Citations de Erik Orsenna (1813)
" Elle était là, immobile sur son lit, la petite phrase bien connue, trop connue : Je t'aime.
Trois mots maigres et pâles, si pâles. Les sept lettres ressortaient à peine sur la blancheur des draps.
Il me sembla qu'elle nous souriait, la petite phrase.
Il me sembla qu'elle nous parlait :
- Je suis un peu fatiguée. Il paraît que j'ai trop travaillé. Il faut que je me repose.
- Allons, allons, Je t'aime, lui répondit Monsieur Henri, je te connais. Depuis le temps que tu existes. Tu es solide. Quelques jours de repos et tu seras sur pieds.
Monsieur Henri était aussi bouleversé que moi.
Tout le monde dit et répète "Je t'aime". Il faut faire attention aux mots. Ne pas les répéter à tout bout de champ. Ni les employer à tort et à travers, les uns pour les autres, en racontant des mensonges. Autrement, les mots s'usent. Et parfois, il est trop tard pour les sauver. "
Avec Internet, l'opinion l'emporte sur le savoir.
Les chats sont des mots à fourrure.
Comme les mots, ils rôdent autour des humains sans jamais se laisser apprivoiser.
Il est aussi difficile de faire rentrer un chat dans un panier, avant de prendre le train, que d'attraper dans sa mémoire le mot juste et le convaincre de prendre sa place sur la page blanche.
Mots et chats appartiennent à la race des insaisissables.
- Les mots sont de petites bêtes sentimentales. Ils détestent que deux êtres humains cessent de s'aimer.
- Pourquoi ? Ce n'est pas leur affaire, quand même !
- Ils pensent que si ! Pour eux, le désamour, c'est du silence qui s'installe sur Terre. Et les mots haïssent le silence.
Voyager, c'est glaner.
Une fois revenu des lointains, on ouvre son panier.
Et ne pas s'inquiéter s'il paraît vide.
La plupart des glanures ne sont pas visibles : ce sont des mécomptes ou des émerveillements, des parfums, des musiques, des visages, des paysages.
Et des histoires.
Une phrase, c'est comme un arbre de Noël. Tu commences par le sapin nu et puis tu l'ornes, tu le décores à ta guise... Jusqu'à ce qu'il s'effondre. Attention à ta phrase : si tu la charges trop de guirlandes et de boules, je veux dire d'adjectifs, d'adverbes et de relatives, elle peut s'écrouler aussi.
*Lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire. Puis on imagine des mondes.
Lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une ligne noire. Puis on imagine des mondes.
On ne trouve pas toujours ce qu'on cherche, l'essentiel est de chercher, trouver viendra ....
Le jardin, c'est de la philosophie rendue visible...
Les mots sont les petits moteurs de la vie. Nous devons en prendre soin.
Il suffit à un point d'en ajouter deux autres pour que le final devienne suspensif. Et que l'espoir renaisse.
Lire ressemble à regarder l'horizon.
D'abord on ne voit qu'une ligne noire.
Puis on imagine des mondes ...
Les pensées qui restent emprisonnées dans le cerveau manquent d'air.
Celles qu'on fait passer dans la bouche et jette dans l'air respirent mieux, forcément, et gagne en clarté ...
- En quoi les livres te consolent-ils de ne pas naviguer ? En quoi remplacent-ils pour toi les bateaux ?
- Lire ressemble à regarder l'horizon. D'abord on ne voit qu'une ligne noire. Puis on imagine des mondes.
- Je veux bien. Mais pourquoi ta manie décrire dans les marges de tous les livres que tu lis ?
- Pour bien lire, j'ai besoin d'écrire. L'écriture est le guide, le garde-fou des pensées déclenchées par la lecture. Sans guide, sans garde-fou, les pensées, je les connais, elles s'en vont n'importe où et ne reviennent jamais.
Chaque poil se conduit comme une fibre optique qui véhicule l'énergie jusque la peau sombre qui l'absorbe.
(Au sujet de l'ours blanc)
De certains livres on dirait qu'ils vous ont choisi.
Dès la première phrase, le coeur vous bat.
Vous entendez une voix vous dire : "Tu veux être mon ami ? "
C'est la voix du livre. Vous en pleureriez. Vous avez trouvé quelqu'un et ce quelqu'un est un livre, quelqu'un pour vous protéger...
Les deux ressorts de ma vie sont: comment ça marche? Et: pourquoi pas? C'était le nom du bateau de Charcot, j'en ai fait ma devise.
Interview au Bibliobs Avril 2014
Ne dit-on pas au Japon ,avec une profonde sagesse, que "tout ce qui a une forme est appelé à disparaître"?
Il était une fois...
Je ne sais pas vous, mais moi, dès que j'entends ces quatre mots, je ronronne, je m'abandonne, je prends la mer ou je m'envole, je m'étends, je m'agrandis...