Un spectacle prodigieux, drôle et grinçant. Denis Lavant... habité!
Le principe est simple : qui connaît son alphabet sait, peut, doit écrire et, pour reprendre le vieux mot de Lacan, n'a à s'autoriser que de lui-même. Sauf que chacun se raconte à plat: «Ceci est une pomme, une pipe, une vie et rien de plus», toute pudeur oubliée, dans un ennui accablant, sans le style qui permet tout ni la distance et la transposition indispensables pour, en sublimant la réalité, faire parfois une œuvre d'art.
Je ne t'apprendrais pas Emile, que l'histoire des fils commence bien avant eux, avec celle de leur père.
l'Allemagne de 1944 était devenue une moderne tour de Babel où les déportés du travail français, mais aussi russes, polonais, baltes, tchèques, italiens se mélangeaient aux combattants volontaires de la Waffen SS, français, wallons, flamands, norvégiens, danois, croates, hongrois, sans compter les musulmans bosniaques de la division Handschar, les soldats de la Légion arabe du mufti de Jérusalem ou même les hindous et les sikhs de la SS Freies Indien Légion.
En classe, tu n’interviens jamais, te gardant bien de montrer que tu comprends sans effort ce que les autres peinent à assimiler, que, sitôt commencés, les cours te lassent tant ils sont prévisibles. Alors qu’il serait facile de briller, tu auras la sagesse, tout au long de ton parcours scolaire, d’écarter la tentation égotique de te mettre en avant.
On peut très facilement raconter l'histoire d'un menteur, il suffit que ça soit un autre menteur qui le fasse.
"Sur le net, soi-disant écrivains et pseudo-critiques pullulent. Dans ce gigantesque Café du commerce où chacun est certain d'avoir son mot à dire, les blogueurs, sans autre légitimité que celle qu'ils s'arrogent, dont la parole ne vaut ni plus ni moins que celle du consommateur qui donne son avis accoudé au comptoir, fabriquent de la monnaie de singe avec l'espoir de la voir convertir un jour en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils rêvent d'échapper dès que possible à l'espace virtuel qui les aura fait connaître pour revenir à la réalité, d'être enfin imprimés sur du bon vieux papier, que les billets de Monopoly accumulés sur la Toile se transmutent, même à perte, en euros."
Crever ainsi t’était parfaitement égal : incapable de nouer des relations vraies avec les autres, contraint de vivre dans la superficialité des sentiments, tu pensais avoir épuisé toutes les émotions possibles ; tu avais lu beaucoup de livres et la chair de tes conquêtes d’un soir, lors de vos brèves étreintes, était, chaque fois, un peu plus triste hélas !
(...) Car je suis certain désormais, comme il me l'a dit, que c'est à mon intention qu'il a produit une bonne partie des ces images.
Il était l'œil, et moi une ombre dans l'objectif.
C'est lui qui avait raison: nous avions longtemps travaillé ensemble.
En collaboration.
Tu aimais côtoyer ces femmes fanées obstinément offertes, ces hommes tristes et vaincus, tous ces êtres broyés, à la dérive, qui, pour ne pas sombrer, s’accrochaient à quelques souvenirs magnifiés, à des mensonges dérisoires ou à des rêves extravagants…
Il parut alors une beauté à la Cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l’on doit croire que c’était une beauté parfaite, puisqu’elle donna de l’admiration dans un lieu où l’on était si accoutumé à voir de belles personnes.