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3.92/5 (sur 6 notes)

Nationalité : Maroc
Né(e) à : Safi , le 30.3.1917
Mort(e) à : Rabat , le 15.11.2010
Biographie :

Edmond Amran El Maleh est né au sein d'une famille juive originaire de Safi (Maroc). Responsable du Parti communiste marocain (alors clandestin), il milite pour l'indépendance nationale du Maroc. Professeur de philosophie au lycée de Casablanca, il cesse toute activité politique et quitte le Maroc en 1965.
El Maleh est ensuite professeur de philosophie et journaliste à Paris. À partir de 1980, il se met à écrire une série de romans et un recueil de nouvelles. Ses écrits sont tous imprégnés d'une mémoire juive et arabe qui célèbre la symbiose culturelle d'un Maroc arabe, berbère et juif.
Il revient au Maroc après la mort de sa femme. Il meurt à Rabat le à l'âge de 93 ans, et est inhumé à Essaouira.



Source : Wikipedia
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Nessim s'est levé pour marcher de ville en ville, de contrée en contrées, porté par une errance, assoiffé d'absolu., un désir de vivre, un don de vivre en partage que le texte lui donnera corps et présence, une lumière extraordinaire jaillira en soi-même par le désert et le livre.D'où ceci encore, simultanément mais pas après : fragilitgé, précarité, tout mot avancé, tout discours ordonné, en forme porte en lui sa honte, son indécence[....]parce qu'il n'y a rien à faire dans l'infini du mouvement, parce qu'il n'y a rien plus rien à cacher? parce qu'il n'y a aucun secret, parce que tout est visible[...]

Voulez vous que je vous parle de mes origines, rire énorme quoi! vous n'êtes pas nomade que je sache, Nessim n'est pas nomade où ce sont les sables de l'exil, de quel ciel est tombée cette étoile qui a couvert la blancheur du Livre ou l'on marche d'un pas égal à un chant qui vient au delà de toute mémoire."

Ainsi se referme le livre.







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A propos du Pain nu de Mohamed Choukri :

"Ces gens-là, ne comprendront jamais, se disait-il : c'est quoi cet homme qui vient dire la haine du père, du défi, le blasphème, fruit de la haine qui explose et secoue le ciel ? Dans la moiteur éteinte de la famille petite-bourgeoise ils se disent, rassurés, c'est un complexe, petite chose jetée à moisir sous la voûte d'une cave. Ils ne comprendront pas la morsure de ce pain nu, la faim qui arrache l'herbe parmi les tombes pour s'en nourrir, dispute les grains de sable à la mort, non ! la tête molle de ces messieurs replets incline vers le manque, la gêne, le reste est statistique : dix-sept millions d'enfants morts parmi les huîtres et le foie gras. Misère ! mot nonchalamment jeté sur les coussins du confort, parure scandaleuse de l'indignation feinte hypocritement humaine. Qu'un homme vienne de là-bas dire, écrire le meurtre du frère, de son frère par leur propre père : scène terrible, vite conjurée par le mot qui convient, un mot fermant toute autre vision, le mot assassin. Comment franchir la barrière infranchissable ? Comment pourraient-ils lire dans le jeu atroce de ce drame : voir la valeur, oui la valeur de ce meurtre de l'enfant, ce rituel sans rituel, enfoui dans les entrailles d'une terre, souffrance séculaire, rituel sans rituel qui signe le sacrifice offert à la mort, se transcende, absout la main de l'homme contre le sens imposé ? Ils ne comprendront pas, ils sont les hommes du passé. Ce passé soudain vidé, sans dimension palpable, courant comme une ligne de parage, une coupure sans appel."
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Tu retardes de cent ans, de mille ans, tu es collé au miel du passé comme une mouche entêtée, tu es englué dans une nostalgie sans remède, tu enfantes un pays imaginaire, allaité de fantasmes, de désirs obsédants, obstinément aveugle à la nouveauté du temps présent, tu erres en toi-même sur ces remparts de la Scala, face à la mer, subjugué, fasciné par elle, tu célèbres à l'envi l'étonnant mariage de la ville et de l'océan, ville morte embaumée intacte dans son passé, princesse défunte parée de sa poésie funèbre, nostalgie de ce que sa beauté éveille, de sa grandeur ensevelie, lyrisme à la gloire de son anachronisme, tu es là par les ciels changeants, par les heures différentes, regarde, le regard changeant comme la ville elle-même, regarde la lumière du couchant, une nuit lucide, éclat du jour, déclin à l'horizon, prophète de l'aube, royauté de la mort qui ouvre les portes du ciel, lieux privilégiés qui en accueillent le frémissement annonciateur, tu es là aboli de toi-même, en toi-même : frémissement imperceptible dans le silence ponctué par le cri rauque des mouettes, la crête d'une émotion à peine en creux que déjà elle se brise et s'efface dans la grandeur et le fracas de l'océan, plus rien ne te ramène à la petitesse des regrets, à la rumeur du monde, tu es là, et insensé tu voudrais voler l'image de l'amant inspiré, comme l'autre avait tenté de dérober le feu du ciel, Madjoub l'amant inspiré !
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L'état de siège ! oui, positivement, c'était le seul moyen de rétablir l'ordre, sanglé dans un uniforme au lieu de cette veste maoïste dérisoirement révolutionnaire, il prenait la situation en main : décréter le couvre-feu, dégager les grands axes pour mieux les surveiller, consigner chez eux les gens raisonnables, imposer la plus rigoureuse des censures aux paroles folles, aux idées subversives, jeter dans des cachots humides les têtes porteuses de germes, les déviants, les marginaux, les faiseurs d'utopie, exécuter sur-le-champ la moindre chimère ou ce qui lui ressemble, tirer sur la plus petite chandelle encore allumée, immerger dans un moule universel de plomb fondu la diversité des gens et des choses, tailler les langues dans un bois dur, effacer les visages, remplacer les yeux par des trous, confier à la plus savante des tortures le soin d'émasculer le moindre secret, la moindre doublure intime, l'ombre d'un désir, le plus petit grain de peau, écraser, écrabouiller, anéantir toute chair vivante, mettre à nu la blancheur des os décharnés, brûler la fleur, défolier l'arbre, l'état de siège !
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Terre promise, terre de leur naissance maintenant absente volée à leur sang, à leur chair : quelles mains juives pourront creuser leur tombe dans la splendeur sereine du cimetière mille fois sanctifié par la mer infinie, où trouver les dix hommes qui viendront comme pour Baba prier le repos de leur âme ; ils iront, eux qui sont partis, ils iront mourir ailleurs dans l'indifférence, dans le luxe mensonger des tombeaux de marbre, dans l'ordonnance impassible des obsèques civilisées disciplinées, des larmes comptabilisées sans cris, sans lamentations, sans l'exubérance de la vie et de la douleur. Le territoire s'est rétréci, la vie de chacun joue à l'intérieur de petites frontières, repliée, fourmi passée sous terre.
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L'écriture passe audacieusement du côté de la banalité quotidienne des visages humains qui marquent le temps et l'évènement. Elle crève l'artifice, la pompe. Elle ose dire ce que l'on tait avec honte : ce cri d'un libertaire pris dans une machination de trahison policière, ce cri d'un homme conduit à l'exécution par ses propres camarades : Moi, camarades, j'aime la vie, la vérité neuve d'un cliché à l'instant de la mort. Voyez donc : le héros est fait de la pâte ordinaire de l'homme quelconque, l'héroïsme n'est qu'une invention posthume, un voile équivoque jeté sur bien des lâchetés et des manipulations trompeuses. L'homme quelconque dans la force de sa présence ! c'est ça et pas autre chose.
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Edmond Amran El- Maleh
« Écrivant en français, je savais que je n’écrivais pas en français. Il y avait cette singulière greffe d’une langue sur l’autre, ma langue maternelle l’arabe, ce feu intérieur. » Edmond Amran el-Maleh, le Magazine littéraire, mars 1999.
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Lui écoutait : au bord de quelque chose, c'est ça : sous la dalle glaciale un cri montait dans la blancheur des jours, les bords calcinés de la brûlure, cratères éteints, oeil crevé des visions qui le hantaient déjà en 65, les tirs des mitraillettes qui déchiraient l'air, les gosses qui tombaient sous les balles, des taches de sang sur le soleil, bandeau sale pour aveugler les hommes soumis à la torture, aucune trace de ce qui s'est passé, si vous dérobez le corps vivant : cette vie qui se dit sans enflure, sans la fureur des mots vides, la croûte nécrosée qui tombe et se perd dans la poussière.
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Un verre de thé et un peu de poisson frit encore tout chaud, il en gardera toujours le goût, le goût aussi de ces silences accordés à la voix répétée des vagues, ces silences où mûrissaient sa chair et son sang.
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De porte en porte il entrait au coeur de la ville, au coeur de lui-même. Il aurait voulu effacer le déplacement, vaincre l'espace, embrasser d'un seul coup d'oeil l'ensemble, enserrer sa joie dans un seul grain, un grain rouge, il aurait voulu effacer les pas perdus dans la description, il s'égarait, il trébuchait sur chaque mot : hâte ou lenteur chaque mouvement aveuglait la lumière, marquait la distance et l'éloignement.
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