Créaterview 🎧 Douglas Kennedy
Le premier, le tout premier souvenir de lui est un regard.
Un regard, ce n'est presque rien. Sans signification particulière, sans conséquence. Et c'est ce qui continue à me stupéfier, encore aujourd'hui : que l'existence d'un être puisse être bouleversée par quelque chose d'aussi éphémère, d'aussi périssable. Chaque jour, nous croisons des centaines de regards, dans la rue, dans le métro, au supermarché. C'est une réaction instinctive : vous remarquez quelqu'un en face de vous sur le trottoir, vos yeux se rencontrent une seconde et vous continuez votre chemin l'un et l'autre et c'est terminé.
Pourquoi ce regard là aurait-il dû tant compter? Il n'y avait aucune raison et cependant... Il a tout changé, irrévocablement.
J'en suis venue à me rendre compte qu'il existe un énorme fossé entre "comprendre" un événement qui bouleverse votre vie et "accepter" sa terrible réalité.
Un beau jour, on s'arrête, sans nécessité aucune, dans une station-service, on rencontre quelqu'un, et votre vie déraille. Le destin n'est pas cruel. Il est con.
On finit toujours par tout regretter. C’est l’essence de ce qu’on appelle la condition humaine. « J’aurais pu mais je ne l’ai pas fait », « je voulais mais me le suis interdit »…On en revient toujours à ça.
C'est à mon avis ce qu'il y a plus dur dans le deuil:découvrir ce qu'une relation aurait pu vous apporter si seulement vous aviez été capable de lui donner toute sa dimension.
Cela me touche beaucoup
lorsqu'un lecteur m'explique qu'après avoir lu un de mes romans, il se sent moins seul.
J'ai souvent pensé qu'on ne devient réellement adulte qu'au moment où l'on pardonne à ses parents d'être aussi imparfaits que le reste des humains et où l'on reconnaît que, avec leurs limites, ils ont fait de leur mieux pour vous.
dans "la poursuite du bonheur"
Il est incontestable que notre passé continue à définir notre existence. Certaines données sont immuables et continuent à peser sur nous quoi qu'il arrive, Il est horriblement difficile de s'en libérer.
Ah, comme nous sommes tous prisonniers de notre passé ! Pourquoi n'arrivons-nous jamais à nous libérer réellement du fardeau que nous transportons, de sorte que celui-ci finit par gouverner notre existence ?
La vie m'avait appris que si l'on n'attend rien tout devient une surprise.
Douglas Kennedy
dans : " La Poursuite du bonheur"