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4.19/5 (sur 42 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Elsa Levy est auteure de l’essai « Je de société : Moi, chômeur de la République » en 2015. Elle a aussi écrit pour Europe 1, Causette, Mediapart et rédigé des piges environnementales pour le Parisien. Elle est également plasticienne. À travers ses multiples réalisations artistiques, elle questionne de façon impertinente et radicale la comédie des apparences en société.

Le fil conducteur de son activité étant l'écriture, elle publie un roman feel good « Bouddha Boudoir » en 2017 aux éditions Intervalles, « Johnny a tué mon père » en 2020 et « Je n’oublierai jamais », éditions City, Hachette en 2023.


Site : www.elsa-levy.com

Source : decitre
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Moi, chômeur de la République (Extrait de Je de société, Ed. L’Esprit Frappeur, 2015)


Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
Je lisais que, selon la loi, un abus sexuel sur mineur était prescrit 20 ans après la majorité. C'est-à-dire à l'âge de 38 ans. Je n'avais pas besoin de faire de longs calculs pour comprendre que cela faisait pile 21 ans que j'étais majeure. Par conséquent, cela faisait un an que "l'affaire" était prescrite. Une "affaire" prescrite avant même de la déterrer. Je trouvais cela aussi fou qu'insupportable.
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Et le seul dédommagement que je souhaitais, c’est qu’il ne dormirait jamais tranquille. J’avais pris la perpétuité à 8 ans, les éventuelles insomnies de mon bourreau me consolaient a minima. C’était l’unique condamnation que je pouvais prononcer, un sommeil altéré par la culpabilité. Une existence sur le qui-vive. Une âme et conscience emprisonnées. Que cet individu puisse craindre la justice, l’appréhender dans sa chair, c’était déjà la voir agir. C’était déjà une condamnation. C’était ma paix contre la sienne, tant les deux devenaient incompatibles. La mienne dépendait de son intranquillité éternelle. Cela me semblait être une peine juste, permettant de condamner à vie sans condamner à mort. Une sorte d’imprescriptibilité symbolique.
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"Autant, quelques heures plus tôt, la mort de Johnny me semblait dérisoire autant maintenant, elle donnait un écho désagréable à ce que j'étais en train de vivre. J4ai eu la sensation qu'on me volait la vedette. Pire, qu'en ce jour sacré, il était ridicule, voire interdit de pleurer quelques d'autre que Jean-Philippe Smet. Tout ce qui n'avait pas de lien avec Johnny, n'avais pas sa place."
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« Quelque chose montait à l’intérieur. Ça hurlait au fond de mon ventre. Mais c’était le bruit de mon silence qui l’emportait. Jamais je n’aurais pu hurler aussi fort que ce qui se jouait dans ma chair. À l’intérieur, j’implosais. Mon enveloppe était devenue minuscule, dérisoire, par rapport à ce qu’elle contenait. J’étais à l’étroit. Comprimée dans ma cage thoracique, mes os, ma tête. Remplie d’explosifs. J’avais envie de vomir, de me vomir. C’était long.
Choc. Sidération. Pulvérisée. Foudroyée. Démolie. Anéantie. Fracassée. Tétanisée. Morte. Ce sont les mots qui se rapprochent le plus de ce dont il s’agissait. Lorsqu’on les mélange et qu’on secoue le shaker dans tous les sens. Pourtant ils en sont loin. Si loin. Des qualificatifs qui ne voulaient pas dire grand-chose. L’endroit dans lequel j’ai été propulsée n’avait aucune place pour du vocabulaire. Les mots, les émotions, les sentiments. Ça se passait ailleurs. Au-delà. J’ai cru que je mourrais plusieurs fois de suite. Et qu’on m’achevait encore davantage. »
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Moi, chômeur de la République, je ne suis pas, de mon propre chef, le chef de la majorité ni de la minorité, je suis un numéro.

Moi, chômeur de la République, je ne suis pas un numéro de loto, ni un numéro de téléphone mais un mauvais numéro. Un numéro à sept chiffres qui ne peut pas faire son numéro mais seulement taper sur le 3949 (partiellement gratuit puisque le fixe me taxe).

Moi, chômeur de la République, je ne traite pas le premier ministre de collaborateur, je ne traite d’ailleurs personne de rien, j'ai trop peu de voix, je suis vouée à me taire et à laisser parler les chiffres.

Moi, chômeur de la République, je ne participe pas à des collectes de fonds pour mon propre parti, je me contente de toucher le fond avec toutes mes parties.

Moi, chômeur de la République, je fais fonctionner la justice de manière indépendante, en effet je n’attends rien d’elle, je la laisse faire son travail tranquillement puisqu’elle en a. Je n’ai aucun droit sur elle, juste quelques devoirs, alors je me contente de lui ressembler: à défaut d’être demandée je suis demandeuse, je suis parfois bafouée, souvent manipulée, de temps en temps recherchée mais jamais saisie.

Moi, chômeur de la République, je fais en sorte que mon comportement soit en chaque instant exemplaire puisque je m’actualise chaque mois en double exemplaire sur un site en tant qu’exemplaire numéroté et invendu. Je rends des comptes que je ne compte plus, je donne des entretiens à défaut de m’entretenir et des justificatifs pour éviter de perdre celui d’un domicile.

Moi, chômeur de la République, je ne cumule pas mes mandats pour me consacrer pleinement à ma tâche, je cumule juste mes dettes, mon stress et la détresse de tous les autres non mandatés qui font tâche.

Moi, chômeur de la République, j’essaie d’avoir de la hauteur de vue, et ce n’est pas compliqué vu que tout le monde me prend de haut.

Moi, chômeur de la République, j’ai le souci de la proximité avec les français, en effet j’ai plus de 3 millions de personnes qui savent de quoi je parle, et ça vaut largement les 65 millions de certains qui ne pipent rien, et ce, pas seulement parce qu’ils seraient enfants, ados, actifs ou retraités.

Enfin, moi, chômeur de la République, je ne meurs pas, mais c’est chaud puisque on me fait vivre dans la raie (du cul) publique.

Mais moi, chômeur de la République, je me relis. Et, comme on prend un chiffre au hasard, comme on justifie, comme on liquide, je me demande si moi, travaillant, cotisant et trimant, mon sentiment n'aurait pas été le même, mon billet semblable et son titre plus général « Moi, citoyen de la République »?
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Je suis retournée dans la librairie et me suis plantée devant la grande table de l’entrée. Lionel avait déjà réorganisé tout l’étale. Des piles de bouquins plus tape-à-l’œil les uns que les autres étaient venues s’imposer en un claquement de doigt. Et des titres on ne peut plus craignos « Johnny la légende », « Johnny le guerrier », « Johnny, le rock dans le sang », et j’en passe. Dans un coin, empilés par terre comme un tas de merde, des Sagan, Carrère, Bukowski, Gaudet, réduits à l’état de poussière. Ça faisait tout drôle. J’ai regardé les bouquins sur Johnny, aux couvertures épaisses et plastifiées avec des images grotesques qui trônaient sur la table et faisaient un sacré pied de nez à tous les grands de la littérature. J’avais du mal à qualifier la situation. Étonnante, absurde, déroutante ? Folle.
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On aurait dit une internée de Saint-Anne en cavale. Ou non, en fait, on aurait dit ma mère.
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... J'avais vécu 25 ans dans le même pays que ces gens, je regardais les mêmes chaînes télé, faisais mes courses dans les mêmes supermarchés, vivais sous les mêmes lois, mais j'ignorais que ce monde parallèle cohabitait avec le mien.
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« Si à plein d’égards la prescription me paraissait être un fondement essentiel sur lequel repose la loi, elle me montrait également ses limites. Certains aspects semblaient d’une autre époque, à contre- courant, pour ne pas dire archaïques. Inscrite sous Napoléon dans le Code d’instruction criminelle de 1808, la prescription, au XXIe siècle, concernant les abus sexuels sur mineurs, c’était une ineptie. Avec toutes les informations et les études dont nous disposions aujourd’hui, les viols d’enfants étaient à considérer comme des crimes contre l’humain. Des crimes que l’on pourrait ranger dans la catégorie des crimes contre l’humanité. Les seuls qui demeurent imprescriptibles. Car tuer l’enfance, c’est tuer l’avenir. Violer un enfant, c’est bousiller l’adulte qu’il aurait pu devenir. C’est briser son âme et la laisser sur le bord de la route. Et à grande échelle, c’est une arme de destruction massive. C’est saccager des générations entières. C’est corrompre le futur. Et selon de nombreuses études en criminalité que je parcourais en creusant le sujet, j’apprenais que les bourreaux étaient, eux-mêmes, souvent d’abord passés par la case victime. Souvent abusés, violentés, battus. Avant d’abuser, violenter, battre. À leur tour. Comme dans une machine infernale. Un engrenage où les êtres humains ne seraient finalement que les victimes de leur inconscience et de leur innocence. Collective. Systémique. Noyés dans une auto-destruction de masses. »
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J’ai pensé à Laeticia Hallyday. Elle devait avoir rendez-vous à l’Élysée, avec Brigitte et Emmanuel Macron, pour s’entretenir de la cérémonie. C’est là qu’ils allaient décider ensemble de La Madeleine, du protocole, des discours, du dispositif. Dans la petite église Sainte-Thérèse du fin fond de l’Aquitaine, on se questionnait sur un choix de trois chansons et deux prières, et on estimait les convives à cinquante, riverains inclus.
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