AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Dominique Bona (356)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le manuscrit de Port-Ebène



Pour moi, il n’y a pas de hasard, seulement des rendez-vous. Mon amie @Libellule 41 a écrit une chronique sur « Le Manuscrit de Port-Ebène, » de Dominique Bona, avec des citations si bien choisies, qu’il m’est inutile de les re-citer.

Or ce livre m’attendait.

Livre qui, dit-elle, présente trois points de vue : le manuscrit d’une femme du XVIII siècle, l’éditeur notre contemporain qui reçoit ce manuscrit et l’ile de Saint-Domingue, colonie française jusqu’en 1804.



1- Le récit de cette jeune fille ingénue qui arrive en 1784, mariée par procuration avec Julien( un planteur de coton, venu de la métropole, ouvert aux idées de tolérance et de dialogue de la philosophie des lumières) décrit la chaleur qui assomme, les odeurs des épices, la beauté des montagnes violettes, essaie de décrypter le monde des colons, dont certains féodaux « qui cultivent avec arrogance aux tropiques un style et des traditions de la plus vieille France » , celui des esclaves, eux qui travaillent, et dont les mélopées se font entendre la nuit, enfin celui des mulâtres , dont certains ont pris la charge d’un domaine hérité, souvent partagés entre leur ascendance blanche et noire, en ce cas mélange entre un noble blanc et une esclave noire.

Au départ passive, inadaptée, inactive, avec l’indolence de la jeunesse elle veut vivre ; puis les tropiques lui insufflent une vitalité qui la stupéfie et la précipite dans des amours similaires à la fertilité incroyable de l’ile.



2- L’éditeur Jean Camus lit en même temps que nous ce manuscrit / testament écrit deux siècles plus tôt. Il est séduit par les confidences, pense à rectifier certains termes : mulâtres, ça ne se dit plus. Nègre, non plus.

Il a visité Haïti, le nouveau nom de Saint-Domingue, en a rapporté des peintures naïves, peut donc se faire une idée de l’ile, de son foisonnement, et aussi de sa pauvreté.

Séduit par le manuscrit dont il s’apprête à donner une version light, soudain il s’interroge car il rêve, il sent le texte se propager en lui comme un poison, une « volonté maligne ». L’ile possédée par les forces obscures de l’animisme africain, lui semble une menace de malheur. Une malédiction.

Il baptisera le manuscrit de « Port-Ebène ».



3- L’ile, où le commerce du sucre a rassemblé les seigneurs français, venus tenter l’aventure, et les esclaves africains, dont certains ont fui dans les montagnes pour échapper au mauvais sort, se peuple peu à peu de « mulâtres », ainsi que de « libres, », dont les droits sous ces tropiques lointains ne sont pas reconnus. Ils font l’objet d’une commune vindicte, vus par les Noirs et les Blancs comme des transfuges, des parvenus.

Le Code Noir de Louis XIV avait rendu obligatoire le baptême et le catéchisme des esclaves, mais comme rien n’était fait, les anciennes croyances , la magie noire, les envoutements, les sacrifices sanglants, les danses rituelles et sans doute licencieuses, rythmées par le tam-tam , en un mot le vaudou perduraient-elles.

Dans les champs de coton de ces iles baptisées françaises, et qui ont fait, par le commerce du sucre , la richesse des « marquis » blancs puis la ruine de Haïti, se joue une partition de la Révolution française, avec Toussaint Louverture dont le rôle est rappelé avec bémols. Héros, certes, martyr de Napoléon, oui, mais trafiquant d’esclaves et pas toujours le libérateur que l’on croit.

Avec une écriture poétique, une incursion dans le passé qui nous rappelle l’histoire de cette population hétéroclite, une connaissance parfaite des lieux et coutumes de l’ile, l’analyse fine de plusieurs protagonistes, campés dans leur vérité et leurs contradictions, une vision historique, aussi, le Manuscrit de Port-Ebène est un grand, un immense livre.

Ce livre prend une valeur encore plus grave, car il est impossible de ne pas rappeler l’impôt en millions/or imposé par Charles X en 1825 à l’ile désertée par les colons, laquelle a payé chèrement son indépendance.

(Selon moi, il ne s’agit pas de repentance, ni de dette morale : il s’agirait de rembourser des sommes extorquées par la France à un pays appauvri définitivement, et touché de plus par les cataclysmes de la nature.)

Commenter  J’apprécie          7235
Mes vies secrètes

« Je n’invente rien dans mes biographies. Je ne m’interdis pas le romanesque, mais je le tire de la vie de mes personnages. Je m’attache à leur magie. Je ne comble pas les vides qui sont inévitables pour le chercheur le plus appliqué et le plus aguerri. Je fuis les dialogues fictifs : quand les personnages parlent, ce sont les mots qu’ils ont prononcés ou écrits et dont j’ai retrouvé la trace. »



« Le biographe se donne pour mission d’aller aussi loin que possible dans la découverte du personnage, dans son intimité profonde, cachée. Mais il demeure et demeurera toujours en deçà de l’inaccessible secret de chacun".



J’ai une attirance pour les biographies. Ce n’est pas du voyeurisme, enfin je ne le crois pas, ni le besoin de vivre par procuration, surement pas, mais c’est plutôt de l’intérêt pour les personnalités qui m’attirent, une façon de me les approprier, de pénétrer leur intimité, comme si je pouvais prétendre à faire partie de leur entourage. Je pousse une porte et je suis invitée à écouter, à partager le vécu comme l’inconnu même si cela n’est qu’illusoire.



Le risque d’une biographie, c’est qu’elle soit soporifique. Je garde un mauvais souvenir du Victor Hugo d’Alain Decaux alors que ce dernier était un passionnant conteur. Une biographie s’écrit avec le cœur, l’intellect vient au second plan pour ne pas faire barrage aux émotions.



L’enthousiasme, l’embrasement, doit présider au choix du personnage si l’on veut écrire son histoire. C’est ce que j’aime chez Dominique Bona, son écriture regorge d’amour, d’intérêt, de passion pour ses sujets. C’est une « jusqu’au-boutiste dans sa quête». J’aime son écriture que je trouve d’une grande sensibilité, à fleur de texte pourrais-je dire. C’est avec un respect et un art subtil qu’elle pénètre l’intimité de ses personnages sans jamais tomber dans le grossier. Il y a un petit moment que je la lis et j’ai l’impression que nous sommes devenues amies au fil du temps de la lecture.



Dans « Mes Vies Secrètes », outre une promenade et de beaux souvenirs dans le monde de l’édition, elle décrit parfaitement le travail titanesque d’un véritable biographe. Sa quête est assez impressionnante lorsque l’on mesure le temps et les démarches qu’elle consacre à ses sujets. Elle tient impérativement à rester au plus près de la vérité, ce qui lui demande une grande rigueur intellectuelle afin de ne pas se disperser, ceci au risque de perdre son lecteur. Mais que de moments intenses lui sont réservés lorsqu’elle fouille dans les boîtes à trésor d’où émerge toute une correspondance. Imaginez-vous tenir, entre vos mains, la lettre de Berthe Morisot qu’elle a eu la force d’écrire à sa fille Julie avant de mourir ! Dominique Bona commence ses confidences avec une déclaration d’amour à Romain Gary. IL ne m’en fallait pas plus pour me retrouver sous l’emprise de son écriture. Je la comprenais tellement. Nous étions sur la même longueur d’ondes une fois de plus. Dominique Bona chemine, pas à pas, sur les itinéraires suivis par ses personnages. Elle se rend dans leur maison, leur appartement, dans tous les lieux qu’ils ont visités. Elle possède les qualités d’un fin limier, elle hume les odeurs du passé, elle s’en imprègne de ces effluves, un peu comme une émanation qui pourrait lui donner une indication, lui avouer un secret. Elle tire un fil d’une pelote de souvenirs tissée d’amitié, d’amours, de personnages rencontrés comme Gala Dali qu’elle a connu à quinze ans à Cadaquès et elle s’aperçoit que tous ses sujets sont reliés entre eux, un peu comme une chaîne à travers le temps ou lorsqu’un ami vous présente un ami qui lui-même vous parle d’un autre ami.



Quand elle relate sa visite à Salzbourg, sur les pas de Zweig, ses déambulations et ses rencontres en font un récit poignant et éloquent. C’est la biographie de Zweig qui m’a révélé cette académicienne discrète. Elle s’était tellement glissée dans la peau de Zweig que j’avais eu l’impression qu’elle était devenue Zweig. La citation que j’ai mise en ligne est particulièrement évocatrice. Il en est de même du chapitre qui relate sa démarche quant à Camille et Paul Claudel. C’est émouvant, douloureux. J’ai pensé à la maman de Charles Juliet dans Lambeaux.



Mais il y a des moments plus toniques, jouissifs comme les visites à Clara Malraux.



En compagnie de Dominique Bona, nous côtoyons du beau monde, Paul Valéry, Jean-Marie Rouart, Maurois, et tant d’autres.



J’ai eu le plaisir de lire certaines de ces biographies. De ce fait, « Mes vies secrètes » a revêtu un attrait supplémentaire à mes yeux. J’ai pu ainsi m’immerger voire assister à la manière dont Dominique Bona choisit, aborde, ses sujets, un peu comme une petite souris. Ma lecture n’en a été que plus attachante. Ce fut un agréable partage, une communion entre Dominique et moi dans la passion de la découverte de nos illustres semblables.



François Nourrissier « Dominique, la biographie…. C’est par là que vous nous livrez les secrets de votre cœur ».



Commenter  J’apprécie          6416
Mes vies secrètes

"(...) Pourquoi la biographie m'avait-elle arrachée au roman ?

Les biographies que j'aimais et qui étaient mes modèles, c'étaient les livres de Mauriac, de Maurois, de Zweig, de Troyat. Des récits vivants et généreux. Des portraits à l'encre sèche, incluant de belles analyses, mais privilégiant la synthèse de tous les éléments soigneusement rassemblés,

dirigés, orchestrés, pour le plaisir de lire et la joie de partager. Avant tout les livres de romanciers, mais des romanciers capables de respecter une vérité qui n'était pas romancée. "(p. 312)



Ravie de cette nouveauté du début d'année 2019... qui m'a fait m'immerger dans le rôle complexe du "BIOGRAPHE" ; Dominique Bona nous relate les multiples raisons, circonstances, rencontres qui l'ont mené sur les chemins de "la Biographie"...en délaissant le genre romanesque...cet ouvrage débute par sa rencontre ultime à 18 ans avec un romancier qui changera sa vie; il s'agit de Romain Gary, dont on lui offrira pour cet anniversaire "Les Racines du ciel"...qui sera un vrai coup de foudre... Des années après, elle débutera son travail de biographe en s'attaquant au Mystère Gary ! Une première aventure des plus émotionnantes !!



Je n'ai pas lu cet ouvrage très vivant de façon linéaire, mais en naviguant vers les personnalités qui m'attiraient le plus.... J'ai donc débuté par le chapitre dédié à Camille Claudel... Une histoire si tragique qu'elle me bouleverse chaque fois avec la même violence... Nous pouvons encore remercier Anne Delbée qui a sorti de l'ombre (dans les années 1980) cette artiste au destin fracassé, avec un premier texte "Une Femme"... Dominique Bona nous apporte de nouveaux éléments des coulisses de cette résurrection et sauvetage des sculptures de Camille, dont les

combats acharnés de sa petite-nièce, Reine-Marie Paris...grâce à qui il existe aujourd'hui un musée qui lui est consacré à Nogent-sur-Seine !



Une dernière longue partie "Les maisons fugitives" , très émouvante sur les maisons d'écrivains, d'artistes, leurs lieux de travail, qui en disent involontairement tant sur eux...



D'ailleurs Dominique Bona explique à quel point il lui est nécessaire à un moment donné d'aller sur les lieux, de sortir des archives, des recherches livresques... pour s'immerger dans les décors eux-mêmes ...pour mieux s'imprégner des vies qu'elle veut restituer, partager !



"Il y a paradoxalement souvent plus de rêve et d'imagination qu'on ne croit dans les vraies vies qu'on raconte. certaines vies sont même si romanesques qu'elles passent les bornes de la crédibilité et qu'on serait gêné de les faire entrer dans un roman. Beaucoup de vies réelles sont un défi à la vraisemblance. Un exemple ? le jeune Malraux s'en allant piller le temple de Banteay Srei à dos de mulet, après avoir commandé une panoplie d'explorateur et des outils de terrassier à la Samaritaine !" (p. 310)



Une lecture des plus plaisantes qui nous plonge dans les affres de la création littéraire, des difficultés, ambiguïtés pour tout travail biographique....Je trouve le titre de ce dernier ouvrage de Dominique Bona, fort bien choisi: " Mes vies secrètes", l'existence de l'écrivain enrichie, augmentée de la vie des artistes qui l'ont inspirée, plongée dans des mystères, des secrets familiaux, amoureux, artistiques !



Réflexions, cheminement d'une biographe confirmée, reconnue prolongée

d'une promenade dans le monde de l'édition parisienne... Un fort joli portrait de la directrice du Mercure de France, Simone Gallimard

[ m'évoquant des souvenirs personnels de mon début de parcours en librairie, ma responsable m'emmenant aux soirées littéraires hebdomadaire de la Grande dame du Mercure... !], un portrait tout en finesse de Jean-Marie Rouart, lors de leur première rencontre,

dans le "nid de l'artiste", l'invitation du Docteur Naquet, gendre d'André

Maurois, pour les archives de son beau-père...



En sus des enthousiasmes premiers de Dominique Bona, il y eut bien sûr des rencontres impromptues, imprévues qui ont offert de nouveaux "sujets" de recherches..., des directions insolites, non préméditées....



Une lecture attachante, sincère d'une romancière et biographe... qui nous immerge dans son univers créatif et son parcours littéraire, humain, très riche !



"Combien de fois ne me suis-je pas dit que Pedro Otzoop [ à propos de Romain Gary ] avait raison, tellement raison : " Une biographie , quelle drôle d'idée ! " pourquoi s'intéresser à la vie des autres, plutôt qu'à la sienne ? Et pourquoi vivre par procuration des vies qui, pour être multiples, fascinantes, passionnées et passionnantes, ne sont pourtant pas la mienne ? "(p. 18)
Commenter  J’apprécie          6016
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Lorsque je rentre dans l'univers des peintres, je m'aperçois que j'ai toujours du mal à le quitter. Il se dégage toujours une atmosphère riche, foisonnante d'idées, de culture mais aussi un grand goût de liberté. Loin d'être un monde cependant serein, car il faut se battre pour faire sa place, pour être reconnu, ici c'est encore plus le cas car Berthe Morisot est une femme et au 19e siècle les peintres femmes sont très rares, c'est un monde masculin.

Avec Berthe Morisot, Manet, Monet, Degas, Renoir, .. on entre dans l'impressionnisme et c'est un véritable régal que de découvrir leurs tableaux respectifs et les influences des uns sur les autres. Leurs relations mais aussi le caractère de chaque peintre nous est dévoilé, ce qui satisfait ma curiosité mais aussi qui me permet de mieux les identifier et, je l'espère, de mieux retenir la genèse de leursoeuvres.

Plaisir est vraiment le mot qui caractérise ma lecture de "Berthe Morisot". Au-delà des mots lus, j'ai eu également plaisir à regarder sans cesse sur internet les nombreux tableaux décrits ou évoqués dans cette biographie.

Une fois de plus un grand merci à toi visages pour ce beau cadeau.
Commenter  J’apprécie          583
Colette et les siennes

Quel bonheur de passer une soirée avec Colette et ses amies !

La vie bouillonne et tourbillonne, la mode et la création sont à leur apogée ...Les femmes s'emparent de la mode et la création, des aventurières, des amoureuses, toutes ces femmes s'émancipent, c'est l' avant-garde !...elle se libèrent de tous les carcans de l'époque: des hommes dans un premier temps, des coiffures, les cheveux courts et les pantalons sont de bon ton...elles vivent entre elles, exit les amours conventionnels..

Colette va enflammer les planches, écrire des romans sous son propre nom, franchissant les barrières de petits esprits étriqués, femme libre dans ses pensées comme dans ses amours, à la proue de création artistique et littéraire, rien ni personne ne l'arrête ! Elle triomphe, elle provoque au théâtre ! la liberté incarnée ...



La plume de Dominique BONA est virevoltante à l'image de cette héroïne, truffé de détails, ce roman fait la part belle à la petite histoire dans la grande Histoire, captivante époque décrite de manière magistrale ! pas le temps de s'ennuyer à la lecture, cette passionnante vie qui a fait de Colette une personnalité féminine à part entière et incontournable dans la littérature française.

Commenter  J’apprécie          438
Stefan Zweig

L'Européen Volant !



Une superbe biographie de l'écrivain Stefan Zweig !



Ma rencontre avec cet auteur, devenu un de mes préférés, c'est déroulée étrangement : j'étais une adolescente, j'étais en vacances avec ma famille dans un club. Je m'ennuyais un peu, même si j'écrivais beaucoup. En consultant, la bibliothèque de l'établissement, un petit livre m'a interpellée ; c'était "Le joueur d'échecs" et j'avais 16 ans ! Depuis, ma passion de cet homme ne s'est jamais tarie !



Le style de Dominique Bona est vraiment splendide : empli d'humanité, de sensibilité, d'empathie et d'enthousiasme, comme Zweig. A la lecture de cette biographie, on marche à côté de Zweig, on compatie, on souffre aussi.

On comprend l'homme, ses idéaux, ses passions, ses engagements, ses doutes et ses blessures.





Un hommage réussi à cet homme, dont un ami surnommait "le Salzbourgeois volant" ! Tant, il a voyagé, pour rencontrer ses amis écrivains de son époque.



Zweig est né à Vienne en 1881 dans une famille juive bourgeoise.



Il devient docteur en philosophie en 1904 avec une thèse sur Hippolyte Taine



Puis, il voyage en Europe (Berlin, Paris, Bruxelles, Londres), aux Etats-Unis et au Canada. Il y rencontre tout le fleuron littéraire et artistique de ce début de 20e siècle :



Ses voyages ne l'empêchent pas d'écrire : poèmes, essais, chroniques de voyages et pièces de théâtre.



C'est la première guerre mondiale qui sera un choc pour lui, l'européen tolérant, pacifiste, tourné vers les autres. Il partage ses idéaux avec son ami Romain Rolland.



Ces activités apportent à Zweig la célébrité, qui commence avec sa nouvelle Amok, publiée en 1922 et qui deviendra grandissante.



Zweig traduit de nombreuses oeuvres (Baudelaire, Rimbaud, Verlaine…)



Passionné par ses confrères, il collectionnera les autographes, les manuscrits ! Collection qui disparaîtra…



C'est un biographe brillant (Fouché, Marie-Antoinette, Magellan, Erasme, Marie-Stuart, Balzac…)



Il décrit des personnages historiques torturés qui évoluent au fil de leur histoire ; sans concession, mais attentif et toujours juste face à L Histoire dont il s'empreigne pour comprendre le monde contemporain, qui devient fou…



Dans ses romans, où les femmes sont très présentes, il décrit des vaincus, des humiliés de la vie…

La biographe sait parfaitement décrypter les œuvres de Zweig tout en laissant le suspenses et l'envie de les lire !



Dès 1933, il est visionnaire des horreurs à venir, mais peu de personnes écoutent son message…(ses livres ont été brûlés !)



En février 1934, il décide de partir d'Autriche et se réfugie à Londres, à Bath, pour un temps… Au développement de la guerre partout en Europe, il fuit aux Etats-Unis puis au Brésil, où il décide de mettre fin à sa vie en 1942...



Une vie a été entièrement vouée aux autres, à ses amis, à son travail (sa première femme y veille !)



Un homme doux, chaleureux, européen avant l'heure, fidèle en amitié (mais pas en amour !),



Si vous aimez, comme moi Stefan Zweig, lisez cette magnifique biographie qui est digne de ce grand homme !

Ce livre vous décrira aussi ce vingtième siècle qui a souffert de deux guerres mondiales, un siècle riche en écrivains talentueux et engagés.



Tellement imprégnée de cette biographie, connaissant la décision de Zweig de mettre fin à ses jours, j'ai arrêté ma lecture, afin de respirer et je l'ai reprise le lendemain, le coeur serré…
Commenter  J’apprécie          436
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Mon admiration pour Joseph Kessel, l’aventurier, le combattant, mais aussi pour l’écrivain magnifique du Lion, des Cavaliers, des Temps sauvages, des Mains du miracle, de l'Armée des ombres, et tant d’autres récits, et mon intérêt pour son neveu, Maurice Druon, l’auteur des Rois maudits, m’ont fait accueillir avec plaisir la proposition de lire et commenter cette biographie croisée de ces deux « grands », écrite par l’académicienne Dominique Bona.



Je ne suis pas un grand amateur de biographies, j’en lis très peu, mais en apprendre un peu plus sur ces deux hommes qui ont écrit ensemble Le chant des partisans, cet hymne bouleversant de la Résistance, dont je garde en moi le choc ressenti lors de la retransmission télévisée du transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon, faisant suite au discours inoubliable de Malraux, oui, vraiment, c’était l’opportunité.



Après un début qui nous fait vivre la traversée des Pyrénées, en 1942, par Kessel et Druon, accompagnés par l’actrice et chanteuse Germaine Sablon, une des nombreuses maîtresses de « Jef », celle qui va immortaliser, un an plus tard, Le chant des Partisans, l'auteure nous livre une biographie croisée des deux auteurs, mettant en avant leurs différences de caractère:

Jef, l’aventurier, le bourlingueur, l’homme ouvert aux rencontres et au dialogue avec toutes les cultures, mais aussi plus ténébreux, plus angoissé, plus excessif en tout, y compris la consommation d’alcool.

Maurice, courageux, volontaire, mais, à l’inverse de son oncle, mesuré, aimant son confort, voyageant peu, épris de classicisme et des beautés de l’Antiquité.

Mais aussi, ce qui les rapproche, et au premier plan, la passion de l’écriture et le patriotisme.



Dominique Bona met aussi en avant le personnage attachant de Germaine Sablon, la sœur du célèbre chanteur Jean Sablon, chanteuse et actrice, qui non seulement participera à la création du Chant des Partisans, mais s’engagera dans le corps des infirmières des Armées, d’abord en 1940, puis en 1943, et participera aux combats qui amèneront les Alliés à reconquérir l’Italie, puis à remonter la France jusqu’à Paris. Une femme courageuse, entière, qui veut participer à son niveau à l’effort de guerre comme le font ses fils dans l’armée des Alliés. Mais avec qui Kessel rompra après la guerre.



Dans la vie de Kessel et de Druon, une grande place est donnée à leur création littéraire, inséparable de sa vie chez un Kessel, écrivain solitaire, alors que celle de Druon est plus organisée, plus « pensée ». Maurice Druon s’entoure d’une équipe, il l’appellera d’ailleurs l’Atelier Druon, pour l’aider à préparer sa célèbre saga des Rois maudits, mais aussi la vie d'Alexandre le Grand et bien d’autres livres.



Passionnant de voir comment la vie aventureuse, ou de reportage, alimente les romans de Joseph Kessel, depuis l'Équipage jusqu’à son dernier Les temps sauvages, et en passant par tous ces magnifiques récits, L'Armée des ombres, le Lion, Les cavaliers, Les mains du miracle, etc…Touchant aussi de repenser à son livre Avec les alcooliques anonymes, lui qui souffrit de la terrible addiction à l’alcool de sa dernière épouse Michèle.

Étrange aussi d’apprendre que l’oncle comme le neveu refusèrent d’avoir des enfants. C’est Druon qui s’en expliquera de la façon la plus claire: «La progéniture …..est toujours un aveu d’insatisfaction, d’inaccomplissement de soi, de délégation faite au futur. »

Vivre sa vie, rien que sa vie, sans vouloir un avenir après soi passant par une descendance, voilà une conception assez dure .

Et pourtant l’un comme l’autre firent dans certains de leurs livres des magnifiques portraits d’enfants, surtout Kessel dans Le lion ou La passante du sans-souci, mais aussi Druon dans son petit livre pour enfants « « Tistou les mains vertes ».



Et l’autrice nous raconte ainsi dans le détail toute la vie de ces deux grands hommes et de cette femme exceptionnelle qu’était Germaine Sablon.



Mais cette volonté d’exhaustivité nuit, je trouve, à cette biographie. En effet, ce sont déjà des vies bien remplies que celles-là, surtout celle de Joseph Kessel, mais Dominique Bona veut aussi nous raconter les histoires de personnages qui ne font qu’apparaître et disparaître dans le récit, ou dont l’histoire ne mérite pas, à mon avis, de tels développements, telle celle de Jean Sablon en Amérique pendant la seconde Guerre Mondiale, le détail des origines familiales de personnages secondaires, etc…Cela rend souvent le récit parfois lassant, on en perd le fil.



Et puis, il y a des redites de phrases, voire d’anecdotes complètes, et de nombreux clichés.

En définitive, cette fresque, malgré toutes ses qualités, m’a donné le sentiment d’un récit écrit trop vite, sans une relecture attentive, un peu bâclé.

C’est dommage, car ce récit représente une masse considérable d’informations, et l’analyse psychologique de nos deux « héros », ainsi que celle de Germaine Sablon, est pleine de finesse et d’acuité.



Un grand merci, néanmoins, à Babelio et aux Éditions Gallimard de m’avoir proposé cette lecture d’un livre dont je relirai volontiers certains chapitres.























Commenter  J’apprécie          395
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

Une belle femme en noir qui croise votre regard et le retient, dont vous avez envie de découvrir ce qu’il cache derrière cette douceur apparente, dont Dominique Bona dit «Il y a du feu dans ces pupilles, mais un feu maîtrisé, un feu qui brûle en dedans et communique au-dehors, malgré une grande réserve, beaucoup d’ardeur, beaucoup d’intensité.»

Cette femme c’est Berthe Morisot peinte par Manet dont elle aura été le modèle préféré, une femme aux yeux en réalité verts qu’il a voulu noirs pour ce tableau à propos duquel Paul Valéry écrira à l’occasion de la rétrospective à l’Orangerie en 1932 : "Je ne mets rien, dans l'œuvre de Manet, au-dessus d'un certain portrait de Berthe Morisot, daté de 1872".



Cette biographie de Dominique Bona, née de la contemplation de ce tableau qui donne envie d’en savoir plus, est passionnante parce qu’elle nous permet de découvrir Berthe Morisot, belle femme secrète dont elle pénètre délicatement le caractère intime, mais aussi toute la vie mouvementée, tant sur le plan artistique que politique et social, qu’elle traverse en demeurant fidèle à elle-même, de cette deuxième moitié du XIXème siècle avec le second empire, la guerre de 1870, la Commune de Paris et les débuts de la IIIe République.

p 184 «Sans hausser le ton elle suit sa voie qui n’est ni classique ni conventionnelle, mais cherchant depuis toujours à être elle-même, elle se reconnaîtra dans ce groupe d’Indépendants qui, comme elle, suivent la voie de leur différence. Elle ne se veut pas seulement solidaire de ces peintres, qui ne vendent pas (ou mal) leurs toiles et sur lesquels la presse s’acharne, elle est l’une d’eux.

(...) Elle ne cède ni aux pressions ni aux arguments. Elle maintient le cap. Et elle se passe d’encouragements. Ce qui l’intéresse, c’est la vérité --- non pas une vérité objective, mais celle que l’on doit à soi-même. Elle y sera fidèle toute sa vie. Toute sa vie, droite et sereine.»



Commenter  J’apprécie          391
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Dominique Bona a écrit des romans (Malika, Prix Interallié 1992, Le Manuscrit de Port-Ébène, prix Renaudot 1998...), mais ce qui décrit le mieux sa vocation, comme elle le dit dans « Mes vies secrètes », ce sont ses biographies. Elle y met toute sa passion, tout son cœur, avec cette capacité à rendre la vie aux personnages du passé que le temps a figés ou éloignés. Dans cette famille choisie – où les femmes tiennent une grande place – apparaîtront au fil du temps : Romain Gary, les sœurs Hérédia, Gala, Stephan Zweig, Berthe Morisot, André Maurois, Camille et Paul Claudel, Clara Malraux, Yvonne et Christine Rouart, Paul Valéry, Jacqueline Gallimard, Colette...



La famille s’agrandit avec Joseph Kessel, l’aventurier qui dévore la vie, et Maurice Druon, son neveu, bâtisseur de légendes. Kessel et Druon écrivaient à quatre mains des poèmes, des chansons (Leib Polnareff, le père de Michel Polnareff au piano…). L’Histoire retiendra d’avoir signé ensemble, en 1943, les paroles du Chant des partisans (sur une musique d’Anna Marly, adapté d’un chant russe très ancien !), à la demande d’un chef de la Résistance, Emmanuel d’Astier, persuadé qu’une guerre se gagne aussi en chanson, parce qu’il faut « un symbole fort et un repère unificateur ».



Le livre est un beau pavé et une fois encore le style enlevé de l’autrice m’a emporté. Équilibre des chapitres, musique égale et fluide permettent d’entrer rapidement dans les destins singuliers de ces célébrités dont la mémoire s’efface peu à peu. Elle parvient à nous les rendre proches. L’intérêt de lecture est augmenté à la découverte, pour moi, d’une femme remarquable, vedette de la chanson, actrice, résistante héroïque, injustement oubliée : Germaine Sablon. C’est elle qui a chanté pour la première fois le Chant des partisans. De second rôle, elle éclipse même souvent les deux grands hommes. Le choix de Germaine Sablon est clair, elle déteste la guerre mais ne veut pas rester sans rien faire alors que ses deux fils sont au combat… Elle s’engage dans l’Ambulance Hadfield-Spears, service chargé de récupérer et soigner les blessés à proximité des premières lignes de combat. Elle participera, en mars 1945, à un gala présidé par de Gaulle, au théâtre des Champs-Élysées, au côté de Joséphine Baker. Elle sera « la plus décorée des artistes de variétés » : médaille de la Résistance, croix de guerre et Légion d’honneur.



Opposition de style mais proximité et amour pour la vie, Kessel et son neveu Druon ont mêlé leur vie d’un bout à l’autre, tous les deux écrivains et académiciens. Pourtant des caractères bien différents. Dominique Bona n’a pas les mêmes mots pour l’un et l’autre, tout en gardant la bienveillance, la douceur que j’aime chez elle. C’est un Druon « peu porté à l’indulgence » dont l’auteure rapporte les affirmations en les accompagnant d’une ironie contenue « il le dit lui-même avec son habituelle modestie » alors que Jef a une vie « romanesque et fiévreuse, aussi généreuse que son œuvre ».



L’architecture du livre est remarquable avec ce chapitre d’introduction lançant le récit comme le roman d’aventure qu’il est, en partie. L’auteure se met dans les pas du baroudeur, grand reporter, romancier prolixe, Joseph Kessel qui prend le premier rôle dès le départ. Décembre 1942, deux jours avant Noël, une nuit sans étoiles, Kessel et une de ses deux maîtresses, Germaine Sablon, accompagnés de Maurice Druon et d’un passeur, gagnent à pied l’Espagne, et ensuite la France libre via le Portugal. Jef, comme il se fait appeler, a 44 ans et Maurice 20 ans de moins. Tous les deux sont écrivains, avec une œuvre beaucoup plus fournie et célébrée pour le plus âgé. Autour de ces péripéties marquant leurs vies respectives d’un tournant décisif, viendront ensuite le récit de leur généalogie compliquée avant de dévoiler leur destin d’après guerre, dans une alternance qui va d’un personnage à l’autre sans hacher le texte. La fin du livre est consacrée à Maurice Druon, décédé en 2009, trente ans après Jef Kessel, comme une dilution des rêves enflammés…



Je me suis demandé comment elle avait fait pour que le lecteur ne soit jamais perdu dans la multitude de personnages et évènements relatés dans le détail, cette précision donnant une crédibilité à l’ensemble. Il y a là un travail considérable et je me suis posé la question du temps à passer afin de réunir autant d’informations et les organiser ainsi. Le résultat est très impressionnant ! J’ai découvert une foule d’informations peu connues. Par exemple que Henri Bergson et Vladimir Jankélévitch s’étaient vu proposer un statut d’« Aryen d’honneur », une catégorie de « bons juifs » qu’ils avaient refusée... Que Les Rois maudits de Druon ont inspiré Game of Thrones... J’ai pu imaginer la vie de ces français exilés à Londres, avec la diffusion d’émissions quotidiennes de radio auxquelles participe Maurice « en dilettante », dit l’auteure, ajoutant même : « Druon eut-il un véritable rôle ? Rien n’est moins sûr. » Toujours cette retenue par rapport à un personnage prompt à bâtir lui-même sa légende !



Je remercie le site Babelio et les éditions Gallimard pour cette lecture qui constitue une somme passionnante sur le rôle des artistes, autour d’une période tragique et héroïque de l’histoire récente. Seule Dominique Bona pouvait parvenir à écrire un tel récit où elle nous dit pudiquement, entre les lignes, ses rêves et sa façon d’être au monde.

******

Chronique complète avec illustrations (composition photo personnelle + Le chant des partisans par Camélia Jordana + La complainte du partisan par Anna Prucnal sur Bibliofeel. Lien direct ci-dessous :
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
Commenter  J’apprécie          364
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

Pour avoir lu de nombreux ouvrages de et sur Joseph Kessel, cette biographie me n'a apporté que peu de nouvelles informations, en revanche, je ne connaissais pas une grande partie de la vie de Maurice Druon, voilà qui m'en dit plus et qui me donne envie d'en savoir un peu plus.

Mais , une fois de plus, j'ai apprécié grandement le personnage de Germaine Sablon et son engagement sans réserve dans la Résistance et dans le corps sanitaire au moment de la libération du pays. Elle mériterait une biographie encore plus développée, mais celles qui existent déjà la mettent en lumière et permettent de ne pas oublier cette femme d'exception qui sut se faire aimer de Kessel.

Un beau moment de lecture. Oui, j'ai noté , à mon tour, quelques répétitions et des occurrences (déréliction maintes fois utilisée) mais elles n'enlèvent rien à la qualité de l'écriture.
Commenter  J’apprécie          351
Les partisans : Kessel et Druon, une histoi..

C'est en tant que journaliste que Kessel a vécu et commenté la guerre pour Paris-Soir. Son patron Pierre Lazareff sait combien une signature de Kessel fait bondir les ventes d'un journal.



Druon a de la guerre une vision héroïque, très littéraire, qu'il tient de ses lectures l'Illiade et de sa passion pour les récits de la mythologie gréco-romaine. le héros est son type d'homme. Il croit à la grandeur, au dépassement, aux valeurs militaires. Kessel son oncle lui offre Guerre et paix de Tolstoï. Ce sera son livre préféré mais aussi un refuge durant les semaines d'oisiveté et d'inquiétude.



En juin 1940, l'armistice est signé. Germaine Sablon décide de s'enrôler à la Croix-Rouge, qui a besoin de bénévoles. Humanitaire avant l'heure, elle assume différentes tâches. Elle distribue nourriture, vêtements et se démène pour trouver des solutions d'hébergement. En vraie combattante, elle a la volonté de se rendre utile. Avant Kessel et Druon, elle est la première à s'engager dans un réseau de résistance.



Le 16 juin le président de la République nomme Philippe Pétain président du Conseil. le 27 juin après un bref transit à Clermont-Ferrand, le gouvernement s'établit définitivement à Vichy. France-Soir ce fixe à Lyon.



Le 10 juillet l'Assemblée nationale vote les pleins pouvoir constituants à Philippe Pétain. Pendant l'occupation, les autorités allemandes, recense les ouvrages qui doivent être impérativement retiré de la vente ou sont interdit de publication parce que leurs auteurs sont juifs, communistes ou opposants au nazisme. Parmi eux : Thomas Mann, Stefan Zweig, Louis Aragon, André Maurois, Freud, Trotski, Kessel, …



Germaine Sablon a bien connu André Girard, illustrateur et décorateur de Théâtre. André Girard dit « Carte » dans la clandestinité est le fondateur du réseau de résistance carte. Germaine Sablon était en mesure de rendre service à Carte. Ses tours de chant allaient pouvoir justifier ses déplacements. Toutes ces informations sur le réseau carte ont été puisées dans l'ouvrage de Thomas Rabino. le Réseau Carte. Histoire d'un réseau de Résistance, antiallemand, antigaulliste, anticommuniste et anticollaborationniste. OUF ! Ce même auteur a également écrit un livre, en vérité, passionnant sur le résistant Jean Moulin dont je vous recommande vivement la lecture.



Kessel, Germaine Sablon et ensuite Maurice Druon étaient dans la résistance Carte. Kessel sous le faux nom de « Joseph Pascal » et Germaine sous celui de « Tante Aurélie ».



Dans cette seconde guerre mondiale, une résistance intérieure très active, agit maintenant depuis Londres. C'est le FFL Forces française libres. Kessel devient gaulliste pour la vie. Jugez trop vieux, il se voit refuser de combattre dans l'aviation. Quel rôle assigner ici ou ailleurs à Kessel, sinon écrire. Ecrivez donc quelque chose sur la résistance lui propose le Général de Gaulle. Vous le devinez sans doute, Kessel est à l'écriture à Londres en 1943 pour : L'Armée des ombres.



Pour Druon, le roman historique doit coller à la réalité, ne se permettre aucun écart avec elle, aucune fantaisie dans la reconstitution. Pour Les rois Maudits, il a l'idée de s'exprimer sur le plus long procès de l'Histoire, celui que Philippe le Bel intenta à l'ordre du Temple. Ce procès dura sept ans, s'achevant sur le bûcher de l'île de la Cité où périt dans les flammes le Grand Maître de l'ordre, Jacques de Molay. Dans les années soixante-dix, l'adaptation des rois maudits pour la télévision renforce le succès du livre.



Kessel n'a jamais ressenti le désir d'entrer à l'Académie française. Mais ses amis ont eu raison de ses réticences et l'ont convaincu de poser sa candidature. Son neveu Maurice, lui fait valoir le bonheur qu'araient eux ses parents, Samuel et Raïssa, de le voir entrer à l'Académie. Après une courte campagne, Kessel est élu, le 22 novembre 1962. Pour Maurice Druon, son élection à l'Académie française, quatre ans après Kessel, est une apothéose. Il entre fringuant et joyeux, à l'aise sous la cape et le bicorne que son oncle s'était montré timide et gêné.



En 1969, Jean-Pierre Melville adapte au cinéma L'Armée des ombres, roman de Kessel. le casting est impressionnant. Parmi les acteurs ont peut citer : Simone Signoret, Paul Meurisse, Christian Barbier, Lino Ventura.



Kessel tel un vieux lion épuisé ne baisse pas la garde. Il écrit son dernier scénario pour un film documentaire sur Israël, pour Frédéric Rossif, Un mur à Jérusalem.



Lorsque je lis un livre, j'aime déborder, trouver d'autre liens à partir de documents scripturaux ou Internet pour étoffer les données du livre avec un rapport proche ou plus lointain. C'est ainsi que j'ai rebondit sur la magnifique chanson de Rika Zaraï, israélienne, née à Jérusalem. La chanson est Un mur à Jérusalem qu'elle chante en français et en hébreux.



Le général De Gaulle décède le 9 novembre 1979. Ses funérailles à Colombey sont télévisées. « le soir vers 18 heures, la télévision retransmet l'hommage de la ville de Paris au Général. Les officiels puis la foule des Parisiens remontent les Champs-Elysées jusqu'à l'Arc de triomphe, comme le jour de la libération de Paris. A l'antenne les voix de deux commentateurs s'alternent et se répondent. Kessel assiste depuis son fauteuil. Pour lui, l'émotion est particulière : elle ne tient pas seulement aux images qui lui rappellent les temps glorieux. Elle tient à l'une des voix qui s'exprime. C'est en effet « Maurice » qu'il entend en alternance avec « Léon Zitrone. »



Pour ses vieux jours, Kessel se retire, avec son épouse Michèle et son chat Moustapha au calme de la campagne à Avernes situé à près de 50 km de Paris. Il y reçoit Yves Courrière son biographe, Georges Walter, de temps à autres ses neveux. Georges Walter l'incite à écrire, lui prodigue des suggestions mais c'est peine perdue. Il n'en a plus le courage et demande qu'on le laisse en paix. Outre sa phobie de l'écriture, Kessel est rongé par une autre peur, toute aussi obsédante et douloureuse, celle de mourir et de laisser seul son épouse Michèle. Michèle a été marquée par les violences d'un père alcoolique. Elle est elle-même alcoolique et cela tourne en peur, cris, jalousie, pleurs, sentiments d'abandon lorsque Kessel s'adonnait trop à l'écriture. Cela a été un couple aimant. Kessel s'est beaucoup occupé d'elle. Il a été inspiré pour écrire un livre sur les alcooliques anonyme. Michèle a écrit un livre retraçant son enfance et son addiction à l'alcool : La promesse, mais contrairement à l'espérance d'un livre thérapeutique, ce livre n'a pas chassé ses démons.



C'est le quatrième livre que je lis de Dominique Bona. Toutes ces biographies s'articulent sur une grande recherche de supports qui contribuent à un résultat assez complet et de qualité. Les nombreux renvois en bas de page en attestent. En faire une chronique n'est pas aisé car tant de choses paraissent importantes aux lecteurs. Les choix sont subjectifs. Pour compléter mon avis, c'est un livre qui se relit. Pour mieux s'y retrouver on peut imaginer mettre un index des éléments essentiels par exemple, résistance, Académie française, épouse, titre de livre, pays visité... Ce travail important permettrait d'orienter sa lecture, relecture.







Pour terminer en guise de conclusion les paroles du Chant des partisans nous les devons à Kessel et Druon. La musique est russe. Nous la devons à Anna Marly. Bien des personnes l'ont chanté dont Germaine Sablon en primeur.



C'est un livre à recommander pour les amateurs de biographies, d'histoire et de récits d'aventures.



A la suite d'une opération masse critique privilège, je remercie Babelio, les éditions Gallimard et Dominique Bona. Grâce eux, j'ai passé de passionnants moments et élargi mes horizons culturels et linguistiques.



Commenter  J’apprécie          357
Berthe Morisot : Le Secret de la femme en n..

On peut légitimement se demander pourquoi écrire une nouvelle biographie quand sept existent déjà sur le personnage choisi. Il faut être à mon sens persuadé d’apporter quelque chose de nouveau à la connaissance du sujet en question. Si ce n’est un fait, au moins un aspect resté inexploré de la personnalité. Quelque chose que la sensibilité de l’auteur mettra à jour. Dominique Bona n’avait-elle pas trouvé dans les précédentes biographies de Berthe Morisot l’éclaircissement du mystère que le regard de celle-ci oppose à ses contemplateurs. Car c’est à n’en pas douter ce regard à la fois insondable et mélancolique qui a intrigué Dominique Bona. Regard profond, désarmant, qu’Edouard Manet a si bien reproduit chaque fois que Berthe Morisot lui a servi de modèle.



Les artistes ont tous leur part d’ombre. Du fond de laquelle ils vont puiser cette limpidité que fait jaillir leur inspiration. Le talent consistant à abreuver les autres à cette source confidentielle. Berthe Morisot, artiste secrète s’il en est, n’exprimait jamais mieux ses intentions que dans sa peinture. Surement pas dans le bavardage, défaut bien féminin dont elle a été préservée selon Dominique Bona. Son art dévoilait à son entourage ce qu’en femme introvertie son cœur n’exprimait qu’avec circonspection.



Elle avait en son temps le double handicap d’être une artiste avant-gardiste dans un courant pictural, l’impressionnisme, qu’il était tout autant, et d’être une femme. Au XIXème siècle la femme était vouée à la frivolité et n’existait que lorsqu’elles devenaient mère de ses enfants. Berthe Morisot n’a pas dévié du chemin qu’elle s’était tracé. Elle a voulu être femme pour elle-même, et ne séduire que par son art. Exprimer ainsi ce que sa nature profonde ne savait dire qu’au bout de ses pinceaux. Femme et artiste au XIXème siècle, deux raisons de disparaître qui lui ont donné deux raisons d’exister.



Le mot mystérieux est celui qui revient le plus souvent dans les pages de Dominique Bona à l’écriture très agréable. Berthe Morisot augmentait le mystère du féminin d’un autre, celui de l’observatrice taciturne du monde qui l’avait vu naître et avec lequel elle ne communiquait bien qu’avec son art. Les confidents en paroles et en écrits étaient rares à cette femme dont le détachement aux choses du monde pouvait paraître froideur : sa sœur Edma, le poète Mallarmé, sa fille Julie. La femme inspirée par une muse qu’elle partageait sans doute avec celui qui l’a le mieux figée sur la toile, Edouard Manet, n’aura de cesse de vouloir s’en démarquer, se singulariser, mettant en œuvre une « peinture tantôt aérienne, tantôt aquatique, qui ne tient à la terre que par un fil. » Le réalisme a vécu, Berthe Morisot veut peindre le mouvement, donne du flou au trait et ouvre la porte à l’abstrait.



C’est avec une grande acuité et une forme de communion que Dominique Bona scrute ce regard et tente de découvrir qui était la femme dissimulée derrière l’artiste ô combien prolifique. Elle avait fait métier de sa passion. Dans la chaleur énigmatique de ce regard merveilleusement restituée par Edouard Manet, elle cherche les reflets dorés qui dévoileront le secret de la femme en noir, sous-titre de son ouvrage, au regard tout aussi noir tourné vers son intérieur, dans une pudeur ténébreuse et fière. Superbe biographie d’une artiste dont Manet vantera la « beauté du diable », énigmatique sans doute parce que de sa personne émanait tous les antagonismes, chaleur du regard-froideur au contact, incommodant à qui aurait voulu lire à livre ouvert dans un visage fermé à la lecture des émotions.



Cette biographie de Dominique Bona n’en est pas une de plus. Elle en est une autre. Une approche différente d’un personnage par sa sensibilité et non pas par la chronologie des événements de sa vie. Une femme cherche à en comprendre une autre dans son époque, son environnement affectif, son obsession de peindre. Un travail de documentation fouillé autant que le regard est sondé pour décoder un personnage plus cérébral que sensuel. Beau document qui établit un rapport entre femmes, une autrice et son sujet, artiste à qui sans doute le bonheur a toujours échappé dans le douloureux accomplissement de la femme-artiste.

Commenter  J’apprécie          331
Camille et Paul

Il n’y a pas que les thrillers qui sont des «Turning-Page».

Le livre de Dominique Bona, qui retrace les destins passionnés du sculpteur Camille Claudel et de son frère, l’écrivain Paul Claudel, se lit tout aussi passionnément.

Ecriture vivante et sensible, chapitres courts, recherches et documentation énormes, citations nombreuses : une multitude de renseignements qui donnent à voir en parallèle deux vies, deux trajectoires, deux oeuvres.

Si les sculptures de Camille parlent aisément à ma sensibilité, en revanche les oeuvres de Paul Claudel m’ont toujours paru prétentieuses, on y déclame beaucoup. En résumé soit je n’y comprends rien, soit ça ne m’intéresse pas. J’ai toujours pensé que le succès du «Soulier de satin» était dû à l’opiniâtreté et au grand talent de Jean-Louis Barrault pour l’avoir rendu visible et compréhensible. Mais, l’éclairage de Dominique Bona révélant la part autobiographique, particulièrement dans le «Partage de midi», me permet maintenant de mieux comprendre l'oeuvre sans pour autant changer d’avis et l’apprécier ; je ne ressens toujours rien à sa lecture, sauf peut-être un petit picotement dans l’oeil dû à la poussière. Quant à l’homme, je ne l’estime pas plus. Privilégiant sa carrière diplomatique, il abandonnera sa soeur dans un asile psychiatrique pendant trente ans ; trente ans de solitude dans le dénuement le plus total ; de cet écrivain-ambassadeur, pétri de religion chrétienne, on aurait pu attendre un geste de compassion pour celle qu’il aimait plus que tout... avant que Rodin ne survienne et bouleverse l’équilibre des choses.

Certes, Camille n’était pas facile; certes, Camille était paranoïaque; certes, Camille était alcoolique ; certes, Camille avait des emportements terribles, mais contrairement à ce que pensait son frère : « ...tous ces dons superbes n’ont servi à rien : après une vie extrêmement douloureuse, elle a abouti à un échec complet.»... «Moi, j’ai abouti à un résultat. Elle, elle n’a abouti à rien.» ... «L’échec a flétri son existence.» ; l’histoire en a décidé autrement ; quand on prononce aujourd’hui le nom de Claudel, c’est d’abord à Camille que l’on pense.



Livre reçu dans le cadre de l’opération masse critique. Je remercie vivement Babelio et Le Livre de Poche pour cette lecture qui m’incite à découvrir les autres oeuvres de Dominique Bona.
Commenter  J’apprécie          313
Les yeux noirs

«Rue de l’Odéon, chez un marchand de livres anciens, je trouvai un jour, par hasard, perdue au milieu des romans et des recueils de poèmes, une petite boîte noire, qui portait ce titre : Collection secrète d’un auteur célèbre.»

Cette boîte contient des photos de femmes nues. Toutes sans exception sont brunes, dans des poses provocantes. L’une de ces jeunes femmes détonne au milieu de toutes les autres : " Le visage de l’inconnue, avec un regard à la fois tendre et malin, et un sourire de connivence qu’elle échangeait avec le photographe, tranchait avec l’air bestial ou simplet des autres. Elle n’en était pas moins impudique, mais se prêtait au vice de l’objectif avec une tranquille ingénuité."

Le libraire révèle à Dominique Bona que ces photos appartenaient à l’écrivain Pierre Louÿs et que la photo qui la retient est celle de Marie, l’une des trois filles de José Maria de Heredia.

A travers le destin des trois soeurs, Hélène, Marie et Louise c’est toute la vie littéraire, artistique et libertine de la Belle Epoque que va nous faire traverser Dominique Bona. 
J’ai songé en découvrant ces trois femmes, dont la plus voluptueuse et attirante reste quand même Marie, au beau poème de Baudelaire «A une dame créole» :


Son teint est pâle et chaud ; la brune enchanteresse


A dans le cou des airs noblement maniérés ;


Grande et svelte en marchant comme une chasseresse,


Son sourire est tranquille et ses yeux assurés.



Marie se mariera avec Henri de Régnier et deviendra la maîtresse de Pierre Louÿs auquel l’unira une brûlante passion. Elle aura aussi pour amant Jean de Tinan, Henry Bernstein «le roi, ou l’empereur du théâtre de boulevard», Gabriele d’Annunzio. 
Elle favorisera le mariage de Louise sa soeur cadette, qui ignore leur liaison, avec Pierre Louÿs. Il continuera bien sûr à être son amant.


Elle sera elle-même poète et publiera sous le pseudonyme de Gérard d’Houville.
«Autour de Marie de Régnier, hors ses soeurs, toutes les femmes écrivent. Paul Léautaud finit par s’en plaindre : «Toutes les femmes écrivent aujourd’hui au point qu’on ne peut plus trouver de femme de ménage.»

Au fil des pages on découvre tous les liens qui unissent de nombreux écrivains de cette époque et cela donne envie d’en savoir plus et de lire ou relire leurs textes sous ce nouvel éclairage.


Marie est une amie très proche de Catherine Pozzi qui deviendra la maîtresse de Paul Valéry poète et ami de Pierre Louÿs. 


Anna de Noailles fait aussi partie de ses amies et lui écrit : «Nul ne pourra vous admirer plus que moi. Les êtres sont rares qui, par leur rayonnement et leur rêve, apportent à la solitude une espérance.»

L’on croise, au fil des pages, Oscar Wilde, Proust, Colette, Nathalie Clifford Barney qui recevra pendant 60 ans dans son salon de la rue Jacob et Liane de Pougy.

Tout est passionnant dans ce livre qui, s’il est traversé de rencontres exceptionnelles, nous fait aussi partager la vie somme toute assez bourgeoise et calme de la famille Heredia qui reste très unie.

Commenter  J’apprécie          300
Mes vies secrètes

Ma vie reste cachée



Après avoir vivement apprécié la biographie de Stefan Zweig par Dominique Bona, je me suis précipitée sur ce livre.



Selon la quatrième de couverture, il était annoncé "Dominique Bona dévoile avec tendresse et humour les personnages de sa famille imaginaire : Romain Gary, Berthe Morisot, Gala Dali, Stefan Zweig, Camille Claudel, Colette…

Elle raconte la part cachée de ses livres, les enquêtes pleines de risques et d'embûches, les coupes de foudre, les hasards et les désillusions…"



Même si j'ai vraiment aimé le style de cette autrice, toujours aussi parfait, ce livre ne dévoile rien d'elle ; ici sont regroupés les biographies de tous ces artistes, ses voyages réalisés afin d'écrire au plus près.



Rien de nouveau, si ce n'est que j'ai eu l'impression d'un entre-soi parisien :

Elle dévoile très peu sur sa passion de la biographie historique, sur ses débuts d'écrivaine.

Simplement à la lecture, on sent, on devine la passion de cette autrice pour ses personnages, sa grande sensibilité, son empathie, son professionnalisme (allant jusque sur les endroits où ils ont vécu…).



L'auteure ne peut s'empêcher d'insérer les termes de "période noire", "années Terreur" dans cet ouvrage ! Je lui conseille fortement d'étudier la Révolution française et pourquoi pas de rédiger une biographie sur ces grands hommes (pas sur Olympe de Gouges dont la vie est romancée dans trop de biographies, mais sur Claire Combes, par exemple…)



Elle oublie (!) de préciser qu'elle est la fille de l'historien et homme politique Arthur Conte (1920-2013), Dominique Henriette Marie Conte est la soeur de Pierre Conte (directeur général adjoint du groupe Figaro), cela aide à se faire connaître dans le monde de l'édition…



Donc, un beau livre, très bien rédigé, mais qui n'apporte rien d'autre que l'envie de lire ces biographies historiques !
Commenter  J’apprécie          292
Mes vies secrètes

L’académicienne Dominique Bona est la spécialiste française de la biographie de très grande qualité : .13 biographies, soixante-cinq ans d’émotions et de rencontres , tout cela fait le seul de son livre Mes vies secrètes qui vient de paraitre chez Folio .

Elle explique dans son livre Mes vies secrètes, sorte de mémoire personnelles mélangées à celles de ses céléibrités qu'elle a accompagné, combien la biographie peut parfois être un exercice complexe puisque contrairement à la fiction on est contraints par les épisodes réels et historiques de la vie de son sujet.



Dominique Bona, dévoile avec sincérité et passion la face cachée de ses livres, convoque les grandes figures sur lesquelles elle a écrit, et avec qui elle entretient une relation privilégiée : on a particulièrement aimé les passages sur Paul Valéry, et son grand amour Jeanne Voilier, Stefan Zweig, l’écrivain sans doute le plus secret et le plus mystérieux qu’elle ait jamais lu ou encore le parcours si tortueux de Camille Claudel et sa relation complexe avec frère Paul.



On comprend alors que Dominique Bona ait tant réussi à travers la vie des autres à mieux appréhender et comprendre la sienne.



Un ouvrage passionnant pour qui aime les secrets de fabrication et les petites et les grandes histoires de la grande littérature . Edité chez Folio depuis le 5 novrmbre 2020.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
Commenter  J’apprécie          290
Une vie de Gala

Je remercie tout d'abord les Editions Flammarion et Babelio qui m'ont permis de lire cette biographie.



Cette littérature n'est pas la mienne d'ordinaire. Je n'aurais probablement prêté aucune attention à ce livre sans l'opération Mass Critique.



Pourtant, la vie d'Elena Dimitrievna Diakonova, dont le "petit nom" sera Gala éternellement, est réellement captivante.



Comment une petite Russe de vingt ans qui toisera le monde, traversera un bout d'europe seule, peu avant la première guerre, époque où les chaperons étaient encore de mises ou les messieurs ne côtoyaient pas les dames au sanatorium de Clavadel où elle résidera en même temps que Paul-Eugène Grindel, a-t-elle pu aidé à ce que ce jeune homme devienne Paul Eluard.



Cette femme passionnée, à l'âme slave, au port de tête royal, n'aura pas que des amis, sera toléré par ceux d'Eluard : André Breton, Philippe Soupault, Louis Aragon. Philippe Soupault la surnommera méchamment "la punaise". Cette femme ne s'enfermera dans aucune convention, fera ménage à trois avec Max Ernst puis quittera Eluard pour Dali.



Les femmes de la région de Kazan où elle est née, sont d'une telle beauté, tellement fascinante de volupté que "les sultans du Moyen-Orient avaient l'habitude de choisir leurs maîtresses" parmi elles. Gala ne laissera pas les artistes de sa génération indifférents.



Toute sa vie, elle sera passionnément aimé des hommes : Eluard, Ernst, Dali, détestée des autres parce qu'indomptable. Bien qu'elle-même n'ait jamais eu de talents particuliers, elle a d'instinct reconnu celui des autres et a protégé ses amoureux du monde pour qu'ils expriment leur art : poésie, peinture.



Gala est l'incarnation de la passion. J'ai dévoré cette biographie, écrite par Dominique Bona dans un style direct qui vous fait vibrer au gré des événements de la vie d'Elena Dimitrievna Diakonova y compris ses dernières heures terribles qui seront insupportables à Dali. Gala a offert son énergie aux hommes de sa vie.



La vie de cette femme est tellement passionnante lorsque l'on lit Dominique Bonna, qu'il est difficile d'imaginer que la réalité puisse dépasser la fiction parfois...

Commenter  J’apprécie          290
Camille et Paul

Une biographie qui a la singularité de traiter la vie de Paul et Camille Claudel, lignes de vie qui se croisent, s’entrecroisent qui finissent aussi quelquefois en parallèles quand Paul s’éloigne de sa vie pour ses missions diplomatiques et pour ne pas côtoyer la « folie » de sa sœur.

Pour avoir lu d’autres biographies, d’autres traités sur Camille (pas encore sur Paul) j’ai trouvé cette œuvre complète, bien détaillée mais sans fioriture. Une excellente biographie.
Commenter  J’apprécie          283
Mes vies secrètes

"Curiosité malsaine ? Obsession Morbide du passé ? Fascination enfantine pour les secrets de famille ?" Dans Mes vies secrètes Dominique Bona s'interroge sur son affinité à la rédaction de biographies. Elle en a publié un grand nombre. Un entretien avec François Nourissier la déstabilise. L'éminent critique lui pose la question d'emblée, en guise de salutation : pourquoi avoir abandonné le roman au profit de la biographie ?



Le roman, univers de l'imagination sans frontière, du rêve, de la chimère, genre majeur de la littérature quand la biographie doit se cantonner à la vérité, si ce n'est à l'exactitude. Quelle grandeur dans la restitution d'un parcours de vie, semble l'interroger François Nourissier ?



C'est à cette question que Dominique Bona tente de répondre dans ce très bel ouvrage : Mes vies secrètes. Une partie de la réponse est selon elle dans le choix des personnages qu'elle a fait pour en dresser la biographie. Car, nous fait-elle comprendre, il en est dont la vie est un véritable roman tant la réalité de ce monde semblait ne pas s'imposer à eux. Qu'ils aient été acteurs ou victimes de cette réalité, ils rayonnaient par leur talent à contrer la fatalité ou à composer avec elle. Laissant derrière eux l'illusion d'avoir leurré "les forces de la nuit."



Mes vies Secrètes c'est tout sauf une justification, c'est une biographie des biographies, une biographie de la séduction pour un personnage qui a présidé à chacune de ses entreprises. Avec à chaque fois, selon Dominique Bona, l'espoir d'identifier les ressorts qui ont animé la personne choisie pour qu'il devienne aux yeux du monde un personnage. L'espoir de détecter "ce qui est mystérieux dans une existence, ce qui est en dehors des champs du raisonnement, de la logique." Si "le roman cultive le mentir-vrai … la biographie ne peut pas mentir. Elle repose tout entière sur le vrai ou tente de s'en approcher … ce vrai est le diamant brut du genre, son trésor, son orgueil."



Rédiger une biographie s'apparente à l'art de la sculpture qui à partir du monolithe brut le débarrasse de ses scories, dégrossit, arrache les éclats, affine, polit les formes pour finalement offrir à la lumière les traits du personnage qui se cache au creux du bloc, et restituer ce que le temps à tendance à enrober de la gangue de l'oubli. Sachant bien qu'aussi figurative soit l'oeuvre, le sujet conservera toujours cette part d'ombre que chacun emporte avec lui dans l'au-delà.



Si j'en juge par la qualité de cet ouvrage intimiste de Dominique Bona, j'augure que les biographies de son cru, qu'il m'engage à découvrir, savent restituer plus que l'apparence des sujets qu'elle a choisis pour en dresser le portrait. J'augure qu'à l'instar des oeuvres d'une Camille Claudel - laquelle a fait partie de ses sujets, les biographies de Dominique Bona, plus que restituer le portrait de ses modèles, savent suggérer au lecteur une part de ce mystère qui habite tout un chacun, un mystère d'autant plus ensorcelant que le personnage a fait lui-même de sa vie une oeuvre.



Mais au final, s'intéresser à la vie des autres n'est-ce pas se chercher soi-même dans le miroir de leur destinée ?
Commenter  J’apprécie          285
Colette et les siennes

Ce livre raconte de façon détaillée la vie sentimentale de Colette et de trois de ses amies en particulier.

Sans être féministes ni échapper aux stéréotypes de son époque, l'écrivaine et ses amies ont su s'affranchir des carcans alors en vigueur en menant une vie libre mais toujours dépendante affectivement des hommes.

Ceci est un ouvrage supplémentaire pour approfondir notre connaissance de la grande Colette.
Commenter  J’apprécie          282




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Dominique Bona (1959)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plats préférés des personnages de BD

Je suis surnommé ainsi en raison de mon « œil crevé », j'ai été créé par E. C. Segar en 1919. Ma force peu commune est due à mon plat préféré...

Brocolis
Carottes
Épinards en boîte
Hamburgers
Lasagnes
Miel
Piranhas
Sangliers
Sardines à l'huile
Vache qui rit

10 questions
97 lecteurs ont répondu
Thèmes : nourriture , repas , plats , bande dessinée , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur cet auteur

{* *}