Né à Paris en 1963, Ernesto Timor tâte d'abord de divers métiers de plume, de métal ou de verre (tour à tour fraiseur, tireur-filtreur, vendeur de matériel de studio ou formateur en photogravure...) avant de mener sa barque de rédacteur graphique en communication et en édition. Il anime aussi pendant quelques années une maison d'édition spécialisée dans le livre-objet hors format (éditions Brocéliande). En 2002, il reprend la prise de vue (grand amour de jeunesse !) en complément de son activité de graphiste : un labyrinthe d'images se reconstruit, avec la volonté de privilégier l'improvisation, la technique mise au service et au rythme du sujet, le choix de toucher au ventre aussi parfois. Ses sujets de prédilection sont faits de lieux hantés et de figures tournées vers leur propre absence, de quotidien qui inquiète, en quête éternelle d'une certaine beauté convulsive... Par ailleurs des dialogues se construisent avec auteurs et artistes de scène, d'où il ressort des projets volontiers atypiques mêlant à la photographie écriture, musique, création graphique... en explorant des champs au-delà de la simple illustration. Souvent présentés en séquences, ses travaux sont partagés largement sur Internet (galeries classiques, livrets à feuilleter, photoblog comptant parmi les pionniers du genre !) tandis que les expositions offrent l'occasion d'aborder mise en espace, installation et parcours. En 2013, il publie aux éditions Libel "Mon lieu secret", un livre photographique préfacé par Dominique Sampiero, qui fait par ailleurs l'objet d'une exposition en Résonance à la Biennale d'art contemporain de Lyon.
Le lieu secret du photographe et du modèle, du kidnappeur et de celui
qui consent à se laisser capturer par la lumière, ce lieu-là est une alchimie entre tous les autres lieux possibles et imaginables. C’est même l’apparition d’un lieu qui n’existe pas. Un portrait est un lieu qui n’existe pas mais dont la ressemblance bascule. Un portrait est un lieu-frontière pour effacer les contours, perdre connaissance, réapparaître dans l’image qui nous regarde. Un portrait est le scintillement d’une présence.
Extrait de la préface de Dominique Sampiero (écrivain et scénariste).