Eleanor Brown parle de son livre "the weird sisters"
"Un de ses petits amis lui avait un jour demandé en passant combien de livres elle lisait par an.
- Quelques centaines, lui avait-elle répondu.
- Et où trouves-tu le temps? avait-il demandé, estomaqué.
Plissant le yeux, elle avait passé en revue l'échantillon de réponses potentielles qui s'offraient à elle: parce que je ne perds pas des heures à zapper sur le câble en me plaignant qu'il n'y a rien à la télé. Parce que mon dimanche n'est pas complètement bouffé par les commentaires des présentateurs d'avant le match, pendant le match et après le match. Parce que je ne passe pas toutes mes soirées à boire de la bière trop chère et à faire des concours de bites avec des traders de mes deux. Parce que lorsque je fais la queue à la salle de gym, dans le train, au restaurant, je ne rouspète pas, ni ne contemple le vide, ni n'admire mon image dans la moindre surface réfléchissante? Je lis!
- Je ne sais pas, avait-elle répondu avec un haussement d'épaules."
Nous retournâmes dans le giron familial parce que nous étions des ratées. Bien évidemment, aucune d’entre nous ne l’admit ainsi, ni dans un premier temps, ni vis-à-vis d’elle-même, et sûrement pas vis-à-vis de qui que ce soit d’autre. Nous prétendîmes que nous revenions à la maison parce que notre mère était malade, parce que nous avions besoin d’une pause, d’une halte momentanée avant de repartir à la poursuite du Grand But suivant Mais la vérité était que nous avions échoué, et plutôt que de le laisser voir à quiconque, nous nous inventâmes des alibis et de belles excuses, dans lesquels nous nous drapâmes comme dans une cape destinée à combattre la froide vérité. Première étape: le déni.
Elle comprit que le sentiment qu'elle éprouvait, de ne pas beaucoup apprécier ce type, était en fait très simple : elle ne l'aimait pas du tout. En dépit de son argent, de sa belle apparence et de tous les avantages qu'il présentait sur le papier, il ne lisait pas, et ... eh bien disons que c'est le genre d'ineptie que nous ne sommes pas prêtes à supporter.
Et je sais par expérience que les gens bien se punissent eux-mêmes bien plus que ne pourrait le faire un intervenant extérieur.
Si quiconque s'était avisé de rendre publiques les façons multiples et variées dont l'âge adulte craint, nous étions bien certaines que la plupart des gens auraient préféré renoncer à l'option.
Une autre famille aurait peut-être fait des préparatifs. Une autre mère aurait peut-être cuisiné à l'avance des ragoûts qu'elle aurait congelés avec des étiquettes portant des instructions. Un autre trio de filles aurait peut-être brodé une robe de chambre pour l'hôpital, composé une chanson en son honneur, apporté des huiles de massage et des bougies d'aromathérapie pour faciliter l'épreuve. En dépit de tous les discours de Rose, nous n'avions amené que nous-mêmes. Ne sachant que demander, mal à l'aise face à la maladie d'une femme qui avait soigné toutes les nôtres, sans autres armes que nos livres, nous-mêmes meurtries et pas vraiment en bon état. Notre mère était là à quelques centimètres de nous, et pourtant nous n'avions quasiment aucune idée de ce qu'elle ressentait.
Nous retournâmes dans le giron familial parce que nous étions des râtées. Bien évidemment, aucune d'entre nous ne l'admit ainsi, ni dans un premier temps, ni vis-à-vis d'elle-même, et sûrement pas vis-à-vis de qui que ce soit d'autres. Nous prétendîmes que nous revenions à la maison parce que notre mère était malade, parce que nous avions besoin d'une pause, d'une halte momentanée avant de repartir à la poursuite du Grand But suivant. Mais la vérité était que nous avions échoué, et plutôt que de le laisser voir à quiconque, nous nous inventions des alibis et de belles excuses, dans lesquels nous nous drapâmes comme dans une cape destinée à combattre la froide vérité. Première étape : le déni.
Etre l'aînée présente un bon côté: l'autorité.
Il y a aussi un mauvais côté: l'autorité.
Elle ne pensait pas beaucoup à Dieu. Aucune d'entre nous, d'ailleurs. Si nous avions besoin de lui, il devait se trouver là quelque part, un peu comme un tube de dentifrice en réserve sous le lavabo.
Il semble que nous avons toutes fait cela, chercher le livre qui nous donnerait les clés de nous-mêmes, qui nous laisserait pénétrer dans une personnalité entièrement formée, comme s'il s'agissait d'une pièce meublée à louer. Comme si nous pouvions y entrer, visiter et annoncer à la propriétaire aux cheveux gris derrière nous "on la prend".