Il n'existe pas de timidité qui ne s'accompagne de sensibilité et d'insécurité. Cette forme de vie est elle aussi considérée comme désuète et inutile, préjudiciable et à la limite du handicap. Et, pourtant, tant de risques et de violence se dissimulent dans la sécurité d'un soi jamais entamé par le doute et les réflexions sur ses propres limites.
La parole qui se tait revêt parfois plus d'importance que la parole qui parle.
Dans les slogans sociétaux dominants, la fragilité reflète la faiblesse inutile et désuète, immature et malade, déficiente et dépourvue de sens. Au contraire, celle-ci recèle des valeurs de sensibilité et de délicatesse, de gentillesse éreintée et de dignité, d'intuition de l'indicible et de l'invisible. Présentes dans la vie, ces valeurs permettent de s'identifier avec plus de facilité et de passion aux états d'âme et d'émotion, aux modes existentiels d'être, de ceux qui ne sont pas nous.
Et il suffirait parfois d'un sourire pour adoucir la souffrance.