Sagesse Amérindienne - Entrevue avec Dominique Rankin à l'émission La Télé de Lilou Macé
On me tend soudain un sac de jute. Des hommes me déshabillent et me font asseoir tout nu sur une chaise de barbier. En un tournemain, ils me rasent la tête. Je fonds en larmes en me remémorant les enseignements de mon père, écho lointain dans ma tête et mon coeur: " Tes cheveux parlent de ton énergie de vie.Ils sont tes antennes pour te garder en communion avec la Terre. Dans notre tradition, les hommes laissent pousser leurs cheveux pour marquer leur lien avec la Terre-Maman, mais aussi pour accompagner les femmes. Ta chevelure est donc le signe de ton respect pour le Féminin."
En ce qui nous concerne, lorsqu’il s’agit de distinguer notre nation des autres, nous avons toujours utilisé le terme Mami8inni. Ce nom nous plait beaucoup, car il est très rigolo. Il se rapporte à notre goût pour la récolte des petits fruits que la terre-Maman nous offre durant la douce saison : fraises, framboises, bleuets (appelés myrtilles en Europe), etc. Or, pour cueillir ces fruits, il faut bien se pencher. Et qu’est-ce qui s’offre au regard du visiteur qui arrive sur les lieux où la communauté entière s’affaire à récolter les précieuses baies ? Toute une famille d’arrière-trains – des petits, des gros, des charnus, des maigres, des jeunes, des vieux – se dressant paisiblement sous le soleil ! Voilà qui nous sommes : la tribu aux postérieurs fièrement dressés vers le ciel !
- Quand on croit avoir tourné la page à jamais, une nouvelle couche de notre histoire est mûre pour la guérison. Cela vaut autant pour un individu que pour une famille ou une nation. Dès que notre esprit y est disposé, nous muons comme un serpent. Nous pouvons alors entreprendre une nouvelle étape de vie encore plus libre. Puis, un beau jour, le passé ou le futur n'ont absolument plus aucun pouvoir sur nous. Cela ouvre notre esprit à la beauté du temps présent.
(Tom Eagle)
Le Prix Nobel de la paix, le Sud-Africain Mgr Desmond Tutu, a un jour déclaré « Quand les missionnaires sont venus en Afrique, ils avaient la Bible, et nous le territoire. Ils ont dit « Prions » et nous avons fermé les yeux. Lorsque nous les avons rouverts, nous avions la Bible et eux le territoire ». Étrange comme cette histoire ressemble à la nôtre…
Les livres de mon enfance, sur l’histoire du Canada, me revinrent à la mémoire. Ces images que nous montraient les missionnaires, au pensionnat, étaient pleines de violence. On y voyait des indiens scalpant des explorateurs blancs, suspendant des jésuites au-dessus d’un grand feu ou les écorchant vifs. Un jour, j’avais dérobé un de ces manuels scolaires afin de provoquer mon père pendant les vacances d’été. « Tu m’as menti ! lui avais-je lancé avec mépris. Partout dans ce livre, on voit des chefs tuer des Blancs. Toi, tu es un chef. Pourquoi ne m’as-tu jamais parlé de tous ces crimes ? » Après avoir tourné une à une les pages du livre, mon pauvre père était resté muet longtemps. Il ne savait pas lire, mais saisissait néanmoins la signification des nombreuses images de l’«histoire du Canada ». Les enseignements du passé, tels que les nôtres les relataient, n’avaient rien à voir avec tout ce sang et ces conquêtes.
Je devais avoir six ou sept ans lorsque notre famille a vécu à Amos pour la première fois. Cela signifiait qu'il fallait nous adapter aux constructions carrées des blancs.Pour nous qui privilégions la force du cercle en toute chose, cela fut difficile. (...) Les anciens nous avaient toujours enseigné que dans un tipi l'esprit est à son aise. Grâce à sa forme circulaire, l'énergie de vie peut circuler sans obstacle. Dans les wemitekoci mikiwaman, avec tous ces murs bien rigides et toutes ces encoignures, nous avions l'impression que l'esprit se cognait sans cesse de tous les côtés! Au début, nous étions si mal dans notre boîte carrée que mon père avait érigé une tente dans la cour arrière.
L'humain qui a peur de vivre ses émotions est un être en cage.
Les "pourquoi" tuent l'homme souffrant. Jamais tu n'auras de réponse valable à cette question lorsque tu as mal. Tous les humains qui s'entêtent à essayer de comprendre pourquoi le destin les frappe sont condamnés à tourner en rond et à se perdre dans leurs semblants d'explications.
Le péché et la punition étaient des concepts étrangers à la philosophie de nos ancêtres. Chez nous, les êtres humains sont tous des enfants de la Terre et du Créateur, qu’importe leur origine ou leur comportement. (…) Un peuple n’a que faire du pouvoir de dissuasion quand il comprend qu’il n’y a pas de délit, mais seulement des faux pas, et que chacun est responsable de grandir à travers les enseignements placés sur son chemin.
Lorsqu'on me demande à quelle nation j'appartiens, je réponds «Je suis Anicinape», ce qui signifie tout simplement «être humain».