Francine-Dominique Liechtenhan -
Pierre le Grand, le tsar de la Russie moderne .
A l'occasion du Salon du livre des Rendez-vous de l'Histoire à Blois, rencontre avec
Francine-Dominique Liechtenhan autour de son ouvrage "
Pierre le Grand, le tsar de la Russie moderne" aux éditions Tallandier. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/liechtehan-francine-dominique-pierre-grand-tsar-russie-moderne-9791021007130.html Note de Musique : Our Ego (feat. Different Visitor) by Broke For Free - Free Music Archive www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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« Porter sa confiance en la vie comme un cierge.
Trouver en soi dans les plus noires épreuves le fil d’Ariane qui ramènera vers la lumière . »
Élisabeth avait eu le temps de réfléchir aux objectifs majeurs de sa politique. Elle ne voulait pas de régime des étrangers ; mais, si le pays devait être gouverné par des Russes, il devait rester ouvert aux acquis occidentaux. Elle souhaitait que son empire soit respecté comme une grande puissance européenne, mais qu'il conserve cependant sa spécificité multiethnique. « Tout pour que la Russie vive » : telle avait été la devise de son père. Élisabeth l'adopta à son tour et donna une nouvelle orientation à sa vie : la femme frivole s'effaça momentanément derrière l'impératrice de toutes les Russies, fille de Pierre le Grand. Même les plus sceptiques durent admettre que la tsarine avait beaucoup plus de courage et de capacités que tous ses ministres !
Élisabeth se montra particulièrement attentive à la politique étrangère. Elle avait trois priorités : maintenir la Russie parmi les grandes puissances militaires, jouer un rôle prépondérant dans la diplomatie et occuper la première place dans les affaires européennes. Frédéric II suscita sa haine implacable ; elle détestait ce roi, à cause de son bellicisme et de son mépris pour le « sexe faible ».
Grecs et Romains aimaient célébrer leurs victoires militaires par des processions solennelles ; les trophées, signes tangibles de la gloire, furent montrés à un public enthousiaste, persuadé de la providence divine assurant la perpétuité de l’État. L’accomplissement du rituel, la procession et l’exposition du butin de guerre, garantissaient un avenir radieux2. Les objets présentés lors de ces cortèges, avant de prendre place dans des musées, ornaient temples et édifices publics ; à leur manière, ils transmettaient la gloire aux générations futures. Le trophée devint bientôt le reflet de la souveraineté politique, instrument ou symbole universel du pouvoir dont dictateurs et despotes jusqu’au XXe siècle allaient abuser.
Le vol ne représentait pas la seule base du marché de l’art ; la vente ou exportation d’objets de valeur repris à un moindre prix à des réfugiés ou émigrés constituait un réseau parallèle non moins périlleux pour les patrimoines nationaux. Le désordre causé par les guerres napoléoniennes contribua au trafic international et à la fraude. La revente de bibelots et de bijoux par des mercenaires ou appelés totalement démunis devenait une question de survie. La relation des ces hommes avec l’art était souvent aléatoire, ils ignoraient la valeur des objets bradés, détruisaient des chefs-d’œuvre quand ceux-ci ne trouvaient pas acquéreur.
Après la division du pays, les quatre puissances affichaient un intérêt commun : sauvegarder les œuvres trouvées dans les abris de fortune, mais leur motivation divergeait. La France songeait à des réparations et au remplacement de son patrimoine perdu par des valeurs puisées dans les collections allemandes. Les Russes gardaient leur secret : les objets d’art représentaient des trophées et eux, s’estimant être les seuls vainqueurs de la guerre, s’arrogeaient le droit de les évacuer en leur pays sans se confondre en explications.
Les œuvres d’art les plus précieuses furent divisées entre l’Ermitage et le musée Pouchkine. Les livres partirent pour la bibliothèque Lénine, la Bibliothèque historique, la Bibliothèque polytechnique, la bibliothèque de Littérature étrangère et la bibliothèque Saltykov-Chtchédrine de Leningrad. Les trésors ethnographiques furent répartis entre l’Académie des sciences, le Musée polytechnique, le Musée historique et le musée des Peuples de l’URSS.
Les caves des grandes banques nationales allemandes servaient elles aussi d’entrepôts pour préserver les œuvres d’art ; les Soviétiques réussirent à y pénétrer, à trier leur contenu en peu de temps et à faire évacuer les objets les plus précieux. Six caisses quittèrent ainsi la banque de Thyssen, où sommeillaient des maîtres hollandais, des objets d’art chinois et des armes.
Hitler associait le bolchevisme aux Juifs ; ceux-ci auraient « ravi au peuple russe cette couche d’intellectuels qui fonda et assuma jusqu’à ce jour son existence comme État ». A l’en croire, l’élément germanique d’une couche supérieure avait permis à la Russie de se hisser parmi les grandes puissances ; mais le peuple jugé « inférieur » parvint à empêcher cette ascension.
Son époque constitue un premier règne véritablement féminin, car les dames d'atour aussi furent omniprésentes dans les affaires politiques. On imagine la stupéfaction des représentants étrangers, obligés d'écouter l'opinion de femmes souvent peu lettrées avant de pouvoir s'adresser au ministre compétent !