Des trois tomes de l’histoire napoléonienne que Dominique de Villepin a rédigé, ces Cent-Jours constituent sans doute le plus intéressant. Comment cet homme qui a été au sommet de l’Europe peut-il accepter d’être relégué dans une petite île de l’archipel toscan ? Comment reprendre le pouvoir sans troupe ? Être porté par la légende plus que par les armes. Accepter (ou feindre d’accepter) un nouvel ordre constitutionnel, de nouvelles idées libérales si vivement combattues antérieurement. L’Empereur doit composer, lui qui n’a gouverné qu’en dirigeant solitaire.
Mais les royaumes européens ne peuvent accepter le retour de « l’Ogre ». La campagne de France commence et va se finir à Waterloo.
De Villepin conte tous ces moments de doute, de choc pour quelqu'un qui a toujours cru en son étoile; la place qu’occupent de nouveaux venus comme Benjamin Constant dans la proximité de l’Empereur. Cette période est tout à la fois celle des derniers feux de l’ancien Empire et ses chefs militaires, tous devenus maréchaux d’Empire, et celle où l’Empereur découvre que la société réclame autre chose.
Un excellent livre d’histoire.
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Livre magnifique (et fort lourd !) à feuilleter sans modération pour qui aime le peintre Zao Wou-Ki, ce qui est mon cas. Rétrospective de ses oeuvres de 1935 à 2010 ce livre comporte en plus une biographie du peintre avec moult photos, une bibliographie, une filmographie, des extraits d'interviews et des commentaires remarquables de Dominique de Villepin. Bref, une somme, en somme.
Si je n'apprécie pas particulièrement en ce dernier l'homme politique (mais que diable est-il allé faire dans cette galère !) je voue beaucoup d'admiration au grand littéraire qu'il est,et, en l'occurence, à ses commentaires sur l'oeuvre de Zao Wou-KI.
Ce livre montre avec efficacité l'évolution du style du peintre à travers ses huiles et ses dessins à l'encre de Chine, et se termine sur les vitraux qu'il a exécutés pour l'église du prieuré Saint Cosme à La Riche (maison de Ronsard près de Tours). Les reproductions sont d'une qualité exceptionnelles et ce livre est un très beau cadeau à faire, et à se faire.
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Premier tome d’une trilogie que l’ancien premier ministre Dominique de Villepin a consacré à Napoléon, ce soleil noir de la puissance revient sur les années 1796-1807, celles où progressivement le général de la Révolution va construire sa réputation de chef militaire avec la campagne d’Italie, avant de se projeter en premier consul puis en Empereur. Des années de basculement qui finissent la Révolution, en gardent certaines idées, mais pour instaurer un pouvoir autocratique.
De Villepin a écrit trois ouvrages complets, étayés par de nombreuses sources. Clairement l’œuvre d’un passionné de la période napoléonienne et du mythe qui l’accompagne, bien plus que d’un politique. Le résultat est complémentaire d’autres biographies sur l’empereur.
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Deuxième tome de la trilogie consacrée à Napoléon par l’ancien premier ministre Dominique de Villepin. Napoléon a fini la Révolution en créant un nouveau régime à vocation dynastique. Il entame une politique de domination en Europe. Cette démarche va s’appuyer sur ses qualités de stratège, et la conscription, en France et dans les pays alliés de plus en plus nombreux avec l’expansion de l’Empire : la Grande Armée est là.
Cette deuxième partie, quoiqu’écrite avec le même enthousiasme que la première, est plus factuelle. Napoléon se croit tout puissant, étend les frontière, place sa famille… L’histoire est connue et De Villepin sur cette partie est moins original qu’il ne l’était dans son premier tome.
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J'ai bien aimé ce livre, que j'ai pourtant pas mal laissé trainer avant de le finir . C'est bien écrit, on sent que De Villepin est un vrai fan de Napoléon. La première partie du livre se lit presque comme un roman d'aventure, ensuite c'est plus technique, politique et il y a quelques longueurs.
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Il est, d'un point du vue d'historien, très documenté et sérieux. Bref, une vraie synthèse sur les Cent Jours, même si l'angle privilégié est celui de l'histoire politique. D'ailleurs, le regard d'un homme politique du XXIe siècle, fusse t-il d'un bord opposé au mien, reste intéressant. L'auteur nous plonge au coeur de la politique de 1815 : les intrigues, Napoléon qui ne se fait pas d'illusion, les compromis calamiteux. J'ai lu ce livre avec un réel plaisir car le style ressemble à celui d'un Chateaubriand - dans le ton du moins - avec cette mélancolie qui se prête bien au sujet.
De surcroît, j'ai été surpris. Dominique de Villepin ne tombe pas dans le récit épique ou dans le "tout" pour Napoléon, comme je m'y attendais au départ. Il reste objectif, tout en ramenant ses personnages à ce qu'ils sont : des hommes de convictions. Il ne fait pas de concessions et il sait cibler les opportunistes, les failles de chacun, la peur des parlementaires qui n'hésitent pas à abandonner l'empereur pour sauver leur tête, l'héroïsme de Ney qui, après avoir trahi, revient avec panache, toujours aussi courageux et brouillon qu'avant.
C'est donc un livre qui mérite les prix reçus et qui reste accessible et utile pour en apprendre plus sur cette épisode. Sinon, pour une approche clairement universitaire du même épisode, je conseille le livre d'Emmanuel de Waresquiel, "Les Cent Jours. La tentation de l'impossible. Mars-Juillet 1815" (2008).
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Les Cents Jours retracent ces quelques jours de l'Histoire de France où Napoléon quitte l'Île d'Elbe pour revenir conquérir la France qui, progressivement, se rallie à lui. La plume flamboyante de Dominique de Villepin nous conte avec maestria cette épopée dans l'épopée, avant la chute cette fois définitive. On y retrouve toutes les grandes et mythiques figures de la légende napoléonienne, les fidèles de toujours, les opportunistes, nous offrant un éclairage particulier sur la vie politique d'aujourd'hui, somme toute peu éloignée.
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Comment donner une appréciation de lecteur sur un livre présentant une exposition ? Peintre abstrait Zao Wou ki traite l’espace par juxtaposition de masse, jeux de couleurs sans correspondance avec la réalité. Le tableau ne raconte rien mais devient évocation du bruissement de feuille. On voyage entre rêve et réalité. Envoutant. Je me suis réconciliée avec la peinture abstraite ! GB
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Entre la confession et la réflexion littéraire. Le ton est juste, sensible et personnel. Une promenade dans le bois de la poésie. L'érudition de Dominique de Villepin est impressionnante, sa sensibilité aussi, voilée parfois par une petite propension à la grandiloquence. Un bel ouvrage, en tout cas.
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Dominique de Villepin excelle sur ce thème qu'il connait bien.
L'écriture est brillante et la démonstration parfaitement et clairement argumentée.
A rapprocher de ce que Jean François Copé a dit un jour:
"Lorsque vous n'êtes pas réélu, le téléphone ne sonne plus" et Olivier Gourmet dans "l'exercice de l'Etat" film (2011) de Pierre Schöller :
"5000 contacts, pas un seul ami".
On pense aussi à Emile Zola avec "Son excellence Eugène Rougon"...
Comment ça, vous ne votez plus?....!
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J'ai lu ce livre par total esprit de contradiction, sachant par avance que je serais en désaccord avec l'auteur sur le propos, mais ayant envie de le lire pour élargir le champ de mes lectures et ne pas toujours avoir du conformisme. Lire quelque chose qui va à l'encontre de mes principes, pour pouvoir les réaffirmer si je sens comment répondre à ces questions.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'effectivement je suis en désaccord avec l'auteur ! Pas sur tout les sujets, mais sur une bonne partie d'entre eux, en tout cas.
Tout d'abord, je voulais souligner le texte, volontairement travaillé et qui sent l'amour du français et des belles lettres. Les métaphores, les comparaisons, les anaphores et autre allégories pullulent. Alors c'est beau, certes, mais c'est un peu lourd, et ça ne renforce pas réellement le propos. Pas nuisible à proprement parler, cette lecture fut tout de même un tantinet longuette, principalement parce que le propos n'est jamais réduit à l'essentiel mais étiré dans de jolies phrases. Ce n'est ni lourd ni handicapant, juste longuet.
Pour le propos, il faut dire que je suis de gauche assez à gauche, tandis que l'auteur s'ancre dans une droite libérale assez nette. Une droite du début des années 2000, qui pense le libéralisme triomphant, l'Europe comme un rêve à vivre et le pouvoir comme bienveillant. Aussi ne suis-je pas étonné de lire quelques piques envers les médias qui ne peuvent s'empêcher de venir salir la réputation des hommes politiques (jusqu'au "Tous pourris"). Cet exemple m'a marqué, puisqu'à aucun moment la question de la moralité des hommes politiques n'est mises en avant. Si les médias déversent autant de nouvelles sur leurs magouilles, c'est peut-être (et surtout) parce qu'ils en font en permanence, non ?
Bref, le propos est ici très idéaliste. Un pouvoir vertueux, porteur de sens et central dans l'espace politique français, doit revenir exercer l'absolu de sa charge pour le bonheur de tous. Sortez les mouchoirs et que la république vous garde !
Le livre est une bonne entrée dans cette vision de droite, paternaliste et idéalisée, bourrée de préjugée et jamais réellement dans une remise en question. La gauche à failli deux fois (Mitterand et l'URSS), elle est hors de propos, le pouvoir doit être absolu (parce que c'est comme ça !), et bien sur, la liberté des hommes doit prédominer !
Ca manque de Bourdieu, aurais-je envie de dire, mais c'est une réalité : pas d'idée de déterminisme de classe, pas de remise en cause des institutions (l'école au premier rang), pas de réelle prise de conscience de ce qu'est la gauche historique et ses valeurs, pas de représentations d'ouvriers, pas de questionnement sur l'oligarchie ... Le propos est limité par les termes même qu'emploi Dominique de Villepin, se limitant à un monde qu'il conçoit et envisage comme unique modèle existant, et dont il est prisonnier. A la lecture du livre, on ne peut qu'être d'accord avec lui dans son système de pensée : comprenez par là que si le monde était bien tel qu'il le décrivait, je serais presque d'accord avec lui !
Hélas, le monde n'est pas ainsi fait. Pas de miracles, nous avons le Covid et le changement climatique, une crise structurelle et une Europe ultra-libérale qui vend les pays pour payer des actionnaires. Pas de pouvoir absolu bienveillant mais des conflits d'intérêts, des lobbys et des scandales qui fatiguent plus qu'ils ne choquent, de par leur nombre et l'impunité dont bénéficient désormais les puissants.
Ce monde qui est décrit ici, je ne peux pas y croire et ne veut pas. Mais je comprends qu'on puisse y adhérer. Il est tellement plus simple et plus facile de critiquer la France qui ne sait plus retrouver sa grandeur (ne parlons pas ici du grand nombre d'erreurs historiques probablement involontaires qui émaillent le récit), alors que la réalité est tout autre. Ce livre à 20 ans, ne l'oublions pas non plus, mais cet âge donne justement du poids à son propos : on y lit presque le plan progressif de l'Europe, entre privatisation et libéralisation, dans un monde où le pouvoir se scinde du peuple définitivement pour trôner au-dessus des nuées, croyant voler. La réalité est bien plus lourde et fait mal lorsqu'on se la prend en pleine gueule.
Bref, je lis ce livre comme un résumé de ce que furent les pensées de la droite libérale du début des années 2000. Une droite encore pétrie de conviction et de principes, tout de même, une droite "qui y croyait", et qui va vite désenchanter sous le Sarkozysme qui ravagera tout cinq ans plus tard. Quelque part, j'ai une tendresse pour ces hommes qui pensaient avoir mieux compris le monde et déploraient qu'on ne laisse pas faire leurs idées. On a eu pire, et on sait désormais que l'avenir ne sera pas entre leurs mains non plus.
En somme, un livre qui donne plus à réfléchir sur les illusions du pouvoir que de réellement donner une ligne de conduite politique. En tout cas, il n'a pas changé la mienne et m'a plutôt convaincu que j'étais dans le bon à être dans un avis opposé.
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Cet ouvrage volumineux (666 pages) est une bible ! En fin stratège et fort de son expérience diplomatique, Dominique de Villepin dresse un bilan complet et très intéressant de l’état du Monde ? Il passe en revue les enjeux militaires et politico-économiques des grandes puissances qui luttent par tous les moyens pour accroître leur influence aérienne, terrestre et maritime sur tous les continents. De multiples aspects sont évoqués : théâtres d’opérations militaires extérieures, la mondialisation des crises, la montée inquiétante de l’islamisme radical et du terrorisme partout dans le monde, égocentrisme des pouvoirs étatiques, faillites des démocraties tournées vers une mondialisation galopante, souveraineté de la France en perte de vitesse, rôles et défaillances de l’OTAN ainsi que des institutions internationales de la paix, effondrement des Etats-nations, etc…
Les domaines abordés dans cet essai sont vastes mais les chapitres peuvent se lire indépendamment les uns des autres et dans n’importe quel ordre. Certes, la vision de l’ancien ministre des Affaires étrangères sur tous ces sujets est toute personnelle mais elle n’en demeure pas moins empreinte d’une indiscutable cohérence et d’une véracité sans équivoque, à la faveur d’une grande expertise, acquise tout au long de sa carrière de diplomate et d’homme politique.
A l’instar du discours ferme et mémorable qu’il a tenu, le 14 février 2003, au siège de l’Organisation des Nations-Unies à New York, pour exprimer l’opposition de la France à l’intervention militaire alliée contre l’Irak, Dominique de Villepin a une fois de plus affûté sa plume pour affirmer, sans langue de bois, son opposition à toutes les guerres qui ne peuvent conduire qu’à l’engrenage de la violence et au chaos…
Et de citer l’appel d’Albert Camus pour une trêve civile en Algérie en 1956 : « Pour n’avoir pas su vivre ensemble, deux populations, à la fois semblables et différentes, mais également respectables, se condamnent à mourir ensemble, la rage au cœur ». L’écho de cet appel résonne encore de nos jours, lorsqu’on fait référence à tous les conflits mondiaux qui déchirent les peuples. Mais comme toujours, les chefs d’Etats restent sourds à cette résonance et privilégient les temps de guerre en oubliant la paix !
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Lu grace au "mass critique".
Je pensais trouver dans ce livre une évocation des années Matignon comme Ambiel a su le faire en son temps. Erreur fatale ce livre n'est qu'un recueil de pensées sur les auteurs qui ont touché le premier ministre et / ou des méditations plates et emberlificotées sur le thèmes de la vengeance, de l'amertume et du voyage.
Personnellement je lâche à la page 41, ce livre n'est simplement pas ce que j'ai envie de lire en ce moment.
Merci à l'équipe babélio mais je choisirai plus attentivement la prochaine fois.
Si prochaine fois il y a ; Les naufragés et les rescapés m'attendent.
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"Hotel de l'insomnie", c'est Matignon où régna brièvement Dominique de Villepin. Son livre se présente comme un carnet de route, regroupant dans de courts paragraphes des réflexions, rêveries et méditations. Il parle de tout ou presque tout (les départs, les destins d'artistes, les guerres, les résistances, la quête de soi, les pays du monde etc.) ... sauf de politique. C'est que ses réflexions, il les a mûries dans le silence de l'Hôtel Matignon, la nuit, non pas pour prolonger les décisions et les débats politiques du jour, mais pour au contraire échapper aux affres de la politique. Ce pourrait être rafraichissant, novateur... Hélas! Dominique de Villepin ne cesse de prendre la pose du sage, du lecteur sensible, pose allourdie par un style résolument classique, rehaussé par un ton lyrique trop souvent artificiel. A cela s'ajoute un étalage de culture (plusieurs dizaines d'écrivains sont convoqués pour offrir un brillant reflet de l'auteur), qui n'est pas exempt d'inexactitudes. La démarche était sincère sans doute, mais trop d'affectation dans l'oeuvre achevée.
Pour une critique plus complète (et plus incisive): marc-sefaris.sosblog.fr (billet du 15 mars 2008)
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