Pour prendre la température d'un couple, il faut écouter le bruit qu'il fait en s'embrassant le soir après le travail. C'est un signal infaillible. Si le baiser, humide et fouillé, craque comme un feu de brindilles, le ciel est au beau fixe. Si les bouches restent closes, mais s'attardent l'une contre l'autre en faisant des petits sifflements de bouilloire, la complicité demeure. Mais un smack rapide annonce la vraie menace.
On pourrait croire que pour un homme entraîné à recevoir, depuis des années, des rafales de lettres de refus de toutes les maisons d'édition de France, l'arrivée d'une lettre de licenciement ferait l'effet d'une chiquenaude ou d'une piqûre de drosophile. Eh bien, pas du tout. Que l'on se détrompe. Le congédiement, surtout lorsqu'il vient par surprise, vous cloue le bec et vous sépare l'estomac en deux parties.