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Critiques de Emma Donoghue (517)
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Room

Waouh... !!!

Par où commencer ?

Ce livre amène forcément des questions. Rien que des questions.

- Comment survivre enfermée des années dans une pièce ?

- Comment supporter cet isolement, les sévices, les maladies, la vie en général, sans espoir, ou tellement infime, de s'en sortir un jour ?

- Comment imaginer accoucher seul, s'occuper d'un bébé et l'élever ?

- Comment ne pas imaginer la disparition du bourreau et ce que cela engendrerait ?

- Comment ne pas devenir folle, comment tenir le coup psychologiquement ?

Et une fois que l'immense espoir de se retrouver libre arrive :

- Comment retrouver une vie normale ?

- Retrouve-t-on vraiment la liberté ?

- Comment un enfant n'ayant connu que l'enfermement et n'ayant que sa maman en référence peut-il vivre dehors ?

- Comment se construit un enfant ayant débuté ainsi sa vie ? Quels sont ses valeurs, ses points de repère ? Quelle adaptation ?

- Comment accepter le regard des autres ?

- Comment parler de cette période ? Comment même y repenser ?



L'auteur ne répond pas à ces questions.

Il s'agit ici d'une fiction, mais l'auteur s'est basé sur des faits réels.

Comment ne pas penser aux jeunes filles retrouvées des années après leur kidnapping ?

Le fait que ce soit l'enfant de 5 ans qui nous raconte cette histoire permet une narration naïve, observatrice, sans qu'un ressenti d'adulte vienne entraver les événements.

Il n'y a pas de haine, pas de colère, juste le ressenti et l'observation d'un enfant de 5 ans qui ne connaît que son propre monde.

Ce livre, c'est un vrai coup dans l'estomac !
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Le Pavillon des combattantes

Je viens de vivre 3 jours intenses, des moments inoubliables, entre pleurs et joie où je tournais les pages avidement de ce huis clos hospitalier époustouflant d'une densité folle, captivant comme un roman policier.



Les victimes ici sont celles de la première guerre mondiale et du nouveau virus Influenza, la grippe espagnole qui déborde des tranchées pour attaquer les civils dans leurs maisons, leurs familles. C'est alors une lutte qui s'engage partout dans le monde, entre la vie et la mort.



Emma Donoghue que j'ai eu la chance d'écouter à distance avec le centre culturel irlandais voulait absolument implanter son roman en Irlande et à Dublin pour raconter l'histoire politique de son pays et ses divisions, le poids des institutions religieuses et la lutte indépendantiste du Sinn Féin à cette époque.



Tout ce chaos extérieur retentit plus fortement sur l'hôpital et plus particulièrement sur les femmes enceintes atteintes de la grippe, fragilisées par l'extrême pauvreté, le travail pénible dans les ateliers de munitions et les grossesses à répétition non désirées.



Julia incarne magnifiquement l'infirmière, cette autre combattante à blouse blanche qui lutte à ce que ces mères malades restent en vie et mettent au monde leurs bébés dans le service infectieux de la maternité dont elle remplace seule et précipitamment la responsable.



 Avec le présent de narration et l'emploi du « je », nous sommes les yeux et les mains de Julia. Nous sommes dans sa tête, c'est à la fois prenant et dérangeant. Rien ne nous est épargné, le sang, les fluides, "l'homme squelette" que l'on défie avec les moyens du bord, whisky chaud et limonade chaude.

Les femmes connaissent peu leurs corps.

Julia combat l' ignorance physique avec la même ardeur qu'elle mène contre la douleur et les mutilations par son intelligence, sa vivacité, sa désobéissance aux méthodes archaïques pour de nouvelles méthodes plus douces et naturelles.



Le sort de Bridie, la jeune orpheline qui a tant aidé Julia m'a profondément émue . J'espère que l'on se souviendra pour toujours de la jeune Bridie et de toutes les filles-mères et leurs enfants orphelins ou retirés de leur mère pour être séquestrés et ignominieusement exploités dans les couvents irlandais.



J'ai appris l'existence du Dr Kathleen Lynn , personnage fantasque vue à l'époque « comme une socialiste, une suffragette, une fautrice de troubles et une anarchiste » à forte personnalité qui a oeuvré énormément pour l'amélioration des conditions de vie et d'hygiène de la population au début du XXème siècle en ouvrant notamment un dispensaire.

C'est une personnalité très marquante en Irlande d'après l'entretien avec Emma Donoghue.

Je me suis fortement attachée à Julia, à cette petite pièce chargée d'émotions intenses, mamans sans berceaux ou bébés nés et déjà orphelins.

Je n'ai qu'un regret, ne pas être infirmière.



Je remercie vivement Babelio et les Presses de la Cité pour cette très belle lecture.
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Room

Ce livre est effectivement à lire absolument. Certes il parle d'un sujet difficile, certes l'ambiance est parfois pesante et oppressante, mais c'est une bouffée d'innocence, une histoire que Jack nous raconte du haut de ses 5 ans.



L'auteure adopte le ton juste, c'est d'ailleurs à se demander quel est son secret pour se mettre si facilement et avec tant de justesse dans la tête d'un petit bonhomme. Jack regarde la situation avec ses yeux d'enfant, il essaie de comprendre les réactions adultes, mais n'y parvient pas toujours.



Pour Jack tout ce qui importe c'est l'amour de sa mère, la tendresse, le jeu, la patience et pour tout cela, peu importe le lieu.



L'auteure traite ce qui pourrait être un fait divers que vous liriez dans votre journal du matin, avec un recul incroyable, ses personnages, que ce soit Jack, sa mère etc... sont courageux ou peut-être quelques fois "peurageux", pas d’apitoiement, pas de larmes inutiles, juste une soif de vivre et de liberté.



Ce roman nous interpelle, un enfant peut-il grandir et s'épanouir avec comme engrais juste de l'amour. Est-ce l'élément primordial pour son développement.



Je ressors de cette lecture, toute chamboulée, si il y a bien un personnage que j'aimerai rencontrer, c'est ce petit jack.



Je vais finir en vous disant juste de rajouter ce livre à votre PAL, car il est nécessaire!!



Et merci Yvan, pour cette découverte, grâce à toi, je ne suis pas passée à côté de cette splendide lecture.
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Le Pavillon des combattantes

Dublin 1918, la guerre fait rage en Europe et la pandémie de grippe espagnole fait également des ravages. Julia Power est infirmière au sein de la petite unité de maternité et maladies infectieuses pour les futures mères souffrant de cette grippe très contagieuse. Nous allons alors vivre le quotidien de cette unité, où l’infirmière va être mise a rude épreuve, se retrouvant seule pour gérer cette maternité improvisée.



L’autrice va nous confronter aux difficultés d’accoucher en ce début du XXI siècle, en temps de pandémie, qui nous fait forcément penser à la période que nous vivons, mais où les conditions sont bien plus encadrées. Elle aborde également le thème de la maltraitance dans les orphelinats ou bien encore des maisons pour les filles mères, montrées du doigts et accablées par les religieux.

Trois jours vont s’écouler, pendants lesquels Julia va accoucher ses patientes, dans des conditions rudimentaires et l’autrice nous décrit ces interventions. Pour ma part, rien de choquant mais au contraire, qui nous plonge dans cette réalité qui nous semble impensable pour des personnes vivant dans un quotidien hyper médicalisé. Je n’imagine pas avoir accouché dans de telles conditions.



Elle nous confronte également aux séquelles que laisse une telle guerre sur ses soldats, au travers du frère de Julia. Tim est devenu muet sans aucune cause apparente. Une façon de taire les horreurs vécues sur le champ de bataille ?



Julia Power a une force de caractère exceptionnelle et fait preuve de beaucoup de compassion et d’implication pour aider ses patientes. Aidée de Bridie, jeune fille issue de l’orphelinat et vivant au couvent du quartier, celle-ci est venue comme bénévole ne connaissant rien au milieu médical, mais va tout faire pour aider au mieux l’infirmière.



Le livre est articulé en 4 parties, sans chapitre. J’en appréhendais donc la lecture. Et pourtant ce livre se lit tellement facilement, vous êtes embarqué sans vous en rendre compte et les pages défilent sans vouloir s’arrêter. Une vraie pépite et un gros coup de coeur.



Merci aux éditions Presse de la cité et NetGalleyFrance pour cette superbe lecture.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Room

Absolument stupéfiant, original et bouleversant ! Le roman choc de la rentrée littéraire !

A cinq ans, Jack ne connait du monde qu’une chambre carrée de trois mètres par trois, éclairée par une lucarne, et « agrémentée » de quelques meubles qu’il traite comme des personnes à part entières : l’univers pour lui s’arrête là, et tout ce qu’il voit à la télé, c’est « pour de faux ».

Car Jack est né dans cette chambre où sa maman a été séquestrée sept ans auparavant…

Et sa naissance a très probablement empêché sa maman, une jeune étudiante ingénieuse et courageuse dont on ne connaitra jamais le nom, c’est toujours Maman, de devenir folle. Par amour pour Jack, elle mettra en œuvre des trésors d’imagination et d’organisation afin qu’il ne connaisse ni la peur ni l’insécurité, de sorte qu’il considère la Chambre comme un nid douillet et confortable, un endroit absolument « normal ».

Mais Jack est intelligent et plutôt précoce, et à 5 ans, sa maman estime qu’il est assez aguerri et futé pour l’aider à s’échapper.

C’est Jack lui-même qui raconte l’histoire, avec ses mots et sa syntaxe parfois défaillante, et surtout son amour fusionnel pour sa maman, Jack qui a une vie très organisée et occupée puisqu’il a « des milliers de choses à faire tous les matins ».

Et si le jour où ils rejoignent « l’Extérieur » est une libération racontée de façon bouleversante par Jack, des questions primordiales se posent dès leurs premiers pas à l’Extérieur qui mettent en exergue l’ambiguïté de la relation de Jack et sa maman : la Chambre n’était-elle pas un environnement plus « sûr » pour Jack ? Comment Jack arrivera-t-il à partager sa Maman avec d’autres personnes ? Peut-elle se satisfaire de jouer avec son petit garçon scotché à elle comme dans la Chambre ? Autant de questions qui remettent en question le lien fusionnel mère-enfant qui peut se révéler aussi destructeur que protecteur.

Avec une justesse et une sensibilité extraordinaire, l’auteur parvient à sublimer la situation par une écriture extrêmement imaginative où la drôlerie et l’émotion l’emportent toujours sur l’horreur et compte tenu du contexte, il faut beaucoup de talent !

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Le Pavillon des combattantes

MA-GNI-FI-QUE !!

Je ressors enchantée de cette lecture qui a été pour moi une très belle découverte d'un auteur irlandais que je ne connaissais pas : Emma Donoghue.

Nous sommes à Dublin, en 1918. La narratrice, Julia Power, est infirmière et affectée à un service bien particulier : celui des femmes enceintes infectées par le virus de la grippe espagnole.

Nous allons suivre Julia pendant trois jours où elle va porter à bout de bras son service, aidée en tout et pour tout par une jeune aide sans expérience, mais aussi par une femme médecin ( qui est quant à elle un personnage qui a réellement existé ), le Dr Kathleen Lynn, membre du Sinn Fein et recherchée par les autorités.

Comment ne pas être touchée par l'histoire de Bridie, cette jeune orpheline venue aider avec juste sa bonne volonté comme bagage .Elle nous renvoie douloureusement à l'histoire de bien des enfants recueillis par des religieuses en Irlande.

C'est une véritable plongée dans l'histoire que nous propose Emma Donoghue dans ce Dublin ravagé par l'épidémie de ce que ne savait pas encore identifier comme étant un virus.

C'est aussi l'histoire de la médecine qui est abordée par l'auteur, avec des moyens qui nous semblent bien archaïques vus avec les yeux de notre époque. On mesure encore plus à travers cette histoire les progrès de la médecine et aussi le fait qu'autrefois, les femmes méconnaissaient pour la plupart du temps leurs corps.

Ces trois jours ô combien intenses que va vivre Julia vont aussi déterminer son avenir, qui n'est finalement peut-être pas tracé comme elle le pensait.

Une très belle lecture, que j'ai lu en retenant mon haleine, tellement j'ai été happée par cette histoire.

A l'issue de cette lecture, je ne rajouterais qu'une seule chose, j'ai bien l'intention de continuer à découvrir l'oeuvre de cette auteure !





Challenge A travers l'Histoire 2022

Challenge Multi-Défis 2022

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Le Pavillon des combattantes

Rien ne vaut la bonne grippe espagnole de 1918 pour relativiser nos états d'âme sur l'actuelle pandémie qui nous occupe depuis près de deux ans.



Plus de morts à elle seule que la boucherie mondiale qui dura quatre ans ! Qui dit mieux ?



Eh bien, prenez une unité de gynécologie obstétrique dans un petit coin de Dublin, trois jours avant l'armistice, mais quand la guerre fait rage encore, en pleine pénurie et misère civiles, quand l'insurrection indépendantiste irlandaise fait de plus en plus parler d'elle, enlevez les médecins tous au front, et imaginez dans un tel microcosme l' explosion de la plus fulgurante, de la plus mortelle des épidémies de grippe, la grippe "noire" comme la peste du même nom. -ou marron, ou bleue, ou..... Et vous comprendrez pourquoi cette petite unité hospitalière où viennent accoucher les femmes du peuple devient le pavillon des combattantes !



L'obstetrique est encore une science balbutiante, la fièvre puerpérale emporte les mères, la mortalité infantile est sévère :ne manquait que la grippe pour transformer ce service en champ de bataille, en curée..



Une femme, Julia, âgée de 30 ans, infirmière, est promue chef de service faute de médecin. Elle reçoit l'assistance de Bridie, une orpheline toute jeune, sortie d'une des ces institutions catholiques irlandaises de sinistre réputation qui traitent les enfants abandonnés comme des serfs. Bridie est toute vive et intelligente mais n'a que son envie d'être utile pour compétence. Elles reçoivent bientôt l'appui d'une femme médecin sortie de prison pour avoir participé à l'insurrection indépendantiste et soigné les insurgés du Sinn Fein. Cette femme, le docteur Kathleen Lynn (le personnage est historique) travaille sous la menace constante d'une arrestation. À elles trois, elles auront trois jours pour vivre tous les combats, toutes les émotions, toutes les défaites.



Un récit factuel, puissant, écrit avec une simplicité d'effets et une précision clinique renversantes. L'auteur est historienne et ne laisse rien au hasard.



Le roman est une tragédie féminine et féministe où la vie que les femmes donnent si périlleusement se trouve exposée à la mort sous toutes ses formes les plus barbares, les plus arbitraires, les plus violentes. L'homme-squelette,déjà grand gagnant dans l'hécatombe guerrière, n' oublie pas ces autres guerrières du quotidien, les mères et leurs soignantes.



Il faudra tant de temps, tant de progrès pour qu'un accouchement ne soit pas un quitte ou double sanglant. Pour qu'une femme ait, au travail, à compétences égales, les mêmes droits, la même reconnaissance, le même salaire qu'un homme. Pour qu'elle puisse s'exprimer politiquement et s'affirmer sexuellement.



Le pavillon des combattantes réunit toutes les héroïnes de cette féminité bafouée, infirmière, aide-soignante, médecin et patientes.



Le virus de la grippe si terrible soit il n'est qu'un fléau conjoncturel mais qui semble représenter tous les autres dans sa radicalité...



Même si la fin du récit-un peu trop convenue à mon gré- laisse entrevoir une lueur d'espoir, on sort de cette lecture bouleversé, essoufflé, essoré.



Et la pandémie actuelle nous paraît bien peu de chose à côté de cet Armageddon...
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Le Pavillon des combattantes

"L'homme-squelette se joue vraiment de nous tous. C'est ainsi qu'on appelait la mort dans ma campagne, quand on était petits.

L'homme-squelette, ce spectre à cheval qui va chercher ses victimes d'une maison à une autre en gardant son crâne ricanant coincé sous son bras."





Cette histoire est celle d'un héroïsme quotidien dans une minuscule maternité où trois femmes (*) vont se battre pendant trois jours pour sauver leurs patientes, atteintes d'une forme sévère de la grippe et mises à l'isolement en attendant leur accouchement.







- Irlande, Dublin fin octobre 1918 -

La guerre de 14-18 a produit ses effets dévastateurs avec son lot de cadavres et de traumatismes et après les Pâques sanglantes de 1916 qui avaient laissé un goût amer à la population, toujours sous domination de la Grande-Bretagne, les Dublinois sont exsangues et paniqués face à ce nouvel ennemi qui leur tombe dessus, un virus inconnu qui les abat comme des mouches.





* Julia, voix off du récit, est infirmière dans un hôpital catholique " Vita gloriosa vita. La vie, la glorieuse vie" qui manque cruellement de bras, la plupart des médecins ayant été soit décimés par la grande guerre soit atteints par la pandémie de grippe espagnole.





Elle se retrouve seule ou presque à son étage pour prendre soin

des femmes enceintes atteintes des formes graves de la grippe.

Rouge, Marron, Bleu, Noir sont autant de chapitres de ce roman que les couleurs que prend la peau aux différents cycles de la maladie.





Pour lui donner un coup de main, les soeurs qui ont la mainmise sur l'ensemble des institutions caritatives, éducatives, professionnelles et médicales lui adjoignent une jeune femme 'bénévole', * Bridie, qui va se révéler merveilleusement solaire, simple et efficace dans les soins tout comme dans la vie et l'éclairer sur une facette d'un monde que Julia ne connaissait pas, celui des orphelins, des filles-mères, des enfants placés parfois dès la naissance dans les institutions religieuses.





(cfr le rapport Ryan, publié en 2009, sur les institutions irlandaises accueillant des enfants https://www.irishexaminer.com/lifestyle/arid-30925312.html )





Tout au long des 3 jours que durent ce récit et ces combats quotidiens pour sauver des femmes et leur futur enfant, * le Dr Kathleen Lynn sera présente autant que faire se peut, femme recherchée par les autorités comme dangereuse terroriste, ligueuse des Sinn Féin (véritable humaniste) faisant bénéficier toutes ces femmes, patientes et soignantes, de son expertise.

Elle enrichira Julia de son expérience professionnelle, de ses connaissances médicales et élargira son horizon sur une certaine réalité politique et socio-économique de l'Irlande.





[ le Dr Kathleen Lynn est le seul personnage non fictif de ce récit, elle

a créé et fondé en 1919 le St. Ultan's Children's Hospital, une initiative qui a contribué à réduire le taux de mortalité infantile en Irlande ]





Petit bémol pour la fin émouvante, sans réelle surprise, un peu cliché



Personnages masculins

Tim, le petit frère de Julia revenu mutique de la guerre, atteint du syndrome du 'choc des obus'

Les trois vétérans, bras cassés, chargés d'évacuer les corps des morts à l'hôpital







- Publié en juillet 2020 sous le titre original 'The Pull of the Stars' -



@ Presses de la Cité, pour la 'version française', ce 19 août 2021

Le Pavillon des Combattantes est une fiction historique, basée sur une solide documentation, explicitée et illustrée en fin de récit par l'Auteure.





De jolis moments d'écriture accompagnent la mise en lumière de l'héroïsme au quotidien de certains humains, ici des femmes, dans un cadre particulier, celui des accouchements, pendant une période très singulière: la pandémie mortelle de la grippe espagnole de 1918, qui n'est pas sans rappeler ce que nous avons traversé en 2020 - 2021: doutes, interrogations, paniques, informations contradictoires, différences de perception.





L'Auteure, irlandaise, rappelle les horreurs commises par les institutions religieuses catholiques sous prétexte de protéger les ouailles perdues et le fruit de leurs péchés et donne aussi un éclairage des faits politiques, historiques et socio-économiques qui ont marqué son pays au XX è s.





Une belle couverture à l'image de l'infirmière du début du XX è s avait attiré mon attention, le récit basé sur la solidarité, le courage ordinaire et le dévouement des soignants ont joliment confirmé cette 1ère impression.



#Le Pavillon des Combattantes #NetGalley France
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Room

Le début du roman désarçonne et on a un peu de mal à entrer dans l'univers si particulier de l'enfant-narrateur, dont l'auteur retranscrit bien le ressenti. Chaque objet est par exemple personnifié , comme " Madame la table" ou " Madame télé".



Mais très vite, le lecteur est happé par cette terrible histoire, inspirée d'un fait-divers ( je crois qu'un film sort actuellement en adaptation du livre):Une femme séquestrée depuis des années et dont l'enfant, qui a maintenant cinq ans, ne connait que "la chambre", ce monde étroit et clos.Sa mère tente du mieux qu'elle peut et avec beaucoup de courage, je trouve, de créer pour lui un quotidien " normal".



" Rien ne fait peur à maman.Sauf Grand Méchant Nick, peut-être." L'ombre du monstre est toujours présente.Puis, l'enfant réussit à s'enfuir et on se demande s'il pourra sauver sa mère.



Il est très intéressant d'assister ensuite à la réadaptation difficile à l'extérieur .Il faut recommencer autre chose, et c'est angoissant, se reconstruire après des années de souffrance semble souvent insurmontable.



Heureusement ,le beau lien fusionnel entre la mère et son fils,les mots magiques, la spontanéité et l'inventivité de l'enfance enrobent de douceur et de poésie ce drame insupportable de l'enfermement.



Un livre fort en émotions.
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Room

Un roman inspiré d'un fait divers : l'histoire d'un petit garçon, Jack, né en captivité dans une pièce de 10 m2. Il y vit seul avec sa mère. Du haut de ses cinq ans, ils nous raconte avec ses mots d'enfant son enfermement, lui qui ne connaît pas le monde extérieur, pour qui les arbres et les chiens n'existent seulement dans la télévision. Sa mère, 
elle, fait tout ce qu'elle peut pour l'élever, l'occuper jusqu'au jour où elle décide qu'il est temps de fuir. Comment cet enfant va pouvoir s'adapter et survivre au monde extérieur bien trop grand pour lui ...



On pouvait craindre le pire d’un roman qui ose prendre comme toile de fond un sujet aussi terrible. Mais ce texte bouleversant, dans lequel la tension est parfois insoutenable, est une vraie réussite. Emma Donoghue réalise un véritable tour de force : en donnant la parole à Jack, elle parvient à ne jamais sombrer dans le sordide et même à nous faire sourire. La spontanéité, les maladresses et les erreurs de syntaxe de l’enfant, son regard sur le monde, sont une des grandes forces de ce livre et permettent à l’auteur de tenir à distance l’horreur de la situation. Ce roman puissant nous conte avant tout le lien unique qui unit l’enfant à sa mère et nous parle d’Amour maternel. L’Amour plus fort que la peur, plus fort que le désir de mort, l’Amour qui peut déplacer des montagnes… Mais Emma Donoghue nous parle aussi sans détours du Bien et du Mal, des dangers de notre société et de la complexité de l’âme humaine. Ce roman hallucinant, à la fois sombre et lumineux, qui nous tient en haleine de la première à la dernière page, est à découvrir !
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Frog Music

Pas trop enthousiaste finalement pour ce roman à la thématique abondante. Histoire ancrée dans le San Francisco subissant une grosse vague de chaleur et une épidémie de variole en cet année 1876, presque trente ans après le "Gold-rush", et ses immigrés venus de tout horizon, dont les français(es), comme Blanche. Ancienne écuyère de cirque a Paris, reconvertie dans la danse burlesque aguicheuse et "michetonneuse" afin d'entretenir son amant et l'ami de ce dernier.



Cette Blanche, justement, personnage principal avec son caractère de girouette, m'a souvent énervée ! Elle aurait bien mérité un pair de coups de pied aux miches pour la faire réagir. Or, le jour où Blanche se heurte au grand-bi de Jenny Bonnet, cette dernière s'en chargera en ne se gênant surtout pas pour remettre les yeux de Blanche en face de sa conscience. Saisie alors d'un sentiment de culpabilité, l'instinct maternel bien enfoui de Blanche se réveillera (un tantinet) et elle cherchera à récupérer (enfin) son bébé rachitique dans une "ferme" de nourrissons. Mais la présence de ce fils braillard dans leur appartement, situé dans le quartier chinois (et donc négligé par les autorités sanitaires), ne plaira pas au mac-amant de Blanche (habitué à sa belle vie de bohème payée sur les turlutes de Blanche)... et causera au final (...je prends beaucoup de "raccourcis")...la mort de Jenny Bonnet.



Les relations amicales, comme celles de l'amour, ne s'expliquent pas. Blanche ne sera jamais devenue ma copine ! Mais entre elle et Jenny se créera un lien très fort... lien qui poussera Blanche a essayer de trouver le meurtrier de.. et la justice pour son amie sauvagement flinguée.



Basé sur un fait divers, d'ailleurs jamais élucidé, le roman aborde aussi (et approfondit parfois) grand nombre d'autres sujets liés à ce San Francisco du 19ème siècle et la vie de tous les jours : l'immigration et ses problèmes sous-jacents, les transports, les laissés-pour-compte de la guerre civile et la ruée-vers-l'or, les conditions sanitaires...etc.

C'est peut-être là où le bât m'a blessé : le voyage historique (par ailleurs bien documenté) était très intéressant, mais a également instauré, avec ses quelques longueurs, une distance malvenue avec l'histoire de Blanche et Jenny. J'aurai franchement aimé me sentir plus proche d'elles.



Le texte est en outre émaillé de chansons d'époque, principalement anglaises, et traduites (sans aucun sens de poésie) en bas des pages. Elles amènent encore une autre "dimension" au récit qui déborde déjà d'un "trop plein".



Je refuse néanmoins de quitter ce livre sur une note négative, parce que Jenny Bonnet, fille au passé bigarré, aurait été une femme a mon coeur : chasseuse de grenouilles (pour les restaurants français à Frisco), jeune femme se promenant en costume-pantalon (interdit à l'époque...comme aujourd'hui en France, puisque la loi n'a jamais été changé), n'ayant pas peur de dire tout haut ce que lui passait par la tête (récoltant ainsi des coquards de la part de la gent masculine) et surtout clamant son désir de vivre en tant que femme libre... "Cute froggy", cette Jenny !



Je remercie Babelio et les éditions Stock pour cette exploration bien différente du "Far West".
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Room

Sincèrement, ça faisait longtemps que je n'avais pas été autant bluffée par un livre. Je ne m'attendais vraiment pas à découvrir ce genre d'histoire en le commençant surtout que - faisant confiance aux Baby-challenge Contemporain et Drame - je n'avais pas pris la peine de lire le résumé. Du coup, je n'ai pas tout de suite compris ce qu'il se passait, et, je crois que ça m'a d'autant plus choquée une fois que j'ai compris et fatalement intéressée à l'histoire.



Ce qui m'a tant plu dans ce livre c'est qu'Emma Donogue à été très loin dans son histoire, bien plus loin que ce que j'aurais pu imaginer : elle a pensé à une multitude de détails qui rendent ce texte d'une crédibilité et d'un réalisme inquiétant. Personnellement, jamais je n'aurais pensé que Jack puisse avoir des troubles de la vision notamment pour se déplacer dans un espace ou voir au loin... Ce sont vraiment tous ces détails qui m'ont mis mal à l'aise.



L'autre truc qui m'a dérangée tient vraiment au fait que je n'avais pas lu la quatrième de couverture : les toutes premières pages montrent une mère très jeune, un peu déboussolée avec un mec pas très net qui la rejoint chez elle régulièrement obligeant son fils à s'enfermer dans un placard... Autant dire que je l'avais tout de suite cataloguée de "pauvre fille". Alors qu'au final, cette jeune femme s'avère être tout le contraire. Je crois que le fait de l'avoir jugée aussi rapidement et aussi mal est de loin ce qui m'a le plus dérangée dans cette histoire, parce que pour le coup, je me suis dis que ça aurait pu être moi. D'autant plus que son prénom n'apparait jamais dans Room ce qui renforce cette impression qu'elle aurait pu être n'importe qui ou plutôt tout le monde.

J'ai été aussi assez choquée par la réaction de la famille de la jeune femme : j'ai du mal à croire qu'ils aient pu se faire une idée aussi fausse autour de sa disparition. Ils avaient l'air tellement proche avant alors... pourquoi croire ça ?



L'écriture d'Emma Donogue m'a vraiment plu : elle m'a beaucoup émue et touchée. C'est comme un petit vent de révolte face aux gens qui se mêlent de tout et répandent de fausses rumeurs : personnellement, je trouve qu'elle a très bien su passer les sentiments de Jack mais aussi ceux qu'il ressent émaner de sa mère. On voit bien qu'il ne comprend pas tout, mais nous, lecteurs, il y a certaines choses que l'on comprend contrairement à lui et je trouve que ça donne d'autant plus de puissance à ce texte.

Un roman aussi émouvant que terrible.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Frog Music

San Francisco, 1876. La ville connait un épisode de canicule sans précédent et doit faire face à une épidémie de variole des plus virulentes... Dans le quartier chinois, où les drapeaux jaunes signalant la contamination foisonnent, se regroupent tous les immigrés sans le sous qui ont fui leur pays en espérant faire fortune dans le pays du « tout est possible »… Blanche Beunon, une ancienne écuyère française, est arrivée depuis un an, accompagnée de ses deux michetons : Arthur, son compagnon, et Ernest. Danseuse vedette au House of Mirrors, un bordel populaire, la jeune femme vend ses charmes afin d’entretenir les deux bons à rien qui l’accompagnent et qui s’empressent de flamber son salaire dans des jeux d’argent ainsi que son fils d’à peine un an, placé en pension « à la campagne » et qu’elle ne voit que rarement.



Cette vie-là semble parfaitement convenir à Blanche, qui ne se pose pas trop de questions quant à sa situation et à son avenir, jusqu’au jour où elle fait la connaissance de Jenny Bonnet… Cette chasseuse de grenouilles, qui revend le fruit de sa chasse aux restaurants français de San Francisco, détonne dans le paysage. Elle se déplace sur un grand-bi volé, porte des pantalons au risque de se faire arrêter et de prendre une amende, vit au jour le jour et respire la liberté et l’indépendance. Une rencontre qui va venir perturber l’équilibre fragile de Blanche et remettre en questions ses choix de vie. Mais alors que la jeune femme commence à prendre son envol, sa nouvelle amie se fait assassiner sous ses yeux…





A la fois roman de mœurs, portrait d’une époque et peinture sociale, « Frog music » s’inspire d’un fait divers pour nous dépeindre la vie dans le San Francisco de la fin du XIXème siècle. Le récit se déroule en deux temps. Il s’ouvre sur la rencontre entre les deux femmes et bascule ensuite sur le moment où, un mois plus tard, Jenny est tuée lors de la fusillade et où Blanche se retrouve livrée à elle-même avec le désir de venger la mort de son amie et de récupérer son fils. Un récit alterné qui nous permet de découvrir progressivement les éléments qui ont débouché sur cet assassinat et d’en apprendre plus sur tous les tenants et les aboutissants de cette dramatique affaire…



Mais derrière le fait divers se cache deux très beaux portraits de femmes. Jenny avec son exubérance, son grain de folie et son humour est un personnage particulièrement dense, intéressant et attachant. On regrette que son rôle soit si bref tant son charisme est contagieux et apporte une bouffée d’oxygène et de bonne humeur dans cet univers crasseux et malsain. Néanmoins, même si Blanche paraît plus fade et plus agaçante, on assiste avec elle à une véritable métamorphose, celle d’une femme légère, inconsciente et soumise en une femme émancipée, libérée du joug des hommes et enfin prête à accepter la maternité. Blanche est un personnage qui ne cesse d’évoluer et que l’on prend plaisir à suivre.



Emma Donoghue prend soin de poser le décor et d’installer ses personnages dans un San Francisco qui n’a pas vraiment de quoi faire rêver ! On sent le souci du détail chez l’auteur, quitte parfois à provoquer quelques longueurs… Les thèmes sont nombreux, trop peut-être pour être traités avec profondeur. On côtoie les laissés-pour-compte de la société et ceux qui en profitent : les immigrés, les malades, les prostituées, les macs, les policiers corrompus… Emma Donoghue y parle des déracinés, de la condition des femmes, du rapport des parents aux enfants, de la violence quotidienne… Son écriture est agréable et fluide et permet de passer un bon moment de lecture, même s’il m’a manqué un petit quelque chose pour être vraiment emballée…





Je tiens à remercier vivement Babelio et les éditions Stock pour ce partenariat !
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Le Pavillon des combattantes

Lutter au-delà de ses forces, pour arracher à la mort des femmes et des bébés afin que pour une fois « l’homme squelette » reparte les mains vides est devenu le quotidien de Julia Power, une jeune infirmière qui va devoir gérer l’unité de la maternité ou des femmes frappées par la grippe espagnole sont sur le point d’accoucher.

Nous sommes à Dublin, en 1918.

La première guerre mondiale et l’épidémie ont rempli les hôpitaux. Les médicaments et le personnel manquent pour faire face à l’afflux de patients.

« Le pavillon des combattantes » est un émouvant hommage aux femmes et aux soignants, qui raconte l’Irlande en train de se déchirer.

Le roman donne un éclairage sur les conditions de vie à l’époque, dans un monde ou être une femme était souvent difficile, particulièrement pour celles qui n’avaient pas de mari, les « filles-mères » bien souvent ignorantes de leurs corps qui arrivaient à la maternité seules et terrorisées.

Emma Donoghue dresse un beau portrait de Julia son héroïne courageuse et déterminée, capable de prendre des risques pour le bien de ses patientes.

Les personnages secondaires sont également décrits avec minutie.

Les époques changent mais les soignants sont toujours là en première ligne, encore et toujours, malgré les risques qu’ils encourent bien souvent.

Merci à NetGalley et aux Editions Presse de la Cité.

#LePavillondescombattantes #NetGalleyFrance !



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Le Pavillon des combattantes

Un huis clos étouffant, retour au pays de la pandémie ! Pas celle que nous connaissons si bien maintenant, non, celle de 1918 à Dublin ; la grippe espagnole fait des ravages et va décimer entre 3 et 6% de la population mondiale en quatre ans.

Julia fait partie du bataillon des combattantes, infirmière dans son minuscule service hospitalier de trois lits qui accueille les femmes enceintes touchées par la maladie.

Ce que nous allons découvrir dans ce récit, c’est que toutes ces femmes sont des combattantes et ceci à plus d’un titre.

Emma Donoghue va aborder de nombreux sujets sur les conditions des femmes de l’époque, leur subordination à leur mari, à la société (leur accès au droit de vote n’est que balbutiant), au qu’en dira-t-on, au poids écrasant de l’Eglise catholique, qui n’hésite à fouler aux pieds leurs droits les plus élémentaires.

De jeunes filles-mères ou des orphelines sont ainsi enfermées dans des couvents dont elles deviennent des esclaves corvéables à merci. L’histoire de la jeune Bridie, élevée par des bonnes sœurs dans une sinistre institution, fait écho au livre « Ce genre de petites choses » de Claire Keegan.

Emma Donoghue relate dans son ouvrage le combat du Dr Kathleen Lynn, une femme ayant réellement existé, vice-présidente du Sinn Féin, qui aura œuvré toute sa vie pour la défense du droit des femmes, et luttera contre les maladies infantiles chez les plus pauvres.

Cependant, j’ai regretté que l’auteure nous en dise si peu sur la vie de cette femme exceptionnelle en ne lui accordant pas une place plus importante dans son récit. Ce dernier reste très fermé sur les murs de l’hôpital et une ouverture plus importante sur le contexte politique et social aurait été très enrichissante.

Un autre bémol, je ne recommande pas cette lecture aux femmes enceintes ! J’ai parfois un peu saturé, surtout dans les premiers chapitres, sur les descriptions anatomiques et médicales très précises et répétitives, pour lesquelles il faut avoir le cœur bien accroché.

Heureusement, quelques pratiques de l’époque, si elles nous font dresser les cheveux sur la tête, m’ont faire rire jaune ; ainsi apprend-on que le whisky était donné comme du petit lait à toutes les parturientes afin de diluer leurs souffrances en les abrutissant !

La subite histoire d’amour finale m’a semblée superflue, pas très crédible, et n’apporte pas grand-chose à l’ensemble (peut-être un clin d’œil à un autre combat de femmes par l’auteure).

Un livre écrit par Emma Donoghue avant la pandémie de covid-19, et qui nous rappelle douloureusement que l’Histoire se répète...

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Frog Music

1876: Blanche a quitté Paris pour un avenir meilleur dans le grand Ouest américain, cherchant fortune à San Francisco avec deux compagnons, anciens artistes du Cirque d'hiver.

Elle est devenue danseuse de bastringue (et bien plus si affinités), a mis sans état d'âme un fils en nourrice, et entretient par ses charmes tarifés de danseuse un brin putain, cet improbable ménage à trois.



Quand Jenny, jeune femme originale, chasseuse de grenouilles, clown androgyne et sauvage, apparait dans la vie de Blanche, l'amitié va bousculer la routine. Et l'équilibre "familial" précaire de la danseuse et de ses "macs" va voler en éclats, en un été de canicule, jusqu'au drame le plus extrême.



San Francisco post ruée vers l'or: plongée sordide dans les cloaques de la ville, ses bordels, ses salles de spectacles, ses trafics, ses "fermes à bébés", ses blanchisseries chinoises, ses immeubles de rapport de Chinatown et Downton.



Emma Donoghue ne nous épargne rien, on s'y croirait!

Cette lecture est édifiante, hyperréalisme, vivante et canaille!

S'appuyant sur des faits véridiques et une documentation unique, elle nous offre un roman puissant, une plongée dans un melting pot grouillant où étrangers et aventuriers pullulent, avec la chaleur étouffante de l'été 1876, l'épidémie de variole, la pestilence urbaine, la violence des rapports humains et l'émigration qui transforme une ville en plein essor.



Drame de la jalousie, concupiscence masculine et prostitution, statut de la femme dans ces temps de pionniers... Le décor est en place, odorant et musical de multiples airs de tout horizon. C'est palpitant, cinématographique.

Frog Music m'a maintenue captive, concentrée sur un montage littéraire original, mêlant les journées sans chronologie.

Une réussite!



Clin d'oeil de fin: la consommation des grenouilles jambes-rouges de Californie faillit provoquer l'extinction de la race à la fin du XIXe. Fin d'un mythe: les froggies ne sont pas simplement des français!
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Frog Music

San Francisco 1875.

Frog music est un roman qui parle d'amitié.

Celle de deux jeunes femmes, l'une danseuse dans un bordel, Blanche, l'autre, affublé d'un costume masculin et qui exerce le métier de "chasseuse de grenouilles", Jenny.

Une amitié ambigüe et éphémère, car Jenny est bientôt assassinée.

Blanche n'aura de cesse de faire arrêter et condamner les coupables dont elle croit connaître l'identité.

Un roman sur fond de pauvreté, de maladie (l'épidémie de variole qui ravagea la région), de violence...

Un roman où les mensonges et les trahisons se multiplient, où chacun vit de combines pour essayer de s'en sortir, allant jusqu'à se vendre parfois, où l'héroïne traine son mal être et un lourd secret.

Tiré d'un fait divers réel, Emma Donoghue nous livre un ouvrage où domine le drame, mais avec , parfois, heureusement quelques scènes plus légères.

Une narration rendue complexe par les aller-retours permanent entre passé et présent, une sensation de lenteur, de répétition également.

Etait-il nécessaire de saupoudrer son histoire de nombreux refrains, qui plus est, en anglais ?

Il y a des interrogations qui persistent, des points qui mériteraient un complément d'information pour donner plus de crédibilité au récit.

Au final, un roman dur, dans lequel la vie de l'époque est parfaitement restituée et où les personnages sont plus vrais que nature.

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Le Pavillon des combattantes

Dublin, automne 1918, la guerre n’est pas terminée et la Grippe espagnole tue sans répit ! Julia est infirmière en charge des femmes enceintes infectées par le virus. Nous l’accompagnons pendant 3 jours qui semblent interminables avec des moments plus horribles les uns que les autres, même pour nous lecteurs !



3 lits dans un réduit, peu de moyens, pas d’aide sauf une jeune bénévole, Birdie, envoyée par la religieuse veilleuse de nuit et quelques interventions du docteur Kathleen Lynn, recherchée par la police. Des brancardiers amers et gueules cassées, un frère muet depuis son retour des combats !



Un roman très prenant, touchant, passionnant et historiquement intéressant en décrivant les conditions des femmes dans un pays hautement croyant. Il était de notoriété que ne pas faire 12 enfants à son mari c’était ne pas l’aimer ! Les relations hors mariage étaient bien évidemment condamnées et les malheureuses qui se retrouvaient enceintes étaient mises dans des institutions qui les exploitaient et donnaient leurs enfants à l’adoption. L’Irlande n’avait toujours pas son indépendance et l’Angleterre continuait de régner malgré des révoltes, sévèrement réprimées.



Ce roman est le tableau d’une époque en Irlande avec son côté intime en accompagnant Julia pendant ces 3 jours. Les femmes y sont mises à l’honneur tout en montrant toutes les difficultés et la misère qui les accompagnaient.



Par contre j’ai trouvé hautement improbable le comportement de Birdie envers Julia ! Impossible qu’une orpheline qui n’a connu que des institutions religieuses puisse oser ! De plus je n’ai pas trouvé cette évolution utile ni nécessaire ! Ça m’a gâché le plaisir de la lecture et enlevé un peu de crédibilité ! Le grain de sable !



#LePavillondescombattantes #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2021



Lecture THEMATIQUE septembre 2021 : Première rencontre !
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Room

La nuit dernière j'ai fait un rêve. Je me suis retrouvé confiné dans un pub irlandais. Seul. J'aime bien me retrouver seul. Les portes restent closes, verrouillées de l'extérieur. Une lucarne, grise et sale, laisse rentrer quelques ondes lunaires. Les jours passent, les lunes défilent, des jours, des mois, des années. Personne à l'intérieur, à part Madame Tabouret, Monsieur Comptoir, Madame Miroir et Mesdemoiselles Pompes à bières que j'ai prénommé Miss Guinness, Miss Beamish et Miss O'Hara… J'aime bien monter Madame Tabouret. J'aime moins causer avec Madame Miroir, elle me renvoie un reflet peu flatteur. Je caresse souvent du regard Miss Beamish, discute avec Miss O'Hara, trempe mes lèvres dans Miss Guinness. de temps en temps, un vieux monsieur, grand méchant Liam ou Nick - j'ai déjà oublié son nom, me ramène des oeufs au bacon. La plupart du temps, j'ouvre la porte de Monsieur frigo pour prendre une bière ou deux, et je me rassois sur Madame Tabouret. Je finis ma journée en regardant Madame Vieille Télé, y'a toujours des rediffusions de matchs de foot ou des épisodes de Dora. Chipeur, arrête de chiper. Dora me fait voyager, exploratrice de l'autre monde ; alors je me lève pour aller gerber dans les toilettes. Mon expédition de la journée, des fois en courant, des fois en rampant. Je retourne face à Madame Miroir, pauvre type. Confiné dans un pub irlandais. Aurai-je la force d'en sortir, de m'échapper de cet univers qui dure depuis des lunes et des années...



Et puis je me réveille, tout en sueur, j'ai fait pipi au lit, je ne suis qu'un gosse... Ouf, j'avais peur de cette version cauchemardesque. Je sors de mon placard et mes yeux s'émerveillent à nouveau devant l'ampleur des 10m2 de ma chambre. Je me sens rassuré, surtout qu'il y a maman pour me protéger, jouer avec moi et me prendre dans ses bras. C'est Dimanche, grand méchant Nick viendra m'apporter un cadeau, pendant que je ferais semblant de dormir dans mon tiroir, pendant que j'entendrais les ressorts du lit chanter une mélodie, le souffle de grand méchant Nick les soupirs de maman en choeurs...



Je n'ai plus sommeil, je ne veux plus retomber dans cette vision cauchemardesque de ma vie... Laissez-moi sortir...
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Frog Music

Il y a des amitiés, qui comme ça, naissent au détour d'un coin de rue. C'est ce que Blanche et Jenny ont véçu, et c'est ce qui a changé leur vie.

Blanche , danseuse burlesque aux moeurs légères fait le rencontre inopinée de Jenny, femme extravertie et excentrique.

Blanche par son côté déluré va causer la perte de Jenny. Cette dernière aura tout fait pour que Blanche retrouve son fils qu'elle avait laissé en nourrice et pour qu'elle fasse enfin face à ses responsabilités de mère et de femme.

Mais l'amant et souteneur de Blanche ne verra pas cela d'un bon oeil.

Blanche fera son possible pour que le meurtre de son amie ne reste pas impuni.



Un livre sympathique, à l'écriture agréable. néanmoins, les trop nombreux extraits de chansons ont géné ma lecture. L'histoire, quant à elle, est intéressante, une belle leçon d'amitié, mais qui au final n'a rien de transcendant.

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