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Au programme :
Invités : Nicolas Tenzer, Directeur de la publication Desk Russie & spécialiste des questions internationales, Anne Genetet, Députée LREM des Français établis hors de France
Emmanuel Macron évoque une « réponse sans faiblesse »
Guerre en Ukraine : nul n'est prophète en son pays
Guerre en Ukraine : la dérive de Vladimir Poutine
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Quand on est élevé dans le secret des choses, on reproduit ce silence intimement, infiniment. Quand on a passé son temps à essayer de supporter le poids de ses souffrances, c'est très dur de trouver la force d'aimer. p. 152
Il faisait lourd, mais ma mère m’avait habillé comme pour la messe. Un pantalon noir, un pull qui piquait la peau, même à travers une chemise. Une vraie punition. Elle avait lacé mes souliers, toujours trop pressée pour me laisser les nouer seul. Je faisais les choses trop lentement ou trop vite. J’étais atone et bon à rien.
Julien cherche un nouvel éclat, une bousculade, une révolution, le truc qui le plaquera contre le mur et lui enverra un coup de poing dans la gueule. En attendant, il occupe son temps avec toutes sortes de distractions. Il fréquente les musées, ne rate aucun événement de la programmation du Centre Pompidou et du Grand Palais. Il aime son quartier, ses bistros, son boucher, son marché aux fleurs, sa voisine dingo, son canapé en velours vert, ses plantes, son kiosque à journaux et ses samedis après-midi en solo. Il se fond dans les battements de cœur de la ville, il marche des nuits entières dans Paris qui le fait renaître sans cesse, avec l’idée qu’une femme pourrait apparaître et lui demander son chemin.
Ses poèmes empruntés à Prendre corps de Ghérasim Luca qu’il me fait découvrir : « Tu me penses, je te extraordinaire, je te sueur, je te langue, tu me vertiges, je te tiramisu, je te risque, tu me sexes. »
Il y a des familles qui portent des mystères trop lourds pour s'aimer.
J'ai quitté la table et composé mon propre numéro. Une seule sonnerie suffisait. Si elle ne masquait pas ses appels, son numéro s'était affiché dans ma poche, sur l'écran de mon propre portable en mode silence. Un appel en absence de sa présence.
- Bon. Ce n'est pas grave. Tu... Ça va ? T'as une drôle de voix !
- Non, non. Tout va bien. Je me demande si j'ai jamais été aussi heureux de toute ma vie. Tu vois le genre ? J'ai parlé avec deux vaches dans le pré d'à côté toute à l'heure, depuis, elles sont complètement déprimées les pauvres, elles ne donneront plus une goutte de lait avant Noël. Tout va bien, je rayonne, j'te jure.
Rétrospectivement, j'avais le sentiment d'avoir manqué de tout. D'amour surtout, c'était comme si je ne l'avais pas connu. J'avais des doutes sur ma propre identité. J'étais incapable de savoir si j'allais bien ou mal. J'ignorais tout de moi, de la pluie, du beau temps, des ombres qui aveuglent et mettent des coups de pied au cul. Je ne savais pas que le langage est une matière brute, un diamant, que chaque mot que l'on prononce est la traduction de la pensée.
J'avais très envie de retrouver Giannina, mais j'avais surtout besoin d'être seul, pour me préparer à ce que j'imaginais être l'amour, le début d'une histoire d'amour.
Je souhaitais que chaque minute m'approche en douceur de la destination, une mission délicate dans les profondeurs de mes émotions. Je commençais à desserrer les cordes qui m'attachaient aux vieilles certitudes de ma vie d'ours polaire, je ne voulais pas rater une seule minute du spectacle.
À seize ans, j'avais imaginé cette ville mille fois en découvrant la chanson d'Yves Simon 'J'ai rêvé New York' : "Monsieur Gregory Corso, qu'est-ce que la puissance ? Rester debout au coin d'une rue et n'attendre personne..." Je l'avais écoutée pendant des mois. J'y avais trouvé la définition de la puissance, qui n'était rien d'autre que la clé pour devenir un homme : n'attendre personne.