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3.93/5 (sur 114 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Hambourg , 1878
Mort(e) à : Armsfeld , le 04/05/1957
Biographie :

Erich Scheurmann a été à la fois peintre, écrivain et conteur. En 1903, il part s'installer sur les bords du Bodensee, où il fait la rencontre de Hermann Hesse.

Peu de temps avant le début de la Première Guerre mondiale, il se rend à Samoa. Profondément imprégné de la civilisation polynésienne, nous lui devons de nombreuses photographies de l'île.

Au printemps de 1915, il gagne les États-Unis, et rejoint l'Allemagne avant la fin de la guerre. Son livre Le Papalagui est paru en 1920 en Allemagne, mais il aura fallu attendre le début des années 80 pour qu'il paraisse en français.

Il est aujourd'hui traduit en une quinzaine de langues et vendu à des millions d'exemplaires. Il fut cependant avéré, plus de 80 ans après sa parution, que ce recueil de pensées n'est que l'interprétation par Scheurmann des propos du chef de tribu. Scheurmann a imaginé le voyage du chef en Europe et a structuré le propos afin de le rendre accessible au public européen et de lui donner une force critique plus importante.
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Quand l'homme a besoin de beaucoup de choses, il est dans une grande pauvreté, car il prouve en cela qu'il est démuni des choses du Grand-Esprit. Le Papalagui est pauvre parce qu'il est possédé par les objets. Il ne peut pas vivre sans les objets....
.... Vous savez, mes frères, que je ne vous mens pas et que je vous dis tout comme je l'ai vraiment observé, sans en rajouter ni en enlever. Eh bien, croyez-moi, il y a en Europe des hommes qui posent le tube à feu sur leur propre front et se tuent, parce qu'ils préfèrent ne pas vivre plutôt que vivre sans les objets. Le Papalagui saoule son esprit de multiples façons, ainsi, il se fait même croire qu'il ne pourrait pas survivre sans les choses, comme un homme ne peut pas survivre sans manger !
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Le Papalagui est toujours insatisfait, et il accuse le Grand-Esprit de ne pas lui avoir fait don de plus de temps. Il insulte la grande sagesse divine en divisant et subdivisant chaque jour nouveau d'après un plan bien précis. Il le découpe comme on découpe en quatre une noix de coco avec une machette. Chaque part a son nom : seconde, minute, heure. La seconde est plus petite que la minute, celle-ci plus petite que l'heure, toutes ensemble font les heures, et il faut avoir soixante minutes pour faire une heure et encore bien plus de secondes avant d'en avoir pour une heure.
C'est une chose embrouillée que je n'ai jamais complètement comprise, parce que cela m'ennuie de réfléchir plus longtemps que nécessaire à des choses aussi puériles...
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Aimons nos coutumes généreuses, elles disent le mépris de l'homme qui exige quelque chose en échange de son hospitalité ou réclame un "alofa" (cadeau) quand il propose un fruit. Aimons nos coutumes qui ne permettent pas qu'un homme ait plus de choses qu'un autre, encore moins que l'un ait vraiment beaucoup et l'autre absolument rien. Grâce à elles, notre coeur ne devient pas comme celui du Papalagui qui peut être heureux et gai même si près de lui son frère est triste et malheureux.
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Le Papalagui n'a jamais encore tissé un pagne aussi fin que celui que Dieu tisse dans chaque toile d'araignée, il n'a jamais fait une machine aussi fine et ingénieuse que la petite fourmi des sables, qui vit dans notre hutte. Je vous ai dit que le Blanc volait jusqu'aux nuages comme un oiseau. Mais le grand goéland vole plus haut et plus vite que l'homme et par toutes les tempêtes, et ses ailes sortent de son corps, alors que les ailes du Papalagui sont une imitation et peuvent tomber et se briser facilement.
Toutes les merveilles du Papalagui ont une imperfection cachée, elles ont toujours besoin de leur gardien et de leur conducteur. Et chacune renferme une malédiction secrète. Car si les puissantes mains des machines fabriquent tout, elles dévorent aussi l'amour par leur travail, cet amour que contient chaque objet que nos propres mains ont fait. Quelle valeur aurait pour moi une massue ou pirogue taillée par une machine ? Ce ne serait qu'une création pâle et froide qui ne dit rien du travail fourmi, ne sourit pas quand elle est terminée et ne peut être montrée à son père et à sa mère pour les réjouir.
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Un Samoan intelligent étend ses membres sous la chaude lumière et ne pense à rien. Il ne prend pas seulement le soleil avec la tête, mais aussi avec les mains, les pieds, les cuisses, le ventre et tous les membres. Il laisse sa peau et ses membres penser pour lui. Et ils pensent certainement aussi, même si c’est d’une autre façon que la tête. Mais pour le Papalagui l’habitude de penser est souvent sur le chemin comme un gros bloc de lave dont il ne peut se débarrasser. Il pense à des choses gaies, mais n’en rit pas, à des choses tristes, mais n’en pleure pas. Il a faim, mais ne prend pas de taro ni de palousami. C’est un homme dont les sens vivent en conflit avec l’esprit, un homme divisé en deux parties.
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Et parce que les corps des femmes et des jeunes filles sont si fortement recouverts, les hommes et les adolescents ressentent un grand désir de voir leur chair, comme c’est naturel en effet. Ils y pensent jour et nuit et parlent beaucoup des formes du corps des femmes et des filles, et toujours comme si ce qui est beau et naturel était un grand péché et ne pouvait arriver que dans l’ombre obscure. S’ils laissaient voir ouvertement la chair, ils s’adonneraient à d’autres pensées, leurs yeux ne loucheraient pas et leurs bouches ne diraient pas de mots libidineux quand ils rencontrent une jeune fille.
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Mais aux pays des Blancs, il n’est pas possible de vivre sans argent du lever au coucher du soleil, même pas une seule fois. Sans argent du tout, tu ne pourrais pas apaiser ta faim ni ta soif, tu ne trouverais pas de natte pour la nuit. On te mettrait au fadé poui poui (prison) et on clamerait ton nom dans les nombreux papiers (journaux) parce que tu n’aurais pas d’argent. Tu dois payer, ça veut dire donner de l’argent, pour le sol où tu te promènes, pour l’emplacement où se trouve ta hutte, pour ta natte de nuit, pour la lumière qui éclaire ta hutte. Et pour avoir le droit d’abattre un pigeon ou de plonger ton corps dans le fleuve. Si tu veux te rendre là où les hommes ont du plaisir, où ils chantent et dansent, ou si tu veux demander un conseil à ton frère, il faut que tu remettes beaucoup de métal rond et de papier lourd… Et il te faut même payer pour naître et pour mourir, pour donner ton corps à la terre et pour la grande pierre que l’on roule sur ta tombe en mémoire de toi.

Je n’ai trouvé qu’une chose pour laquelle en Europe, on ne prélève pas encore d’argent, une chose que chacun peut commander comme il veut : l’aspiration de l’air. Pourtant, je croirais presque que ce n’est qu’un oubli, et je ne suis pas loin d’affirmer que si on pouvait entendre mes paroles en Europe, on prélèverait aussitôt le métal rond et le papier lourd aussi pour cette action-là. Parce que tous les Européens cherchent toujours de nouvelles raisons de réclamer de l’argent. Sans argent en Europe, tu es un homme sans tête, un homme sans membres. Tu n’es rien.
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Frères, que pensez-vous d’un homme possédant une hutte assez grande pour y loger tout un village de Samoa et qui, ne serait-ce que pour une nuit, refuse son toit au voyageur qui passe ? Que pensez vous d’un homme tenant dans ses mains un régime de bananes et qui n’en donne pas une seule à l’affamé qui lui demande ? Je lis l’indignation dans votre regard et je vois un grand mépris sur vos lèvre. Et bien c’est ainsi que le Papalagui se comporte à tout instant. Même s’il a cent nattes, il n’en donnera pas une seule à celui qui n’en a pas. Il lui reprochera plutôt de ne pas en avoir. Il a beau posséder une hutte remplie de haut en bas provisions suffisant pour des années à lui et à son aïga (famille), il ne lui vient pas à l’idée d’aller chercher ceux qui son blêmes et affamés. Et il y a pourtant beaucoup de Papalagui blêmes et affamés.
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Un Samoan intelligent étend ses membres sous la chaude lumière et ne pense à rien. Il ne prend pas seulement le soleil avec la tête, mais aussi avec les mains, les pieds, les cuisses, le ventre et tous les membres. Il laisse sa peau et ses membres penser pour lui.
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Le journal est aussi une sorte de machine qui fabrique quotidiennement quantité de pensées nouvelles, beaucoup plus que ce qui peut émerger dans une seule tête. Mais la plupart de ces pensées sont faibles et ternes, elles remplissent bien notre tête de beaucoup de provisions, mais ne la rendent pas plus forte. Nous pourrions tout aussi bien remplis notre tête de sable. Le Papalagui bourre sa tête de nourriture inutile des papiers. Avant d'avoir pu rejeter une bouchée, il en reprend déjà une nouvelle.
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