Quelques minutes plus tard, Charlie se garait sur le parking aménagé dans la pinède. Délaissant la côte goudronnée, elle partit à travers la dune. A mesure qu’elle avançait, les parfums familiers l’enveloppèrent : les pins citronnés, l'iode piquant. Ici, le vent mêlait le sel et la sève dans un dosage subtil qu'aucun flacon n'emprisonnerait jamais.
Ses pieds s’enfonçaient dans les grains fins et clairs. Il fallait aller loin sur la planète pour trouver un tel moelleux. Charlie grimpa jusqu'au sommet de la dune et soudain, en contrebas, l'océan !
Une amplitude infinie offerte à l’œil dans un camaïeu de bleu, de vert et d'argent fondus en un même horizon. La surface était exceptionnellement lisse , les vagues roulaient en courbes douces avant de s’égrener avec l’élégance d'un clavier actionné par un pianiste invisible. Comment résister à cet appel ?
« La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui pour effacer ses traces. »
Louis Aragon.
p.5
« Sais-tu qui je suis?
Le Rayon de Lune.
Et sais-tu pourquoi je viens de là-haut?
Sous les arbres noirs la nuit était brune ;
Tu pouvais te perdre et glisser dans l’eau,
[…] Je veux te montrer la route opportune ;
Et voilà pourquoi je viens de là-haut. »
Guy de Maupassant, Des vers.
p256