Don Winslow

Certains lieux sont habités par l’horreur, elle s'infiltre dans les murs, elle envahit l'atmosphère, et son odeur vous suit après votre départ, comme si elle voulait entrer par les pores de votre peau, jusque dans votre sang, votre cœur.
Le mal à l'état pur.
Le mal au-delà de tout espoir de rédemption.

- Il y a l'argent, dit Adán, et il y a l'absence d'argent ; il y a le pouvoir et l'absence de pouvoir. C'est tout, il n'y a rien d'autre.
- Vous voyez ? Vous êtes déjà à moitié marxiste !
[...]
- Un jour, vous finirez par comprendre que tout est politique. C'est votre cœur alors qui vous fera agir, et non plus votre portefeuille.
Et ce jour-là, ajoute Tirofio, vous aurez trouvé votre âme.

Ben lisait la Dame grise* pour apprendre ce que Bush et ses co-conspirateurs étaient en train de fabriquer en ce jour précis pour rendre le monde inhabitable.

*Surnom du New York Times.

Les parkings d'hôpitaux sont des lieux cruels : les gens remontent dans leurs voitures pour pleurer, frapper le volant à coups de poing ou demeurer assis dans un silence hébété.

Les hommes, c'est comme les bas. Vous avez beau en prendre soin, ils finissent toujours par vous filer entre les doigts.

Nous sommes allés sur la plage, nous avons chevauché les vagues et versé nos ordures dans l'eau dont nous disions que nous l'aimions tant.

Je veux que tu te raccroches à tout ce que j'ai essayé de chasser en toi avec mon amour. Je veux que tu prennes ta haine à bras-le-corps. Je veux que tu venges ton frère.

Le feu, messieurs, se déroule en trois actes, comme une pièce de théâtre classique. Il a le même rythme que les histoires d’amour.

C'est comme quand tu grattes une allumettes, tu ne penses pas qu'elle va faire des dégâts, puis le vent se lève et la flamme se transforme en un incendie qui détruit tout ce que tu aimes.

C’est comme quand tu grattes une allumette, tu ne penses pas qu’elle va faire des dégâts, puis le vent se lève et la flamme se transforme en un incendie qui détruit tout ce que tu aimes.

Les flics éprouvent de la peine pour les victimes et de la haine pour les criminels, mais ils ne peuvent pas avoir trop de peine car ils ne pourraient plus faire leur travail, et ils ne peuvent avoir trop de haine car ils se transformeraient en criminels.

Quand un tsunami déboule, il frappe avec une inconcevable puissance destructrice et broie maisons et êtres humains. Mais c’est encore pire quand il se retire, en emportant des vies dans cette mer infinie qu’est irrémédiablement le passé.

Ce qu' il y a de génial avec l' océan, c' est précisément qu' il n' est pas à vendre, qu' on ne peut pas l' acheter, le posséder ni le clôturer - aussi jalousement que ces nouveaux hôtels de luxe qui fleurissent au bord de l' eau comme autant de lésions cutanées et s' efforcent de barrer les sentiers menant aux plages pour les "privatiser". .../ ...Il appartient à tous sans considération de race, de couleur, de religion, de richesse ou de misère.( p 35/36)

Le mystère de la Trinité n'est pas l'énigme mathématique du trois en un. C'est la manifestation du Père en politique, du Fils en économie et du Saint-Esprit dans la culture.

[...] Le pays tout entier se concentre sur l'attraction Iran-Contra, ce marché merdique "Otages contre armement", sans jamais percevoir le véritable scandale : l'administration de leur pays a aidés les Contras à vendre de la drogue contre des armes.


(Note : Les Contras est un terme espagnol signifiant « contre-révolutionnaires », appelés aussi Résistance nationale. Les Contras étaient des groupes de lutte armée opposés au gouvernement sandiniste du Nicaragua qui a succédé à la chute, après une guerre civile, du dictateur Somoza, au pouvoir depuis cinq ans.

Heureusement pour Quito, il habite Tijuana, la porte à côté du plus grand supermarché d’armement au monde, Los Estados Unidos.

A chaque pause, pendant la journée, et le soir au camp, Yu réunissait les soldats et leur donnait des cours sur la théorie marxiste et la pensée maoïste.
Voilà le communisme, pensait Nicholaï. Il promet de rendre tout le monde également riche, et, pour finir, il rend tout le monde également pauvre. [...]

Un jour, lors d’une pause, Nicholaï prit dans sa poche un paquet de cigarettes, et en proposa une à Yu.
« Des françaises, observa Yu. Elles sont excellentes, je crois.
- Prends en une. Tu as le droit à un petit plaisir bourgeois de temps en temps. »
Un homme a besoin occasionnellement de l’odeur du péché, songea Nicholaï, sinon il perd son humanité.
« Tu as une femme chez toi ? demanda-t-il à Yu.
- En tant que révolutionnaire, je n’ai pas le temps pour des concepts bourgeois tel que l’amour romantique »

Yu officier chinois, Nicholai l'espion russo-americano-français-... et le communisme

J’envisageai donc la possibilité d’écrire un roman précédent Shibumi avec beaucoup d’appréhension. Pour commencer, qu’en penserait la famille Whitaker ? Et comment réagiraient ses légions de fans à l’apparition d’un prétendant au trône ?

Enfin, plus grave encore, parviendrai-je à trouver un moyen fidèle à la substance et au style de l’œuvre de cet homme sans tomber dans un mimétisme choquant et, pour ainsi dire, vain ?

Don Winslow, notes de l'auteur, à la fin de Satori pour justifier l'écriture de ce roman.

p.232.
- Je travaille tellement, soupire-t-il.
Johnny ne marche pas dans la combine. Bon sang, son épouse et lui-même exercent une profession à plein temps, ils ont des gosses, et ils ne se font pas porter de cornes ! On trouve toujours du temps pour faire ce qui vous paraît essentiel. Et c'est même la façon la plus simple d'apprendre ce qui compte réellement pour quelqu'un : il suffit de voir à quoi il passe son temps.

Dans un monde défoncé, il faut bien être défoncé, sinon on dévisse…