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Critiques de Florence Aubenas (555)
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L'inconnu de la poste

J'étais à peu près passée à côté du fait divers au coeur de ce récit. 2008 : le meurtre par 28 coups de couteau d'une postière dans une petite ville de l'Ain. 2013 : l'acteur du Petit Criminel, césar du meilleur espoir 1991, Gérald Thomassin mis en examen pour cet homicide et incarcéré en détention provisoire puis libéré sous contrôle judiciaire. 2019 : il disparaît, sur le point d'être innocenté d'un non-lieu. Incroyable histoire, du César au cauchemar, nimbée de mystères.



Florence Aubenas est une formidable conteuse. Ce n'est pas nouveau, pour ceux qui ont lu le Quai de Ouistreham ou suivent son travail de journaliste au Monde. Disons que dans ce récit éminemment romanesque où tous les événements sont vrais, son talent est encore plus éclatant. L'Inconnu de la Poste se lit comme un thriller, fluide et aisé à suivre, saturé de mystères. La ligne narrative sait où elle veut conduire le lecteur tout en se remodelant en permanence au fil des rencontres et des éclairages choisis par l'auteure. Elle ouvre les tiroirs les uns après les autres tout en gardant son récit droit.



L'auteure a travaillé plus de six ans sur ce dossier. Pour autant, elle ne propose pas une contre-enquête à la « Faites entrer l'accusé ». de même, elle ne porte aucun jugement sur le déroulé de l'affaire, ne fait aucune extrapolation. Dans la lignée rigoureuse et sensible de de Sang froid ( Truman Capote ) et du Chant du bourreau ( Norman Mailer ), son True crime est une magnifique étude sociologique, celle d'une petite ville provinciale, Montréal-la-Cluse, au coeur de Plastics Valley en crise depuis les années 1990 puis carrefour de la drogue entre la Suisse et l'Italie. Comme une vue en coupe de la société française qui donne les clefs pour percevoir l'épaisseur du réel et sa complexité.



Florence Aubenas flaire dans les moindres recoins du réel et son acuité humaniste nourrit son récit de mille détails qui palpitent de vie en s'attachant à une galerie épatante de portraits. Bien sûr, Gérald Thomassin en est le point de convergence et on découvre un enfant de la DDASS que le cinéma n'a pas sauvé, dont le parcours chaotique de marginal entre drogue, alcool et RSA, en a fait un parfait gibier de potence. « Attachant et décourageant » comme le décrit le cinéaste Jacques Doillon.



Mais au-delà de la trajectoire cabossée de Thomassin, Florence Aubenas donne une voix à tous ces protagonistes qui n'ont pas l'habitude de se raconter ou d'être racontés : les habitants de Montréal-la-Cluse, la bande de copine de la postière assassinée, les copains marginaux qui traînaient avec Thomassin, les les derniers fermiers du village vivant comme des reclus avant de tout lâcher. Catherine, la postière a droit à un portrait complet qui résonne avec les failles de l'acteur. Et puis, il y a son père, notable du village. Acharné, ne tenant que par sa quête de vengeance, s'accrochant à ses croyances, obsédé par Thomassin en lequel il ne voit qu'un assassin avéré. On est chez Chabrol ou Simenon.



Tout est passionnant dans ce récit à l'humanité brute et nue qui ne verse jamais dans le sensationnalisme.







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L'inconnu de la poste

j’ai dévoré ce livre avec d’autant plus d’avidité que je ne connaissais rien de cette affaire criminelle aux multiples suspects et coups de théâtre. Dans une enquête fouillée réalisée en immersion, Florence Aubenas, brillante journaliste, n’hésite pas à se mettre dans la peau de plusieurs protagonistes tout en restant factuelle. C’est à Montréal-la-Cluse qu’en ce jour de décembre 2008 est perpétré le meurtre barbare de Catherine Burgod une employée de « la petite poste ». Un suspect polarise l’attention de la police rapidement : l’acteur Gérald Thomassin Césarisé pour son rôle dans « le petit criminel ». Ce marginal aussi solitaire qu’évanescent, connu des services de police, sorti de nulle part et n’aspirant qu’à y retourner, vie dans la commune depuis peu. L’étranger ganté au chapeau de feutre et long manteau de cuir noir inspire méfiance. Entre deux tournages son parcours est chaotique et le prédestine à un destin pénal : familles d’accueil, Ddass, rue, larcins, addiction à la drogue et à l’alcool. Désormais sa vie se résume au triptyque RSA /bières/Subutex. Installé dans un appartement en sous-sol située en face du lieu du crime il est dans le collimateur de la justice et incarne le « coupable idéal ». De simples éléments troublants sont alors considérés comme «un faisceau d’indices graves et concordants ». La journaliste dresse un portrait précis, objectif et empreint d’humanité de Thomassin, de la victime et de leur entourage à qui elle donnera la parole tour à tour. Elle dépeint aussi magistralement la communauté rurale et livre une observation fine du monde social. Les preuves scientifiques finissent par mettre à mal l’intime conviction de départ et ouvre sur un autre scénario possible même si de nouvelles déclarations viennent contrarier l’espoir de connaître enfin la vérité…A l’enquête officielle se mêlent une enquête plus intime possédant tous les ingrédients des affaires criminelles les plus brûlantes : fausses pistes, rebondissements, vindicte populaire, mise en examen suivie de non-lieu, ténors du barreau, pression familiale, intime conviction aveugle et disparition mystérieuse de suspect. Glaçant et passionnant.
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L'inconnu de la poste

En quelques phrases, Florence Aubenas sait nous faire comprendre ce qui sépare Gérald Thomassin du reste de la société. Cette société qui l'a adulé un temps, (allez jeter un oeil sur la page Wikipedia ou l'IMDB de Gérald Thomassin), à laquelle il n'a jamais su se conformer et qui l'a rejeté en le soupçonnant du pire, le meurtre de la postière de Montréal-La-Cluse en 2008.

N'a-t-il pas été le petit criminel dans le film de Jacques Doillon, vous diraient ceux qui au moyen-âge jetaient des pierres sur l'acteur qui jouait le rôle de Judas lorsque la Passion du Christ était mis en scène sur le parvis des cathédrales ?

Il a préféré disparaître en août 2019. Il obtiendra un non-lieu en octobre de la même année. Depuis personne ne sait où il se trouve. Une information judiciaire pour enlèvement et séquestration est ouverte.

« Montréal-La-Cluse est devenu un bourg ouvrier, mais le temps s'y écoule comme à la campagne, entre la maison et le jardin.

S'occuper du bois, savoir conduire très vite sur la neige ou éviter de nuit un sanglier garde ici tout son sens.

(…)

Personne n'a jamais vu Thomassin dans l'eau, ni même en maillot de bain. Les jours et les nuits, il les passe avec quelques gamins du camping, collé devant des jeux vidéo, à écluser des bières. »

En 2007, Thomassin s'installe dans cette région de Nantua où après le miracle économique de l'industrie du plastique, tout « a été compressé, délocalisé, précarisé, fermé. » où, « Bientôt il faudra du piston pour avoir sa chimio »

Par miracle, Montréal-La-Cluse a pu maintenir son agence postale. Autour de la postière, « Catherine Burgod, 47 ans, des faux airs de Sophie Marceau », les anciennes copines de lycée se retrouvent pour un café matinal tous les jours à 8h30.

Dans le village, Thomassin se lie avec Tintin et Rambouille « On était les Dalton » dit Tintin.

Au yeux des deux autres Thomassin brille, c'est la vedette !

Autour de ce fait divers, Florence Aubenas nous livre une véritable chronique de la France du XXIème et du fonctionnement de la justice. Ça se lit comme un polar, mais ça fait froid dans le dos.

Avec une grande précision et un vocabulaire sans détour, elle analyse le contexte des itinéraires respectifs de Catherine Burgod et Gérald Thomassin. Tout les oppose. Elle, la petite fille gâtée par son père qui ne lui refuse jamais rien, malheureuse malgré les apparences, court après un bonheur qui lui échappe. Lui , l'orphelin de la DASS qui ne s'est jamais remis de son abandon malgré ses récompenses cinématographiques vit dans une réalité qu'il est seul à percevoir. Deux personnalités opposées qui se retrouvent dans les blessures que la vie leur a infligées.

Le village prend fait et cause pour Catherine contre Thomassin.

« Peu à peu, dans cette paisible communauté villageoise, la méfiance entre voisins s'est installée, les anciens se sont remis à raconter la guerre, « le seul épisode comparable, dit l'un. »

Thomassin coche toutes les cases, il est étranger, habite juste en face de la poste, parle beaucoup sans que l'on sache si c'est l'auteur ou le personnage qui parle. Les mots n'ont pas le même sens pour Jacques Doillon ou pour un habitant Lambda de Montréal -La-Cluse !

Thomassin n'est jamais dans la réalité, il joue en permanence. « Il n'y a pas plus attachant, dit Doillon. Pas plus décourageant non plus. » Entre lui et la société c'est une question d'indifférence et d'attraction. « Ce monde lui paraît étranger et à la fois secrètement familier. »

Sur les témoignages de Tintin et Rambouille l'enquête concentre sur Thomassin. Son expérience d'acteur fait dire aux gendarmes« Il a pu tenir ce rôle du meurtrier puis s'en extraire en se persuadant ensuite que ce n'est pas lui qui a agi. » Manquent les preuves. Il donne du grain à moudre aux gendarmes car « (…) « simplement » n'existe pas dans le monde de Thomassin. »

Garde à vue le 26 juin 2013, il passera presque trois ans en prison.

Les traces d'ADN du véritable coupable retrouvées sur la scène de crime matchent avec celle d'un habitant de la vallée. Thomassin est disculpé, mais le doute demeure.

L'analyse des magistrats diverge sur le sujet.

A la fin de cette lecture, on hésite entre Entre colère et chagrin.

La presse n'a pas hésite à écrire « (…) l'acteur du Petit criminel, « un film dont le titre résonne tragiquement aujourd'hui »

Pendant des années la justice a considéré un coupable parce que son parcours en faisait un coupable crédible.

Un livre hallucinant sur une affaire qui ne l'est pas moins.

Du grand Florence Aubenas !

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L'inconnu de la poste

Je connais Florence Aubenas pour avoir lu , entre autres , son très intéressant " Quai de Ouistreham" dans lequel ses qualités journalistiques s'étalaient au grand jour pour notre plus grand plaisir . Par contre , je n'avais pas connaissance de la parution de son dernier roman " L'inconnu de la poste " que la " main providentielle " de ma fille a sorti des rayons de sa librairie préférée afin de me l'offrir . le titre déjà, me semble alléchant, porteur de sens , fleurant bon le mystère et la " province " . Oui , la province , vous savez , un de ces villages ou gros bourgs où l'on peut encore boire un demi au " bar de la poste " , cette poste qui sert ( ...ou servait ) de phare salvateur aux touristes égarés, comme l'église ou la mairie . Lieu de rendez- vous . Un bureau de poste qui , d'ailleurs , justifie bien ici sa fonction de lien social puisqu'une aimable " bande de femmes " s'y réunissent tous les jours autour de Catherine Burgod , la postiére, belle femme " complexe " , fille d'un notable local .Ce village de montagne , c'est Montréal la Cluse , près du lac de Nantua . Un décor splendide, attirant surtout les familles pour l'activité de ses usines de plastique et situé à mi- chemin entre Lyon et la Suisse sur la route des trafiquants de drogue . Tout un programme ....C' est là que Gérald Thomassin , un acteur reconnu et primé d'un César du jeune interprète , vient s'installer pour vivre sa " marginalisation " et oublier un passé et un présent peu attrayants car compliqués . Et bien entendu , l'attirance pour Tintin et Rambouille , eux - mêmes " marginaux du village " , va encore plus focaliser l'attention des autochtones sur sa personne . Ben , oui , comme partout .. Bienvenue dans la Grotte , juste en face ...de la poste .



Ça commence comme un roman , comme une intrigue de polar mais souvenons- nous que Florence Aubenas est journaliste et c'est dans la vie réelle , dans un quotidien banal , qu'elle puise les situations , qu'elle traduit l'ambiance , les sentiments et qu'elle crée un suspense qui nous tiendra en haleine jusqu'à la dernière ligne...Les phrases courtes , sèches , taillées au cordeau nous placent au coeur d'un fait divers qui , peu à peu , prend des airs de " vrai crime " . Et oui , un vrai crime que l'assassinat de la belle postière. Pas une fiction , non , du réel, du vécu, 28 coups de couteau pour la préposée , 6 à 7 ans de travail , d'enquête , de recherches pour Florence Aubenas . Tout ça pour ça ? Oui , mais ça , vraiment , c'est " du lourd , du très lourd " comme dirait Francis Lucchini . Il y a , dans cet ouvrage , la " patte et le sérieux " d'une vraie journaliste d'investigation , qui cherche , fouille , triture , remue , et relate tout en gardant sa distanciation ( mot bien dans l'air du temps ....) , ne nous entraîne pas là " où " elle veut mais là où il faut être ...Une vraie pro , quoi , pour un régal de livre ...Enfin , ce n'est que mon humble avis , hein , et vous n'êtes pas obligés de me croire ....Je l'ai déjà dit ? Ah, oui ? Alors je me tais , dommage pour vous , j'allais vous révéler...
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L'inconnu de la poste

En 2008, la postière d’un village de l’Ain est retrouvée assassinée de vingt-huit coups de couteau sur son lieu de travail. L’enquête piétine et finit par déboucher en 2013 sur la mise en examen de l’acteur Gérald Thomassin, césar du meilleur espoir 1991. L’homme est placé trois ans en détention provisoire avant d’être libéré sous contrôle judiciaire. Il disparaît en 2019, alors qu‘un non-lieu était sur le point de l’innocenter. Florence Aubenas a enquêté sept ans sur cette affaire, restée à ce jour irrésolue.





Exposée pas à pas avec une objectivité et une précision journalistiques qui n’ont d’égale que l’incontestable talent de conteuse de l’auteur, cette histoire en tout point véridique se lit comme un thriller où ne cesse de s’épaissir le mystère. Face à l’énigme, la narration se garde de développer toute théorie personnelle, et, plutôt qu’à une contre-enquête, c’est à une véritable étude sociologique qu’aboutit Florence Aubenas. Explorant la personnalité des protagonistes, leur environnement socio-économique et les ressorts de leur existence, elle nous immerge dans le vase clos provincial de cette vallée frontalière en crise, devenue carrefour de l’industrie du plastique, mais aussi de la drogue.





S’y dessine peu à peu une galerie de portraits plus vivants que nature, parmi lesquels la figure tourmentée d’un étranger aux lieux venu s’y établir, que ses failles psychologiques tout autant que sa vie marginale, entre RSA, drogue et alcool, ne pouvaient que désigner à la méfiance et aux soupçons. Enfant de la Ddass éternellement habité par une insondable béance intérieure, cet homme qu’on dirait dévoré par la combustion de son mal-être, semble aimanté par quelque force obscure qui l’enchaîne au malheur. Sa chute aux enfers est d’autant plus troublante et vertigineuse qu’elle s’inscrit en tragique contraste avec la chance que lui offrait le cinéma. Et il n’est pas jusqu’au point d’orgue de son inquiétante disparition qui ne contribue à hanter durablement le lecteur, bien après le point final de ce récit.





L’acuité du regard et des observations de Florence Aubenas fait de ce document un fascinant et troublant instantané des remous où se noie une partie habituellement invisible de notre société. Admirablement conté, il se lit comme un roman empli de suspense et de mystère, d’autant plus addictif et bouleversant qu’encore une fois, la réalité dépasse l’imagination.


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Le Quai de Ouistreham

Il est délicat d'émettre une note dissonante dans le flot de critiques laudatives que s'est attiré ce beau témoignage humaniste de la France d'en bas, qui souffre de la crise et de la précarité.

Je le concède volontiers : cette chronique de la misère sociale est émouvante. La démarche de cette grande journaliste est noble.

Pour autant j'avoue deux réticences

La première est littéraire. Le livre a un problème de rythme. Constitué d'une multiplicité de petites saynètes, certes attachantes et bien troussées, il n'avance pas.

La deuxième est méthodologique. Pour écrire son livre, Florence Aubenas est entrée dans la peau d'une chômeuse de longue durée en quête de petits boulots. L'embedment est au journalisme ce que l'Actor's studio est aux acteurs de cinéma. Pour autant il a ses limites. Même en se grimant, même en bidonnant son CV, même en s'installant pendant des mois dans une cité HLM sans charme, même en nettoyant les WC conchiés du ferry d'Ouistreham, Florence Aubenas ne sera jamais de la France d'en bas. Elle en partagera peut-être les affres, l'espace de quelques semaines ; mais elle n'en éprouvera jamais l'intime désespérance, l'absence entêtante de perspective.

Sa démarche du coup ne peut pas ne pas être artificielle. Comme Fabrizio Gatti, ce journaliste italien qui avait partagé le sort de réfugiés africains en route vers l'Eldorado européen, Florence Aubenas touche vite les limites de l'exercice. Quand elle postule à un emploi de femme de fin de ménage, elle n'est pas, elle ne peut pas être une chômeuse en fin de droit cherchant à décrocher un petit boulot pour remplir son frigo. Elle ne peut qu'être une journaliste - certes courageuse - qui aligne les expériences pour enrichir son livre de plusieurs épisodes pittoresques.
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L'inconnu de la poste

À la manière de Truman Capote avec De sang-froid ou encore Norman Mailer et Le chant du bourreau Florence Aubenas avec L’inconnu de la poste entre de plein pied et avec brio dans la non-fiction littéraire. En effet comme ces prestigieux prédécesseurs, la journaliste qui a longuement enquêté sur l’assassinat d’une postière de village, dont a été soupçonné un jeune acteur de cinéma aussi doué que marginal, va par son écriture factuelle et sans affect donner à ce fait divers une dimension sociale, sociologique et tragique capable de transcender son sujet. De fait, on ne lache plus cette non-fiction non seulement pour sa qualité romanesque digne des meilleurs romans noirs mais également pour la mise en lumière d’une France bien réelle au mieux ignorée au pire méprisée.
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L'inconnu de la poste

Quand un essai se lit dès les premières pages comme un roman, c’est plutôt bon signe. L’inconnu de la poste de Florence Aubenas aurait fait un excellent roman s’il n’avait pas traité de la réalité. Celle du quotidien. Du quotidien sordide. C’est arrivé près de chez vous, ou dans un de ces petits villages comme il y en a tant près de chez vous. C’est arrivé en France au XXIe siècle…



Souvenez-vous, Gérald Thomassin, Le petit criminel de Doillon, César du meilleur espoir à la fin du siècle dernier avant de plonger dans la spirale infernale du marginalisme et du quasi-oubli. À Rochefort, puis dans le Bugey, à Montréal-la-Cluse, 3 000 habitants. Un petit studio en sous-sol, face à l’agence postale. Celle dans laquelle Catherine Burgod se fait assassiner un petit matin d’hiver. Plaçant Thomassin dans la posture du coupable idéal.



Un jour au mauvais endroit… Aubenas aurait pu emprunter son titre à Calo. Reprenant le concept rigoureux de son journalisme d’immersion, elle a depuis plusieurs années, noué des liens avec Thomassin et remonté le fil complet de ce fait divers dont le coupable demeure inconnu à ce jour. Entre temps, la pression psychologique, l’opprobre collective, les gardes à vue et la détention provisoire auront eu raison des éternels espoirs de rebond que cultivait Thomassin. Il est porté disparu depuis un an et demi.



Bien sûr, comme elle le fit pour Outreau, Florence Aubenas endosse sa veste de grand reporter et décortique méticuleusement les étapes de l’enquête, questionne les faits, réinterroge les témoins et démontre sans passion les faiblesses factuelles d’un dossier exacerbé par les passions locales.



Mais comme elle le fit à Ouistreham, elle s’installe sur place, s’imprègne des lieux, rattrape leur histoire, intègre à son raisonnement les mécanismes relationnels qui régissent ce microcosme de la vallée du plastique où il faut que tout bouge pour que rien ne bouge. Et conforme à son habitude, elle s’intéresse aux gens. Aux vrais gens.



Et c’est là que Florence Aubenas donne à son livre toute sa dimension. Loin de l’enquête, elle nous raconte l’histoire simple devenue compliquée de ces esquintés de la vie, hommes aux cerveaux et aux cœurs trop pleins : trop pleins d’envie, trop pleins d’essais, trop pleins d’échecs, trop pleins d’angoisses, trop pleins de lassitude.



Loin de toute approche moralisatrice ou culpabilisante, Florence Aubenas nous propose, avec distance et élégance, une énorme bouffée d’humanité qui affleure juste au-dessus d’un contexte bien sombre, pour qui choisit de la regarder. Un grand livre.
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Le Quai de Ouistreham

Voilà.

Je viens de quitter Caen et ce quai de Ouistreham auquel j'aurais du me rendre depuis quelques années déjà.

Merci, madame Aubenas, d'avoir rapporté ce reportage d'une valeur inestimable. Vous êtes la digne héritière et continuatrice de ces journalistes qui firent le renom de la presse française.

Vous avez rejoint, dans cette crise qui affaiblis encore plus les plus faibles, le peuple invisible des travailleurs précaires des entreprises de nettoyage.

Bien sûr, vous n'y êtes pas allé pour y rester à passer le lave-pont ad vitam éternam... Ce que quelques chroniqueurs babéliotes vous reprochent absurdement! Vous avez donné une voix , un visage et une humanité à celles et ceux qui œuvrent au nettoyage dans des horaires impossibles, courant de contrats en contrats, contraints de briquer et faire briller dans des laps de temps plus que chichement mesurés.

Votre livre, Madame Aubenas, est instructif et nécessaire: Un témoignage soigneusement écrit par celle-là même qui a partagé la vie des précaires...

Celle qui a nettoyé les sanitaires sans rechigner à la tâche.

Un document de première main, dur, parfois désespérant mais avant tout humain.

C'est celà, l'œuvre d'un journaliste, et je vous en remercie infiniment.

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Le Quai de Ouistreham

Tout le monde connaît Florence Aubenas, journaliste d’investigation, ex-otage en Irak, baroudeuse intervenant sur tous les points chauds de la planète : Rwanda, Kosovo, Algérie, Afghanistan, Irak, et dernièrement, Syrie. On l’imagine comme une sorte de Lara Croft au regard vif et aux nerfs d’acier, traquant le scoop au péril de sa vie, dans les endroits les plus improbables et le plus dangereux du globe. Ce livre relate une enquête de Florence Aubenas. Sa méthode : l’infiltration. Sa mission : devenir « invisible ». Son point de largage : Ouistreham. Ses armes : le balai télescopique, la serpillière de la mort, la cireuse-shampooineuse à trois vitesses. Florence – Lara Croft – Aubenas, ses pschitt-pschitt lave-vitres solidement fixés au ceinturon, est prête pour sa nouvelle aventure !

Le débarquement de notre héroïne a lieu non loin des plages de Normandie, à Cabourg, où nous affrontons d’emblée M. et Mme Museau, deux monstres du premier niveau. La menace est sérieuse, mais Florence-Lara s’en sort plutôt bien : « Je n’ai jamais eu l’intention de travailler chez M. et Mme Museau. Je ne veux pas entrer au service de particuliers… ». Un premier combat gagné par abandon face à l’ennemi. Pas très glorieux pour un début ! Mais rapidement, les niveaux suivants vont s’enchaîner : investir une agence d’intérim à Caen, et, il y a de quoi refroidir, partir à la conquête du Pôle (du Pôle Emploi, bien sûr).

Vous l’avez compris, on suit Tomb Raider Florence dans son parcours de combattante à tomber raide… de fatigue (et j’arrête là la métaphore) en immersion dans le monde des « invisibles ». Vous savez, ces gens que vous croisez le soir au bureau, passant l’aspirateur, donnant un dernier coup de chiffon en essayant de ne pas trop déplacer les dossiers éparpillés autour de votre PC. Après avoir lu ce livre, peut-être ne regarderez-vous plus ces invisibles de la même façon.

Florence Aubenas la journaliste médiatique dans le rôle de d’Aubenas Florence, l’invisible, la précaire, la travailleuse pauvre, même nom, même prénom, même date de naissance (car elle a conservé ses papiers), il est inconcevable qu’elle n’ait pas été démasquée, c’est dire à quel point les invisibles échappent au regard.

Florence Aubenas – la journaliste – parvient à éviter les principaux écueils de l’exercice. Elle témoigne et son récit reste factuel, littéraire, sensible et parfois même poétique. Elle évacue toute analyse pesante et froide, courbe du chômage, débat sociétal, conclusion macroéconomique, toute tentative d’explication de la « crise » et de ses conséquences. Elle a voulu parler de la crise d’une façon différente. Elle évite la condescendance et le militantisme. Sans moquerie ni flatterie, avec beaucoup de pudeur, juste ce qu’il faut d’humour et d’autodérision, elle assume son rôle à fond et jusqu’au bout (elle s’est fixé comme objectif d’obtenir un CDI, qui mettra fin à son reportage).

Bien sûr, on pourra toujours lui reprocher que tout ça n’est pas vécu « pour de vrai », qu’elle n’appartient pas à cette « France d’en bas », à ces « Français qui se lèvent tôt », qu’elle ne peut donc ressentir comme eux les affres du chômage et l’incertitude de la vie précaire. Mais elle ne veut que mettre en lumière, sur le devant de la scène, cette population invisible, et sa sincérité et sa lucidité sur les limites de l’exercice ne font aucun doute.

Lorsqu’elle dévoilera son identité et son double jeu, la relation intime qu’elle aura pu nouer avec ses « collègues » et « amis » volera en éclat. Elle retarde et redoute ce moment. Ceux-ci se sentiront-ils trahis et trompés ? Il semble que non, le livre a été parfaitement accepté, et avec fierté, par les protagonistes du récit, et le succès remporté (250.000 exemplaires vendus et, parmi les lecteurs, beaucoup de non-lecteurs) est sans doute la meilleure démonstration de la légitimité et de la pertinence de sa démarche.
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L'inconnu de la poste

Ayant lu un de ses précédents livres "Le quai de Ouistreham" sur ces gens qu'on ne voit pas au grand jour et qu'on appelle "les invisibles", elle m'a fait prendre conscience que ces personnages existent réellement. Ce livre m'a beaucoup plu et naturellement j'ai eu envie de lire "L'inconnu de la poste". Lisant rarement des documentaires, j'ai lu ce livre comme un roman et me disant tout au long de ma lecture que c'est, malheureusement, une histoire vraie. Florence Aubenas, journaliste au Monde, est une véritable conteuse. Elle dissémine, peu à peu, les détails et les protagonistes d'une histoire macabre, comme un thriller.

En 2009, dans un bourg du Haut-Bugey dans l'Ain, une postière est assassinée de 28 coups de couteau. Elle s'appelait Catherine Burgod, fille de notable, sans histoire particulière. Tous les matins, elle venait travaillée à la petite poste du village "Montréal-la-Cluse". Les habitants l'a trouvait plutôt sympathique et arrangeante. Elle était mariée mais avec son conjoint, l'heure n'était plus à la fête, elle voulait divorcée. Elle avait un amant et était enceinte. Ses projets de déménagement ont été, malheureusement, annulés à cause de son décès. Au début le futur-ex mari est soupçonné mais très vite un trio d'hommes,vivant d'alcool et d'expédiants, sont à leur tour soupçonnés. Dans ce trio, un jeune acteur, Gérald Thomassin, est mis en examen. Il clame son innocence, mais rien n'y fait.

Je ne vous en dirait pas plus sur l'histoire.

J'ai beaucoup aimé la plume de cette journaliste. Chaque mot est choisi, pesé. Elle n'a à aucun moment pris parti et à voulu interviewé chaque habitant du village qui le voulait. Il a fallu 7 ans pour reconstituer ce fait divers sordide. Son récit est bien construit.

Un livre que je vous conseille.
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Le Quai de Ouistreham

On les appelle les travailleurs précaires, les premiers de cordée ou de corvée, c'est selon..., les "sans-dents", expression qui a mis le feu aux poudres sur les réseaux sociaux. En tout cas, ils sont dans une invisibilité sociale sur laquelle le mouvement des "gilets jaunes" a permis de lever le voile. Une dizaine d'années avant, Florence Aubenas, dans Le quai de Ouistreham, leur a donné la parole, à travers un récit témoignage plein de vie et de rires mais aussi de bruit et de fureur.

Pour ce faire, elle a partagé l'existence d'agents de nettoyage dans la région de Caen, région sinistrée sur le plan économique depuis la crise de 2008 et durement éprouvée par le chômage. Elle s'est fait passer pour une bachelière sans qualification professionnelle et sans ressources depuis qu'elle s'est fait plaquer par son compagnon.

Outre le fait que son récit est extrêmement bien documenté sur le plan des fermetures d'usines et des luttes sociales de cette région, sa plume gouailleuse s'en donne à coeur joie dès qu'il s'agit d'épingler l"usine à gaz" qu'est devenu Pôle Emploi, avec quelques épisodes désopilants ou tragi-comiques qui laissent pourtant percevoir, sans pathos ni misérabilisme, l'état d'exaspération et/ou de désespoir de femmes ou d'hommes à bout de souffle et de ressources.

Ce que j'ai beaucoup aimé dans ce livre, c'est la galerie de personnages que Florence Aubenas nous donne l'occasion d'approcher au gré des contrats intérimaires qu'elle va décrocher, après avoir affronté comme tous les autres le parcours du combattant, depuis Pôle Emploi jusqu'à l'agence de nettoyage qui va leur permettre de décrocher non pas un emploi mais de "faire des heures". On va la suivre elle et ses compagnes d'infortune dans le nettoyage du ferry qui vient d'Angleterre, sous la houlette de Mauricette qui mène ses troupes avec la dureté d'un contremaître dans les champs de coton de Louisiane ! Car ne pas perdre une seconde est le maître-mot dans ce genre de travail. Et tant pis si le temps imparti au départ est dépassé : il ne sera pas payé... C'est ce qui arrivera à Florence et ses colistières au camping du Cheval Blanc, où elles seront régulièrement en dépassement d'horaires d'une ou deux heures. C'est à prendre ou à laisser comme l'explique avec résignation Mme Tourlaville avec laquelle Florence va travailler un certain temps. Il vaut mieux également ravaler son amour-propre et accepter de s'entendre dire qu'on est là "pour nettoyer la merde" ! Certaines comme Marilou se résignent et se réfugient dans un avenir fantasmatique avec une belle voiture, un emploi stable et des enfants... Des rêves bien modestes qui les aident à tenir le coup jusqu'au jour où elles craquent, démissionnent ou se suicident...

Deux portraits de femmes sont pourtant en rupture avec ce schéma. Celui de Victoria qui a créé sur le plan syndical la section des travailleurs précaires mais qui a finalement abdiqué devant le sexisme et le rejet qu'elle a senti dans ceux que l'on considère comme "l'aristocratie ouvrière". Celui de Françoise aussi qui "fait carrière" dans le ménage sans honte comme d'autres font carrière dans la finance !

Ce récit a été pour moi captivant car il donne chair à des données statistiques que l'on connaît sans appréhender vraiment ce que c'est que de "finir la semaine avec 8 euros" ou d'attendre de pouvoir se faire arracher toutes les dents à l'hôpital pour pouvoir se faire placer un appareil intégral complètement remboursé...

Florence Aubenas a cessé son enquête le jour où son objectif a été atteint : obtenir un CDI. Elle a écrit en avant-propos "A Caen j'ai gardé ma chambre meublée. J'y suis retournée cet hiver pour écrire ce livre".
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L'inconnu de la poste

Quelque chose en lui de Tennessee...



J'ai toujours eu un petit faible pour les rebelles au coeur tendre , les marginaux au regard farouche, les éclopés de la vie,  les refujniks de tout poil.  Même avec les animaux, si je dois choisir entre un chienchien à sa mémère bien tranquille et un chien perdu sans collier, je n'ai pas la moindre hésitation..



Mon compagnon à 4 pattes ayant  déclaré forfait et opté, à mon grand désespoir,  pour le paradis des chiens, je me suis précipitée dans un refuge voisin et en suis repartie, après une semaine à jouer les visiteuses de prison, avec un griffon fauve de Bretagne, ramassé par la fourrière et au refuge depuis un an. Il n'avait visiblement jamais monté d'escalier, jamais osé rentrer dans une maison, jamais reçu de douceurs ou de caresses. Un sauvageon qui n'en revient pas d'avoir atterri chez une dingue qui le promène, le nourrit et le dorlote..



Bref,  j'ai toujours eu un petit "bountje" comme on dit à  Bruxelles pour la bouille fermée et le regard buté et  triste de Gérald Thomassin, si sensationnel dans le film de Doillon, Le Petit Criminel, qui l'a lancé et  poursuivi toute sa vie comme un destin.



Gérald Thomassin qui m'a toujours fait penser à un de mes fils, révolté et tendre. Toujours en dehors des sentiers battus. A poor lonesome cowboy...Quelque chose en lui de Tennessee...



Voilà pourquoi L'inconnu de la poste  avait tout pour me plaire.



Malgré mon admiration pour le jeune acteur, j'ignorais tout des tribulations de Thomassin, plongé  au coeur d'un fait divers terrible -le meurtre barbare, en 2013 , d'une jeune postière enceinte,  après le cambriolage dérisoire de sa caisse - et soumis aux aléas d'une enquête mal partie et mal menée qui a non seulement saccagé sa vie, en voyant en lui le suspect numéro un et l'envoyant en prison et en HP, malgré un manque de preuves accablant- mais l'a aussi probablement écourtée, puisque Thomassin, alors qu'il allait être innocenté par l'arrestation d'un nouveau suspect, six ans après les faits, a brusquement disparu des radars en 2019...



Comme toujours chez cette journaliste-écrivain  des laissés-pour-compte , Florence Aubenas se met à  hauteur d'homme, dans une empathie respectueuse et pleine d'humanité. 



La présomption d'innocence ne pèse pas bien lourd quand on est comme Thomassin une star déchue,  vouée aux rôles border line et toujours walking  on the bad side ...



Un peu dealer, un peu voleur, un peu drogué , un peu sdf, mais jamais bien méchant, marqué par une enfance cruelle, ballotté de foyer en famille d'accueil, hanté par ses succès cinematographiques et les rappelant à qui veut bien l'écouter, il doit à  l'amitié de Béatrice Dalle, (la reine des border liner elle aussi),  d'avoir été défendu , finalement, par Eric Dupont Moretti qui obtint un non-lieu, avant de s'évanouir dans la nature le jour de la confrontation avec un nouveau et troisième  présumé  coupable.



Fuite ou suicide ?  Gérald Thomassin n'a jamais été retrouvé. Et n'a pu bénéficier du non-lieu judiciaire , perdu lui même dans un autre non lieu...



Toujours bien écrit, attentif, touchant, le livre de Florence Aubenas ne m'a cependant pas emportée.



 Les va et vient temporels rendent peu claire  la lecture d'une enquête déjà brouillonne et confuse en elle même.  Les récits des trajectoires de ses compagnons de galère décentrent un peu la narration principale.



On perd le fil, on perd Thomassin, d'ailleurs il se perd lui même: sa vie et le roman qui l'aborde se terminent en queue de poisson...c'est sûrement l'effet recherché mais il est déroutant et laisse une impression d'inachevé.  J'avais préféré la rigueur et le constat implacable du Quai de Ouistreham.





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L'inconnu de la poste

Une affaire criminelle non résolue

*

Je n'ai vraiment pas l'habitude de lire des "true crime". Mais récemment, je me suis même surprise de visionner la mini-série de l'affaire Grégory. Alors, en ayant lu quelques avis positifs sur celui-ci, j'ai embrayé dans cette lecture.

*

Je ne dirais pas que c'est un coup de coeur mais au final, je l'ai quand même pratiquement lu d'une traite!

Ce compte-rendu journalistique est un véritable page-turner. Alors, oui, nous connaissons tous la fin : aujourd'hui, la police n'a toujours pas appréhendé le véritable coupable de ce meurtre sanglant. Mais là n'est pas la question. Ce que propose l'auteure, c'est une ambiance, une atmosphère dans laquelle le suspense se trouve dans les petits détails de tous ces villageois/protagonistes de cette affaire sordide.

Et en ce sens, le pari est réussi. On lit ce "polar" comme si on était le spectateur privilégié.

*

Une découverte à proposer à tous les curieux de "true crime", qui aiment les petits frissons.
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L'inconnu de la poste

De cette autrice, j’avais aimé Le quai de Ouistreham, une enquête minutieuse au cœur de la crise et des petits boulots mal payés.

Une fois de plus, dans L’inconnu de la poste Florence Aubenas nous plonge dans la réalité avec ce fait divers qui s’est déroulé le 19 décembre 2008 dans le village montagnard de Montréal-La-Cluze.

L’histoire, c’est celle de Catherine Burgod, quarante ans, divorcée et mère d’une fillette. Elle tient le petit bureau de poste où ses amies aiment venir la retrouver pour papoter autour d’un café. La postière sera retrouvée assassinée de 28 coups de couteau. Crime sordide qui émeut la population et bouleverse le père de la victime, ancien maire et notable du village. Il n’aura de cesse de trouver le coupable et demander justice.

De coupable, justement, il y en a un qui ferait bien l’affaire. Il s’agit de Gérald Thomassin, comédien et marginal, Il a arrêté la drogue, prend du Subutex. On le voit trainer avec deux marginaux, Tintin et Ramboule, donc l’activité principale est la picole et la drogue. Et, pour ne rien arranger, Thomassin vit juste en face du bureau de poste. Il a eu son heure de gloire, Thomassin, a même décroché un César pour son rôle dans Le petit criminel de Jacques Doillon. Tiens, justement, un rôle de criminel… Avec sa jolie gueule de sale gosse amoché par la vie, Thomassin n’attire pas toujours la sympathie.

L’enquête va trainer en longueur, il y a peu d’éléments. Florence Aubenas nous entraîne dans les méandres de cette enquête laborieuse qui prendra des années. Elle sait à merveille cerner les personnalités, épingler les absurdités, les erreurs et les malentendus. Elle nous fait entrer dans la vie des personnages, même les plus anodins, et dépeint de sa plume subtile la psychologie de chacun. Ils sont là, sous nos, yeux et on a l’impression de les avoir croisés. Elle nous raconte par le menu ce meurtre sans témoin et l’incompréhension d’une telle violence sur la victime. Sans se complaire dans le crapuleux, elle tourne autour de ce crime inexpliqué et ce fait réel se lit comme un polar psychologique. Elle campe avec réalisme cette France profonde et ses habitants qui tentent de survivre dans une région sinistrée.



Pari gagné pour Florence Aubenas qui mêle exactitude journalistique et profondeur littéraire, car ce récit se lit, se dévore comme un roman noir.



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L'inconnu de la poste

J'ai reçu L'inconnu de la poste par une Masse critique de Babelio, en version audio : c'est donc tout autant du livre que de son enregistrement que je me retrouve à faire la chronique.



Le livre ? J'en avais entendu parler en bien, et je savais déjà qu'il s'agit d'une histoire dont la fin reste ouverte : normal, parce qu'aujourd'hui, en 2021, le drame hors norme qui est relaté est bel et bien toujours non résolu. Un meurtre spectaculaire commis en 2008, des suspects qui ont tous l'allure de coupables idéaux, des rebondissements qu'aucune fiction n'aurait osé imaginer... ce n'est toujours pas fini – et ça ne le sera peut-être jamais. Cela me faisait beaucoup hésiter à lire le livre : je ne sais pas pour vous, mais les livres qui ne se terminent pas sont parmi ceux qui m'énervent le plus.



Oui mais voilà, il y a l'autrice. Ce n'est pas le premier livre de Florence Aubenas que je lis : j'ai déjà adoré le quai de Ouistreham, que j'ai lu au travail, dans un labo de socio, parce que c'était une journaliste dont le travail de terrain est aussi fin que celui de sociologues de métiers, et la position scientifique, aussi sérieuse. Elle est remarquablement dépourvue de jugement. Pour autant, c'est un livre qui se lit comme un roman et donne envie de suivre l'autrice dans toute son oeuvre. Vous la connaissez ?



Cette fois, la particularité de l'histoire fait que l'enquête est à la fois plus distanciée et moins fouillée. Florence Aubenas a tissé des liens avec celui qui a longtemps été le principal suspect, et qui a aujourd'hui disparu : elle ne les cache pas, dès le début ; mais pour autant, elle ne les utilise pas dans son récit. Elle relate moins un fait divers horrible qu'une micro-société dans une zone dont la splendeur appartient au passé, touchée par la crise, mais qui reste vivante grâce à une usine de plastique qui fait encore vivre de nombreux habitants ; elle en campe les notables et les marginaux. C'est très intéressant.



Pourtant, il reste une sensation d'inachèvement... parce que l'histoire est réellement inachevée, bien sûr. Mais aussi parce qu'un coup de théâtre au bout de plusieurs années d'enquête en a complètement modifié l'allure générale, tant sur un plan individuel (avec un nouveau suspect) que social (le nouveau suspect aurait pu avoir lui aussi une allure de coupable idéal, mais il n'est apparu qu'après dix ans où c'était un autre qui jouait ce rôle). Eût-elle commencé son enquête aujourd'hui qu'elle aurait eu une toute autre allure... et cela se ressent : on est désorienté, comme le sont probablement les protagonistes de l'enquête.



En tout cas, quand une Masse critique m'a donné l'occasion de lire ce livre, je n'ai pas hésité, et j'avoue une chose : je n'ai pas vu que c'était un audio-livre que j'allais recevoir. Mon tout premier ! Et allez, j'avoue autre chose : j'ai écouté le début, et j'ai réalisé que cela allait durer 6h30. Mais quand donc puis-je dégager 6h30 de solitude pour écouter un CD, ce qui m'oblige à monopoliser mon salon ? J'ai donc acheté le livre, et n'ai écouté que des extraits.



Dans un monde idéal, je prendrais le temps de l'écouter en entier : la voix nette et sèche de Fabienne Loriaux convient parfaitement au sujet ; les introductions de piano qui rythment les chapitres créent une ambiance de mystère que j'ai regretté de ne pas avoir en lisant... Mais c'est un média qui me semble convenir pour celles et ceux qui ont un mode de vie qui peut s'accorder avec : par exemple, en conduisant. Ne conduisant pas... ce n'est pas pour moi.



En tout cas, je remercie Audiolib et Babelio de m'avoir permis de faire cette découverte, et j'engage toutes celles et ceux qui conduisent ou ont des plages de détente solitaire à occuper intelligemment, à essayer les audio-livres. Et bien sûr, j'engage tout le monde à commencer par celui de L'inconnu de la poste ! A moins que... suis-je la seule à n'en avoir jamais écouté avant ?
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Le Quai de Ouistreham

Beaucoup connaissent l'origine de ce livre. Je la rappelle quand même…pour les autres.

En 2009, c'est la Crise majuscule, souvenez-vous, crise économique et sociale faisant suite à une crise boursière, mais en réalité, l'amplification d'un phénomène de déclassement de notre pays, comme d'ailleurs beaucoup de pays du monde « occidental ».

Florence Aubenas, grande journaliste à Libération puis au Nouvel Observateur, connue comme une des otages retenues en Irak en 2005, forme le projet d'essayer d'appréhender cette crise, dont tout le monde parle, de « l'intérieur », c'est-à-dire au sein du monde des travailleurs précaires, par une initiative courageuse et non dénuée de risques, car on imagine les difficultés d'une telle démarche: devenir elle-même, pour quelque temps, et c'est là bien entendu le biais, travailleuse précaire. Une démarche différente de celle des travailleurs précaires Joseph Ponthus, ou Thierry Metz, dont c'est toute la vie.



Sous le prétexte de prendre un congé sabbatique, elle prend un petit studio à Caen, ville où elle n'a pas d'attaches et espère ne pas être reconnue…Et se met à la recherche d'un emploi. A Pôle Emploi, elle se présente comme n'ayant qu'un bac littéraire, aucune qualification ni expérience professionnelle, auparavant « femme au foyer » et maintenant contrainte à travailler, car elle vient de divorcer et qu'elle est sans ressources.



Après quelques semaines d'attente infructueuse, elle va trouver « des heures » de femme de ménage, comme on dit dans ce monde des précaires, enchaîner des contrats de quelques heures, à des horaires insensés, par exemple 5h du matin, puis midi, puis 20h, etc…. Et parmi ses affectations, celle qui est considérée comme la pire, le nettoyage TGV des locaux, cabines, sanitaires et autres du ferry Ouistreham-Portsmouth lors de sa courte escale sur le Quai de Ouistreham, qui donne son titre au livre.

Elle rejoint ainsi la cohorte des personnels de nettoyage, majoritairement des femmes, qui vivent au jour le jour.



Ce que j'ai retenu de ce livre qui prend aux tripes, c'est d'abord l'incroyable souffrance que génère ce travail. Souffrance physique, car, ou bien il faut faire à toute vitesse le nettoyage d'un ferry après que sortent les passagers, et avant que d'autres n'arrivent; ou bien il faut faire un travail impossible à faire dans l'horaire imparti… et payé, et l'on fait des heures supplémentaires, …non payées. Travail épuisant dans lequel Florence Aubenas, dans les premiers temps, a beaucoup de difficulté à suivre le rythme des « habituées ». Travail tellement épuisant que ces femmes (elles sont en écrasante majorité) ne peuvent jamais travailler 35 heures, tout au plus 20 heures, étant donné les horaires de travail, leur fragmentation, les déplacements entre différents lieux.



Et puis, il y a la souffrance psychologique liée à la surveillance au mieux dénuée de bienveillance, au pire de méchanceté, des petites et petits chef (fe) s qui les encadrent, le mépris et l'indifférence des grands chefs qui exploitent les travailleuses et travailleurs, les payant souvent au dessous du SMIC, et puis le fait de devenir invisible, « transparente » comme se qualifie Florence Aubenas, quand elle est amenée à faire le ménage alors que les employés d'une entreprise sont présents.



Et la précarité , ça se traduit aussi par les restrictions sur tout : alimentation, pas de visite chez le médecin, le dentiste, fins de mois où il ne reste que 8 euros pour terminer la semaine, pas de vacances, etc..



Le fonctionnement de Pôle Emploi n'est pas épargné. Personnels stressés, n'ayant pas le temps de s'occuper de chacune et chacun, étant donné le nombre de dossiers qu'ils ont à gérer, politique du chiffre avec tous les artifices visant à montrer que le chômage recule, stages à Pôle Emploi sans intérêt, sauf celui d'y être présent, car sinon, on risque d'être radié.

Celui des syndicats est aussi évoqué sans ménagement: un monde d'hommes, plutôt privilégiés, soucieux surtout des faire des coups, de faire parler d'eux, oublieux des soucis du quotidien des précaires. Victoria une retraitée de 70 ans rencontrée par Florence lors d'une manifestation, raconte comment elle avait essayé de monter une section des précaires et tous les obstacles, et le mépris de ses camarades syndicalistes hommes.



Mais de ce monde d'un drôle de travail, mais d'un travail pas drôle, Florence Aubenas nous dresse des portraits saisissants, magnifiques, de chacune et chacun, des jalousies et des haines, malheureusement, mais surtout de toutes celles et ceux avec qui une solidarité, voire une amitié, s'installe. Sont évoquées factuellement, avec beaucoup de vérité, sans sentimentalisme, les aspirations, les souvenirs, les peurs, la honte parfois de toutes ces femmes, et quelques hommes. Je me souviendrai des Victoria, Françoise, Marguerite, Marilou, Laeticia, Madame Tourlaville, femme plus âgée, dont on apprend un jour « qu'elle est disparue définitivement »; et aussi de la belle transsexuelle « Mimi », de Philippe, un peu dragueur, du petit Germain. Et puis des âmes bienveillantes dans les agences d'intérim, Madame Fauveau, ou Madame Astrid dans une entreprise de formation travaillant pour Pôle Emploi.



Et enfin, je voudrais mentionner la description de l'atmosphère de cette région sinistrée, elle n'est pas la seule, avec ces usines disparues, Moulinex, la SCM, et dont elle est amenée à parcourir les friches industrielles.



Florence Aubenas est journaliste avant tout, et si elle décrit de façon juste et avec acuité ce qu'elle a vécu et vu, et qu'elle veut éviter tout sentimentalisme, j'ai regretté la sobriété de l'épilogue, consacré à ses retrouvailles un an après avec ses anciennes « collègues », trop court.

Et bien entendu, il n'y a pas de considérations générales sur l'état sociologique de la France en 2009, sur la politique de l'emploi, ce n'est pas le but.



J'ai voulu savoir comment c'était maintenant, en allant sur le site Internet de l'Observatoire des Inégalités.

J'y ai appris que le taux d'emploi précaire a légèrement décru à partir de 2017, pour s'établir actuellement à 15,3% des emplois, mais que ce sont toujours les jeunes de 18-25 ans, souvent sans qualification, qui représentent la majorité, puisque le pourcentage d'emploi précaire dans cette tranche d'âge est de 55,5%!!!

L'écart entre les femmes et les hommes s'est réduit, ce qui est une bonne nouvelle.

Mais l'Observatoire pointe du doigt tous ces jeunes non comptabilisés, dont le nombre est difficile à évaluer et qui ont un statut d'auto- entrepreneur, ou de micro- entrepreneur, tous ces « uberisés » que nous voyons rouler en vélo dans nos villes. Je ne sais si un livre leur a été consacré, si un ou une journaliste a vécu leur situation, comme l'a fait Florence Aubenas en 2009 dans le monde des femmes de ménage..



Mais je m'égare, j'oublie de dire en conclusion combien ce livre est fort, sonne juste, un livre dans lequel on ne voit pas l'emploi précaire, on le vit.



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L'inconnu de la poste

FAIT DIVERS.

Ce n'est pas une fiction, c'est la réalité, ou presque.

Décembre 2008, une postière est assassinée de 28 coups de couteau pas très loin de Nantua dans une bourgade tranquille où tout le monde se connait.

Les soupçons se portent vite sur un ancien acteur qui vit là-bas, à la marge de la société, Gérald Thomassin.

Cette société, elle l'a remarqué. Doillon l'a remarqué dans un foyer de la DDASS, elle a tenté de lui offrir un avenir à ce gamin paumé. Mais ses problèmes de drogues et d'alcool l'ont rattrapé.

Dans ce petit village, c'est l'inconnu, celui qui vient d'ailleurs. Il habite devant la poste, les soupçons se tournent vers lui. Surtout qu'on a volé de l'argent à la poste.



Florence Aubenas retrace ce fait divers un peu à la façon d'un roman. On en oublie que l'on est sur un fait divers... a un tel point que l'on va voir la page wiki de Thomassin pour voir si c'est réel.

Bien entendu, il n'y a pas vraiment de fin. Il y a une vérité judiciaire, mais personne ne détient LA vérité. Gerald Thomassin est porté disparu depuis 2019. Personne ne sait ce qu'il est devenu.

Ca ne fait pas déborder d'empathie, ni pour la postière morte, ni pour la famille de cette dernière, ni pour Gérald Thomassin, mais ça se laisse lire.



Gerald Thomassin a bénéficié d'un non-lieu prononcé par la justice en juillet 2020.

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L'inconnu de la poste

Florence Aubenas a mené une enquête serrée d'où il ressort que le suspect, Gérald Thomassin, a pu confondre Patrick Swayze avec Patrick Suze ou Justin Bieber avec ce qu'il était au moment des faits et tout au long de la procédure: juste imbibé.

Malgré la distance journalistique qui sied au genre grand reportage, l'émotion qui habite certaines pages à l'évocation du parcours de la postière Catherine Burgod et surtout de l'acteur Gérald Thomassin vous étreindra peut-être. Enfin, moi, j'ai été touché par l'une et par l'autre.



Sale affaire Burgod par bien des aspects. le crime de cette postière est crapuleux, l'enquête repose des sables mouvants, le mis en examen est pitoyable et les enquêteurs, puis les juges, pas cleans non plus.

D'aucun conclurait que la justice a sali tout ce qu'elle a touché, sans oublier elle-même.

Quant à Florence Aubenas, je ne tarirai pas d'éloges sur son travail, méticuleux. Aux détails de l'affaire, s'adjoignent les descriptions de quelques habitants remarquables, sans oublier la situation du village, près de Nantua et de son lac, au sein une région industrielle appelée Plastic Vallée.

D'emblée j'ai été séduit par l'écriture de Florence Aubenas qui en plus de mener une enquête, sait si bien la retranscrire.
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L'inconnu de la poste



Découvert à 16 ans par le réalisateur Jacques Doillon dans un foyer de la Ddass de Seine-Saint-Denis, promis à une brillante carrière cinématographique, après son césar du meilleur espoir en 1991 pour ce premier role dans Le petit criminel le comédien, Gérald Thomassin a rapidement sombré dans l'alcoolisme et l'héroïne, et alternait une vie de marginal avec quelques petits rôles dans des films d'auteur.



C'est après son dernier film avec Doillon, «Le Premier Venu», où il incarne un autre petit voyou, qu'il s'installera, en mai 2007, à Montréal-la-Cluse une ville jadis fertile de la Plastic Valley, entre Oyonnax et Nantua, désormais rongée par la pauvreté et la marginalité.



En 2008, Kathy, la postière du village est retrouvée assassinée à coup de couteaux. Ce n'est qu'en 2013 que Thomassin va etre accusé de ce crime et purgera trois ans de prison avant de bénéficier d'un non lieu quelques années plus tard.



Dans le village, il s’est fait des copains du même profil que lui. Quand l’enquête se précise, ça lui tombe dessus. Thomassin n'avait- il pas la tête du coupable idéal?



Ce non lieu , Gérald Thomassin n'assistera pas , l'acteur étant mystérieusement disparu en 2019 alors qu'il se rendait à Lyon au tribunal pour une confrontation qui devait l'innocenter totalement.Florence Aubenas, grand reporter au « Monde », et auteur du génial le Quai de Ouistream reconstitue très scrupuleusement ce fait divers dans « L’Inconnu de la poste », aux éditions de l’Olivier.



De Gérald Thomassin, les habitants du village qui ont parlé à la reporter s'en souviennent comme d'un «marginal qui habitait en face du bureau de poste». Un «drogué», «client occasionnel» du bar PMU en bas de la rue,à des années lumières des paillettes du monde du 7eme art et de son césar du meilleur espoir masculin.





Prenant pour modèle les grands récits américains ( ceux Truman Capote, Norman Mailer, Tom Wolfe), Aubenas, formidable conteuse remonte le fil de ce fait divers qui serait banal sans la personnalité de son suspect numéro un, en faisant entendre les différentes voix concernées et dresse le portait d'une communauté d’hommes et de femmes qu’elle a longuement rencontrés et interrogés avec attention et empathie.Entre la France précaire et le milieu du cinéma ( on y voit passer Béatrice Dalle, Dominique Besnehard et d'autres), l'inconnu de la poste montre une France scindée en deux.



Le livre d'Aubenas frappe les esprits grâce à son écriture au plus près de ces gens en dehors des normes au destin inéluctable.



Sans porter de jugement moral ni s'appesantir avec un pathos superflu, Florence Aubenas témoigne d'un très long travail d’enquête et donne des airs densément romanesque à un récit où tout est vrai.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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