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4.05/5 (sur 22 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , le 27/05/1955
Biographie :

Édith Peille est une poétesse et nouvelliste.

À la suite d’un grave accident, elle se retrouve en fauteuil roulant. L’écriture devient alors un moyen d’évasion et sa fenêtre ouverte sur le monde.

Elle a travaillé à l'agence d'assurance Coface - Paris La Défense de 1978 à 1986.

Depuis 2008, elle passe beaucoup de temps à faire du bénévolat au sein de Lions Club Rambouillet, une grande association internationale.

son site:
http://www.rambouillet.fr/edith-peille.html

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation

ARRÊTE,
ON DIRAIT TA MÈRE !
(Au secours, je reproduis)

Vous tartinez les biscottes pareilles, vous avez la même ride au milieu du front, le même sens de l'humour unilatéral, et ça vous terrifie. Si on vous dit « Tu me rappelles ta mère », vous le prenez de travers…

Vous débarquez, ahurie, rouge et fripée, la tête en forme de poire, encore un peu gluante et toute chavirée du voyage. Vous venez juste de naître et ça vous tombe dessus sous forme de rumeur : « Mon Dieu, c’est fou ce qu’elle ressemble à sa maman ! ». Et ça ne fait que commencer. La Bible le dit de manière assez péremptoire (« Telle mère, telle fille », Ézéchiel, XVI, 44) et le Talmud aussi : « La brebis suit la brebis ». La sagesse populaire également : « Les chiens ne font pas des chats », « Mère piteuse fait fille teigneuse ». Vous me direz, piteuse et teigneuse, ce n’est pas la même chose. Mais teigneuse est une conséquence de piteuse, et que ce soit en réaction ou en mimétisme, l’empreinte maternelle reste une référence et vous êtes piégée.

A 4 ans, vous empruntez à maman sa jolie robe à fleurs et ses talons hauts et, tartinée de rouge à lèvres jusqu’aux trous de nez, vous vous tortillez devant la glace en couinant : « Chéri, c’est à cette heure-ci que tu rentres ? ». Vous trouvez que maman est une princesse et vous tenez absolument à lui ressembler (d’autant plus qu’elle a l’air de bien plaire à papa). Un peu plus tard, ça se complique. La même maman vient vous chercher à l’école et vous vous planquez aux abris. Vous avez honte. Elle est trop vieille (35 ans), trop jeune (27 ans), trop frisée, trop grosse, trop maigre, elle vous couvre de bisous (à votre âge !) et bien sûr, exprès pour vous humilier, elle a mis son chapeau de paille avec des fraises et des citrons. Bref, elle prend une place invraisemblable dans le paysage et elle n’est pas du tout à votre goût. Vous préférez nettement la maman de votre meilleure amie, qui a mis son chapeau avec des brocolis et des poivrons, mais elle, ça lui va bien. Donc, vous commencez à vous démarquer sérieusement.
Et plus maman est estampillée ceci ou cela, plus vous vous démarquez. Si elle porte des tailleurs Chanel, vous vous taillez une jupe dans un sac poubelle – maintenant, on en trouve même en prêt-à-porter – et vous faites incruster un anneau dans le nez. Si elle collectionne les faux Renoir et les vraies dentelles de Calais, vous tapissez votre chambre de posters trash des Clash, et vous disposez sur les étagères quelques bocaux de fœtus de grenouilles marinant dans le formol. Côté meubles, un tatami et deux cageots font l’affaire. Jusqu’au jour où maman se débarrasse de son canapé-lit et vous le propose. Vous testez la suspension, vous trouvez l’objet douillet et vous l’adoptez. Mine de rien et en douce, maman vous a squattée, vous commencez à lui ressembler.

Ensuite, vous vous arrangez pour dénicher parmi une douzaine de fiancés possibles celui qui ressemble à papa, avec qui vous vous pacsez – lui-même vous ayant choisie parce que vous ressemblez à sa maman à lui. Et justement, il commence à trouver que vous n’êtes pas assez conforme au modèle : votre blanquette de veau n’arrive pas à la cheville de la blanquette de veau maternelle. Ou alors, ce qu’il a aimé en vous, c’est que vous étiez le contraire exact de sa mère – une polyphonie corse à elle toute seule, affichant, sur un visage vert pâle et des mains rougies par les lessives, la misère du monde, le courage, le renoncement et le sacrifice. Vous, vous étiez l’impertinence, l’insouciance et la joie de vivre.
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Léo s’arrête au milieu du trottoir. C’est la première fois qu’il a vraiment le choix. D’habitude, soit les filles insistent, soit c’est lui qui impose. En même temps, il reconnaît qu’il n’a pas un tableau de conquêtes très impressionnant. A cause de son visage en lame de couteau, sans doute – et le petit bouc sur le menton n’arrange rien ; il ne fait qu’allonger les traits davantage. A cause de sa taille aussi, sans aucun doute. Les filles sont souvent effrayées par ce qui dépasse le mètre quatre-vingt-cinq. A cause de son indolence, surtout. Et de cette incapacité, souvent, à saisir la chance lorsqu’elle passe à sa portée.

Léo a éteint son portable, mais il le rallume aussitôt.
Il a décidé que la chance, ça commençait maintenant.
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Ses parents — mais que c’était étrange de les accoler ainsi, même seulement grammaticalement, un pluriel au lieu de deux singuliers ! C’était presque une insulte à la syntaxe — étaient invités le soir même.
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