Dans son roman, Évelyne Guzy enquête sur sa propre famille juive, mettant ses pas dans ceux de sa petite héroïne, Eva, qui entreprend de remonter les traces de ses origines. de son côté, Foulek Ringelheim raconte avec humour l'histoire émouvante d'un petit garçon tourmenté par sa judéité. Sam Touzani, lui, dialogue avec une jeune femme se revendiquant avant tout de sa religion. Tous trois tentent de démêler les fils de la construction de l'identité. Voilà un débat qui promet de mêler la rigueur de la réflexion à l'émotion du vécu et appelera, comme le dit Ghislain Cotton, « à la fraternité et à l'équivalence des humains ».
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Le mal est le propre de l'homme. L'extermination des Juifs ne fut pas le dernier génocide de l'histoire. Il semble que l'humanité soit vouée à commettre des crimes contre elle-même.
Il était imprudent de naître juif en 1938, mais y eut-il jamais, au cours de l'histoire, une période propice à la naissance d'un enfant juif ?
Si je vois passer une femme dans la rue, mon premier réflexe est de me lancer à sa conquête, mais mon arthrose me rappelle à l'ordre.
Non contents d'être des étrangers, nous étions pauvres, démentant la représentation séculaire du Juif errant et couvert d'or.
Le commandement d'Auschwitz avait donné l'ordre d'évacuer le camp. Avant de partir, les Allemands avaient dynamité les chambres à gaz afin d'effacer les preuves du crime et pouvoir mieux le nier.
Le col du fémur c’est ma hantise. J’ai essayé de me relever mais je retombais comme une blatte dans une baignoire. Je suis resté étendu sur le dos jusqu’au matin. J’ai regretté de ne pas pouvoir grincer des dents : elles reposaient au fond d’un verre d’eau mentholée sur ma table de nuit. J’ai un peu dormi, me semble-t-il.
J’occupe une place à part dans la confrérie des tueurs en série. Les vieux commettent de petits délits, rarement des assassinats. Le meurtre en série est une spécialité d’hommes jeunes. Le tueur sériel est violent et pervers : il fond sur sa victime comme un aigle nazi, la frappe, la viole, l’égorge, la dépèce et parfois la mange. Je suis un tueur non violent et raisonneur, je ne supporte pas de voir souffrir ma victime. Je jouis de mes crimes en éjaculateur tardif. J’ai lu quelque part que le sexe meurt mais ne se rend pas. C’est vite dit.
Je voyais dans le goy le plus aimable un antisémite qui s'ignore. J'appréhendais le fatidique "sale Juif" qui m'eût obligé à répondre avec mes poings, alors que la violence me faisait horreur.
Par un de ces paradoxes dont les enfants ont le secret, à force de m'entendre dire que j'étais un survivant, j'en étais arrivé à me croire immortel, immortel parce que juif.
Hitler avait décrété qu'Auschwitz serait notre terre promise : renier le judaïsme eût été parachever le projet nazi.