Rien de tel que quelques jours en Europe de l'Est pour faire resurgir le juif en nous. En Israël, on peut très bien se balader toute une journée vêtu d'un T-shirt sans manches sous le soleil brûlant et se confondre quasiment avec le premier goy venu : quelques notes de techno ou d'opéra par-ci par là, un bon bouquin de Boulgakov, un verre de whisky irlandais. Mais sitôt qu'on a fait tamponner son passeport dans un aéroport polonais, on commence à se sentir différent. On garde encore sur les lèvres le goût de la vie à Tel-Aviv et Dieu ne nous est pas déjà apparu dans la lumière des néons qu'une panne fait clignoter au plafond de la zone des arrivées du terminal, mais à la moindre effluve de porc grillé on a soudain l'impression d'être une espèce de marrane. C'est une soudaine plongée dans la Diaspora.