-Fils il y a deux catégories d'émigrants : ceux qui emmènent trop de bagages, ceux qui partent léger. A quelle classe appartiens-tu ?
- Mm
- Ceux qui emmènent trop de bagages pensent que, en se déplaçant, ils vont arranger les choses ; en réalité, pour eux, les choses ne s'arrangeront jamais. Pourquoi ? Parce que c'est eux le problème : Ils le transportent, le problème, ils lui font voir du pays, ils lui font prendre l'air, sans le résoudre ni l'affronter. Ces émigrants, ils bougent mais ils ne change pas. Inutile qu'ils s'éloignent, ils ne se quittent pas ; ils rateront leur vie ailleurs tout aussi magistralement qu'ici. Ce sont les mauvais émigrants, ceux qui déambulent chargés d'un passé de plusieurs tonnes, avec leurs dilemmes effleurés, leurs défauts niés, leurs déficiences masquées.
- Et les autres ?
- Ils voyagent léger parce qu'ils sont prêts, souples, adaptables, perfectibles. Eux sauront profiter d'une modification du paysage. Ce sont les bons migrants.