Dominique Legrand -
Retour à My Lai .
Dominique Legrand vous présente son ouvrage"
Retour à My Lai". Parution le 18 août 2016 aux éditions Castor Astral. Rentrée littéraire 2016. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/legrand-dominique-retour-lai-9791027800797.html Notes de Musique : volk 8 vol 2 by Asian Women on the Telephone. Free Music Archive. Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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L’Aborigène l'arrêta d'un geste de la main, fixant David :
- Vous êtes goanna.
- Pardon ? murmura le Français
- Vous êtes goanna. Vous êtes le rêve du goanna.
David regarda les autres, interloqué.
Marvin se manifesta :
- Willie fait référence au Dreamtime, c'est sous ce nom que les Aborigènes rassemblent leurs croyances. Pour eux, vous représentez sans doute quelque chose, mais j'ignore quoi.
- Venez chez moi. Je vous montrerai ce que je fais. Je vous expliquerai. Je vous aiderai. Vous êtes goanna, répéta-t-il au Français.
Ses yeux brillaient. Son sourire était éclatant.
Un tonnerre de hurlements déferle dans l'appareil. Entre les corps éjectés, Peter Douglas voit la carlingue s'ouvrir aussi facilement qu'on casse en deux un sucre d'orge. Devant lui, il n'y a plus de cockpit, seulement un espace béant et lumineux par lequel sont aspirés des rangs entiers de passagers assis, dont certains encore bouclés sur leurs fauteuils. Dans le chaos de métal et de plastique, il entend le cri d'une femme et voit le bébé arraché des bras de sa mère disparaître dans un vide aveuglant de soleil.
p20
[...] les animaux méritent notre respect, notre compassion, car comme nous ils partagent la même planète, comme nous ils sont terriens. Nous avons trois choses en commun avec eux: nous voulons vivre, voulons éviter de souffrir et nous aspirons à un peu de bien-être. Et par nous, ils sont privés de ces trois choses. (p 144)
Un chien a des maîtres et un chat des serviteurs. (p 33)
Parfois, j’imagine que Nicodemus Krapstick n’a jamais débuté ce fameux film, qu’il a lancé une rumeur, savamment mise en place, et que tout le monde a plongé. A l’annonce du projet, les critiques cinématographiques du monde entier n’y croyaient pas. D’ailleurs, personne n’y croyait. Vingt ans que cet artiste entretenait le mythe d’une hypothétique sixième œuvre. Et brusquement, le désir se matérialisait, prenait racine dans les esprits et dans les âmes. Le film était attendu, comme sans doute aucun autre film n’avait jamais été attendu dans l’Histoire du Cinéma. Je me prends à penser que mon existence entière se justifie par ce seul moment, que rien d’aussi fort ne l’a remplie. Krapstick m’a happé avec ses films précédents, il m’a peu à peu attiré dans sa toile de celluloïd. J’ai cru que je m’en sortirais indemne. Je me croyais libre de mes mouvements, mais paradoxalement j’étais attaché, sans pouvoir me défaire de cette emprise.
On a souvent une idée bien précise sur les gens et les événements, on juge facilement, et puis un jour, les circonstances font qu'on ne perçoit plus les choses de la même façon. (p 105)
Il y avait mes parents, bien sûr, mais avec mes grands-parents, et plus particulièrement mon grand-père, je n'avais que le bon, que l'excellent, que le nectar d'une boisson dont je m'abreuvais chaque jour, et qui s'appelait la vie. (p 15-16)
L'écriture, c'était ça: en découdre avec son âme. (p 167)
Ce n'était pas un rêve. Quelqu'un pleurait. gémissait, soupirait.
Après quelques secondes, il réalisa que ces sons venaient de la chambre d'Ethan.
Je longe la mer de Chine en me promenant dans le Bach Dang.
C’est une allée interminable où semble se déverser toute la population.
Un enfant me frôle en courant. Il me crie quelque chose que je ne comprends pas.
En arrivant ici, on nous avait donné un petit lexique avec les mots les plus usuels, une sorte de manuel à l’usage des soldats. Aucun de nous ne savait parler vietnamien, mais nous avions identifié certaines expressions qui pouvaient nous sauver la vie : ce n’était déjà pas si mal.
Dans le port, c’est la fête. On glorifie sans doute une divinité locale, mais les vraies raisons de cette liesse m’échappent. Soudain, je réalise que je n’ai jamais vraiment compris ce pays. En étant passé à côté de lui, d’une certaine façon, je suis aussi passé à côté de ma propre conscience.
Je marche au milieu d’une foule heureuse. Je me faufile parmi tous ces corps, toutes ces silhouettes qui m’ignorent. Elles m’entraînent malgré moi vers l’intérieur de la ville. Je me laisse porter sans réagir. Ce soir, j’appartiens entièrement à Danang, et le passé n’existe plus.