Le Belge - Une journée à l'imprimerie avec Edgar Kosma et Pierre Lecrenier
Une journée à l'imprimerie avec Edgar Kosma et Pierre Lecrenier, auteurs de la BD "Le Belge" (en librairie le 6 novembre 2013 aux Éditions Delcourt). http://www.editions-delcourt.fr/catalogue/bd...
Et pourquoi je ne postulerais pas dans une bibliothèque ?
[...] En fait, je n'ai jamais mis un pied dans une autre que celle d'ici. Ça pourrait le faire. Je tenterai ma chance. Au début, je pourrais toujours ranger les livres. C'est un métier d'avenir, ça. Des livres, y en aura toujours, non ?
A un autre niveau - ni supérieur, ni inférieur ; rien d'autre qu'autre - ce bonheur candide atteignit son paroxysme lorsque Cédric, évoquant son prénom, remarqua que celui commençait et se terminait par la même lettre : un "c", comme dans "consonne". De plus, le "c" est la troisième lettre de l'alphabet et les deux syllabes de son prénom comptent chacune trois lettres. Et encore : quel que fut le sens de la lecture de ce prénom, sa composition restait identique : consonne, voyelle, consonne, consonne, voyelle, consonne.
Le plus étrange dans une longue attente, c’est qu’une fois que ça se termine, on ne se rend plus bien compte du temps que ça a duré.
(p. 13, “03:30”).
Même si les choses nous SEMBLENT parfois relatives, il n'est pas très exact de dire que tout EST relatif. Cela n'a pas beaucoup de sens, car les choses sont relatives ENTRE ELLES, et non de manière aboslue.
...
"Tout est relatif" est un pur non-sens. Ce n'est rien moins que le paradoxe de la relativité absolue,
Le hasard est une chose dont nous ne connaissons que le nom.
Cédric Eugen est un être humain. Parmi une multitude d’autres choses, toutes aussi diverses les unes que les autres, cela signifie qu’il n’a pas toujours existé, qu’il n’existera pas toujours et qu’il n’existe donc pas de manière absolue. Cela signifie aussi qu’il vit perpétuellement face au choix suivant : se séparer de son existence au moment où il le décide ou attendre que la mort vienne l’en déposséder au moment qu’elle trouvera opportun. Pour l’instant, Cédric Eugen n’a pas encore fait son choix. Son existence, bien qu’elle n’ait pas existé pendant des milliards d’années et qu’elle n’existera bientôt plus pendant d’autres nouveaux milliards d’années, se contente tout simplement d’être vécue.
La fille semble attendre une réaction de ma part. Ne sachant trop que faire, ni quoi lui dire, je l'embrasse rapidement. Cela me laissera du temps pour réfléchir. Ses lèvres sont chaudes, son parfum enivrant. Plutôt que de réfléchir, je glisse ma main sous sa robe et constate, avec extase et confusion, qu'elle ne porte ni culotte ni string. Est-ce intentionnel ou le fruit d'un oubli ? Ai-je moi-même déjà oublié un seul jour de mettre un slip ? Hommes et femmes ne sont décidément pas produits dans le même moule.
À la fin du dernier slow, je suis parti pisser. En traversant la piste, j'ai cherché Nancy du regard mais je ne l'ai aperçue nulle part. Cela faisait d'ailleurs un bon moment que je ne l'avais plus vue. Le DJ a lancé un tube de la Compagnie créole et tout le monde s'est mis à crier en levant les bras. Y'en avait même déjà un qui essayait de former une farandole mais les autres semblaient lui faire comprendre qu'il était trop tôt.
Des éléphants, il n’y en a finalement qu’un. Comme c’est le premier que je rencontre, je ne sais trop quoi faire. Lui parler ? Pour lui dire quoi ? Si c’était un canard, je lui donnerais un bout de pain mais je me vois mal donner un bout de pain à un éléphant. Une carotte ? J’enfonce ma main dans ma poche mais n’en ressors ni bout de pain ni carotte. Juste un téléphone. De ça, même un canard n’en voudrait pas.
Au-dessus de moi, une meute de mouettes rieuses tournoie. Leurs ricanements sont comme des couteaux aiguisés lancés vers moi. Combien de temps s'est écoulé ? Je me lève. À quelques pas, un jeune garçon vise les volatiles avec un boomerang. J'observe cette scène d'un mauvais œil et, plutôt que de m'en mêler, m'en éloigne prudemment. Étourdi par l'appel langoureux de la mer.