AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.79/5 (sur 3814 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bruxelles , le 06/02/1961
Biographie :

Florence Aubenas est une journaliste et écrivain française.

Elle est la fille de Jacqueline Aubenas, journaliste, cofondatrice de la revue féministe "Les Cahiers du Grif", critique de cinéma et chargée de cours à l'INSAS et l'ULB à Bruxelles, et de Benoît Aubenas, diplomate européen.

Diplômée du Centre de formation des journalistes (promotion 1984), elle a travaillé pour "Le Matin de Paris" et "Le Nouvel Économiste" (1984-1986), avant d'entrer en 1986 au journal "Libération". Elle a effectué la plus grande partie de sa carrière au sein du quotidien "Libération" comme grand reporter jusqu'à son départ en 2006 pour l'hebdomadaire "Le Nouvel Observateur", puis "Le Monde" à partir de 2012.

Lors d'un reportage en Irak, en 2005, elle a été retenue en otage pendant plusieurs mois. Elle a été enlevée à l'université de Bagdad Jedida alors qu'elle réalisait un reportage sur les réfugiés de la ville de Falloujah qui vivaient dans des tentes sur le campus.

De février à juillet 2009, elle prend un congé sabbatique laissant circuler la rumeur qu'elle part au Maroc écrire un roman. Dans les faits, elle s'installe à Caen et s'inscrit au chômage pour chercher du travail.

Elle mène l'enquête sur la France d'en bas qui vit avec un salaire inférieur au SMIC. Après avoir enchainé les petits boulots, elle embarque comme femme de ménage sur un ferry au quai de Ouistreham.

De cette expérience naquit le livre "Quai de Ouistreham" paru en février 2010 où elle raconte la fatigue, la précarité, la vulnérabilité mais aussi la solidarité et les moments de bonheur arrachés à ce monde où vivre ressemble davantage à survivre. Cet essai a remporté en 2010 les prix Jean Amila-Meckert et Joseph Kessel. En 2021, il a été adapté au cinéma, réalisé par Emmanuel Carrère, avec Juliette Binoche.

Elle reçoit le Prix d'Académie 2015 pour son ouvrage "En France" (2014).

En 2021, Florence Aubenas a écrit plusieurs enquêtes sur le milieu rural, notamment sur l'agriculteur bio et militant Jérôme Laronze, à qui elle a consacré une série d'été en six reportages.
+ Voir plus
Ajouter des informations
Bibliographie de Florence Aubenas   (11)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (70) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Plus qu'un petit mois avant le salon... En attendant, voici l'aftermovie de la 18e édition de Lire en Poche Gradignan, sur la thématique " Un autre monde ? " marrainée par Florence Aubenas Vidéo : réalisée par Vincent DEBAST Musique : Jazz Art Quartet- Intermittenze

Podcasts (2) Voir tous


Citations et extraits (292) Voir plus Ajouter une citation
- Je sais que je n'ai pas de rendez-vous, mais je voudrais juste vous demander de supprimer mon numéro de téléphone sur mon dossier. J'ai peur qu'un employeur se décourage, s'il essaye d'appeler et que ça ne répond pas.
- Pourquoi ? demande l'employée, qui est aujourd'hui une blonde de petite taille.
- il ne marche plus.
- Qu'est-ve qui ne marche plus ?
- mon téléphone.
- Pourquoi il ne marche plus ?
- On me l'a coupé pour des raisons économiques.
- mais vous ne pouvez pas venir comme ça. Il faut un rendez-vous.
- bon, on va se calmer. Je recommence tout : je voudrais un rendez-vous, s'il vous plaît, madame.
La jeune femme blonde paraît sincèrement ennuyée. "je suis désolée, monsieur. On ne peut plus fixer de rendez-vous en direct. Ce n'est pas notre faute, ce sont les nouvelles mesures, nous sommes obligés de les appliquer. Essayez de nous comprendre. Désormais, les rendez-vous ne se prennent plus que par téléphone.
- mais je n'ai plus le téléphone.
- il y a des postes à votre disposition au fond de l'agence, mais je vous préviens : il faut appeler un numéro unique, le 39 49, relié à un central qui vient d'être mis en place. Il est pris d'assaut. L'attente peut-être longue.
- Longue ?
- Parfois plusieurs heures.
Commenter  J’apprécie          360
les autres employés arrivent...Personne n'a assez dormi , chacun garde le nez dans son reste de sommeil, le visage sans couleurs et encore froissé de la nuit, les cheveux alourdis. Peu de mots, même pour demander une cigarette. Quand l'un sort un paquet, les regards quêtent, les mains se tendent, des hochements de tête miment un merci, parfois un reniflement. Les gestes ressemblent à des frissons , tremblants et raides, tendus contre l'humidité qu'on sent prête à se faufiler entre les couches de vêtements, à chaque mouvement, comme des doigts glacés jusqu'à la peau tiède.
Commenter  J’apprécie          350
Marilou a mal aux dents, elle a toujours eu mal aux dents. Dans ces cas-là, le dentiste lui semble la plus périlleuse des solutions. Trop compliqué, trop douloureux, trop cher, une idée d'un autre monde en somme. Elle se tient la joue et la contrariété rend son visage rond encore plus enfantin : "De toute façon, si un dentiste m'approche, je le frappe."
L'autre soir, en rentrant du ferry, elle a appelé SOS Médecins, on lui a donné des calmants, pour patienter. Elle attend que toutes ses dents soient pourries pour les faire arracher à l'hôpital, d'un coup, sous anesthésie générale. "Tout le monde fait ça, maintenant." Elle me regarde comme si je débarquais de la Lune. Son homme y est déjà passé. On se réveille après l'opération, tout est parti sans qu'on se rende compte de rien, on rentre chez soi très vite, on mange de la purée pendant un mois, puis on commande un appareil intégral, que la Sécurité sociale rembourse. On est tranquille pour la vie.
Commenter  J’apprécie          240
Pourquoi ce sont les salariés qui pleurent leur usine ? Ce sont les patrons qui devraient être tristes.
Commenter  J’apprécie          260
Aujourd'hui on est considéré pour rien socialement quand on ne ne travaille pas, même vis-à-vis des gens qu'on connaît.
Commenter  J’apprécie          240
Plus on nous fait travailler, plus on se sent de la merde. Plus on se sent de la merde, plus on se laisse écraser.
Commenter  J’apprécie          232
Au bout d'un moment, on ne cavale plus du tout. On n'a même plus la force de se faire des clins d’œil, hébétées, affolées par notre propre impuissance et la certitude de voir le retard s'aggraver.
J'aperçois Françoise, près du bungalow 21, une autre collègue. Elle a tout posé devant elle, le vinaigre blanc, le détergent bio, le tampon Jex, le liquide vaisselle, le désinfectant toilettes, les balais, les serpillères, les torchons, le chiffon en jersey et un tas d'autres choses que j'oublie. Tranquille, elle sort son paquet de cigarettes sous la pluie, d'un geste ample. J'entends cliqueter la molette du briquet, je vois la petite flamme lutter contre le vent et l'averse, puis le tabac, finalement, qui s'allume. Françoise a dû être cow-boy dans une vie antérieure. Un des dragons passe à bicyclette et crie, sans arrêter de pédaler : "Le rouleau de papier hygiénique qui a roulé devant la porte, c'est normal ? " Françoise ne tressaille pas, elle garde les yeux fixés sur un troupeau de nuages noirs qui filent à toute vitesse le long de la ligne d'horizon. Elle annonce : "Je m'en fume une, allez." Et, comme si elle était au paradis, l'éternité devant elle, elle souffle, au-dessus de sa tête, une volute avec un courage que nous lui envierons à jamais.
On termine vers 15h30, péniblement. On n'a rien mangé depuis le matin, on n'arrive plus à porter nos seaux, on n'a même pas eu le temps d'aller aux toilettes, on sent monter une rage éperdue et désordonnée. C'est la seule fois où nous verrons les deux dragons rigoler. "Quand M. Mathieu a dit que vous auriez fini à 13H30, on savait que vous n'y arriveriez pas."

p 104-105 (Points)
Commenter  J’apprécie          200
"Est-ce que vous voulez commencer une nouvelle vie? Agent d'entretien, qu'est-ce que vous en pensez? Les métiers de la propreté, c'est l'avenir, mais il faut se décider maintenant. Le marché est en pleine structuration, il va se refermer d'ici peu. Un cycle de formation des métiers de la propreté se met en place, avec un bac spécialisé, peut-être même un troisième cycle. Dans un an ou deux, les entreprises ne prendront plus que des femmes de ménage diplômées. Ce sera trop tard pour les gens comme vous, sans qualification."
Commenter  J’apprécie          210
Cette partie-là du bourg garde son jus de campagne. Longtemps, il y eut les vaches, une rivière, une comtesse dans son château, qui semble parfois y être encore. Une venelle étroite se tortille à flanc de montagne, où les voitures se croisent à peine : c'est la rue principale qui passe devant l'église, puis débouche sur une placette avec une belle fontaine où les bêtes se relayaient pour boire.
Commenter  J’apprécie          210
Au palais de justice de Lyon, les deux juges d’instruction peuvent se dire qu’on ne les a pas saisis pour rien. Ils ont, à leur manière, apporté du nouveau. Bien sûr, les charges restent ténues, les éléments flous, racontant un contexte davantage qu’ils ne fournissent de preuves.
(...)
Pour le verdict, cette fois encore, rien n’est joué. Un acquittement serait possible mais, aux yeux de la magistrature, la vraie question est désormais ailleurs : peut-on classer sans suite un dossier comme celui de Montréal-la-Cluse, signalé à la chancellerie, qui a bouleversé une région, après une enquête de dix ans par une unité d’élite et deux personnes mises en examen ? La réponse est non. « On a fait tout ce qui était possible, et à un moment donné il faut y aller : présenter le dossier tel qu’il est et laisser les jurés trancher », estime un magistrat. Le procès garderait une certaine tenue : des témoins, des grands avocats, de l’émotion, la famille de la victime appréciera le travail accompli et sera amenée à participer, ce qui est plus intéressant pour elle qu’un rendez-vous dans l’ombre d’un cabinet.
Les audiences promettent même d’être explosives avec des accusés comme Thomassin et Nain, rien à voir avec la haute voyoucratie ou les beaux mecs, qui restent de marbre et laissent leurs avocats ferrailler techniquement, sans laisser affleurer le moindre sentiment. Les deux hommes sont « nature », « bourrés de maladresses, ce qui fait leur intérêt », « spécialistes du free style ». Dans l’enceinte d’une cour d’assises, où s’attisent les passions, tout peut arriver avec eux. Qui sait ? Les professionnels appellent ça « la magie de l’audience ».
Il ne reste plus qu’à rédiger l’ordonnance de mise en accusation.
Commenter  J’apprécie          180

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Florence Aubenas Voir plus

Quiz Voir plus

Noms d’écrivains dissimulés (dans les pas de LaFaro)

Laisse courir, ça arrive à tout le monde de roter après un copieux repas de Thanksgiving !

John
Jack
Ernest
Philip

10 questions
18 lecteurs ont répondu
Thèmes : écrivain , international , caché , nomCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..