Je rendis le ballon à son propriétaire et je poussai sur mes jambes pour me redresser. Blocage. Pas de force. Un peu bizarre. Je dus attraper fermement les barreaux de la rampe et me hisser à l'aide des bras.
Tout ce qui s’y était passé, tous les bons souvenirs engrangés étaient si importants pour moi… Quand la nostalgie arrivait dans une vague violente qui me submergeait, je laissais couler mes larmes sans retenue aucune car j’avais tiré une précieuse leçon du passé : il est vraiment très très mauvais pour soi de refouler ses émotions…
J’avais la ferme intention de ne pas bouger de mon lit tant que la petite aiguille de l’horloge n’aurait pas effectué plusieurs tours de cadran… Mais c’était compter sans les besoins naturels, qui se rappelèrent à mon bon souvenir quelques heures plus tard.
J’avais remarqué, depuis ma première année d’enseignement, que les élèves avaient très souvent tendance à somatiser leurs angoisses, leurs inquiétudes de la vie de tous les jours, ce qui avait pour conséquence de leur faire lever le doigt non pas pour poser une question sur la leçon ou l’exercice en cours, mais pour m’expliquer qu’ils avaient mal à la tête, au ventre… parfois même pour me désigner une égratignure qu’ils s’étaient faite au petit doigt…
Mes débuts avaient été plus que difficiles. Je me sentais seule et stressée. Les gens, les lieux me paraissaient hostiles dans cette ville inconnue, je me sentais dans une espèce d’insécurité.
Et puis… Et puis le temps avait passé et les gens et lieux qui me paraissaient hostiles étaient devenus familiers. Certaines collègues étaient devenues de véritables amies, je ne me sentais plus seule mais au contraire intégrée.
Quand on part loin de chez soi, on pleure deux fois : une fois en arrivant et une fois en repartant.