Découvrez les nouveautés des Humanoïdes Associés du 9 septembre 2020.
Sirènes & Vikings T1, Françoise Ruscak et Phil Briones
humano.com/@sirenesvikings
EAN 9782731676198
Naissance du tigre, de Feldrik Rivat et Jean-Baptiste Hostache
humano.com/@naissancedutigre
EAN 9782731627107
Plus que la mort, c’est la mémoire qui me fascine, la mémoire et les efforts produits par l’Homme depuis la nuit des temps pour la graver dans le marbre. Sans mémoire, pas de civilisation.
Je soussigné Valentin Magnan, médecin psychiatre à la clinique des aliénés de Sainte-Anne, certifie que M. Lucien Gaulard, né le 16 juillet 1850 rue Vieille-du-Temple à Paris, ingénieur et inventeur de profession, est décédé ce jour à 12h30 d'un arrêt du cœur. Son état est jugé stable et définitif.
Eudes Lacassagne n'aime pas l'animal humain. Il ne le comprend pas. Ses congénères, du reste, le lui rendent bien. Être craint par les petites et les grandes pègres de Paris et détesté par ses collègues suffit à le satisfaire. Le reste n'est qu'affaire de jalousie mal placée. C'est le prix de l'excellence et, sans doute un peu aussi, d'une maladresse chronique pour ce qui est d'entretenir des rapports humains.
- Le plaisir n'est que peu de chose ici, devant la puissance de l'argent, n'est-il pas, monsieur Méliès ? cingle le Khan.
- L'argent ? inutile et indispensable à la fois... il n'est qu'une monnaie d'échange, un étalon sans lequel il est impossible de gagner la course, répond le prestidigitateur en levant les yeux vers le ciel et en faisant sortir des pluies de pièces de son mouchoir.
« ‘‘Faites de la mort une ressource, et elle sera votre corne d’abondance.’’
Le commerce des morts deviendra le secteur industriel le plus lucratif au monde, et la CCN en détient à ce jour le monopole total. »
Notes extraites du Petit Traité de capitalimse ténébral.
- Je ne vois pas un chat, aujourd'hui, lance Bertillon pour briser le silence.
- C'est que depuis quelques temps, des gavroches distribuent des tracts pour dissuader les visiteurs de se rendre dans nos cimetières, dit Moiroux. [...]
- C'est quoi cette histoire de tracts ? grogne le Khan.
- Tenez...
Moiroux sort de sa poche des dizaines de papillons imprimés à bas coût, signés d'un logotype de chrysanthème noir :
"Mort tu entre, vivant tu sortiras." ; "La voix des morts tu entendras." ; "Dans nos caveaux sommeillent des flammes. Dans nos tombeaux, s'éveillent les âmes !" ; "Bientôt, très cher, le mort vivra !".
Un dernier papier tombe dans la neige. Bertillon se penche pour le ramasser et lit à voix haute :
- "L'heure de la résurrection approche..."
Bertillon, de peur de perdre une fois de plus son taiseux de mentor (ndr : Lacassagne), s'empresse de mettre lui aussi fin à l'entrevue :
- Merci pour tout, monsieur Goron, je tâcherai de me montrer à la hauteur.
- Tâchez surtout de tenir la longueur, jeune homme, rétorque Goron. Le secret de toute chose est là.
Marcher plus vite que la norme ne l'autorisait indiquait que l'on manquait de temps. Le temps étant la plus grande des richesses aux Cuprifères, courir revenait simplement à crier à tous combien on était pauvre. À l'inverse, prendre patience, donner de son temps ou céder sa place dans une file étaient autant de marques de luxe et d'opulence...
Karl de l'Abey est un homme d'une trentaine d'années, sportif et belliqueux. Il pratique le tir au pistolet, la chasse, l'épée et l'équitation. En somme, son agenda comporte chaque jour toutes les activités d'un bon aristocrate.
Je jette un tapis de feutre sur le dos de son cheval, place une selle, et serre des sangles discrètement réparées.
- Vous mettez votre pied ici, et vous grimpez.
L'homme de Saham place la pointe de sa botte dans l'étrier et enfourche l'animal. Il ne cache pas son malaise.
- Certes, homme du Sud. Mais le mieux est d'être dans l'autre sens, pour voir votre chemin. Sinon, pour le reste, c'est parfait.