AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Eric Verhaeghe (63)


Sous couvert de mener de grandes réformes économiques libérales, une aristocratie a dévoyé notre régime démocratique et l’a capté à son profit. Le discours favorable à l’économie de marché a surtout servi à nous subordonner à ces aristocrates, pour qui les citoyens ne sont que des contribuables, des assujettis à l’impôt, comme on dit en finances publiques, ce qui ressemble fort aux sujets de l’Ancien Régime.

Cela ne signifie nullement que l’économie de marché est inexorablement vouée à se transformer en système aristocratique. Mieux réglementée, mieux organisée, elle garantirait une prospérité raisonnable à tous.

En revanche, les évolutions connues et choisies dans le monde industriel durant les trois dernières décennies sont allées dans un autre sens. Elles ont assis le pouvoir d’une élite financière sur l’ensemble de nos systèmes démocratiques, de telle sorte que cette élite s’enrichit massivement en phase de croissance positive, et fait rembourser ses pertes aux citoyens assujettis en phase de récession.
Commenter  J’apprécie          200
« Le Jardin à la française se situe forcément dans le prolongement du château ou vit la cour. Il est son espace d’agrément, de détente, et au besoin de polissonnerie. Son ordre exprime une conception de l’état, fondée sur une pensée organisatrice première qui pose un plan d’ensemble discernable d’un seul coup d’œil, et partant contrôlable d’une seul geste. Les buissons y sont rares, n’y sont tolérés que pour dissimuler les plaisirs des maîtres.

Les esprits ingénus s’amuseront à voir, par exemple, dans le régime chômage des intermittents du spectacle, l’un de ces buissons ou les danseuses du pouvoir peuvent trouver quelque récréation lucrative. L’intervention récente de Manuel Valls dans le jeu, destinée à protéger un régime que les partenaires sociaux voulaient affaiblir, a prouvé que dans notre sainte V République, un Premier ministre marié à une violoniste et un président de la République dont la favorite est comédienne, peuvent tordre les principes généraux de la démocratie sociale pour satisfaire leurs plaisirs particuliers. De ce point de vue, le jardin à la Française assure bien la continuité d’une compréhension aristocratique de l’espace public en France. »
Commenter  J’apprécie          170
FUIR ou VAINCRE.

La France ne devrait pas être un pays que l’on doit quitter pour s’épanouir. L’un de ces pays d’émigration que fuient nos forces vives, parce que l’existence qu’il leur laisse entrevoir n’est pas digne d’elles. Et pourtant, c’est ce que devient ce pays, jour après jour, sans que nous n’y prenions garde.
Commenter  J’apprécie          170
Il m’a semblé important de tendre la main à ceux qui, aujourd’hui, n’osent pas forcément avouer leur dissidence avec un système dominé par une chape de plomb idéologique: que ceux-là comprennent que leur parcours fut le mien. Jour après jour, nous engrangeons tous des constats, des réflexions, qui nous conduisent à penser que quelque chose ne tourne pas rond dans nos régimes. Avoir le courage de l’avouer, puis de le dire, ne coule pas de source. Cette étape nous condamne souvent à endosser le regard réprobateur de l’opinion.

Je le redis, ce courage-là est important, à mon sens, pour l’avenir de notre système républicain.
Commenter  J’apprécie          120
Je connais peu de Français qui se retrouvent dans le fonctionnement actuel de notre société. Chacun perçoit, même obscurément, que la république de notre enfance n’est plus faite pour tous, qu’elle obéit moins que jamais à des objectifs d’intérêt général. Son sens s’est perdu pour servir d’autres intérêts que ceux du peuple.

C’est précisément contre les risques d’une perception obscure de tout cela qu’il m’a paru indispensable d’écrire ce livre. De toutes parts, même dans des milieux aisés traditionnellement attachés à notre ordre social, j’entends se murmurer un fond de «Tous pourris!» qui est extrêmement dangereux pour la démocratie. Il existe aujourd’hui une montée de l’antiparlementarisme et une désaffection pour la république telle qu’elle est devenue.
Commenter  J’apprécie          70
P146: "La cupidité est devenue une règle générale au sein de nos sociétés, et les valeurs collectives sortent ruinées de cette évolution. L'appât du gain justifie toutes les transgressions, surtout quand l'exemple des pires truanderies est donné par l'élite elle-même." "L'ordre qui se construit autour de ces vices est de moins en moins accepté, de plus en plus contesté, en partie parce qu'il renforce des rentes de situation dans les couches supérieures de la société, et qu'il réduit les perspectives d'amélioration des conditions de vie par le travail.
L'inflation législative est une réponse à ce malaise dans la société. L'État légifère pour maintenir un semblant de cohésion et d'ordre dans une société de plus en plus contestée, dont les rapports se judiciarisent chaque jour un peu plus."

Commenter  J’apprécie          70
[…] pour conserver un héritage qu’elle [la technostructure] trahit en toute bonne conscience : elle veut le pouvoir dans la Nation, mais elle ne veut plus de ces turbulentes valeurs démocratiques où des manants pouvaient, à la force de l’intelligence, sortir de leur condition et prétendre eux aussi occuper les rangs du pouvoir. (p. 13)
Commenter  J’apprécie          60
[…] l’invention de la branche vieillesse constitue probablement l’exemple le plus remarquable de la spoliation et de la prolétarisation asymptotique dont les classes moyennes ont été victimes au nom de la solidarité, de la protection contre le risque et autres mots gorgés de bonnes intentions et pavés de mauvaises réalisations. D’emblée – ou presque – déficitaire, rappelons-le, le régime général inventé en 1941 par le gouvernement de Vichy et élevé au pinacle par le CNR, défendu depuis avec acharnement par tout ce que la gauche de la gauche comporte d’idéologues de la révolution en chambre ou en cabinet, s’est transformé en immense piège pour tous les salariés ou indépendants qui ont cherché à gravir les échelons de la société.
(p. 157)
Commenter  J’apprécie          50
P143: Média et consentement du peuple
"Le fait que l'aristocratie investisse massivement dans la presse est une preuve forte que sa stratégie repose sur le consentement. Tous les grands quotidiens français sont aujourd'hui la propriété de membres de cette élite, qui ont besoin de ces organes légitimes pour diffuser leurs opinions et travailler jour après jour les esprits afin de les convaincre de la fatalité de l'ordre qu'ils imposent à tous. Que l'économie de marché est rationnelle, que la mondialisation oblige à réduire les coûts du travail, que le bouclier fiscal se justifie par des raisons scientifiques, toutes ces vérités sont assénées explicitement ou non, répétées inlassablement par des médias aux ordres de propriétaires qui ont intérêt à l'érection de ces opinions en vérités indépassables. Par cette propagation idéologique extrêmement organisée, l'homme de la rue est ainsi encadré pour ne décoder son environnement social autrement que par le prisme des intérêts aristocratiques."
Commenter  J’apprécie          50
P181: "La publication de la rémunération des dirigeants, dans sa totalité, auprès de ses salariés, oblige en effet à penser autrement l'ensemble des politiques d'une entreprise. Elle oblige le dirigeant à justifier auprès de ses collaborateurs les raisons pour lesquelles il s'octroie des augmentations indues, sans lien avec son apport propre à la prospérité collective, lorsque ce cas se produit. En outre, elle contraint les employeurs à ne rien cacher sur la façon dont ils conçoivent la rémunération du travail."

Commenter  J’apprécie          40
P61: "D'un côté les plus pauvres ne disposent pas de revenus qui leur permettent de vivre sans subvention extérieure. D'un autre côté, l'écart entre une minorité de revenus élevés et le reste de la population s'accroît, en faisant peser sur les classes moyennes l'essentiel de la solidarité vis-à-vis des plus pauvres."
Commenter  J’apprécie          30
P58: "La croissance n'est qu'une convention comptable pour faire la somme de la production marchande d'une année dans un pays. Pour être exact, la croissance est la somme des salaires, des impôts sur la production et l'importation, et des excédents bruts d'exploitation."
Commenter  J’apprécie          30
C’en serait fini, donc, de ces milliers de postes d’administrateurs [de la Sécu] distribués comme autant de bâtons de maréchaux par les fédérations syndicales, de ces millions d’heures de décharge syndicale financées par l’assuré social (à son insu) grâce auxquelles des militants échappent à l’usine, au si ennuyeux militantisme en entreprise, pour plastronner sous les lambris de la République, espérant l’un obtenir une médaille, l’autre un poste encore plus élevé dans la hiérarchie de la confédération.
(p. 73)
Commenter  J’apprécie          20
[…] lorsque le gouvernement décide […] d’exonérer les salaires jusqu’à 1,6 SMIC de différentes charges sociales et que la perte de recettes est compensée par l’impôt majoritairement payé par les classes moyennes, il devient évident que la Sécurité sociale prend un tout autre sens pour la société française. Elle se transforme ipso facto en opération de nivellement consistant à demander aux classes moyennes de sacrifier les quelques avantages qu’elles ont grappillés pour apporter une solidarité de plus en plus importante à une part de la population qui participe de moins en moins au financement de ces prestations.
[…] il vaut mieux occuper un emploi intermédiaire moyennement ou mal payé, mais peu chronophage et complété par des allocations, qu’un emploi de maîtrise ou d’encadrement soumis à une forte pression de résultat et générateur à la fois d’une imposition socio-fiscale plus forte et d’une limitation dans les accès aux prestations sociales.
(p. 44-45)
Commenter  J’apprécie          20
L'Assurance maladie dépense 55 milliards d'euros - 60 % de 90 milliards - en prise en charge complète pour les retraités. C'est l'équivalent du budget de l'Éducation nationale ... L'effort de la Nation pour préparer l'avenir et la jeunesse au monde des adultes est aussi coûteux que l'effort de la Nation pour soigner les maladies les plus graves des plus âgés.
En ce sens, l'Assurance maladie en France organise un curieux transfert de richesses, sur lequel nous reviendrons, entre les salariés qui utilisent peu le système, et les plus âgés qui en sont les principaux consommateurs. Cette étrangeté est aggravée par le mode de financement de la santé en France : pour quelle raison est-ce le salaire qui est appelé à contribuer à un système qui profite, pour l'essentiel, à des non-salariés ? La fiscalisation des recettes de l'Assurance maladie paraîtrait ici tout à fait logique, dans la mesure où elle permettrait de diminuer fortement les charges qui pèsent sur le travail tout en introduisant un important rééquilibrage égalitaire. L'impôt serait en effet payé par tout le monde, et il impacterait donc, de façon proportionnelle, le revenu des retraités autant que celui des actifs. C'est le meilleur moyen de faire payer les retraités les plus aisés pour leur santé.
Commenter  J’apprécie          20
P33: Exemples de Zara et Apple
" L'astuce consiste à ne jamais réapprovisionner les rayons: les clients qui n'ont pas acheté le modèle pendant le mois où il était vendu ne peuvent jamais le retrouver par la suite. Cette technique de rotation rapide des stocks pousse à l'achat immédiat et favorise un engouement collectif.
La société Apple a adapté cette technique au secteur de l'informatique. La commercialisation de l'Iphone, puis de l'Ipad, s'est déroulée sur le même schéma que la mode vestimentaire."
Commenter  J’apprécie          20
[…] pour beaucoup de Français, étatisation signifie déresponsabilisation : c’est l’Etat qui paie, c’est-à-dire personne, ou alors une étrange machine à dette que l’on ne rembourse jamais. Jusqu’au jour où la machine s’arrêtera et ou nous devrons revenir à la réalité des prix.
(p.1 56)
Commenter  J’apprécie          10
[…] lorsque l’Etat ne pourra plus le gérer [le désordre régnant dans un grand nombre d’hôpitaux –notamment du fait des 35 heures - ] par un recours systématique à la dette – notamment sous la pression de l’Allemagne - , le réveil pour les Français n’en sera que plus douloureux. L’Etat montrera alors son vrai visage : celui d’un prestataire de services monopolistique très peu attentif à la satisfaction de ses clients appelés contribuables.
(p. 154-155)
Commenter  J’apprécie          10
Le placement sous statut public de ces personnels [hospitaliers] a constitué, pour la Sécurité sociale, une catastrophe majeure. […]
Dans la liste des chocs subis figurent en tout premier lieu les « 35 heures » dont le coût financier et social est considérable pour l’hôpital. […]
Les jours de repos compensateur cumulés dans les hôpitaux publics depuis 2007 équivalent donc à 15000 postes annuels environ. Ce chiffre permet à lui seul de mesurer la folie que constitue la fonctionnarisation des personnels hospitaliers en 1986 : ce choix a inauguré une longue série de dérapages dont l’assuré et le patient sont les principales victimes.
(p. 149)
Commenter  J’apprécie          10
Mais l’Etat, en 1986, persévérait dans la logique de nationalisation de la santé entamée en 1945. Avec la création d’une fonction publique hospitalière, il franchissait une nouvelle étape qui lui permettait de reprendre à son compte la fonction longtemps dévolue à l’Eglise de « producteur de soins ». Le statut des personnels hospitaliers permettait enfin de contrebalancer puissamment les légions de médecins de ville qui font la dépense sans obéir directement à l’Etat. Avec près d’1 millions de salariés, tout à coup, le ministère de la Santé devenait aussi puissant que l’Armée rouge ou l’Education nationale.
(p. 148)
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Eric Verhaeghe (28)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur le roi Arthur

Qui est Arthur

Un roi
Un prince
Un super hero
Un mendiant

3 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Le roi Arthur de Michael MorpurgoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}