Il fallait que je m’en aille de là parce que… J’étouffais en sa présence. Je me sentais fondre. Et je me déteste dans ces cas-là. Il me semble qu’après tout ce temps je devrais commencer à apprendre et à m’endurcir.
Je ne sais pas ce qui m’a conduite ici. J’aurais pu tout aussi bien aller chez Henri ou me perdre dans un parc quelconque en attendant que ça passe. Je sais seulement que ça urgeait, qu’il fallait que je bouge. Je ne pouvais plus être dans la même pièce que lui. Respirer le même air que mon père.
Je passe ma main sur ma figure. Je suis blanche comme un drap, les traits tirés, les yeux cernés. J’ai dû faire une sacrée frousse à Gilligan lorsque je suis arrivée chez lui tout à l’heure.
Je me déshabille comme une automate et entre sous la douche. Des frissons parcourent ma colonne vertébrale alors que l’eau chaude tombe sur mes épaules. Je penche la tête vers l’avant et laisse la chaleur engourdir ma nuque, engourdir mes émotions. Si je pouvais m’en libérer et les laisser prendre le large avec toutes ces gouttes d’eau…
Je me mets à pleurer, parce que je ne réussis pas à reprendre le dessus.
Je m’en veux d’être si faible.
"Quand on y pense...c'est une mue : un enfant délaisse ce qu'il connaît de mieux pour entrer dans un univers qui lui est complètement étranger. On lui demande de prendre des responsabilités, de méditer sur son futur, de prendre des décisions, de penser pour lui, de concilier un travail et des études, de se débrouiller avec ses premiers émois amoureux, de se sentir à l'aise dans un corps qui n'en finit plus de se modifier...Il compare, jauge, estime, dénigre, juge et condamne les valeurs et les modèles qu'on lui a transmis. Il se retrouve sans aucun point de repère fixe, sans balise pour s'orienter...."
« - Je t’ai écoutée me raconter tes problèmes avec ta nouvelle petite famille. Il me semble que ce serait la moindre des choses que tu m’écoutes en retour, non ?
Je ne réponds pas. J’ai trop honte.
- Enfin j’imagine que tes mamours sont plus importants que ce que j’ai à te raconter.
Je la regarde sans comprendre.
- N’essaie pas, Iana. Tu sais très bien de quoi je parle. Tu n’as pas arrêté de le dévorer des yeux, ton espèce de demi-frère qui n’en est pas un! Je voulais t’inviter à mon match de basket qui a lieu samedi prochain à Saint-Hyacinthe. C’est ma finale et j’aurais aimé que tu y assistes. Mais si ce que je te raconte ne t’intéresse pas, ne viens pas. D’ici là, lave-toi les oreilles. Salut! »
La pyramide représentait la demeure d'éternité pour la mort.
Nos mains enlacées ,nous discutons de mille et une chose.