leur avant-poste cerné par la cavalerie et l'infanterie tartares... )
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