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Citations de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (208)


Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
Rien n'est plus fantastique et plus flou que la vie réelle.
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Je faillis alors faire une épopée en vingt-quatre chants, mais lorsque je l'eus achevée, c'était devenu tout autre chose, ce dont le Tasse et l'Arioste, du fond de leurs tombes, peuvent remercier le ciel. Car si jamais une épopée était sortie de mes griffes, ils n'eussent plus trouvé un seul lecteur.
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Représente-toi un homme aux larges épaules, surmontées d'une grosse tête informe, un visage terne, des sourcils gris et touffus sous lesquels étincellent deux yeux verts arrondis comme ceux des chats, et un nez gigantesque qui s'abaisse brusquement sur ses lèvres épaisses. Sa bouche contournée se contourne encore davantage pour former un sourire ; deux taches livides s'étendent sur ses joues, et des accents à la fois sourds et siffleurs s'échappent entre ses dents irrégulières. [...] Sa petite perruque qui couvrait à peine son cou, se terminait en deux boucles à boudin que supportaient ses grandes oreilles d'un rouge vif. [...] Toute cette figure composait un ensemble affreux et repoussant ; mais ce qui nous choquait tout particulièrement en lui, nous autres enfants, c'étaient ses grosses mains velues et osseuses.
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Des voix singulières murmurent et chuchotent à travers les arbres et le bosquet, et, montant toujours, elles semblent se transformer en chant et en éclat d'orgue. C'est le bruit qui vient du lointain.
Des hommes austères, habillés de vêtements à larges plis, se promènent silencieusement sous les berceaux du jardin, le regard pieusement tourné vers le ciel. Les statues des saints, devenues vivantes, seraient-elles descendues de leurs chapiteaux ? L'effroi mystérieux des légendes et des récits étonnants que ces lieux ont fait naître plane sur vous. On dirait que tout se passe encore sous vos yeux et l'on se plaît à le croire...
C'est dans cette disposition d’esprit qu'il faut lire l'histoire de Médard, et alors les visions étranges du moine vous sembleront quelque chose de plus que le jeu déréglé d'une imagination exaltée.

Les élixirs du diables - Préface de l'auteur
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Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
LA NOUVEAUTÉ

Au bourg où règne la Folie,
Un jour, la Nouveauté parut ;
Aussitôt chacun accourut,
Chacun disait : " Qu'elle est jolie !

Ah ! madame la Nouveauté,
Demeurez dans notre patrie ;
Plus que l'esprit et la beauté
Vous y serez toujours chérie. "

A tous ces fous, elle répondit :
" Messieurs, j'y demeure " ;
Et leur donna le rendez-vous
Le lendemain à la même heure.

Le lendemain elle parut,
Aussi brillante que la veille ;
Le premier qui la reconnut
S'écria : " Dieux ! comme elle est vieille ! "
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Dès les premiers jours de son arrivée, on s'aperçut que Nathanaël avait entièrement changé d'allure. Il s'abandonnait à de sombres rêveries, et se conduisait d'une façon singulière. La vie pour lui n'était plus que rêves et pressentiments ; il parlait toujours de la destinée des hommes qui, se croyant libres, sont ballotés par les puissances invisibles et leur servent de jouet, sans pouvoir leur échapper.
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Une heure sonna. - C'est assez pour aujourd'hui, dit le baron. Va, mon fils, et reviens bientôt. - Tiens, prends ceci.
Le baron me remit une papillote, dans laquelle je trouvai un beau ducat hollandais cordonné. Dans l'excès de ma surprise, je courus trouver mon maître, et je lui racontai tout ce qui s'était passé. Il se mit à rire aux éclats. - Tu vois maintenant comment les choses se passent avec notre baron et ses leçons, me dit-il. Il te traite en commençant, et ne te donne qu'un ducat par leçon. Quand tu auras fait des progrès, selon lui, il augmentera tes honoraires. Moi, je reçois maintenant un louis, et Durand a, je crois, deux ducats. Je ne pus m'empêcher de lui remontrer qu'il n'était pas bien de mystifier ainsi ce bon vieux gentilhomme, et de lui tirer ses ducats de la sorte. - Sache donc, lui dit le maître, que tout le bonheur du baron consiste à donner ses leçons; que si moi et d'autres maîtres nous repoussions ses conseils, il nous décrierait dans le monde musical, où il passe pour un juge infaillible; que d'ailleurs, exécution à part, c'est un homme qui entend parfaitement la théorie de l'art, et dont les réflexions sont extrêmement judicieuses. Visite-le donc assidûment, et, sans t'arrêter aux folies qu'il débite, tâche de profiter des éclairs de sens et de raison qu'il montre chaque fois qu'il parle de la philosophie de l'art: tu t'en trouveras bien.
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L'histoire de l'automate avait jeté de profondes racines dans leur âme, et il se glissa en eux une affreuse méfiance envers les figures humaines. Beaucoup d'amants, afin d'être bien convaincus qu'ils n'étaient pas épris d'une automate, exigèrent que leurs maîtresses dansassent hors de mesure, et chantassent un peu faux ; ils voulurent qu'elles se missent à tricoter lorsqu'ils leur faisaient la lecture, et avant toutes choses, ils exigèrent d'elles qu'elles parlassent quelquefois réellement, c'est-à-dire, que leurs paroles exprimassent quelquefois des sentiments et des pensées, ce qui fit rompre la plupart des liaisons amoureuses.
(Die Geschichte mit dem Automat hatte tief in ihrer Seele Wurzel gefaßt, und es schlich sich in der Tat abscheuliches Mißtrauen gegen menschliche Figuren ein. Um nun ganz überzeugt zu werden, daß man keine Holzpuppe liebe, wurde von mehrern Liebhabern verlangt, daß die Geliebte etwas taktlos singe und tanze, daß sie beim Vorlesen sticke, stricke, mit dem Möpschen spiele und so weiter, vor allen Dingen aber, daß sie nicht bloß höre, sondern auch manchmal in der Art spreche, daß dies Sprechen wirklich ein Denken und Empfinden voraussetze. Das Liebesbündnis vieler wurde fester und dabei anmutiger, andere dagegen gingen leise auseinander. " Man kann wahrhaftig nicht dafür stehen ", sagte dieser und jener. In den Tees wurde unglaublich gegähnt und niemals genieset, um jedem Verdacht zu begegnen.)
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Plein de curiosité, impatient de m'assurer de l'existence de cet homme, je demandai enfin à la vieille servante qui avait soin de ma plus jeune sœur, quel était ce personnage. — Eh ! mon petit Nathanaël, me répondit-elle, ne sais-tu pas cela ? C'est un méchant homme qui vient trouver les enfants lorsqu'ils ne veulent pas aller au lit, et qui leur jette une poignée de sable dans les yeux, à leur faire pleurer le sang. Ensuite, il les plonge dans un sac et les porte dans la pleine lune pour amuser ses petits enfants qui ont des becs tordus comme les chauves-souris, et qui leur piquent les yeux, à les faire mourir. Dès lors l'image de l'Homme au Sable se grava dans mon esprit d'une façon horrible.
(Voll Neugierde, Näheres von diesem Sandmann und seiner Beziehung auf uns Kinder zu erfahren, frug ich endlich die alte Frau, die meine jüngste Schwester wartete : was denn das für ein Mann sei, der Sandmann. " Ei, Thanelchen ", erwiderte diese, " weißt du das noch nicht ? Das ist ein böser Mann, der kommt zu den Kindern, wenn sie nicht zu Bett gehen wollen, und wirft ihnen Hände voll Sand in die Augen, daß sie blutig zum Kopf herausspringen, die wirft er dann in den Sack und trägt sie in den Halbmond zur Atzung für seine Kinderchen ; die sitzen dort im Nest und haben krumme Schnäbel, wie die Eulen, damit picken sie der unartigen Menschenkindlein Augen auf. " — Gräßlich malte sich nun im Innern mir das Bild des grausamen Sandmanns aus.)
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Toute cette figure composait un ensemble affreux et repoussant ; mais ce qui nous choquait tout particulièrement en lui, nous autres enfants, c'étaient ses grosses mains velues et osseuses ; et dès qu'il les portait sur quelque objet, nous avions garde d'y toucher. Il avait remarqué ce dégoût, et il se faisait un plaisir de toucher les gâteaux ou les fruits que notre bonne mère plaçait sur nos assiettes. Il jouissait alors singulièrement en voyant nos yeux se remplir de larmes, et il se délectait de la privation que nous imposait notre dégoût pour sa personne.
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Sans doute, tu t'es réveillé de ton rêve... Mais à quoi bon ? Il t'en est resté le ravissement inexprimable dont la blessure meurtrière, sous les apparences de la vie ordinaire, ne cesse de déchirer l'âme... n'est-il pas vrai ? Autour de toi, tout te semble alors désert, sinistre, exsangue. C'est ton rêve seul, as-tu pensé, qui constitue la vraie réalité de ton existence, et ce que tu tenais jusqu'à présent pour ta vie normale n'est qu'une aberration de tes sens égarés. Toutes tes pensées ont finalement convergé au foyer, au calice embrasé de la suprême ardeur, tabernacle de ton suave mystère, contre l'anarchie aveugle et sauvage de la vulgarité quotidienne.
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je parvins à acquérir cette éducation des gens du monde qu’on appelle la galanterie, et qui n’est rien d’autre qu’une souplesse extérieure du corps, grâce à laquelle on semble toujours être à l’aise, où que l’on aille et où que l’on se trouve...
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Quelles hautes merveilles que celles de la musique, et que l'homme est impuissant à sonder ses profonds secrets! - Ne réside-t-elle pas cachée au fond du coeur de l'homme pour le remplir de ses images saintes, lui dévoiler une vie plus lumineuse et le détacher du poids étouffant de la terre?
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"Cher maître, auriez-vous la bonté d'éloigner cette bestiole ?
-- Pourquoi donc ? fit mon maître. Vous avez toujours toléré les chats, Monsieur le professeur, et vous aimez bien mon favori, le gracieux et intelligent Chat Murr.
-- Oui, reprit le professeur sur un ton de sous-entendu, et avec un rire mauvais. C'est vrai, mais faites-moi le plaisir d'éloigner votre protégé, car j'ai à vous entretenir de certaines choses qu'il ne doit point entendre.
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Pourquoi t'apitoyer ainsi sur celle que le Ciel dans toute sa toute-puissance, a jugée digne de quitter la terre au moment même où, comprenant le néant de ce monde, son cœur était rempli d'une immense nostalgie qui l'attirait vers le royaume de l'éternelle félicité ?
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Nathanaël aperçut alors sur le parquet une paire d'yeux sanglants qui le regardaient fixement. Spalanzani les saisit et les lui lança si vivement qu'ils vinrent frapper sa poitrine. Le délire le saisit alors et confondit toutes ses pensées. - Hui, hui, hui... s'écria-t-il en pirouettant. Tourne, tourne, cercle de feu !... tourne, belle poupée de bois... Allons, valsons gaiement !... gaiement belle poupée !...

L'homme au sable
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Le jardin offrait ce jour-là le spectacle le plus singulièrement remarquable que l’on pût voir. Une nombreuse société de vieux messieurs, venus des petites villes voisines, conseillers intimes, conseillers auliques et autres, avec leurs familles, s’y trouvait rassemblée. Tous, jusqu’aux jeunes gens et aux demoiselles, étaient rigoureusement costumés à la mode de l’année 1760, avec de grandes perruques, des habits galonnés, des frisures pyramidales, des jupes à paniers, et ainsi de suite ; ce qui présentait un aspect d’autant plus extraordinaire, que tous ces anciens costumes s’alliaient merveilleusement avec le caractère gothique du jardin. Chacun se croyait reporté, comme par l’effet d’un enchantement, à une époque passée depuis longtemps.
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Au vingt-quatre décembre, la chambre du milieu et bien plus encore le salon qui y donnait furent formellement interdits aux enfants du médecin consultant Stahlbaum. Fritz et Marie se tenaient assis l’un près de l’autre dans un coin de la chambre du fond. Le crépuscule du soir était déjà descendu, et ils éprouvaient une certaine crainte en ne voyant pas apporter de la lumière comme cela se faisait d’habitude à cette heure du jour. Fritz raconta, en parlant bien bas à sa jeune sœur (elle était âgée de sept ans), qu’il avait entendu frapper et aller et venir dans la chambre fermée, et aussi qu’il n’y avait pas bien longtemps qu’un petit homme, tenant une cassette sous le bras, s’était glissé dans l’escalier.

— Pour sûr, ajouta-t-il, ce petit homme est le parrain Drosselmeier.

Alors la petite Marie frappa ses petites mains l’une contre l’autre et s’écria toute joyeuse :

— Ah ! le parrain Drosselmeier aura fait pour nous quelque belle chose !

Le conseiller de la haute cour de justice, Drosselmeier, n’était pas beau. Il était petit et maigre, avait un visage sillonné de rides ; il portait un grand emplâtre noir sur l’œil droit, et il était chauve, qui l’obligeait à porter une jolie perruque blanche, mais faite en verre avec un art merveilleux.
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Je tressaillis, et je tombai sur le parquet, violemment terrassé par une horreur puissante. Coppelius me saisit alors. - Un petit animal ! un petit animal ! dit-il en grinçant affreusement des dents. A ces mots, il me jeta sur le fourneau dont la flamme brûlait déjà mes cheveux. - Maintenant, s'écria-t-il, nous avons des yeux, - des yeux, _ une belle paire d'yeux d'enfant ! Et il prit de ses mains dans le foyer une poignée de charbons en feu qu'il se disposait à me jeter au visage lorsque mon père lui cria les mains jointes : - Maître : maître ! laisse les yeux de mon Nathanaël.
Coppelius se mit à rire d'une façon bruyante. - Que l'enfant garde donc ses yeux, et qu'il fasse son pensum dans le monde ; mais, puisque le voilà, il faut que nous observions bien attentivement le mécanisme des pieds et des mains.
Ses doigts s'appesantirent alors si lourdement sur moi, que toutes les jointures de mes membres en craquèrent, et il me fit tourner les mains, puis les pieds, tantôt d'une façon, tantôt d'une autre. - Cela ne joue pas bien partout ! cela était bien comme cela était ! Le vieux de là-haut a parfaitement compris cela !

L'homme au sable
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Le comte frissonna ; il se leva, mit son manteau, et suivit à pas de loup la comtesse. Elle était déjà loin, mais il faisait clair de lune, et il l'aperçut distinctement vêtue d'un négligé blanc.
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