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Citation de fanfan50


Oui, elle avait adoré habiter dans un cinéma, mais elle se posait aujourd'hui des questions. Et si c'était à cause d'une telle éducation qu'elle avait tant de mal à affronter la réalité ? Elle avait lu quelque part que les quatre premières années de l'enfance étaient déterminantes, et donc elle avait dû en être affectée.
Maggie avait grandi à la glorieuse époque du Technicolor, avec ses belles comédies musicales, leurs chansons entraînantes et leurs foules ravissantes ; des films dans lesquels, à la fin, le garçon embrassait toujours la fille. Bien qu'elle fût une enfant unique, née de parents âgés, Maggie n'avait jamais été seule. Elle avait eu pour amis et camarades de jeu les stars de Hollywood, qui l'avaient comblée de bonheur. Puis, un jour, la télévision était arrivée et, comme tant d'autres petits cinémas de quartier, le Dreamland avait définitivement fermé ses portes. La famille s'était installée dans un appartement ordinaire, ce que Maggie avait mal vécu.
Dans le monde réel, il n'y avait ni bande sonore ni popcorn, ni confiseries ni lumière rose la nuit, et le scénario était plus difficile à suivre. Le nouvel emploi de son père, dans un magasin de chaussures, n'était pas très bien payé, et ils avaient été obligés d'emménager dans un triste appartement, plus confiné que le précédent. Maggie s'était sentie perdue et angoissée, dans ce monde étrange, encore inconnu. Elle n'en avait rien dit à ses parents, mais elle avait la désagréable impression qu'une erreur avait été commise, qu'elle n'était pas là où il fallait. Sa place, elle devait la trouver par un après-midi chaud et lourd du mois d'août, alors qu'elle avait dix ans. Pour arrondir les fins de mois, sa mère travaillait comme aide-couturière, et elle l'avait emmenée à un essayage chez une dame de Mountain Brook. Maggie n'était encore jamais allée dans cette partie de la ville et, lorsqu'en haut de Red Mountain elle avait aperçu Crestview, le majestueux manoir Tudor perché au sommet, elle en avait eu le souffle coupé. C'était comme un château dans le ciel, tout droit sorti d'un film merveilleux. Puis, quand elles étaient descendues de l'autre côté de la colline, qu'elle avait découvert Mountain Brook, avec ses rues arborées, ses façades couvertes de lierre et ses longues pelouses ondoyantes, elle avait eu la sensation d'être une enfant kidnappée qu'on ramenait chez elle. Elle avait découvert l'environnement qui lui convenait, et ses angoisses se dissipèrent.
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