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4.05/5 (sur 10 notes)

Nationalité : Argentine
Né(e) à : Bahía Blanca , le 09/12/1966
Biographie :

Né en 1966 à Bahía Blanca, une province de Buenos Aires, Fernando Monacelli a fait des études d'économie à l'Université catholique d'Argentine, ou il dirigeait des ateliers littéraires. Rédacteur en chef du journal La Nueva Provincia, il est également l'auteur de différents ouvrages salués par la critique et primés dans son pays.

Source : www.lesescales.fr
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Bibliographie de Fernando Monacelli   (1)Voir plus

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Citations et extraits (6) Ajouter une citation
Une vague polaire a engourdi Buenos Aires depuis deux mois, madame. L'invasion antarctique, comme ils disent. Un courant d'air glacé qui a traversé le canal Beagle, la Patagonie et la province de Buenos Aires pour venir s'engouffrer dans la rue Corrientes. On bat des records de froid, cinq degrés au dessous de zéro. On ne parle plus que de ça, partout. Moi, ça ne m'affecte pas. Je trouve même réconfortant de voir les gens râler, couverts jusqu'aux yeux, emmitouflés dans leurs manteaux. En ce qui me concerne, la vague polaire a déferlé il y a cinq ans, quand Joaquin m'a annoncé qu'il quittait le pays et qu'il reviendrait nous chercher une fois installé. Cet après-midi là, en rentrant du journal, j'ai trouvé sa valise dans l'entrée et lui qui jouait avec Tomas. "Tu pars en voyage?" lui ai-je demandé. C'est là qu'il m'a tout avoué. Je suis d'abord restée muette de stupéfaction et puis j'ai hurlé : "Mais qu'est-ce que tu racontes, tu es devenu cinglé?" Il ne m'a pas répondu. Il a pris notre fils dans ses bras, l'a embrassé, me l'a tendu, a saisi sa valise et nous a abandonnés.
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Au début, on l'appelait "le Taré" ou "le Fou" et puis à force, il a fini par devenir "le Taraloco". C'était un type solitaire, maigre, qui se baladait toujours avec ses bottes et son sac à dos, l'air agressif, mauvais, pourtant il n'avait jamais rien fait de mal si ce n'est effrayer, malgré lui, quelques enfants, pas tous, parce que certains osaient l'approcher pour l'écouter parler seul. Il vivait dans la rue et, la nuit, dormait au fond des cours, dans un quartier résidentiel de Bahia Blanca, telle une ombre. Il laissait à peine quelques traces de son passage, on ne parvenait jamais à l'attraper, il s'enfuyait en sautant par-dessus les clôtures sans jamais rien emporter, sauf parfois le contenu des poubelles qu'il fouillait. Certains en vinrent à lui laisser des plats préparés pour éviter qu'il ne renverse leur conteneur, mais il n'y touchait jamais. Au contraire, cela le faisait fuir, si bien que d'autres familles finirent par utiliser la nourriture, le plus souvent un sandwich, comme une espèce de répulsif pour l'éloigner de leurs maisons.
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Il était midi, le soleil brillait, mais il faisait très froid et une brise humide se glissait sous ma veste, dans mes bottes, mes poches. Je décidai de ne pas suivre les indications de dona Ana - suivez la route du bord de mer jusqu'à la rue principale, tournez à gauche, avancez un peu et vous arriverez sur la place - et je suis entrée directement dans le village en quittant l'océan. Je vous jure que je n'ai croisé personne, pas même une voiture ou un chien comme celui que nous avions aperçu au terminus, la veille. Je déambulais dans un paysage abandonné, désolé. Je réalisais l'ampleur que la solitude avait dû prendre pour dona Ana quand Juan Cruz n'était pas revenu, sans comprendre comment elle avait pu s'y habituer. Tout en marchant sous un vent glacial, je me disais qu'il était impossible qu'elle n'ait pas perdu la tête à vivre ainsi enveloppée de tristesse dans une ville fantôme... Oui, vous avez raison, certains vivent dans des endroits bien pires sans devenir fous, ils y sont même heureux... Je vous livre juste ces pensées parce que j'ai navigué dans ce doute pendant longtemps, en me demandant si je serai capable de poursuivre la quête dans laquelle je m'étais engagée sans opposer aucune résistance, sans volonté propre, comme emportée par le courant.
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Le soldat del Valle s'appelait Juan Cruz, ce fut la première chose que me dit sa mère en posant deux photos sur la table. Sur la première, il était habillé en marin, du moins des épaules à la tête. Il ne possédait aucun trait vraiment singulier. Jeune, les yeux fixés sur un point en haut à droite. Avec le béret typique et le col ridicule de leur uniforme, il ressemblait à l'image du marin qu'on a tous. J'ai eu l'occasion de voir beaucoup de photos de ce genre, et il faut vraiment s'arrêter sur chaque visage pour ne pas avoir l'impression de voir partout le même soldat. Ils sont aussi semblables que les croix blanches dans les cimetières militaires. La première fois que je le vis, Juan Cruz me parut donc un exemple parfait du soldat mort aux Malouines; il devenait un fragment du tableau abstrait que représentait la guerre pour moi, un devoir sentimental politiquement correct auquel s'ajoutait le vague souvenir de la matinée du 2 avril, quand mon père nous avait réveillés pour aller à l'école et que nous avions appris dans une atmosphère lourde de gravité et d'euphorie que l'Argentine avait envahi les îles.
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Je lui ai dit la vérité. Que les gens avaient des tas de fantasmes sur les journalistes, qu’en général on ne cherchait rien, on faisait semblant, il y avait toujours quelqu’un pour vous servir les choses sur un plateau.
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- Si je connais Juan Cruz? Mais bien sûr, ici tout le monde le connaît, c'est le héros de Mar Calmo. Il y a une photo de lui à l'entrée de la mairie, vous ne l'avez pas vue? Sous la galerie des anciens maires. J'y apparais plusieurs fois, vous savez, et j'en suis très fier, de 1979 à 1983 comme adjoint d'abord puis comme maire de la démocratie, réélu depuis 1991. Les plantes que ma secrétaire a disposées pour égayer le couloir l'ont peut-être recouverte; on a mis une autre photo identique, à l'école, et celle-là, on la voit bien, en haut de la porte principale... Notre cher Juan Cruz, un véritable héros, né et élevé à Mar Calmo.
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