Une fille occupée s'affirme comme un roman d'occupation et de démarcation traitant de de la difficulté à exister, de l'enfermement et de la fuite, un roman d'émancipation qui explore les rapports complexes de l'imaginaire et du réel, des livres et de la vie, de manière vertigineuse .
C'est l'histoire de Ka, une petite fille dont le territoire intime est envahi par une famille où règne en maître le culte des livres. Les livres censés la faire vivre d'abord : ceux du père, distant et dominateur, qui enchaîne l'écriture de romans policiers. Mais aussi les innombrables livres lus par une mère incapable d'achever le sien , une mère dépendante et suicidaire qui met son unique espoir dans l'avenir littéraire de son fils surdoué.
Un style sensible et volontiers elliptique, une narration qui entretient le flou avec art afin de maîtriser un territoire fuyant, aux frontières des souvenirs, du rêve et de l'inconscient . Une construction rappelant les « matriochkas », ces poupées gigognes qui s'emboîtent les unes dans les autres à partir d'une figure centrale que chacun porte en soi, mues successives dont on conserve la peau...
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En espérant la guerre est un roman à plusieurs voix. Il y a le récit d'Anne Valetta, en italique, l'héroïne, et celui qui se rapporte à l'enquête de Léon, journaliste. Celui-ci choisit de revenir sur un fait divers de braquage, que l'on situe dans les années 70, l'affaire Livi. L'un des braqueurs a été tué, ainsi qu'un policier, le second s'est enfui, il s'agit de Pierre Livi, jamais retrouvé. Anne Valetta était sa compagne. C'est auprès d'elle que Léon reprend l'enquête, 25 ans plus tard.
Le texte est fragmenté. La lecture demande attention et perspicacité. On passe d'une époque à une autre. On reconstitue les faits à la manière d'un puzzle. Il semble que Dominique Conil choisit de focaliser son roman à la fois sur Anne Valetta et sur Léon. Ils ont en commun de rester en suspens. Elle, depuis la disparition de Pierre, lui, dans l'attente qu'Anne Valetta lui livre son histoire.
Le lecteur reste insatisfait, ses questions sans réponse. Même la fin n'est pas dite, à peine suggérée, incertaine.
C'est un peu agaçant, comme lorsqu'on parle avec quelqu'un qui ne finit pas ses phrases ...
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L'écriture est durassienne. Des phrases courtes. Des phrases mots. Heurté. Le décors est assez triste et l'ensemble un peu noir. Du coup à la moitié du livre j'ai arrêté de lire.
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Tout est très sombre dans ce livre, les ambiances, le caractère des personnages et même leurs relations sont glauques.
Cette jeune fille, Ka avait toutes les chances à portée de mains et de multiples possibilités d'être tirée vers le haut or elle s'enfonce inexorablement !
Dominique Conil, l'auteur, a une écriture vive, incisive qui ne embarrasse pas d'adjectifs inutiles. Ce style nerveux embarque le lecteur mais malgré cela, je suis restée sur ma fin, comme si la tournure pris par le destin suivi par Ka n'était pas en concordance avec ce que j'aurais voulu pour elle. A mon goût, elle aurait mérité d'être plus combative et de démontrer à son père que son ombre ne l'atteignait plus.
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