Le secret nous attacherait définitivement à notre arbre généalogique ?
Oui, le secret nous prive des éléments nécessaires à notre identité et nous fait chercher celles et ceux qui les détiennent dans notre passé, en priorité nos ancêtres directs.
Existe-t-il plusieurs sortes de secrets?
Les secrets liés à des événements honteux autour de situations subies par les ancêtres, à savoir les problèmes politiques ou problèmes d’argents, dépossessions de toute nature, pertes de travail, mise au ban de la société, ou bien encore autour de situations générées par les ancêtres, vols, escroqueries, relations illicites, mensonges, doubles vies, viols...
Le secret fondamental, c’est que l’arbre généalogique de chacun d’entre nous est une hypothèse et seulement cela . Je veux dire que personne ne peut être certain de la filiation qui lui est présentée. Je ne connais pas d’arbre généalogique pour lequel la question ne se pose pas, parce qu’à l’une ou l’autre des générations le père ou la mère officiels ne sont pas obligatoirement les parents biologiques .(…)Par exemple, on croit que le géniteur est le père légitime, or il s’agit en fait de l’amant de la mère. Quelquefois, une femme élève un enfant, mais c’est l’enfant de sa sœur, parfois sa mère. Au fond, personne ne peut prétendre avec une certitude absolue être le descendant de telle ou telle généalogie…
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Le secret peut être aussi utilisé comme défense vis-à-vis de la généalogie : ne jamais parler de sa famille d'origine est une stratégie qui permet de maintenir celle-ci à distance. p 17
(...), nous savons bien qu'aucune conception n'est le fruit du hasard dans l'arbre généalogique. Qualifier l'enfant "d'accident" cache le véritable accident vécu par les parents.
Concption et trajectoire sociale des parents (p 52)
Habituellement, tout secret est considéré comme un élément négatif du système familial.. C'est la vision classique et il demeure vrai que les secrets majeurs (notamment concernant les liens du sang) ont des effets déséquilibrants et déstructurant, à la fois sur celles et ceux qui les détiennent mais aussi sur celles et ceux qui en ignorent tout et les subissent.
Pourtant, le secret a une fonction complémentaire : il peut être une défense et une protection efficace face à l'éventuelle répétition de situations généalogiques délicates.p 10
N'avoir aucun secret pour personne constituerait-il une solution?
Je ne pense pas. Il s'agirait là d'une attitude qui reflète le pôle inverse, une sorte de réaction de défense vis-à-vis de secrets généalogiques antérieurs, que l'on tenterait de compenser par une sincérité bien intentionnée.
À la fois sérieux et léger, grave et parfois amusant, cet ouvrage véritablement innovant présente un éventail de possibilités surprenantes, voire audacieuses, mais qui s’appuient sur des bases théoriques solides. Les 200 actes que j’y propose puisent à différentes sources. Pour les principales, citons la pensée sauvage ou primitive (à laquelle j’ai consacré un livre en 2015), la thérapie brève issue de l’école américaine de Palo Alto (Californie) et celle de Milan (Italie), la thérapie narrative, l’Impact Therapy, le psychodrame, la psychomagie et l’art-thérapie.
(p. 296) La plupart du temps, au-delà des abus commis par les parents et les grands-parents, ce sont les secrets familiaux qui nous maintiennent attachés à l'arbre généalogique et encore dépendants de lui. Si les parents ne veulent pas parler (ou ne le peuvent pas), une recherche, plus intérieure cette fois, prendra le relais de cette quête pour le moins essentielle. À tout moment, l'inconscient (le nôtre et celui, plus vaste, de la réalité) peut nous faire parvenir une révélation. Par le rêve, une rencontre significative et/ou la simple déduction, il peut nous mener au secret central de notre histoire familiale.
En nous approchant de celui-ci (généralement détenu par l'un et/ou l'autre des parents), nous atteignons l'impensable, quelque chose que nous ne pouvions pas même oser concevoir. Le secret central est toujours celui auquel on n'aurait jamais songé. Tant qu'il n'est pas levé, il représente un obstacle. Découvert, il libère enfin nos propres potentialités.
Ainsi que Sigmund Freud l affirmait, il faut interroger le passé familial pour résoudre les problèmes du présent. P9