La terre n'appartient pas aux hommes, l'homme appartient à la terre.
Dans les papyrus de l’Égypte ancienne, les larmes du dieu solaire Râ se transforment en abeilles en tombant sur le sol... et les tablettes à écrire sont faites de cire d'abeille. Sous le règne des pharaons de la Basse Égypte, l'abeille est le symbole du pays, et sur des peintures murales datant de 2600 ans avant J.C sont figurées des ruches en pot de terre -la première représentation d'abeilles hébergées par l'homme dans l'histoire de l'humanité.
Ce n'est pas un mince paradoxe que de constater que les abeilles vivent et prospèrent mieux dans les cités urbaines que dans l'espace naturel qui est, depuis les origines, le théâtre de leurs exploits. Ce paradoxe permet d'évaluer le désastre infligé à la nature par les poisons et les miasmes mortels d'une agriculture industrielle qu'il faudra bien reconnaître comme la plus grande catastrophe écologique de ce siècle. Probablement plus que toute autre espèce, l'abeille amie des fleurs, fécondatrice infatigable, pourvoyeuse de l'une des quintessences de la nature, est elle-même de nature éthérée, intendante de ce qu'il y a de plus subtil dans la chaîne du vivant, et donc absolument indispensable aux vivants que nous sommes.
Préface - Pierre Rabhi
Les abeilles ont été si célébrées par les naturalistes, tant anciens que modernes, on en a raconté tant de merveilles qu’on est généralement convaincu qu’elles sont, de tous les insectes et peut-être de tous les animaux, ceux à qui notre admiration est due à plus d’un titre. Nous découvrirons bien du faux dans le merveilleux dont on a voulu leur faire honneur. Le faux merveilleux qui leur a été attribué sera remplacé par du merveilleux réel qui a été ignoré.
Les bourdons, les papillons, les coléoptères, les mouches, les vint mille espèces d'abeilles dans le monde œuvrent tous à la pollinisation des fleurs mais les abeilles domestiques viennent au premier rang des transporteurs de pollen par leur nombre et leur ardeur au travail. Indissociables, abeilles et fleurs ont itssé au fil de millions d'années une relation mutuellement bénéfique, et leur évolution conjointe est en partie responsable de la diversité des espèces de plantes à fleurs que l'on connaît de nos jours. Quelques deux cent milles espèces de fleurs qualifiées de "mellitophiles" doivent à l'abeille leur pollinisation.