Emmanuel Pons :
Je viens de tuer ma femmeDans les salons de la Maison des étudiants
danois, de la Cité internationale universitaire de Paris,
Olivier Barrot s'entretient avec
Emmanuel Pons pour son
roman "
Je viens de tuer ma femme" (Editions Arléa). le personnage du livre, nommé
Emmanuel Pons, tue sa femme : l'auteur raconte la trame de cette histoire singulière mâtinée d'
humour noir.
+ Lire la suite
La mort, on y a tous droit un jour ou l'autre. Ce qui compte, c'est la manière dont on meurt. Avec ou sans souffrance, avec ou sans regret, avec ou sans surprise, avec ou sans personne. La mort c'est "avec" ou "sans", rien de plus.
"C'est bien, continue." Je parlais de l'image que tu te faisais d'elle et qui t'empêchait de la voir telle qu'elle était. Il en va de même pour toi. Si tu ne te tues pas tous les jours, tu ne vis jamais avec toi, mais avec celui que tu crois être. Tu t'accroches à des idées préconçues, à des principes qui te rassurent, jusqu'à ce que quelqu'un les contredise. Si ton esprit avait été vidé chaque matin au réveil, tu n'aurais jamais tué personne.
Ca me fait tout drole de me dire " j'ai tué ma femme ".
Ca sonne tellement roman noir ou mauvais film. C'est si commun dans les fictions. Alors qu'en vrai, c'est fort, c'est puissant.
Ca va au-dela des mots, au-dela de la joie; ca n'a pas de sens. C'est inoui : je l'ai fait. Moi, Moi ! Je l'ai fait !
Je suis propre. Ça me donne la fausse impression d'avoir les idées en place. Je ne suis pas dupe. J'avais pris une douche le jour où je me suis marié. Je fais systématiquement une ou deux grosses bêtises par an.
Elle était trop amoureuse pour me tromper. Pourtant, je ne jurerais de rien. La salope ! Elle a de la chance de ne pas pouvoir répondre.
Si j'apprends que ... Je la découpe, nom de Dieu, je la découpe !
L'art, c'est d'abord une nécessité intérieure, et, à ce titre, ta mort est ma plus belle oeuvre. La preuve ? C'est la seule que tu n'aies pas critiquée.