Dors bien. Je vais rêver à la jolie courbe de tes fesses.
Voilà exactement ce que je trouvais hypnotique chez Adrien. Cette possibilité d’ouvrir tous les possibles dans une même phrase. J’aimais son corps autant que ses mots.
Fabien était un amour, tout comme les hommes qui avaient partagé sa vie, à l’instar de Paul. Il existe, je le savais, une tribu d’hommes qui ont pour mission de protéger les femmes à la périphérie de leur vie, et ces hommes n’étaient pas généralement ceux avec qui j’avais eu des histoires amoureuses. Les amoureux de Fabien savaient me prendre sous leur aile, c’était un pacte tacite sans doute dans la vie de Fabien.
Prendre soin de moi.
J’aime votre sexe autant que votre regard qui se pose sur mes textes.
Pour moi, être journaliste avait perdu tout fondement de réalité pour devenir une sorte d’existence fantasmée et idéale, que je n’imaginais plus pour moi. Je ne comptais plus les bars dans lesquels j’avais été serveuse. Ni les histoires d’un soir qui accompagnaient cette vie nocturne sans lendemain.
C’est un art délicat. Résumer un homme, une femme, une vie en quelques feuillets, rien n’est plus difficile. Les journalistes trahissent vite la personne qu’ils ont en face d’eux. Ils leur prêtent leurs propres opinions et c’est inévitable. Leur jalousie, leurs amertumes. Or il faut une certaine dose d’effacement pour entrer dans le vif de l’être qui vous fait face.
Un bon portraitiste s’abandonne totalement devant le sujet qu’il dépeint. Il est au service de son portrait. Presque l’esclave. Il doit être prêt à tout pour en savoir toujours plus sur lui, pour en explorer les mystères et les zones
inexplorées. Tout détail qui fera la différence, qui capturera l’intérêt du lecteur.
Car une femme qui sait naturellement séduire peut-elle seulement en avoir conscience ?
Peu m’importait le lieu où je vivais. Une seule chose m’intéressait vraiment : c’était faire des portraits, raconter les histoires des gens que je croisais, avec
l’espoir – un peu livresque – de pénétrer leur intimité.
Le corps, l’esprit surtout, suivaient une temporalité singulière pour sortir des émois de la veille. Alors que la vie reprenait son cours, le désir était plus lent à se défaire des fluides générés la veille.