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3.76/5 (sur 1096 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 23/12/1942
Biographie :

Dominique Manotti, née Marie-Noëlle Thibault, est une écrivaine française.

Agrégée d'histoire, spécialiste de l'histoire économique du XIXe siècle, elle enseigne d'abord cette discipline en lycée. Après 1968, elle rejoint le Centre universitaire de Vincennes, puis devient maître de conférences à l'Université Paris-VIII.

Elle abandonna ce métier pendant cinq années à la fin des années 70 pour se consacrer à son activité de permanente syndicale. Militante politique depuis la fin des années 1950, notamment à l'Union des étudiants communistes, elle est syndicaliste à la CFDT jusqu'au milieu des années 1980.

Son premier roman, "Sombre Sentier", publié en 1995, a pour toile de fond une grève de travailleurs clandestins turcs dans le Sentier, à laquelle elle avait participé en 1980. C'est dans ce roman qu'elle crée le personnage de l'inspecteur Théodore Daquin, flic homosexuel, qui sera également le héros de plusieurs autres romans. Il a reçu le Prix du Festival de Vienne en 1995 et le Prix du Festival de Saint-Nazaire en 1996.

Chroniques politiques des années 1980, ses premiers romans traitent de la spéculation immobilière ("À nos chevaux", 1997), des implications politiques et économiques dans le monde du football ("Kop", 1998), de la corruption et du commerce des armes ("Nos fantastiques années fric", 2001).

En 2011 elle publie un roman noir, "Bien connu des services de police", une chronique de la vie quotidienne d’un commissariat dans une ville du 9-3, avec sa BAC. Elle fera plus tard dans "Libération" (BAC de Marseille : l’omertà, 16/10/2012), un parallèle entre son roman et les évènements mettant en cause la BAC de Marseille.

Dominique Manotti obtient le Grand prix de littérature policière 2011 pour "L'Honorable société".

En 2018, elle suit son éditeur chez Gallimard Aurélien Masson dans sa nouvelle collection aux Arènes : ÉquinoX. Pour "Racket", son premier roman dans cette maison, Dominique Manotti s'attaque à l'Affaire Alstom, soit le rachat par General Electric d'une partie de la firme française.

son site : https://www.dominiquemanotti.com/
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Source : http://www.ac-grenoble.fr/lycee/vienne.st-romain-en-gal/sde/sdevienne.html
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Bibliographie de Dominique Manotti   (15)Voir plus


Entretien avec Dominique Manotti, à propos de son ouvrage Racket


28/03/2018

Dans Racket, on suit l`enquête fictive autour du rachat d`Alstom Energie par General Electric (alias Orstam et Power Electric dans le roman). Comment avez-vous choisi ce sujet ? Et qu`est-ce qui vous a donné envie de remettre en scène Noria Ghozali, avec ses nouveaux collègues du renseignement intérieur ?

Il y a une part de hasard et d`opportunité dans le choix d`un sujet. Je venais d`achever mon roman précédent Or noir, et en lisant la presse, je suis tombée sur la fin de l`histoire d`Alstom, les dernières négociations entre le gouvernement, Alstom et GE pendant lesquelles Arnaud Montebourg essayait de bricoler pour limiter les dégâts. Je me suis demandé comment on en était arrivé là, j`ai cherché, et je suis tout de suite tombée sur la justice américaine. Là, par expérience, je savais que je tenais une histoire. Pour Noria Ghozali, j`ai repris un personnage que je connaissais bien pour raconter la façon dont le renseignement français a réagi face à ses agents supposés musulmans.



Vous précisez dès le départ que le récit est « très librement » inspiré de cette affaire. Pourtant, son déroulé détaillé et précis, à travers le travail quotidien de la police, est tout à fait vraisemblable. Alors où s`arrête la fiction ici ?

« Ceci est un roman, tout est vérité, tout est mensonge. » Je me suis nourrie de l`histoire telle qu`elle s`est passée, ou plus exactement telle qu`elle est parvenue à la connaissance du public, en m`appuyant sur les sources les mieux documentées. A partir de là, j`ai remanié la chronologie, et j`ai créé les personnages. Cette création est le propre du roman. C`est parce qu`on « invente » les personnages que le roman est « plus vrai que vrai ».



Une phrase prononcée par un personnage à la moitié du livre en résume assez bien le propos : « Les pratiques extra-légales des grandes entreprises les amènent parfois à collaborer avec les milieux criminels les plus classiques. » Qu`est-ce qui vous intéresse particulièrement chez les voyous à col blanc ?

C`est cette espèce de décontraction absolue avec laquelle ils se moquent de la légalité. Cette certitude tranquille avec laquelle ils considèrent que la loi ne s`applique pas à eux. La loi, à leurs yeux, c`est bon pour les pauvres et les « racailles ». Pour eux, la loi, le droit, sont matières à discours, postures morales, idéologie, mais eux sont au-dessus, ailleurs. Si j`arrive à raconter cela de façon crédible, je remplis mon rôle de romancière, raconter la société dans laquelle je vis.



Que permet selon vous la fiction que le journalisme n`autorise pas, dans l`écriture sur ce type d`affaires ?

Alors que le journalisme raconte plutôt une affaire qui est lue comme un spectacle, il me semble que fondamentalement, le roman sert à mettre le lecteur au coeur de l`histoire, en situation de la vivre, grâce aux personnages de fiction. Il peut s`identifier à certains personnages, aimer, haïr. Il comprend non seulement avec sa raison, mais avec ses sentiments et ses sensations. Dans le meilleur des cas, il est marqué par l`histoire, le souvenir s`intègre à celui de son vécu.



Avec sa nouvelle collection Equinox aux Arènes, votre éditeur Aurélien Masson entend publier des romans noirs qui parlent du présent, et amènent le lecteur à réfléchir sur le monde dans lequel il vit. le roman noir a-t-il encore pour vous une véritable efficacité politique ?

Le roman noir a un véritable apport dans la compréhension de la société dans laquelle on vit, c`est la littérature du XXIe siècle. Par exemple, il faut aujourd`hui faire comprendre le rôle organique des paradis fiscaux dans l`économie libérale comme les romans noirs du XXe siècle ont fait comprendre l`importance des mafias dans la société américaine du siècle dernier. De toute manière, aucun roman ne peut avoir d`efficacité politique. Ce sont ses lecteurs qui peuvent en faire quelque chose, ou rien.




Dominique Manotti à propos de ses lectures




Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?

LA Confidential de James Ellroy.



Quel est le livre que vous auriez aimé écrire ?

Les Trois Mousquetaires d`Alexandre Dumas.



Quelle est votre première grande découverte littéraire ?

Honoré de Balzac.



Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?

La Clé de verre de Dashiell Hammett.



Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?

Ulysse de James Joyce.



Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?

En restant dans le domaine du noir : A la petite semaine de Gene Kerrigan (Masque) ou La revanche du petit juge de Mimmo Gangemi (Masque).



Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?

Jean d`Ormesson. Publié dans la Pléiade, hommage national à ses funérailles, de qui se moque-t-on ?



Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?

Issue du cinéma : « Quand une histoire est finie, elle est finie. Pas de prisonniers. » Billy Wilder.



Et en ce moment que lisez-vous ?

François Muratet, Tu dormiras quand tu seras mort (chez Joëlle Losfeld).

Découvrez Racket de Dominique Manotti aux éditions Les Arènes/Equinox :






Entretien réalisé par Nicolas Hecht.





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C'est l'histoire d'un golden boy qui a vu dans la folie du monde de la finance des années 1980 l'opportunité de construire un système d'arnaque à grande échelle. C'est aussi l'histoire d'un escroc rattrapé par la justice, qui a fini ses jours dans un pénitencier de Caroline du Nord ce mercredi 14 avril. C'est en somme l'histoire d'un véritable personnage de roman. Comment Bernard Madoff est-il devenu un symbole des dérives du capitalisme financier moderne ? Guillaume Erner reçoit Dominique Manotti, écrivaine, ancienne professeure de l'histoire économique du XIXe siècle et auteure de l'ouvrage “Le rêve de Madoff” paru en 2013 aux éditions Allia.

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Citations et extraits (175) Voir plus Ajouter une citation
Il faut beaucoup de courage pour fuir.
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... la stratégie d’expansion économique des Américains, qui jouent sur tous les tableaux. Ils gagnent en collaborant avec le crime et ils gagnent en le réprimant.
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Ces gens-là nous haïssent, André. Les services de police officiels sont gangrénés par nos ennemis politiques. Et puis je suis, moi, directement dans le collimateur, car derrière moi, c’est la cellule de l’Elysée qui est visée, la cible de tous les services de police officiels parce qu’elle est la preuve vivante de leur inefficacité... Ce que nous vivons, André, c’est un véritable coup d’Etat policier, et je pèse mes mots.
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- Vous voyez toute cette quincaillerie que Mado trimballe ? Eh bien, tout est en or véritable et en pierres précieuses. Même ses lunettes ne sont pas en toc : diamants et platine. Elle ne fait pas confiance aux banques et préfère porter sa fortune sur elle. Et elle garde tous ses bijoux quand elle baise, sauf ses lunettes.
(p. 220)
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Les bons chasseurs sont ceux qui connaissent les mœurs de leur gibier, qui vivent sa vie, qui l’aiment. ... Et quand on n’aime pas le gibier, on perd le goût de la chasse.
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[ 1980, grève des ouvriers turcs clandestins, dans le Sentier ]
Pas un flic à l'horizon. C'est l'ivresse. Les clandestins occupent la rue, et personne ne vient les en chasser. Les hommes hurlent 'Yasasin grevi', vive la grève. Carte de séjour, carte de travail. Les sonos circulent, tout le monde veut dire son mot. Soleiman tremble au soleil. Il l'avait voulu de toute sa force ce moment, mais il n'y croyait pas. Ce moment de vertige où les masses commencent à exister, hors de toute abstraction, où il devient possible, peut être... le monde va changer de base.
(p. 16)
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[mars 1980, clandestins ouvriers du textile à Paris]
Soleiman commence à parler, en turc. Il raconte la clandestinité, se déguiser en touriste avec un appareil photo en bandoulière ; la peur qu'il faut surmonter quand on voit un flic dans la rue, continuer à marcher, les fouilles, les nuits dans les postes de police, les arrêtés d'expulsion. Terminé. Nous ne voulons plus. Nous sommes ici, nous travaillons, nous voulons carte de séjour, carte de travail. La dignité.
(p. 15-16)
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Cette année, je m'intéresse à la stratégie d'expansion économique des Américains, qui jouent sur tous les tableaux. Ils gagnent en collaborant avec le crime et ils gagnent en le réprimant. Leur système judiciaire est fascinant.
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- Je ne l'ai jamais su, et je ne cherche pas à le savoir. Elle joue son rôle d'innocente quoi qu'il arrive, moi, je joue le mien, celui de dupe consentante, ce jeu de rôle est une convention qui facilite la négociation.
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[ au commissariat, témoin violée par un policier ]
- Vous désirez porter plainte, mademoiselle ? (Quelques secondes). Je ne suis pas franchement sûr que ce soit la meilleure solution. En jouant aux jeux dangereux qui sont les vôtres, vous ne vous attendiez sans doute pas à ne rencontrer que des petits marquis. Si vous portez plainte contre mon inspecteur, ce qui est votre droit, moi je vous coffre immédiatement pour trafic de drogue. Mon inspecteur sera muté, mais vous, vous en prendrez pour quatre ans, au bas mot.
(p. 60)
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