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Critiques de Erik Larson (259)
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Dans le jardin de la bête

Ce livre impressionne par la masse de recherches bibliographique et archivistique qu'a compulsé l'auteur afin de proposer un récit d'une rigueur sans faille sur une période absolument passionnante de l'Histoire : les premières années du régime totalitaire nazie, la mainmise de Hitler sur l'appareil d'Etat allemand une fois qu'il est nommé chancelier le 30 janvier 1933 et la mise au pas progressive de la population.



Erik Larson a choisi de façon très judicieuse sur une double narration, à travers le regard de deux Américains sur l' Allemagne nazie, des personnages ayant réellement existé comme toutes les figures historiques qu'il convoque, petites ou grandes.



William E.Dodd, professeur d'histoire dans une université américain, fervent admirateur de Wilson, se retrouve par défaut nommé par Roosevelt ambassadeur des Etats-Unis à Berlin en 1933. Complètement novice en us et coutumes diplomatiques, il fait montre d'une clairvoyance folle pour l'époque, ne cessant d'alerter sur la nature criminelle de l'Etat hitlérien, jamais entendu dans une Amérique pacifiste et isolationniste qui préfère fermer les yeux sur les exactions antisémites qui se multiplient. Il pressent les drames à venir de la 2GM alors que personne ne veut voir.



L'autre personnage est sa fille, Martha, au parcours fascinant : politiquement vierge lorsqu'elle débarque à Berlin bien décidée à s'amuser, apparaissant d'abord comme complètement frivole , accumulant les amants nazis comme Rudolph Dies ( premier chef de la gestapo ) son enthousiasme pour le IIIème Reich déclinera au contact d'un grand amour, le diplomate et espion soviétique Boris Winogradov. Elle est même été présentée à Hitler en quête d'une compagne, passage savoureusement décrit ! Durant la guerre froide, elle sera agent des services secrets de l'URSS et finira sa vie en 1990 à Prague.



Tout est vrai dans les événements narrés, pas une once de roman, jamais l'auteur ne s'octroie le droit de prêter à ces personnages une psychologie supposée. Quand ils expriment leurs pensées, c'est au travers d'extraits de lettres ou de mémoires mis entre guillemets.



Même si ce livre se lit plus comme une sorte de thriller dont on connaitrait la fin, plutôt que comme un livre d'histoire universitaire à proprement parler, il reste très dense et exigeant, chaque page bruisse de mille détails, de références, d'annotations qui demandent tout de même une réelle concentration. Je lis beaucoup d'ouvrages historiques de type universitaires pour mon travail, je les lis en connaissance de cause, mais là, je m'attendais à quelque chose de plus « romancé », les dialogues m'ont manqué, il n'y en a aucun, jugés par l'auteur sans doute pas assez objectifs.



Mis à part cette réserve très personnelle, cet ouvrage n'est jamais roboratif et apporte un éclairage passionnant sur cette période 1933-34 extrêmement riche ( incendie du Reichstag, Nuits de Longs couteaux entre autres ). On comprend mieux comment les démocraties, Etats-Unis en tête ont pu être aveugles à ce point sur la nature du régime hitlérien. Surtout, cet ouvrage rend intelligible la passivité des Allemands, indifférents devant les exactions commises, notamment antisémites, leur empressement à accepter chaque nouveau décret liberticide ou répressif, ne protestant jamais et ne s'indignant de rien.
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La splendeur et l'infamie

La splendeur et l'infamie est un gros plan sur l'action de Winston Churchill du 10 mai 1940 au 10 mai 1941.

365 jours à raison de 2 pages par jour en moyenne … à ce rythme une biographie du nonagénaire alignerait 70 000 pages … C'est dire que cet ouvrage est tout sauf une biographie et qu'il faut lire et relire François Kersaudy pour tout savoir du Prime Minister.

Mais Erik Larson se focalise sur l'année qui voit l'Empire Britannique se retrouver seul contre l'axe, seul à défendre la civilisation, la démocratie, la liberté. L'année où Churchill entre dans l'histoire.

Le 10 mai 1940 la Wehrmacht passe à l'offensive et envahit la Belgique, la France et les Pays Bas ; le même jour le Roi Georges VI nomme Winston Churchill au 10 Downing Street.

Le 22 juin, la France signe un armistice et le Royaume Uni se trouve seul face à l'axe. Les difficultés, les drames, les échecs se succèdent (Mers-El-Kébir, Dakar, la Grèce) et la Bataille d'Angleterre meurtrit le Royaume.

Mais le 21 juin 1941, Hitler attaque à l'est et le 7 décembre c'est Pearl Harbor … les USA et l'URSS entrent en guerre … Roosevelt et Staline se retrouvent aux cotés de Churchill.

Entre temps non seulement les Anglais ont tenu, le parlement et les médias soutenu la ténacité du premier ministre, mais celui-ci a convaincu l'Amérique de quitter son isolationnisme et de prêter des armements au Royaume Uni.

Erik Larson peint heure par heure ce contexte et révèle les influences et actions des Churchill (son épouse Clémentine, leur fille Mary, leur fils Randolph et son épouse Pamela), de John Colville son secrétaire, de Lord Beaverbrook qui mobilise l'industrie aéronautique et militaire, du professeur Frederick Lindemann son conseiller scientifique, des Américains Harry Hopkins et Averell Harriman (conquis par Pamela).

C'est passionnant, dramatique (le blitz), drôle (la baignoire), enfantin (Winston jouant au train électrique), glorieux.

La splendeur et l'infamie enseigne que l'histoire est écrite par les hommes et les femmes, au prix « du sang, du labeur, des larmes et de la sueur » et rappelle ce que nous devons à Winston Churchill et aux anglais.

« Jamais tant de gens n'ont dû autant à si peu ».



PS : pour lire et relire François Kersaudy :

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Dans le jardin de la bête

S'il y a de nombreux textes montrant l'Allemagne nazie des Années 30 au travers d'évocation et d'émotions, il y en a nettement moins qui apportent analyse et explications. C'est ce que fait admirablement 'Dans le jardin de la bête', le document écrit par Erik Larsson à partir de courriers, archives et journaux intimes, notamment ceux de l'ambassadeur américain Dodd et de son entourage.



Dodd est un universitaire un peu frustré et poussiéreux en 1933, lorsque Roosevelt l'envoie à Berlin représenter les États-Unis, dans le but de préserver la paix et d'obtenir le paiement des dettes allemandes. Au départ, le décalage est donc complet entre l'ampleur de la mission et l'envergure de l'homme, intelligent mais sans panache, obsédé par la maîtrise des dépenses de son ambassade et la monographie du Vieux Sud qu'il écrit. D'autant plus qu'il emmène avec lui toute sa famille, comme pour des vacances, et donc sa fille Martha, frivole et avant tout préoccupée par ses fêtes, ses amants et ses soupirants... Tous les deux, père et fille, sont vaguement antisémites et d'abord très favorablement impressionnés par ce qu'ils appellent 'l'Allemagne Nouvelle'.



Jusqu'à ce qu'ils soient forcés de voir la réalité des choses, la folie belliqueuse et meurtrière des dirigeants nazis, la paralysie des démocraties et de la diplomatie, l'endoctrinement des masses, et qu'ils deviennent à leur façon des héros ordinaires. Lui en alertant inlassablement ses supérieurs aux États-Unis et en enchaînant les petites démonstrations de courage et de résistance. Elle en se rapprochant des soviétiques et en aidant ses amis en danger.



Plus encore que leur histoire, le livre raconte ce qu'était l'Allemagne à cette époque sombre, et nous permet de mieux comprendre. Il rappelle la Nuit des Longs Couteaux, les manœuvres de Hitler pour installer la dictature, ses relations avec sa 'chauffeurska' ou ses lieutenants psychopathes occupés à s'entretuer quand ils ne tuaient pas les Juifs ou les opposants, les organisations militaires et paramilitaires : Gestapo, SS, SA, Armée..., la mise au pas de la population à coups de slogans, de saluts, de défilés et de dénonciations. C'est d'autant plus effrayant que c'est vrai.



Bref, 'Dans le jardin de la bête' me semble intéressant et indispensable, pour comprendre et ne pas oublier. Toutefois, 'Dans le jardin de la bête', je suis contente de ne pas y être...
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Dans le jardin de la bête



Passionnée par la Seconde Guerre mondiale, j’ai accepté avec enthousiasme la proposition de Babelio de m’envoyer cet ouvrage d’Erik Larson. Je m’attendais à recevoir un roman, d’ailleurs la couverture parle de thriller politique. En fait, il s’agit d’un récit basé essentiellement sur les notes personnelles et diplomatiques de William Dodd, ambassadeur des Etats-Unis à Berlin de juillet 1933 à décembre 1937 et sur les journaux intimes de sa fille Martha. Plus d’une cinquantaine d’autres documents historiques ainsi que des romans ont été lus et compulsés par l’auteur afin de rendre une vérité historique totale.



Journaliste, Erik Larson a réalisé un vrai travail d’historien ici, comparant, recoupant, confrontant les documents et vérifiant les sources qu’il cite d’ailleurs avec minutie tout au long du récit. Il lui aura fallu trois ans pour nous présenter ce témoignage exceptionnel qui se lit comme un roman. Il nous emporte au cœur de Berlin et nous montre la ville et les événements qui s’y déroulent avec l’œil d’un Américain démocrate et débonnaire, enclin à croire en la bonté de l’homme et désireux de ne pas offenser son hôte, l’Allemagne. Imprégné aussi d’un antisémitisme primaire courant aux Etats-Unis à l’époque.

Professeur d’histoire de formation, il ne croit pas aux rumeurs, a besoin de confirmation et de faits tangibles pour accorder du crédit à ce qu’on lui rapporte. (Il est aussi nourri de clichés). Dès son arrivée, « il considère son rôle d’ambassadeur davantage comme celui d’un observateur et d’un rapporteur. Il croyait que par la raison et l’exemple, il serait capable d’exercer une influence modératrice sur Hitler et son gouvernement et en même temps, d’aider à pousser les Etats-Unis à sortir de leur isolationnisme vers un plus grand engagement sur la scène internationale. » En toutes circonstances, il se voudra objectif mais manquera souvent de diplomatie. Refusant l’ingérence, Dodd cherchera longtemps à préserver des relations cordiales avec la nation allemande pour laquelle il a beaucoup d’affection.

A ses côtés, le consul George Messersmith est beaucoup plus radical et affolé. Il envoie de longs et fréquents rapports au Département d’Etat pour se plaindre des mauvais traitements dont sont victimes les Américains afin de le faire réagir officiellement. Mais la seule chose qui inquiète vraiment les hauts fonctonnaires, c’est le remboursement de la dette !



Cependant, Dodd n’est pas aveugle et au fil du temps, se rend compte que la montée au pouvoir d’Hitler présage de jours sombres. Les termes qu’ils emploient dans ses écrits sont assez explicites. Un de ses discours lors d’un diner rassemblant des patrons d’entreprise libéraux restera d’ailleurs dans les annales. Mais toujours, il voudra croire en une rédemption possible, en une paix à préserver à tout prix.



De son côté, sa fille Martha, insouciante et délurée, ne pense qu’à s’amuser, à sortir et à goûter aux beautés de la ville. Intelligente, ouverte, vive, elle se fait de nombreux amis, de toutes nationalités et aura également de nombreux amants. Le récit de ses soirées, sorties culturelles et discussions nous font vivre un Berlin cosmopolite, au milieu du gratin de la nouvelle société berlinoise dynamique ou des correspondants de presse et diplomates de tout horizon et de toute idéologie. Elle aimait sortir dans les cafés du vieux Berlin, pas encore « normalisés » et historiquement riches. Les deux visions de la ville et de la vie quotidienne (celle de Dodd et celle de Martha) sont d’une complémentarité idéale pour bien cerner la complexité de la situation politique, économique et sociale de l’époque.



La nuit des Longs Couteaux du 29 au 30 juin 1934 montrera enfin le vrai visage de la Bête. Dodd comprendra alors que les jeux sont faits et qu’il est trop tard.



Vous l’aurez compris, cet ouvrage m’a passionnée. Il est essentiel pour aider à la compréhension de la « passivité » des Allemands et des nations alliées lors de la lente et minutieuse ascension d’Hitler au pouvoir. Pourquoi les Etats-Unis ont-ils laissé faire ? C’est la question que tous se posent encore aujourd’hui.

A travers le climat politique de l’époque, les enjeux économiques, nationaux et internationaux, l’ordre et la méthode mis en place par Hitler (et ses troupes) pour asseoir son pouvoir à tous les niveaux et les promesses d’un avenir meilleur qu’il semble mettre en place, on comprend mieux l’aveuglement de certains, la non réactivités des autres et la peur paralysante qui empêcha d’agir les hommes de bien.



Un récit exceptionnel et de grande valeur à lire absolument.

Merci Babelio !!
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Dans le jardin de la bête

« Dans le jardin de la bête » est l’histoire vraie de William E. Dodd, universitaire américain et ami de Roosevelt, nommé ambassadeur des Etats-Unis en 1933 à Berlin. Hitler vient d’être nommé chancelier d’Allemagne. Les chemises brunes des SA de Röhm sèment la terreur sous prétexte d’établir un ordre aryen. Himmler, Göring, Goebbels et d’autres sympathisants au parti national-socialiste intriguent pendant que toute la diplomatie européenne et américaine mange des petits-fours et boit du champagne.

« Pour Dodd, diplomate par accident et non par tempérament, tous ces évènements (la nuit des longs couteaux, la nuit de cristal) étaient effroyables. C’était un chercheur et un démocrate de l’école de Jefferson, un homme rural qui aimait l’histoire et la vieille Allemagne où il avait étudié dans sa jeunesse ».

Le roman historique et très largement et précisément documenté d’Erik Larson est un témoignage riche sur cette période où le monde était sur le point de basculer dans l’horreur et où les gouvernements français, anglais et américains effrayés par le risque d’une nouvelle guerre mondiale, refusaient de reconnaitre l’évidence du chaos qui allait suivre. L’antisémitisme s’était répandu comme la peste dans toutes ces démocraties et il n’apparaissait pas comme évident qu’il serait le détonateur du pire conflit.

Un excellent récit, passionnant.

Traduction d’Edith Ochs.

Editions du Cherche Midi, Le livre de poche, 546 pages.

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Dans le jardin de la bête

Je remercie chaleureusement Marie- Laure pour l'achat de cet ouvrage .

..

Je ne ferai pas un long commentaire , beaucoup de billets ont été écrits.



Voici un récit historique——mi- document , mi-essai——-une somme fabuleuse d'épisodes, de faits avérés, de pages de vie, un corpus énorme de documents inédits à propos du déroulement des événements durant les années 30 en Allemagne , grâce aux notes de William E.Dodd, sorte de journal intime sous forme de dizaines de carnets d'un noir brillant, recueil de ses écrits rassemblés par sa fille Martha et Bill son fils ..



Transcriptions de conversations: lâchetés, peurs, exactions, manifestations, contexte de sournoiseries ,rendu d'évènements d'une époque , de réceptions, discours, rapports, compromis , états d'esprit à travers le club très fermé des diplomates étrangers ,et les milliers de pages de la correspondance de W.E.Dodd..

William E. DODD est nommé par le président Roosevelt nouvel ambassadeur à Berlin en 1933.

Professeur d'université formé dans sa jeunesse à Leipzig, il y restera jusqu'en 1937.

Il occupera une position très inconfortable , tentant de ne se faire manipuler ni par les nazis ni par les opposants au nazisme .

Martha, sa fille, courtisée par des hommes de tous rangs, âge, nationalité est dotée d'une forte personnalité, elle se considérait libre de se conduire à sa guise:: de pro- nazie elle deviendra pro - communiste .



L'auteur effectue un travail approfondi ,sérieux , ( voir les 62 pages de notes à la fin ) confronte, recoupe, compare, vérifie ses sources , éclaire l'actualité de mille détails qui nous apprennent beaucoup aussi bien à propos de la nuit des longs couteaux le 30 juin 1934, assassinats par les Nazis ( la nuit où tout bascule ) de l'incendie du Reichstag , des chemises brunes, de la mise au pas progressive de la population et bien d'autres moments de cette sanguinaire folie ....

Chaque page de cette somme historique dense , exigeante, détaillée avec une minutie exemplaire éclaire l'ascension funeste d'Hitler et les interrogations du monde sur ses agissements .

Cela manque un peu de dialogues malgré tout.

Cet essai impressionnant , haletant , captivant , riche, essentiel nous

fait oublier parfois que c'est tiré de faits réels tellement par cette écriture fabuleuse et la mise en place des têtes de chapitres la réalité peut dépasser la fiction.

Travail de recherche incroyable !

L'éditeur parle de thriller , je ne dirai pas cela .



Mais ce n'est que mon avis , bien sûr !



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Dans le jardin de la bête

Roosevelt cherche un homme à envoyer l'ambassade de Berlin, tous les candidats « classiques » ayant décliné l'offre ou étant indisponibles. Nous sommes en 1933 et c'est finalement William E. Dodd qui est désigné pour ce poste d'ambassadeur.



L'homme est un universitaire sans grande envergure qui aspire à finir une monographie sur le vieux sud et voit dans cette nomination l'occasion rêvée de le faire. Rapidement, il part en famille et le coeur léger en Allemagne. Sur place, cette insouciance qu'il partage avec sa fille Martha va perdurer malgré la montée du nazisme et de ses folles théories. L'homme veut croire au bon sens des Allemands et se dit, comme les chancelleries occidentales, qu'Hitler et ses sbires n'accéderont pas au pouvoir.



C'est donc en minimisant leurs premières exactions contre les juifs qu'il se concentre sur sa mission qui est de préserver la paix, et laisse sa fille papillonner assidûment, couchant avec tous les hommes qui lui plaisent (ils sont nombreux), sans distinction de nationalité ou de fonction. Occupé le plus souvent par des questions futiles dictées par son caractère, comme le contrôle des dépenses au sein de l'ambassade, il n'ouvre enfin les yeux et démissionne qu'après la nuit des Longs Couteaux.



Ce livre, desservi par son titre et sa couverture, est en réalité un roman historique passionnant dans lequel l'auteur s'est attaché à faire un travail d'historien, compulsant de nombreux documents pour restituer le processus de nazification de l'Allemagne, un processus méthodique, peu entravé par des puissances occidentales désireuses de préserver la paix, qui a conduit à l'élection d'Hitler au poste de chancelier.



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Dans le jardin de la bête

Grâce à un récit émaillé de renvois vers des notes accumulées en fin de volume (représentant au total une petite centaine de pages), extrêmement fouillé et documenté, mais restant agréable à lire, on suit avec intérêt les déboires de William E. Dodd, ambassadeur américain, et de sa fille Martha, envoyés en 1933 par Roosevelt au cœur du régime nazi. On découvre comment la famille Dodd va réagir et évoluer face à l’installation de la dictature en Allemagne et à l’inéluctable ascension d’Adolf Hitler.

Cette année là, Franklin D. Roosevelt a un problème. Bien plus préoccupé de politique intérieure et de New Deal, supposé rétablir l’économie du pays en crise, il doit désigner le nouvel ambassadeur d’Allemagne, car le poste est vacant. En dernier recours, faute de candidats volontaires ou disponibles, le poste est proposé à William E. Dodd, un obscur universitaire de 64 ans d’origine paysanne enseignant l’histoire à Chicago, dont le rêve secret est de trouver un emploi de fin de carrière plus pépère, pour pouvoir achever tranquillement la rédaction de son livre sur le « Vieux Sud ». Cool ! Pourquoi pas Berlin ? s’interroge Dodd, ces Allemands sont des types biens, extrêmement cultivés. Il se remémore avec un brin de nostalgie ses années estudiantines passées à Leipzig. Pourquoi pas Berlin ? se demande également sa fille, c’est l’occasion inespérée de larguer mon mari et mes amants qui me collent aux basques et de faire la connaissance de tous ces beaux mecs en uniforme qui participent au redressement de leur pays. Comme on va le découvrir bientôt, la fille de l’ambassadeur est un peu nunuche et un peu nympho, elle parviendra à se taper : des américains, des nazis, un chef de la gestapo, un français, un russe… et j’en passe ! Tout ça sur l’air entraînant du Horst-Wessel-Lied !

Passons sur la suite du récit, abondamment décrite ici ou ailleurs dans d’autres critiques, que nous pourrons bientôt découvrir sous la forme d’un film-de-et-avec-Tom-Hanks (dans le rôle de William E. Dodd) mettant en scène Nathalie Portman (dans le rôle de Martha).

On ne pourra que s’extasier devant le travail colossal accompli par Erik Larson qui a fouillé des montagnes d’archives à la recherche de la moindre lettre, du moindre témoignage, traquant les bribes de phrases, les descriptions vestimentaires, le contenu de placards, afin de connaître la quantité de vaisselle et de rince-doigts disponible lors des pince-fesses de l’ambassade (on n’échappera pas à cet inventaire qui est peut-être de trop mais illustre bien le souci du détail de l’auteur, confinant parfois à la maniaquerie).

On naviguera à vue en tentant de suivre les sinuosités des parcours intellectuel, politique et amoureux de Martha Dodd, qui dans chacun de ces trois domaines ne recule devant rien et mélange habilement tous les critères pour décider, en bonne girouette, le sens du vent.

On s’étonnera de l’aveuglement des chancelleries occidentales face à l’avènement du führer, qui a d’abord été pris pour un clown, et dont l’Allemagne allait, pensait-on, se débarrasser vite fait, après avoir pris la mesure du danger et avant qu’il ne puisse mettre en application ses thèses démentes à l’origine des millions de morts de la seconde guerre mondiale.

On réfléchira, enfin, à l’isolationnisme de Roosevelt et du département d’Etat, peu attentifs à l’antisémitisme et à la nazification, aux bruits de bottes, à la « mise au pas » (Gleichschaltung) de l’Allemagne, hypocritement rassurés par la « volonté de maintenir la paix et l’ordre » exprimée par Hitler malgré les signes évidents de réarmement, et uniquement préoccupés, en gros, par le remboursement aux créanciers américains de la dette allemande (ne nous fâchons pas avec ce caractériel, sinon on ne reverra jamais notre pognon, semblent penser les « vrais » diplomates de l’époque, opposés à l’idéalisme naïf et dérangeant de ce parvenu de Dodd).

La manipulation, la purge et les atrocités commises par Hitler et ses sbires pendant la Nuit des Longs Couteaux, à l’ambiance minutieusement restituée par le style aiguisé de l’auteur, seront parfaitement acceptées par la population allemande désormais mise au pas, et condamnées pour la forme par les puissances étrangères pétrifiées dans l’inaction. Dans le Jardin de la bête, en ce 20 juin 1934, les longs couteaux sont sortis, et le sang n’a pas fini d’être versé…
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Dans le jardin de la bête

Dodd est intègre. Dodd a foi en l’Homme. Dodd croit au pouvoir des mots. Dodd a tort.



Il est envoyé presque malgré lui dans le jardin de la Bête, à Berlin, en 1933. Il emmène sa famille : sa femme, son fils et sa fille, belle comme une déesse, mais pas farouche…Elle est tentée par l’expérience masculine, surtout lorsqu’ils sont blonds aux yeux bleus et qu’ils dégagent une aura de force. D’elle, on ne parle pas beaucoup, mais de son père, énormément. De ses collaborateurs, aussi, pas aussi impliqués que lui dans le conflit qui couve. Et de l’ambiance, cette ambiance insidieuse, malveillante, distillée par les paroles et les actes de la Bête : « Commença à se dessiner un vaste et complexe réseau d’espionnage, de terreur, de sadisme et de haine, auquel personne, officiel ou simple individu, ne pouvait échapper ».

Dodd est le premier ambassadeur des USA dans l’antre de la haine. Ayez pitié de Dodd ! Il se bat, armé uniquement de ses idéaux, envers et contre tous, contre ses compatriotes qui veulent se cacher la terrible vérité, contre les nazis qui se moquent bien de lui, contre les espions, les malveillants, les jaloux.



Ceci n’est pas un thriller. Ceci est une histoire vraie. Totalement vraie. Glaçante.



J’ai été subjuguée par cet engrenage décortiqué dans ses moindres rouages où chaque personne, qu’elle soit Allemande ou Américaine, se fait manipuler par la Bête. Par ce nœud de vipères où grouillent les maux les plus honteux de l’espèce humaine. Car Hitler n’est pas le seul responsable de cette déréliction ; l’antisémitisme est partout, l’égoïsme, le repli sur soi, la rancune, le désir de vengeance habitent depuis longtemps le cœur de l’Homme.



Ceci est une histoire révoltante. Totalement irrécupérable. Vraie.

Merci à Babelio de m'avoir fait découvrir cette fascination morbide...
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La splendeur et l'infamie

On sait peu de choses du quotidien d’un homme au pouvoir et Erik Larson, met en lumière un personnage emblématique de l’Histoire du XXème siècle, à travers ses recherches puisées dans des documents déclassifiés, des journaux intimes.



Même s’il s’agit d’un documentaire, on a rarement pu lire l’Histoire avec autant d’intimités, de manière aussi romancée, avec cette impression d’être à Londres, en 1940. Une période terrible commence, Hitler enchaîne les conquêtes en Europe, pourtant le Royaume-Uni résiste, fait face à l’isolement, à la morosité, et ce, malgré les bombardements et c’est sans aucun doute grâce à la volonté de Winston Churchill et sa personnalité charismatique, fantasque, empathique avec un optimisme à toute épreuve, mais surtout cette volonté de ne jamais se soumettre.



Erik Larson nous fait vivre la première année au pouvoir de Winston Churchill, dont le but est de barrer la route à Hitler, tout en tentant de convaincre Franklin Roosevelt, que la neutralité américaine est impossible. Le « Vieux Lion » n’hésite pas à se mettre à dos une partie de la classe politique, doute, mais s’entoure d’hommes en qui il a une totale confiance – Max Beaverbrook, Frederick Lindemann, dit « le Prof » – face à une administration ankylosée, pour faire échouer l’invasion nazie.



La sensibilité de Churchill, son positionnement en « bon père de famille », son dévouement à son pays, son acharnement au travail, en font une personnalité hors-norme, exceptionnelle. Malgré ce portrait d’homme parfait, Erik Larson, n’hésite pas à montrer l’homme tel qu’il est. Un homme qui aime la bonne table, notamment les bons vins, le champagne et les cigares, alors même que le rationnement est en place. Il exige un rythme de travail soutenu de ses collaborateurs alors même qu’il s’octroie des siestes et des bains.



Ce livre s’intéresse aussi aux personnes qui l’ont entouré et qui ont sans doute influencé son quotidien, donc sur l’Histoire : son épouse, sa fille, Mary, adolescente envoyée à la campagne, pour sa sécurité, ses amis. Mais il y a surtout, les citoyens, qui à travers leurs journaux décrivent leur quotidien et dont certains témoignages sont retranscrits.



Grâce aux anecdotes, citations, témoignages, chapitres courts, le livre garde un rythme incroyable, sans jamais perdre son enthousiasme tout en mêlant les descriptions de techniques de guerre, organisation domestique et sentiments amoureux.



Bien longtemps après sa mort, Churchill conserve une place importante dans l’imaginaire politique britannique et reste connu comme l’un des hommes politiques les plus importants du XXème siècle, en raison de sa ténacité face au nazisme, de ses talents d’orateur et de ses célèbres bons mots. Tout en incarnant les valeurs morales ainsi que l’humour flegmatique et la résilience que l’imaginaire collectif associe aux Britanniques.



Dans son discours du 13 mai 1940, Winston Churchill déclare :



« J’aimerais dire à la Chambre, comme je l’ai dit à ceux qui ont rejoint ce gouvernement : je n’ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur. Vous me demandez, quelle est notre politique ? Je vous dirai : c’est faire la guerre sur mer, sur terre et dans les airs, de toute notre puissance et de toutes les forces que Dieu pourra nous donner



Une lecture palpitante, où les détails peuvent paraître choquants, alors même qu’ils sont seulement humains, et font toute la force de ce livre, loin d’être une énième biographie de Winston Churchill. Le travail de Erik Larson entraîne le lecteur au plus près du pouvoir, pendant l’année cruciale pour l’issue de la Guerre, celle du Blitz, campagne de bombardements menée par l’aviation allemande du 7 septembre 1940 au 21 mai 1941.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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La splendeur et l'infamie

Erik Larson nous fait revivre une année exceptionnelle dans la vie de Churchill, l'année mai 1940, mai 1941, l'année de sa prise de fonction en tant que Premier Ministre. Nous le suivons chez lui, au 10 Downing Street ou dans ses résidences secondaires, ou dans les Cabinet War Rooms. Nous suivons au jour le jour les décisions prises pour faire face à cette bataille d'Angleterre qui va démarrer en juillet.



Nous suivons Churchill dans ses démêlés familiaux avec sa fille Mary qui se rebelle mais garde sa vie de membre de la haute société (les bals des débutantes ont encore cours malgré la guerre!) et son fils Randolph, tête brûlée, impétueux et peu prudent quand il s'agit de préserver des documents top secret! la belle-fille de Churchill, l'élégante Pamela, épouse de Randolph, va elle aussi donner du fil à retordre à notre bon vieux lion..



Bref un environnement pas toujours facile.. Heureusement qu'il y a l'épouse, Clémentine, toujours prête à épauler son mari et qui n'hésite pas à donner de sa personne, ainsi quand il s'agit de visiter les abris anti-aériens, pour vérifier que les Londoniens seront protégés.



Erik Larson raconte comme on filme, c'est un récit mi-documentaire, mi-roman, passionnant d'un bout à l'autre avec une foule de détails sur l'entourage de Churchill, sur la vie quotidienne des Anglais pendant cette période.. ainsi on voit l'impact du black-out sur la vie des Londoniens.



Pour Churchill l'enjeu est multiple: il s'agit de protéger la population des raids de la Luftwaffe, notamment lors du terrible incendie de Londres en décembre 1940 (le deuxième de l'histoire de l'Angleterre après celui de 1666!!), il s'agit aussi de préparer la riposte et d'organiser l'effort de guerre et aussi de décider l'allié traditionnel, les Etats-Unis, à entrer en guerre aux côtés de l'Angleterre. Pour cela il faut convaincre les Américains que la situation n'est pas si sombre car les Américains pourraient avoir peur d'une défaite anglaise et que les armes américaines fournies soient reprises par les Allemands...



L'auteur a l'art de nous faire vivre des événements comme si nous y étions! Ainsi l'attaque de Coventry, bombardée par les Allemands le 14 et 15 novembre 1940, est particulièrement bien rendue.



Ce qui est passionnant dans ce livre aussi, c'est de voir l'entourage de Churchill évoluer, avec leurs rivalités, leurs objectifs, leurs faiblesses et leurs atouts..

Parmi ceux dont le rôle est particulièrement bien rendu dans ce livre, on trouve Beaverbrook, d'origine canadienne, qui va s'occuper de la production aérienne pour la Grande-Bretagne. Nous avons aussi Frederik Alexander Lindemann, grand physicien (d'origine alsacienne par son père) et qui va jouer le rôle de conseiller scientifique (il sera anobli par la suite et deviendra baron Cherwell puis vicomte du même nom..) Sunommé "The Prof", il créera un groupe de statisticiens en vue d'évaluer l'état de ravitaillement du pays. Et puis l'inénarrable John Colville, secrétaire de Churchill, qui, en pleine guerre, trouve encore le moyen de conter fleurette à de jeunes nymphettes!!!



Des scènes inattendues, pour ne pas dire ubuesques jalonnent le récit: ainsi lorsque le Prof veut rationner la consommation de thé, c'est un véritable bouclier qui se lève, comment peut-on imaginer une Angleterre combative sans thé? Des initiatives étonnantes ont lieu: ainsi l'Eglise d'Angleterre veut instaurer une journée de prière le 8 septembre 1940 pour marquer le premier anniversaire de la guerre... Amusant de voir aussi comment l'ambassadeur américain de l'époque, Joseph Kennedy, le père du futur président, quitte rapidement Londres pour échapper aux bombardements, ce qui ne le fera pas vraiment bien voir!! De même on assiste aux parties de poker de Randolph Churchill, le fils donc, qui, en pleine mission vers la Méditerranée, trouve le moyen de perdre des sommes folles au poker!!



Des bombes qui surgissent partout, même dans le jardin de Buckingham (avec en représailles un peu plus tard des bombes anglaises dans le jardin de Goebbels), l'atmosphère de peur, les difficultés de rationnement, l'angoisse dans les abris, la difficulté de circuler dans le noir à cause du block-out, tout cela est vraiment bien rendu dans ce livre.



Aussi palpitant et addictif qu'une série, La Splendeur et l'Infamie s'est classé numéro un des ventes dès sa sortie en Angleterre et aux Etats-Unis. Il a été élu meilleur livre de l'année par le Washington Post et Barack Obama l'a désigné parmi ses livres préférés de l'année.

La page d'histoire évoquée dans le livre va s'arrêter à la fin 1941, quand le détournement de la Luftwaffe vers le front russe, conjugué à la vaillante résistance des Anglais, va permettre de relâcher l'étau...

Un livre à ne pas manquer pour tous ceux et celles qui aiment l'Histoire



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Dans le jardin de la bête

Berlin 1933 , William E . Dodd est nommé ambassadeur à Berlin un peu par hasard , en effet il n'a pas le profil habituel et a un train de vie plus modeste que tous les autres ambassadeurs .

Il va partir avec sa propre voiture pour ne pas montrer qu'il aime le luxe , il part à Berlin avec sa femme , son fils et sa fille .

Sa fille Martha est enchantée par ce dépaysement inespéré , à son arrivée en allemagne , elle est séduite par ses habitants et par la ville elle -même , c'est vrai que Berlin était une ville bien agréable avant la montée du nazisme .

Au début du séjour tout se passe bien , mais peu à peu les choses changent insensiblement puis de manière accélérée . Dodd va essayer d'ouvrir les yeux de ses compatriotes mais il n'y arrivera pas , même Martha va se rendre compte malgré sa jeunesse que la situation se déteriore , et un jour lorsd'un fête organisée à l'ambassade américaine , la peur s'installe , les rares juifs présents sont mal à l'aise , ce sera leurs derniers instants de liberté .

La montée du nazisme est bien décrite , cela va se faire de manière insidieuse et par paliers progressifs dans une époque de crise économique importante .

Hitler va cristalliser la haine sur les juifs , qui il faut le souligner , étaient déjà assez mal vus .

Il y a des passages édifiants , celui qui m'a le plus marqué est l'explication sur ' le sadisme ' , un officier allemnd , se rend compte qu'Hitler a attiré tous les psychopathes d' Allemagne et d' Autriche mais bien plus grave , a révelé des penchants sadiques chez des personnes comme vous et moi .

Je n'avais jamais non plus entendu parler du procès contre Hitler , fait aux Etats -Unis , procès qui n'eut aucun retentissement , aucun effet contre Hitler , il est vrai que les moyens de communication étaient quasiment inexistants .

Je me suis dit que Martha et son père étaient sans doute bien naïfs , puis j'ai un peu revu ma position , ils étaient dans une position de pouvoir absolu , être ambassadeur ou fille d'ambassadeur des Etats -Unis , ils ont été été les témoins d'une époque terrible mais ne pouvaient pas se douter de la gravité de la situation , ils ne pouvaient pas avoir qu'il vivaient alors dans une périodes des plus sombres .

Le style n'est pas toujours à la hauteur , ce ne sera donc pas un coup de coeur mais malgré tout une lecture intéressante que je recommande pour un autre éclairage sur cette période .
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Le diable dans la ville blanche

Ce livre, je ne l'aurais pas choisi, ni lu, s'il n'avait pas fait partie d'un cadeau : « le troisième livre offert pour 2 livres de poche achetés ».

Je n'étais pas non plus pressé de le lire, mais ma fille la sélectionnée, dans ma pal ou mon hésitation était-elle que je me suis appuyée sur elle pour désigner ma prochaine lecture.

Donc conclusion :

ce fût un récit enrichissant, Chicago me paraît une ville fascinante et cette exposition universelle devait être grandiose.

J'ai appris plein de choses passionnantes, sur la construction de cette ville blanche et sa destruction m'a un peu dérouté.



Et puis il y a l'histoire de ce terrifiant tueur en séries : H.H Holmes aussi hypnotisant, qu'effrayant.



Un livre captivant, ou les personnages sont somme toute empreints d'énergies, de motivation, et de combat pour livrer cette manifestation à temps et puis remplis de folie et de désespoir…



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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Dans le jardin de la bête





Pour ceux et celles qui me connaissent, l’histoire et notamment la seconde guerre mondiale exercent sur moi un attrait indéniable. C’est donc transie d’effroi par la lecture de la 4e de couverture et encouragée par les nombreuses critiques dithyrambiques que je me suis lancée à corps perdue Dans le jardin de la bête… ah mais qui est-elle cette bête ? Le nazisme bien sûr et tout particulièrement le nazisme en Allemagne. Ce qui est dingue et d’autant plus intéressant est qu’Erik Larson, journaliste de profession, s’est uniquement inspiré des extraits des correspondances, journaux intimes, rapports, télégrammes etc, pour reconstituer cette histoire incroyable. Je tiens à préciser que la majeure partie du docu-roman reprend les mots exacts des protagonistes de cette histoire « vraie », vous l’aurez compris.



William Dodd, professeur d’histoire paisible qui n’aspirait qu’à finir son histoire du Sud des USA, homme intègre et solide, pure incarnation de l’idéal républicain américain, fut catapulté (malgré lui il faut le dire) à Berlin en tant qu’ambassadeur des USA auprès de la jeune Allemagne nazie (nous sommes en 1933 et rien ne préparait le monde à une issue si tragique), encore toute frémissante de sa victoire. Malgré les avertissements du consul américain présent et qui déjà tentait d’alerter le gouvernement de Roosevelt des exactions nazies (sur les juifs et certains ressortissants américains, merci les SA), rien ne préparait William Dodd et sa petite famille (sa fougueuse et séductrice fille Martha notamment), à ce dont ils allaient être témoins au fur et à mesure de leur séjour. C’est donc confiant dans la bonne volonté des dignitaires nazis que William Dodd s’installe dans les beaux quartiers de Berlin, lui pourtant si austère. Au fil des mois, l’ambassadeur va côtoyer la pire vermine nazie : avoir un entretien privé avec Adolf Hitler, déjeuner avec Goering, Goebbels et toute la clique. Tout est relaté par lui ou par sa fille Martha qui s’acoquine de certains hauts gradés. Néanmoins, la bonne volonté va faire place à l’effroi et nous assistons à la prise de conscience par William Dodd de la vraie nature du régime nazi et de ses intentions bellicistes. Ses multiples alertes, ses prises de position osées vont rester malheureusement sans réponse alors qu’il aura été un des premiers politiques à véritablement cerner Hitler et ses sbires. Ce n'est ni plus ni moins qu’un témoignage édifiant de cette période de l’entre-deux guerre où tout s’est joué et où personne n’a agit ni n’a levé le petit doigts. Abandonné par son propre camp, décrié, moqué, William Dodd aura été un incompris, ce qui m’a mise folle de rage vous l’aurez deviné. Quant à Martha, jeune impétueuse trop passionnée, ses relations ambigües avec le nazisme qui la fascine malgré elle, en fait quelqu’un de farouchement antipathique que j’ai eu envie d'étriper quasiment tout le temps !



Pour résumer, Erik Larson a réussi quelque chose de rare : rendre addictif, tel un roman policier, le long fruit de son travail de recherche, qui je le rappelle encore est alimenté presque uniquement par des extraits de correspondances, de rapports..., qu’il a intégrés dans son docu-roman. Fallait oser. C’est donc effarée, choquée, émue, hors de moi devant tant de compromission, que j’ai tout du long poursuivi ma lecture de ce livre nécessaire qu’il vous faut lire comme un témoignage rare sur la lâcheté humaine.



Dans le jardin de la bête d’Erik Larson, Livre de poche
Lien : http://livreetcompagnie.over..
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La splendeur et l'infamie

Alerte coup de cœur ! Un véritable page-turner !

Quand j'ai demandé à lire ce récit, je n'imaginais le pavé que cela pouvait représenter mais je voulais à tout prix connaitre la vie de ce grand Monsieur.

Dès les premières pages, mes réticences quant à la longueur, ont disparu. Le récit que fait Erik Larson est tout simplement incroyable. La narration est fluide, intéressante, palpitante, digne d'un vrai thriller.

Erik Larson le dit lui-même, il ne voulait pas d'une énième biographie de Churchill, il voulait quelque chose de plus intime, de plus sensible. Je ne peux pas savoir si c'est différent d'autres biographies car c'est la première que je lis de Churchill, mais en tous les cas j'ai été séduite par l'écriture mais aussi par le personnage.

Quel homme ! Beaucoup de personnes le diront, y compris certains de ses détracteurs, c'était lors de sa prise de fonction en 1940, l'homme de la situation. Une main de fer dans un gant de velours.

Insatiable travailleur, combatif, mais surtout encourageant et formidable orateur, il ne s'avoua jamais vaincu et poussait chacun vers le meilleur.

Il avait le don de remobiliser ses "troupes", le peuple lui-même l'appelait du doux surnom de "Winnie".

Erik Larson ne se contente pas du récit du premier ministre anglais, il élargit la sphère à ses collaborateurs et à sa famille. On découvre également toutes les stratégies politiques mises en place par Churchill pour rallier les USA à la guerre, ou celles de l'Allemagne.

J'ai été touchée par cette opposition entre la guerre d'un côté, cruelle, brutale, et la vie de tous les jours que chacun essaie de mener. A l'instar de Mary, la fille de Churchill, qui continue à aller au bal, ou sort avec ses amis.

J'ai beaucoup aimé également le personnage de Clémentine, la femme de Churchill, une femme forte et influente.

J'ai regretté l'absence de la France dans ce récit. Erik Larson ne parle que brièvement du général De Gaule, ou de la résistance.

Cela reste un coup de cœur que je conseille fortement.

Merci à Netaglley et aux éditions Le Cherche midi pour cette formidable aventure.



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Dans le jardin de la bête

"Le fauteur de troubles anti-allemand notoire".



1933. Nommé ambassadeur par défaut, William E. Dodd part vers l'Allemagne car personne n'accepte ce poste à haut risque dans un pays sous botte hitlérienne. Les quatre Dodd, femme et enfants adultes, partent avec curiosité, naïveté et incompétence concernant statut et manières diplomatiques.



Impréparation, dilettantisme et vision erronée de la situation du pays, caractérisent l'installation de ces américains trop "lisses" à la vision décalée et à l'aveuglement typique de tout étranger de passage, particulièrement concernant les persécutions anti juives.

Dodd, universitaire érudit, mais casanier, trop modéré et peu perspicace, cherche plus sa tranquillité que l'affrontement. Grippe-sou des deniers de l'état, noyé sous les mondanités et le travail, snobé par sa hiérarchie outre-Atlantique, c'est une figure atypique et controversée, mais d'une grande lucidité.

Quant à sa fille Martha, frivole et naïve, fascinée par l'Allemagne nouvelle, elle va entamer une vie de patachon, dans une frénésie de fêtes, de distractions et de relations douteuses, en collectionnant les amants et flirtant avec l'espionnage.



La villégiature va faire long feu. La famille voit rapidement se ternir la vision angélique d'ordre et de normalité sociale d'un pays où les protestations pacifiques d'Hitler sont une supercherie flagrante et où la population vit sous chape de peur et de suspicion, sous surveillance et délation.

En quatre ans, ils assistent à tout avec écoeurement: antisémitisme, nuit de Longs Couteaux, armement accéléré... Sans pouvoir convaincre le gouvernement américain exclusivement préoccupé du remboursement de la dette allemande de l'après guerre.

L'ambassadeur Dodd sera "remercié" sans élégance en fin d'année 1937.



S'appuyant sur une documentation impressionnante, l'auteur sait rendre le récit vivant, dans la vie quotidienne d'américains parachutés comme dans le décryptage des enjeux et des mentalités. Le récit met en lumière les relations feutrées des salons des Affaires Etrangères, l'art ambigu et consommé de la diplomatie.

Les anecdotes se succèdent, entre effroi et parfois humour, mettant en scène des individus que l'Histoire gardera comme hautement non recommandables. Le style est sans originalité, avec quelques fulgurances d'ironie lapidaire. Et l'ensemble se lit comme un roman, historique, politique, social.

Une vison de l'intérieur par un regard extérieur. Passionnant.
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Lusitania 1915, la dernière traversée

Le Lusitania, paquebot fleuron de la compagnie Cunard a sombré le 7 mai 1915 au large des côtes irlandaises, après avoir été torpillé par un sous-marin allemand.

2000 passagers, 1200 victimes, parmi lesquels une centaine d’enfants.



Ce livre retrace le drame, mais loin de se cantonner au récit du naufrage, Erik Larson remonte le fil, alternant entre le trajet du paquebot, et celui du sous-marin, le U-20, depuis leur départ, jusqu’à la rencontre fatale.

Ultra-détaillée, parfois technique, l’enquête peut sembler rébarbative par moments, mais elle a le mérite d’aborder tous les aspects de la tragédie et de mettre en lumière les responsabilités des services de renseignement anglais, qui auraient pu sans doute éviter ce drame mais ont peut-être choisi de ne rien faire pour pousser les Etats-Unis à rentrer en guerre.

L’absurdité de la guerre, la cruauté des faits.

Rien de nouveau sous le soleil, mais une petite piqure de rappel est toujours salutaire…

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Une histoire vraie

"Une histoire vraie" n'est pas vraiment un roman puisque il est tiré de faits réels. On le voit bien, l'auteur a fait un travail énorme pour réunir archives, techniques, et autres informations : la tempête de 1900 au Texas, qui détruira toute une ville et fera plus de 8000 morts (non pas d'erreurs sur le nombre de zéros). Le début est plutôt pénible (sauf pour les météorologues qui vont adorer), avec l'impression de suivre un cours de météorologie (pas forcément la meilleure idée parce qu'il faut vouloir poursuivre cette lecture). Et pourtant, il faut le poursuivre, la seconde partie est plus prenante, addictive même, et pour cause, ce sont les forces de la Nature contre l'inconséquence des hommes se sentant invincibles, à tort. L'hécatombe après le cataclysme. C'est presque l'extrapolation du monde moderne, outre les conflits entre ego sur qui a vu quoi, sur qui a fait quoi, la ville voit la tempête arrivée au large, ça gronde, l'eau monte, et les citoyens se précipitent sur le bord de mer pour s'esclaffer : comme c'est beau !
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Dans le jardin de la bête

Je vous le dit tout de suite, c'est un énorme coup de cœur !!!



Roosvelt, président des Etats-Unis, cherche un nouvel ambassadeur à nommer en Allemagne. Il voulait au plus vite trouver un ambassadeur pour Berlin et après avoir proposé le poste à de nombreux proches, comme Woodrow Wilson, Owen D. Yourg, Edward J. Fllunn, ils déclinèrent tous l'offre. Roosvelt réuni alors plusieurs de ses proches conseillés parmi ces collaborateurs se trouvait le secrétaire Daniel Roper, ami de longue date, il lance un nom, celui d'un de ses amis : William E.Dodd.



William E.Dodd, né le 21 octobre 1869, enseignant d'histoire depuis 1909 à l'université de Chicago ambitionnait d'obtenir un poste exigeant mais qui lui procurerait une certaine envergure, un salaire et surtout qui lui laisserait du temps pour écrire. Il avait des vues sur un poste d'ambassadeur à Bruxelles ou aux Pays-Bas.

William E.Dodd devient le premier ambassadeur américain en Allemagne nazie. Mais il est peu adapté à la diplomatie. Il n'est pas roublard ni hypocrite, en fait, tout ce qui est nécessaire pour mentir à l'étranger pour son pays ne lui convient pas.



On voit bien que Dodd n'a rien du candidat type à un poste de diplomate. Il n'est pas riche. Il n'a aucun poids politique. Il ne fait pas partie des amis de Roosvelt. Mais il parle allemand et est censé bien connaître le pays. Il est historien au tempérament pondéré et sa connaissance personnelle de l’Allemagne peut se révéler précieuse.

Lors d'un rendez-vous avec Roosvelt, Dodd se voit confier le problème de la dette de l'Allemagne (chose qui va le travailler pendant très longtemps) et ils perlent aussi du problème des juifs. On voir déjà à ce moment là, qu'il ne sera très certainement pas à la hauteur des exigences de Roosvelt.

En effet Dodd par dans l'idée que son rôle d'ambassadeur serait celui d'un observateur et d'un rapporteur. Il croyait que par la raison et l'exemple, il serait capable d'exercer une influence modératrice sur Hitler et sur son gouvernement.



Sa fille, Martha, est vite séduite par les leaders du parti nazi Rudolf Diels, premier chef de la Gestapo, puis elle tombe amoureuse de Boris Winogradov qui va la convaincre d'employer ses charmes et ses talents au profit de l'Union soviétique.



« Un documentaire qui se lit comme un thriller ... » Philipp Kerr. C'est un très beau documentaire sur la vie de cet ambassadeur Américain en Allemagne nazie. En effet l'auteur Erik Larson, américain, nous fait vivre pendant trois ans la famille Dodd. La vie de cet ambassadeur qui aura bien du mal à se faire accepter par ses pères dans ce monde très riche, il faut dire qu'il n'a pas accepté un très gros salaire, il a voulu garder celui qu'il avait en temps que professeur d'histoire, alors, lors des réceptions il faisait figure de « pauvre », donc décalé dans ce monde riche et m’as-tu-vu.



Pour écrire ce livre, l'auteur, Erik Larson, a recoupé les notes, carnets, journaux de l'époque, que ce soit du coté américain que allemand. C'est un travail fastidieuse et très riche que l'auteur a entrepris pour ce livre, ce qui donne ce coté très riche en moments vécus réellement. Mais surtout il nous dévoile toute une partie de l'histoire qui nous est inconnu.

Ce qui m'a choqué c'est toute la partie qui explique que les américains ferment les yeux sur ce qui se passe vis à vis des juifs et qu'ils ne veulent pas en parler ni communiquer dessus, c'est fou, je n'avais pas vu ça comme ça, jusqu'à maintenant...



Un livre qui se lire très bien, même si on n'est pas féru d'histoire et surtout de cette période avant guerre.

Il est très intéressant, à part peut-être quelques longueurs et explications un peu confuses, mais passé ça, j'ai vraiment beaucoup aimé !!!

A livre absolument !!!
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La splendeur et l'infamie

Bonjour

Quelle bonne biographie de Winston Churchill, tout cela se lit comme un roman on peut vivre la tension que tout londoniens ont malheureusement été contraints ,on peut également suivre quelques personnages politique et familiale qui ont gravités autour de Winston Churchill.

Les faits très bien expliqués et facile à suivre,bonne lecture à tous.
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