The Uninvited (1944) Trailer
Que ce pays était beau !
Les immenses espaces verdoyants étaient, dans le lointain, balayés par les averses et assombris, ici et là, par les ombres mouvantes de nuages violets ; plus près, une petite colline s’élevait comme une vague. J’éprouvai un sentiment de possession triomphant et irraisonné : puisque j’avais choisi le Devon pour y vivre, il m’appartenait, c’était ma propriété.
Chapitre 7
La mémoire des hommes n'est pas un miroir fidèle. L'amitié, les partis pris, la charité ou la jalousie influencent souvent leurs jugements.
Le fantastique s’accorde mal avec les époques de guerre : le genre semble futile lorsque tous les aspects de la vie sont gouvernés par l’amère nécessité. Mais il est une sorte de fantastique qui fait brillamment exception à la règle : c’est celle, consolante, qui implique la présence des morts.
Préface
— Est-ce leur faute, monsieur, dit-il, me prenant à témoin, si on les a forcés à payer un an de loyer d’avance, pour habiter dans une maison maudite où des chrétiens n’auraient jamais dû habiter ? (...)
La cuisinière me disait toujours que c’était pas une maison pour des chrétiens. Savez-vous, monsieur, ce qui est arrivé à cette pauvre femme ? Une nuit, elle s’est trouvée mal quand elle a vu la figure blanche d’un revenant dans l’escalier. C’était pas étonnant quand on pense à Mme Meredith morte dans cette maison-là, si triste ! dit-il en soupirant.
Chapitre 3
— Roddy, dit Pamela, Lizzie a vu un revenant. Cette fois-ci, ce ne sont plus des cancans, pensai-je. Lizzie n’était plus la même : affaissée, les coudes sur la table, des plaques rouges sur la figure, les yeux ternes, elle paraissait troublée, malade. Elle me regarda avec une expression de détresse. (...)
— Chère Lizzie, dit Pamela, essayez de nous expliquer clairement ce que vous avez vu.
— Je ne suis pas près de l’oublier, cela va rester dans ma mémoire jusqu’à mon dernier jour. J’étais dans l’entrée en train de fermer la porte. (...)
C’était une dame. J’ai crié, mademoiselle Pamela, crié comme une folle, j’ai eu tellement peur ! surtout que je pensais que j’étais toute seule dans la maison. Mais la dame avait l’air vivante, en chair et en os, comme vous et moi. Elle restait dans l’escalier, debout, penchée sur la rampe, et elle regardait en bas. Tout en blanc qu’elle était, avec de longs cheveux blonds. Mais, par tous les saints, l’expression terrible qu’elle avait dans ses yeux ! (...) Elle avait les yeux bleus et un air terrible, comme si elle regardait droit dans l’enfer. Son regard m’a traversé le corps comme une épée de glace, puis, en un clin d’œil, elle a disparu. Je suis presque tombée et je me suis quasiment évanouie, mon cœur battait si fort que j’ai vu le moment où il allait sortir de ma poitrine. J’ai bien cru que je ne pourrais jamais arriver jusqu’à ma chambre. (...) elle a dit que c’était la dame qui a été tuée sur la falaise.
Chapitre 7
On n’avait acheté aucun meuble pour cette pièce, et la vue de toutes nos vieilles choses me troubla un peu, comme si le passé et l’avenir s’étaient heurtés ici, comme si l’avenir était devenu le présent. Sur la cheminée, d’énormes roses laissaient retomber leurs lourdes corolles sur un côté du vase, et dans la serre délabrée une splendide azalée brillait comme une flamme, revendiquant pour notre salon fleurs, couleurs rares, draperies de soie et gracieux mobilier.
Chapitre 3
Oh ! Roddy, la maison est hantée ! La maison est pleine d’une sorte de malheur qui ne peut pas mourir. Que pouvons-nous faire ?
Chapitre 5
Je quittai, en voiture et sans regret, les faubourgs brûlants de Londres, après une journée étouffante, pour jouir de la fraîcheur d’un long crépuscule. Aucun regret non plus quand je m’éveillai au matin dans ma chambre d’auberge d’où j’entendais le murmure de l’eau et le chant des oiseaux, au bord des dunes de Malborough.
Chapitre 3
— Je n’ai pas voulu t’inquiéter, je pensais que cela ne se reproduirait plus ; je me suis trompée. Roddy, il se passe quelque chose ici, la nuit. (...)
— Il se peut, lui dis-je en parlant lentement, que la chose s’explique par la suggestion. Toutes ces histoires… et tu les avais toujours présentes à l’esprit.
Chapitre 4
(...)une faible lueur brillait dans la chambre d’enfant, à travers la porte entrouverte. C’était une clarté vacillante, elle ne pouvait être projetée par la lune, car elle était mobile et je la voyais changer de place.
Une sensation de malaise paralysa tous mes mouvements. J’étais terrifié de me voir là, devant une porte, en train d’écouter. N’étais-je pas un intrus dans cette maison ? Elle existait déjà bien avant moi, ses occupants y avaient vécu, y étaient morts et, maintenant, ils réintégraient leur foyer héréditaire où nous n’étions que des étrangers. Je savais maintenant qu’ils étaient revenus dans la maison, et que leur pérennité couvrait notre intrusion comme l’eau couvre la pierre.
Là-bas, dans la chambre d’enfant, la vie continuait comme autrefois ; quelqu’un bougeait, soupirait ; quelqu’un gémissait.
Chapitre 6