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Citations de Fabrice Bourland (47)


LE SOMMEIL QUI TUE
Serions-nous au début d'une effroyable série ? Alors qu'avec la précipitation qui lui est coutumière la justice s'apprête à classer l'affaire concernant la mort, pendant son sommeil, du marquis de Brindillac (voir notre édition d'hier), l'information que voici réussira-t-elle à faire s’interroger magistrats et enquêteurs ? Dans la nuit du 25 au 26 août, à Paris, dans le quartier Montmartre, est mort le poète Pierre Ducros d'une façon qui n'est pas sans rappeler la "sortie", en fin de semaine dernière, de l'éminent physiologiste. À l 'époque, notre journal avait rapporté que, s'étant tranquillement endormi la veille au soir dans son lit, Pierre Ducros y avait été retrouvé mort, le lendemain matin, par Suzanne Ducros, sa sœur et unique parente, une artiste peintre qui partageait avec lui son appartement de la rue des Martyrs et possédait un atelier à l'étage au-dessus. Selon les dires de Mlle Ducros, son frère avait les yeux fermés lorsqu'elle était entrée dans sa chambre pour ouvrir les rideaux, et son visage portait le masque d'une frayeur extrême - exactement comme celui, est-il besoin de le rappeler ? de notre infortuné marquis. Pierre Ducros, affilié un temps au mouvement surréaliste, s'était fait remarquer il y a quelques mois par un magnifique recueil de poésies intitulé La forme des rêves.
Cet été, le Parquet de la Seine, à la suite d'une enquête pour le moins paresseuse de la Préfecture de police, avait lui aussi classé l'affaire, estimant que le jeune homme était mort d'un arrêt du cœur pendant qu'il sommeillait. Après le décès d'Auguste de Brindillac, samedi dernier, il est troublant de constater à quel point le sommeil est meurtrier ces derniers temps en région parisienne. Surtout, il est fâcheux de déplorer qu'à ce jour pas un seul de nos brillants limiers ne se soit ému de cette "coïncidence". Cela place la gendarmerie, en charge de "l'affaire Brindillac", sur un pied d'égalité avec les agents de la Préfecture ou ceux de la Sûreté. La population sera rassurée d'apprendre que les mesures initiées en avril par le cabinet Doumergue ont déjà porté leurs fruits : après rééquilibrage des forces, aucune de nos polices n'est plus alerte que l'autre. Françaises, Français, dormez sur vos deux oreilles !
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Allongé sur un transat, le corps tourné vers l'orient, le visage caressé par les embruns et les doux rayons du soleil, je relisais quelques pages de "Sylvie". Les côtes anglaises avaient déjà disparu à l'horizon, celles de France commençaient à peine à se dessiner, depuis Calais jusqu'à plusieurs milles marins au-delà du phare du cap Gris-Nez, quand soudain, déjouant in extremis ma glissade inéluctable sur la pente du sommeil, j'écarquillai les yeux devant un spectacle étourdissant. À une assez grande hauteur sur l'horizon, à droite de la ligne des côtes du Boulonnais, et donc précisément au-dessus des eaux scintillantes de la Manche, s'élevait un immense paysage de rêve, sur une distance d'un mile environ, dans lequel on pouvait reconnaître le simulacre d'une sorte de longue vallée, dans les tons vert-orangé, chargée de vignes et abondamment boisée. De loin en loin, sur des coteaux encaissés, je distinguai, trouant les frondaisons des conifères et des châtaigniers, les toits et les clochers de quelques cités de légende. Au milieu de ce panorama surgi de nulle part serpentait un fleuve aux reflets bleutés, large comme la Tamise, sur les eaux vives duquel faisait route ce qui m'avait tout l'air de ressembler à des navires à aubes. Près des rives se dressaient de solennels pitons rocheux, enveloppés de brume, et l'on pouvait apercevoir à leur sommet les ombres de châteaux moyenâgeux, ou de petits fortins aux pierres abandonnées. Un de ces châteaux surtout, surplombant le fleuve en face d'un îlot, attirait de manière impérieuse mon attention : un nid d'aigle constitué d'une haute tour carrée et d'une autre plus basse, au toit pointu.
Quel était ce spectacle ? Avais-je sans m'en rendre compte plongé dans l'extase du sommeil ? Ou, au contraire, tout à fait conscient de ce qui m'entourait, étais-je le spectateur d'un de ces mirages grandioses qui sont parfois dépeints dans les récits d'expéditions lointaines ?
- Fata Morgana ! prononça une douce voix féminine près de moi.
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- Faire mourir un homme de peur durant son sommeil, il est vrai que le procédé n'est pas encore répertorié dans les nomenclatures.
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« Je l'observais dans ses allures, et je rêvais souvent tà : la vieille philosophie de I'âme double. -Je m'amusais à I'idée d'un Dupin double... » Edgar Allan Po., Double Assassinat dans la rue Morgue.
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Où trop de lecture nuit gravement au sommeil.
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- Ça vous paraît si énigmatique, à vous, un entomologiste qui papillonne ?
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Nous avions mis sur pied la plus improbable équipe de « durs à cuire ». Sam Spade ou Dick Tracy n'avaient qu'à bien se tenir!
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Il y a plus de 100 million d'années, en plein cœur du Jurassique ou du Crétacé, la force brute régnait sans partage à tous les étages la création. Le rut et le coup de folie étaient la règle en chaque parcelle de vie. Et tout ça aurait été balayé d'un revers de manche ? Bien sûr que non !
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Non mon cher Randolph, je ne crois pas qu'il existe des gens, comme vous dites, sur lesquels le destin prend plaisir à s'acharner. Je pense plutôt que certains hommes, grâce à leur intelligence, leur intuition, et par dessus tout, leur faculté d'imagination, parviennent à découvrir ici bas des vérités cachées au commun des mortels. Et MM. Nerval et Poe font partie de cette catégorie.
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"La forme d'une ville change plus vite que le coeur d'un mortel". Comme cela est vrai ! Mais comme cela est vrai surtout pour Paris !...
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Vous savez, la vérité pénètre le plus souvent en nous sans que nous en prenions conscience, soit que nous l'estimions a priori absurde et que nous la repoussions aussitôt dans les oubliettes de notre esprit - où, à notre insu, elle n'en continue pas moins de croître -, soit que nous n'y prenions même pas garde, parce que notre cerveau est trop encombré, ou pas assez vigilant.
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Alexandre Dumas s'était soudain dressé d'un bond.
- Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée ! Une maîtresse m'attend avant le lever du jour à Caen et, croyez moi, messieurs, cela peut se révéler dangereux de ne pas être au rendez-vous dune femme.
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Pour être franc, monsieur Singleton, le succubat était avant tout une récréation littéraire , aucun d'entre eux ne croyait sérieusement à la réalité d'unions immatérielles. Breton, pour ne parler que de lui, réduisait le sujet à un simple phénomène psychologique.
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Archibald Patterson pointa du doigt un grand cadre de peluche, près d’une pendule murale, contenant une série de hiéroglyphes aux couleurs aussi éclatantes que celles des parois intérieures du tombeau.
— Le papyrus que vous voyez là a été trouvé dans une autre sépulture, voisine de celle d’Ankhéramon, mais datant d’une époque plus récente. Il s’agit d’un extrait du célèbre Livre des morts des anciens Égyptiens, qui retrace le voyage des âmes dans l’au-delà, vers le royaume d’Osiris…
— Est-ce pour cette momie que vous nous avez demandé de venir ? demandai-je.
Les deux hommes se consultèrent du regard.
— Pas exactement, répondit Nathaniel.
— Néanmoins, reprit son double en se lissant le bout de la moustache, la raison pour laquelle nous avons fait appel à votre sagacité n’est pas sans un certain rapport avec ce digne Ankhéramon.
— Pourriez-vous être plus clair ? coupa Jim. Je me permets de rappeler que dans votre courrier, ainsi que tout à l’heure au téléphone, vous êtes restés peu diserts sur la nature de vos ennuis.
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- Je présume que c’est une véritable momie égyptienne qui se trouve derrière nous ?
— Une rareté ! s’enthousiasma Nathaniel, après avoir tendu son verre à James et être venu s’établir derrière le bureau, à côté de son jumeau. Il s’agit du corps d’un certain Ankhéramon, qui vivait au temps de la XXIe dynastie, un millier d’années avant notre ère, à l’époque du pharaon Pinedjem Ier.
— Ce jeune homme était le fils d’un prêtre-ouâb et occupait à Thèbes la fonction de dessinateur du domaine du dieu Amon. Mon frère et moi nous sommes portés acquéreurs de ses restes emmaillotés il y a une vingtaine d’années, lors d’un travail d’études sur la momification égyptienne, à Louxor.
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Mais la véritable attraction, l’objet sur lequel le regard était comme magnétisé, pour peu qu’on se tournât du côté de la porte, était une momie haute de quatre pieds et demi, entièrement emmaillotée et recouverte d’une grande résille de perles de terre cuite. Elle se tenait debout dans un sarcophage aux hiéroglyphes bigarrés, à l’intérieur d’une vitrine adossée au mur.
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Les murs étaient couverts d’un lambrissage en chêne qui laissait place à mi-hauteur à un papier peint vert amande. Sur notre droite se dressait, à côté d’une méridienne en chintz à fleurs et bois doré, un meuble buffet empli d’une multitude d’objets dignes de figurer dans une galerie archéologique : lampes à huile, bols, petites jarres en albâtre, figurines en terre représentant des divinités orientales et des animaux sacrés. Sur le mur opposé, deux hautes bibliothèques en pitchpin étaient chargées d’ouvrages reliés, dont la plupart consistaient, du moins autant que je pouvais en juger de l’endroit où je me tenais, en des traités sur la conservation des défunts chez les Chinois et les Égyptiens des anciennes dynasties, ainsi que des manuels sur les techniques modernes d’embaumement.
Détail notable : les murs n’étaient percés d’aucune fenêtre, si bien qu’on aurait pu se croire dans une sorte de casemate, à quelques mètres sous terre, ou encore dans un caveau jouissant de tout le confort.
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— Tu ne m’avais pas dit que tes Patterson exerçaient la joyeuse charge de croque-morts.
— Vraiment ? Ça m’aura échappé, feignit mon camarade en essayant en vain de tourner la poignée. La porte de la boutique est fermée, mais il semble qu’il y a de la lumière à l’intérieur.
Avisant le pied-de-biche de la sonnette, il tira dessus plusieurs fois. À la troisième tentative, un grand escogriffe sans âge, au visage effilé, la mine cendreuse sous un haut-de-forme en feutre de poil, ouvrit la porte. Il était vêtu d’un smoking sombre et d’une liquette à la teinte améthyste.
— Mr Patterson ? interrogea James.
À notre désappointement, l’homme nous ausculta du regard, l’un après l’autre.
— Mon nom est Trelawney, James Trelawney, et voici mon associé, Andrew Singleton. Nous avons prévenu cet après-midi de notre arrivée.
L’échalas secoua mollement la tête, ce qui devait être de sa part un signe encourageant, car il s’écarta pour nous laisser entrer.
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— C’est ici. Et avec ça, nous sommes pile à l’heure !

Des lettres d’or barraient l’une des deux grandes vitrines de la bâtisse, derrière laquelle s’amoncelaient, sur une cascade de velours noir, des urnes sculptées et des plaques en marbre :

PATTERSON & PATTERSON,
ENTREPRISE DE SERVICES FUNÈBRES.
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Pendant que James continuait de fredonner le refrain de l’hymne national, la Midget aborda les premiers foyers de Swindon. Ici comme à Londres, des bannières et des festons avaient été accrochés partout aux fenêtres des maisons. Nous traversâmes une partie de l’agglomération, puis longeâmes ce qui, à la lumière des lampadaires, paraissait être l’enceinte d’un grand parc, avant de ralentir dans une rue portant le nom de Westlecot Road, au pied d’une imposante façade en briques et en bois d’inspiration gothique, coiffée de deux pignons crénelés.
Un dernier quartier de lune émergeait de temps à autre d’un amas de nuages sombres et menaçants, surgis de nulle part. Le temps était en train de changer, et la journée du lendemain risquait de ne pas se montrer tout aussi printanière.
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