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Critiques de Francis Scott Fitzgerald (1109)
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Gatsby le magnifique

Je n'avais jamais rien lu de F.S. Fitzgerald avant d'aborder le grand Gatsby, il y a quelques années déjà. de prime abord, j'avais trouvé son style plaisant mais pas transcendant et le fond pas non plus désagréable mais pas davantage à baver d'allégresse, d'où une impression moyenne " à la normande " (normal me direz-vous, je suis normande).



L'histoire se déroule durant l'été 1920 aux États-Unis (à ce titre il peut être intéressant de le comparer à un roman tout à fait contemporain comme Manhattan Transfer). L'auteur nous y décrit le monde très prout-prout de l'époque.



À y réfléchir maintenant et avec quelques années de recul, indépendamment d'un battage médiatique lié à la sortie du film qui en est issu, je trouve que ce livre de Francis Scott Fitzgerald a aujourd'hui une valeur documentaire sur la vie et les moeurs de cette période si spéciale de l'histoire qu'on nomme, les années folles (peut-être est-ce la raison secrète pour laquelle l'ouvrage a plus de succès de nos jours qu'à l'époque de sa publication où chaque lecteur connaissait cette époque puisque c'était la sienne) et qu'il est, en ce sens, plus intéressant qu'il n'y paraît à première vue.



Gatsby est touchant de délicatesse à l'égard de son aimée. Les personnages secondaires féminins sont, il faut bien le reconnaître, assez caricaturaux mais très intéressants. J'ai beaucoup aimé la façon que l'auteur a de nous endormir dans le feutre du récit pour mieux nous bousculer, ainsi que ses personnages, dans le coup de tonnerre final.



Fitzgerald nous livre également une réflexion sur la réussite sociale et le bonheur. Que ceux qui ne veulent rien de rien savoir avant de l'avoir lu arrêtent la lecture de mon commentaire ici, pour les autres, sans trop de spoil, voici une idée du synopsis :



Nick Carraway, un jeune homme du Middle West américain atteignant la trentaine, se rend à New York pour travailler dans la finance comme agent de change. Par hasard, il trouve à louer une petite bicoque à Long Island, zone résidentielle très huppée et snob de la banlieue new-yorkaise.



Sa demeure, presque invisible, est située dans West Egg entre deux énormes et luxueuses villas. de là, la vue est imprenable sur East Egg, l'endroit le plus cossu et sélect de toute la zone. C'est là qu'habite Daisy, sa cousine germaine et Tom Buchanan, son mari, issu de la même promotion que Nick à l'université Yale.



Nick se rend un soir chez les Buchanan, qu'il connaît à peine, sur invitation de Daisy. Tom, beau et riche colosse, mais quelque peu bourru paraît végéter auprès de Daisy, laquelle semble tout autant s'ennuyer ferme avec son mari. Elle passe le plus clair de son temps avec son amie Jordan Baker, une joueuse de golf professionnelle.



Tom, peu de temps après, demande à Nick de l'accompagner pour lui présenter sa maîtresse, Myrtle Wilson, la femme d'un garagiste sur la route qui relie New York à Long Island. Nick, témoin de l'inconstance de Tom, de l'enlisement du couple qu'il forme avec Daisy, n'aurait guère d'intérêt à fréquenter les Buchanan s'il n'y avait le rapprochement de plus en plus sensible avec la belle Jordan. Celle-ci s'étonne qu'il ne connaisse pas Gatsby puisqu'il habite West Egg, comme lui, et qu'on ne parle que de cet homme à la richesse fabuleuse.



Gatsby, justement, c'est son voisin. C'est lui qui possède l'immense maison très animée qui occulte la misérable de Nick. Gatsby donne fréquemment des réceptions somptueuses qui accueillent des centaines de convives. Mais qui est Jay Gatsby ? D'où vient-il ? Que fait-il ?



Les rumeurs les plus folles circulent sur son passé et sa fortune, même au sein de sa propre maison. C'est ce que Nick brûle de découvrir lorsqu'un jour il reçoit une invitation pour passer la soirée chez Gatsby. Et c'est ce que moi je brûle de ne pas vous dire afin de vous laisser jouir de l'étonnante histoire qui va lier Nick, Tom, Gatsby, Jordan, Myrtle et Daisy...



Un roman doux-amer, avec une sorte de petit caillou qui crisse sous la plume feutrée de Fitzgerald, pour nous dépeindre son Amérique, telle qu'il l'a perçue. Peut-être pas un incontournable, mais un bon livre baromètre d'une époque, aujourd'hui révolue et appartenant au fantasme vintage. Voici un avis, un parmi tant d'autres, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Gatsby le magnifique

Ça y est, j'ai lu Gatsby. Un peu fébrile il faut bien l'avouer, avant d'ouvrir ce roman dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée. J'avais peur de me retrouver face à vieux chef-d'oeuvre ampoulé à l'intrigue tarabiscotée et au dessein abscons. Peur d'être déçu, d'être trop jeune pour apprécier. Et puis il faut bien l'avouer peur de m'emmerder, car si certains classiques restent géniaux, d'autres deviennent sérieusement indigestes. Bref, pas serein le gars. J'avais tort.

L'histoire met bien un peu de temps à démarrer, mais une fois passée ce cap, la claque!

Prenez une dose de mystère, ajoutez-y une dose de luxe et de paillettes, un Gatsby nonchalant et charismatique à souhait et vous obtenez normalement un roman à l'eau de rose génialement lénifiant.

Normalement, car au pays de Fitzgerald tout n'est que désillusion. Les paillettes ne brillent pas éternellement, le mystère n'est présent que pour cacher une réalité bien plus sordide et les hommes ne sont pas des modèles de vertu. Via les yeux du jeune Carraway (un narrateur plus spectateur qu'acteur, une des grandes forces du récit), on assiste impuissant et médusé à la destruction de ce monde factice.

Une des précédentes critiques fait allusion à la tragédie grecque revisitée, je pense que tout est dit. Ne soyez pas rebutés comme j'ai moi-même pu l'être par la réputation du livre et l'aspect « amours bourgeoises et problèmes de riches ».

Vous découvrirez, en plus d'une intrigue universelle parfaitement menée, une écriture un rien surannée mais très poétique, une des plus belles qu'il m'ait été donné de lire jusqu'ici.

Un livre qui mérite des relectures et que je relirai forcément. En un mot, un classique. Un vrai.
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Gatsby le magnifique

Whaou, whaou, whaou ! Place au coup de cœur !



Premier roman de Francis Scott Fitzgerald qui me passe entre les mains et je suis conquise à la fois par le style de l'auteur (je précise que j'ai lu la traduction de Victor Llona), par la construction du récit et par le récit lui-même.



J'ai immédiatement adhéré à cette histoire tellement pleine de notre humanité : vouloir réaliser un rêve, aimer un être tout en se croyant aimé et réaliser trop tard qu'on s'est douillettement enraciné dans un rêve idyllique sans se préparer à la déception, à la souffrance et à la réalité, se confronter au manque d'idéal ou de fidélité des autres, mentir pour se valoriser, jouer un rôle, chercher à se hisser au niveau chimérique de ceux qu'on admire, chercher à atteindre un sommet et pour cela ne reculer devant aucune bassesse ni aucune manigance...



***ALERTE SPOILERS***

Le roman commence par ces mots qui m'ont tout de suite séduite :

"Quand j’étais plus jeune, ce qui veut dire plus vulnérable, mon père me donna un conseil que je ne cesse de retourner dans mon esprit :

– Quand tu auras envie de critiquer quelqu’un, songe que tout le monde n’a pas joui des mêmes avantages que toi." et s'achève avec ces mots tout aussi forts :

"C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé".



Le passé, le présent et l'avenir... l'existence, construire sa vie, voilà le fil rouge du récit, vouloir se réaliser et placer au point culminant de sa vie l'amour même si celui-ci est inaccessible, bancal, mensonger, perdu et ne garantit pas le bonheur. Les illusions et la force de l’auto-persuasion vibrent chez Gatsby comme chez Nick, Jordan, Myrtle, Daisy comme des cordes sensibles...



Ce court roman au rythme très enlevé et qui noie ses protagonistes dans une fête ininterrompue largement arrosée de Champagne prend souvent des allures de pièce de théâtre. J'ai ressenti l'émotion et la personnalité de chaque personnage, leur drame individuel m'a habitée chacun à sa manière. L'approche psychologique des hommes comme des femmes, tout en finesse et en sobriété, offre également un témoignage réaliste et cru de la mentalité des Blancs américains pendant les Années Folles.



Gatsby, ce nouveau riche plein de paradoxes, qui avance dans l'ombre tout en faisant scintiller les étoiles de tous les excès, cet amoureux transi au sang-froid affecté et qui pense sincèrement qu'on peut changer le passé en misant sur le présent et en décidant de son propre avenir, offre une figure touchante et pathétique qui a éveillé ma compassion et mon affection.



On pourrait être tenté de réduire la morale de cette histoire à l'adage "l'argent ne fait pas le bonheur" or ce récit est riche d'une foule d'autres enseignements sur la nature humaine et dépasse largement le seul thème de l'arrivisme.



Je recommande chaudement la lecture de ce grand petit roman.
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Gatsby le magnifique

F. Scott Fitzgerald " le magnifique" auteur du merveilleux roman "Gatsby" n'a pas fini d'émouvoir le lecteur, moi le premier.

Ce n'est pas tant l'histoire qui m'émeut quoique...

Les histoires d'amours finissent mal en général c'est ce que dit la chanson.

Donc le narrateur Nick Carraway diplômé de Yale débarque de son middle-west natal pour embrasser la carrière de courtier en assurance à New-York.

Les retrouvailles avec sa cousine Daisy et son mari Tom Buchanan va l'entrainer dans un univers de strass, de paillettes, mais aussi de rumeur.

Rumeur sur un étrange personnage Jay Gatsby.

Arrêtons nous justement sur ces personnages; d'abord Nick, le brave type toujours prêt à rendre service, le confident de Gatsby bref le genre de personne que l'on aimerait avoir pour ami. Ensuite Daisy, cousine de Nick fille bien née, immature que l'oisiveté n'arrange pas, son mari Tom Buchanan parfait prototype du "WASP" cynique, violent, raciste, coureur de jupon.

Gatsby, homme affable, discret et secret de lui nul ne sait rien. Et miss Jordan Baker , garçonne en tenue de golf, fière, hautaine...

Tout ce petit monde va se retrouver dans des fêtes somptueuses entouré de profiteurs, d'alcooliques, de starlettes. ce côté kitch de ces soirées.

Peut à peut l'ambiance bascule de la légèreté vers le côté triste du roman.

On va découvrir le destin croisé de Jay et Daisy, l'amoureux transi face à une femme frivole.

Mon plus grand regret c'est d'avoir vu le film avant d'avoir lu le livre, d'où cette critique un peut légère.

j'ai aimé le roman et j'ai adoré le film, cela vaut bien quatre petites étoiles, qu'en pensez vous?
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Gatsby le magnifique

Sous les paillettes des Années folles, en à peine 200 pages, Francis Scott Fitzgerald dépèce un des plus grands mythes américains, la réussite du self-made man, illustrant au passage un adage vieux comme le monde : l'argent ne fait pas le bonheur.



Qui est Jay Gatsby ? Qui se cache derrière ce bel aventurier qui étourdit la jet-set new-yorkaise de ses somptueuses réceptions ? C'est ce que va nous aider à découvrir son voisin Nick Carraway, le seul à approcher Gatsby de près et à recueillir ses secrets.



La réussite ostentatoire de Gatsby n'a qu'un but : reconquérir la belle et délicate Daisy. C'est la brûlure de cet amour de jeunesse au-dessus de sa condition qui l'a poussé, par son engagement dans la Grande guerre et d'autres moyens plus troubles, à gravir l'échelle sociale. Lorsque son argent lui permet enfin de se fabriquer un personnage digne de côtoyer le milieu de Daisy, la jeune femme est déjà mariée au riche et arrogant Tom Buchanan, qui la trompe sans vergogne. Gatsby va donc solliciter son voisin Nick Carraway, qui est aussi le cousin de Daisy, pour revoir la jeune femme. Mais un malheureux enchaînement de circonstances va transformer les retrouvailles en tragédie...



Formidable roman d'ambiance, Gatsby le Magnifique nous transporte dans le quotidien de la jeunesse dorée des années 20, qui noie son ennui dans l'alcool, les clubs, les virées en voiture dans les palaces et une certaine forme de libertinage... Ce vernis d'insouciance n'arrive cependant pas à masquer les fêlures de l'âme et, dans le cas de Gatsby, une solitude au goût de désespoir. Tout en profitant de la générosité de Gatsby, la haute société de Long Island – Tom Buchanan en tête – le méprise comme un parvenu. Et aucun bien de ce monde ne pourra acheter son idéal : ravir le cœur Daisy et l'épouser. À la fin du livre, la rencontre de Nick Carraway avec le père de Gatsby, qui lève le voile sur son enfance, est un moment poignant qui ne s'oublie pas.



J'aime comparer Gatsby au Grand Meaulnes, les ayant découverts tous deux à l'adolescence. Malgré l'écart de style, d'époque et de culture, ces deux destins tragiques contés par un sage narrateur-confident sont pour moi aussi intenses et mystérieux. Comme François Seurel avec Meaulnes, Nick Carraway observe Gatsby se brûler les ailes à la flamme de ses rêves. Avec une différence notable cependant : la profonde amitié de Seurel permet à Meaulnes de survivre au désenchantement, tandis que l'inclination polie de Carraway et sa prise de conscience tardive ne suffisent pas à sauver Gatsby.



Chaque livre a été magnifiquement porté à l'écran et dans mon souvenir, Gatsby aura à jamais les traits de Robert Redford, amoureux fou de Mia Farrow dans le film un peu irréel de Jack Clayton. A contre-courant de la tendance actuelle, je n'ai pas envie d'en altérer l'image par une version plus moderne.

« C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé ».
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Gatsby le magnifique

"Des romances amoureuses qu'on n'enfouissait pas en secret sous des sachets de lavande, et les soirées dansantes où les fleurs semblaient ne jamais se faner."



Les femmes, pas tout à fait sottes, y sont riches et exquises. C'est beau, romantique, désuet et délicieusement raffiné ainsi qu'un pastel de Delphin Enjolras.



"Car Daisy était jeune, et l'univers factice dans lequel elle vivait dégageait un subtil parfum d'orchidées, un snobisme attirant, entêtant, et les airs à la mode, que jouaient les orchestres cette année-là transposaient en rythmes nouveaux toute la tristesse de l'existence et des désirs insatisfaits."



On pourrait n'en retenir que ce divin climat mais déjà s'y trament l'accident et cette Fêlure qui épie The Great Fitzgerald.
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Tendre est la nuit

Installez-vous confortablement, baissez la lumière, le film commence. Un hôtel et sa plage, sur la Côte-D'azur, les années 20, images en noir et blanc. Une jeune starlette chaperonnée par sa mère débarque, en maillot, tapant dans l'oeil d'une bande de jeunes et riches Américains, comme elle. Parmi eux, les Diver, Nicole et Dick. Rosemary tombe tout de suite amoureuse de Dick. Elle le dit à sa mère, qui l'incite à s'affranchir et à vivre l'aventure. Elle le dit à Dick, aussi.

Soirées-champagne qui se finissent par un duel, un vrai; virée à Paris et fréquentation des meilleurs bars, bagarres, shopping dans les boutiques de luxe... tout serait parfait si, dans l'intimité du couple Diver, il n'y avait pas ce poids, ce secret, la maladie mentale de Nicole. Et son besoin absolu de Dick pour exister. Quant à Rosemary, même si elle disparaît assez rapidement de l'intrigue, elle se fait le fil conducteur, implicite, du roman et elle seule semble garder une sorte de maîtrise et de calme qui manquent à tous les autres personnages.

Je n'aime généralement pas ce genre de milieu, mais le récit, très cinématographique, loin d'être lisse et harmonieux, est au contraire saccadé, marqué de violences et de bipolarités. Le couple Diver est fascinant, et très certainement inspiré du couple de l'auteur lui-même. Les personnalités magnifiquement décrites, surtout celle de Dick absolument sans concession. On le voit, tout le long du récit, descendre par secousses de son firmament et sombrer dans un alcoolisme pathétique, comme on voit Nicole lutter contre sa maladie et chutant malgré elle.

Le roman a eu très peu de succès à sa sortie, peut-être à cause de sa très grande modernité, c'est bien le monde des célébrités, de la jet-set et des paparazzis qui se dessine déjà, le plaisir à tout prix, le progrès, le luxe, dans toute sa splendeur et décadence!

Le roman d'un écrivain maudit qui tombe dans la déchéance avec une grande lucidité, romantique cynique et désabusé, dégoûté de ce qu'il est devenu, mais aussi de celui qu'il était.

Une très belle lecture teintée d'amertume.
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Gatsby le magnifique

Un nouveau roman de Francis Scott Fitzgerald très enrichissant ! L'auteur nous plonge dans une période marquante des Etats-Unis : l'Entre deux guerres, et plus spécialement les années 20 où la prohibition et les affaires louches dominent dans les quartiers de New York...



Le récit est racontée par Nick Carraway, jeune homme de trente ans qui suit le destin de Jay Gatz, devenu Gatsby, son voisin, un homme mystérieux dont le passé reste flou mais qui jouit tout de même d'une immense popularité. Toutefois, Gatsby, devenu l'ami de Nick, ne recherche qu'une seule chose -ou plutôt une seule personne : Daisy, l'amour de sa vie mariée au millionnaire Tom Buchanan.



Ainsi, à travers des paysages somptueux des côtes américaines, l'histoire devient plus intéressante, mais nous conduit irrémédiablement vers une issue fatale pour Gatsby le "Magnifique". La fin m'a vraiment surprise, autant de lâcheté de la part des hommes est tellement affligeante !



J'ai donc bien aimé ce roman, l'un des plus célèbres du XXe siècle, mais il ne m'a pas autant marquée et l'histoire ne m'a pas autant passionnée que d'autres romans pourtant moins connus. J'en garde quand même un très bon souvenir, et je ne peux que saluer le talent de l'auteur, véritable "poète" de la littérature.
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Gatsby le magnifique

Lire Gatsby le Magnifique a été pour moi un peu comme boire un verre de champagne : ça scintille, ça pétille mais sans laisser ce parfum dont on ressent les effluves longtemps après...

Gatsby est cependant un personnage attachant, qui arrive très habilement tard dans le roman mais sa légende et les rumeurs attachées à sa personne le précèdent et courent dans les soirées qu'il organise dans sa luxueuse demeure à West Egg, l'un des deux bras de Long Island, île située au Nord-Est des Etats Unis. Soirées auxquelles assistent non seulement la bourgeoisie de East Egg, venue en jalouse observatrice de cette richesse tapageuse qui s'étale sans fard mais aussi tous les parasites venus de New York City et d'ailleurs, tant l'hospitalité de Gatsby est inépuisable et décomplexée...

Gatsby, un nabab généreux ? Pas seulement et c'est ce qui fait de lui un personnage attachant et complexe dont on découvre au cours du roman les multiples facettes. Un mythomane impénitent ? Un "bottlegger" qui doit sa fortune au trafic d'alcool auquel il se livre ? Oui, bien sûr ! Mais pas que...

Gatsby est aussi celui que l'on découvre, à travers les yeux de Nick Carraway, le narrateur, comme le rêveur absolu et l'amoureux inconditionnel d'une "pauvre petite fille riche", Daisy Buchanan du nom de son très riche mari, et qui ne sera jamais à la hauteur de cet amour fou et désespéré que lui porte Gatsby. La scène de leurs retrouvailles après cinq ans de séparation est d'ailleurs pour moi, un peu l'acmé du roman par le romantisme échevelé qui s'en dégage et qui est rendu avec beaucoup de justesse et de subtilité par l'auteur.

La seconde partie baigne dans un certain flou surtout au niveau de l'intrigue qui se délite, devient un peu brouillonne et confuse notamment au niveau de certains personnages qui paraissent n'être que des "utilités" romanesques. de même pour les dialogues qui traînent parfois inutilement en longueur.

J'ai toujours eu l'impression en lisant ce roman que Fitzgerald n'allait pas jusqu'au bout de ce qu'il pouvait donner au lecteur. En revanche je comprends très bien pourquoi Gatsby le Magnifique a fait l'objet d'une adaptation cinématographique assez réussie par son côté visuel et la peinture d'une société un peu mythique, celle des années 1920.

du roman, resteront pour moi, de très belles évocations des soirées de Gatsby, un mélange de légèreté, d'insouciance et de chasse aux "gros poissons" hommes ou femmes ; celles aussi des crépuscules à New York "la ville du premier jour dans son immédiate et violente promesse de renfermer tous les mystères et toute la beauté du monde". Comment ne pas être sensible non plus à la délicate et émouvante mélancolie dans laquelle baigne les dernières pages du roman...

Mais n'oublions pas que le cadre de l'histoire se situe en 1922 et que cette danse au bord du volcan à laquelle se livre une partie de la société américaine annonce dans les coulisses des temps beaucoup plus sombres pour une autre partie de l'Amérique.

En 1933, John Steinbeck publie Les Raisins de la colère. Un livre qui me fera une tout autre impression que celle de boire un verre de champagne !

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Gatsby le magnifique

Je ne sais pas s’il est utile de faire un énième résumé de cette œuvre de Francis Scott Fitzgerald, mais j’aimerai le faire, ne serait-ce que pour retranscrire la détermination du personnage de Gatsby qui m’a fascinée et qu’une phrase du roman traduit à merveille : «Il faudrait comprendre que les choses sont sans espoir et être pourtant décidé à les changer. »

En effet, Gatsby, est un homme persévérant. Il a aimé autrefois une femme, qui l’aimait également, Daisy, mais qu’aurait-elle fait avec un homme sans le sous, elle qui convoite tant l’argent et le luxe ? Elle épousera donc Tom Buchanan, devenu milliardaire grâce à un héritage, et ne reverra plus l’homme qui l’aime pendant cinq ans. Cinq années durant lesquels, Jay Gatz –devenue Gatsby- va faire fortune, notamment grâce à la vente illégale d’alcool dans cette période de prohibition.

Les paramètres sont changés lorsque Daisy et Gatsby se retrouvent. Daisy est éblouie par cet homme, à la notoriété incontestable, et qui organise des fêtes majestueuses où il fait l’étalage de ses richesses… Certes, elle est mariée, mais elle aime Gatsby. Du moins c’est ce qu’il croit…

Comme il est triste de voir le comportement - cette avidité répugnante - des hommes dans ce livre ! De voir tous ces gens s’invitant par centaine aux cocktails organisés par Gatsby, et de constater dans quelle solitude finit le héros éponyme…

Je dois dire que j’ai beaucoup aimé la chute du roman, et le constat du narrateur : « C’est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé. » Quelle jolie métaphore, et tellement vraie !



Mais en refermant ce livre, j’ai ressenti une sensation étrange, à savoir que j’avais l’impression d’avoir énormément aimé, mais sans pour autant l’avoir trouvé transcendant… Je devais peut être en attendre trop, du coup, je reste un peu frustrée, sans qu’il y ait pourtant quelque chose qui m’ait réellement déplu…

Mais Gatsby le Magnifique est incontestablement une grande œuvre, que j’aimerai relire dans quelques années, ne serait-ce que pour comprendre les - très certainement nombreuses - subtilités que j’ai manquées durant cette première lecture.

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Gatsby le magnifique

Il y a une chanson des U2 intitulée "Love is blindness" (L'amour est un aveuglement). Ce titre, si simple, paraît très éloquent pour décrire cet amour de Gatsby. Mais parlons d'abord de ce Gatsby. Ce magnifique personnage.



Ce roman de F. S. Fitzgerald fait partie de ces histoires qui tournent autour d'un personnage comme pourraient l'être "Madame Bovary", "Le Grand Meaulnes" ou "Alexis Zorba" (les exemples sont nombreux). Seulement, le premier défi que doit affronter le romancier dans ce cas, est sans doute le choix du personnage qui doit être intéressant, curieux et singulier; ici il est magnifique ! Notre cher Francis a frappé fort. de plus, il lui faut plusieurs pages pour présenter son personnage à travers les dialogues des autres protagonistes ainsi que la narration d'un voisin du héros. Et ce avant la rentrée de Gatsby sur scène. Cela me rappelle le Tartuffe de Molière qui n'apparaît qu'à partir du troisième acte.



Fitzgerald a une façon remarquable de décrire les faits en dressant des tableaux pompeux et hauts en couleur et en jouant sur les contrastes. Gatsby le magnifique, ce riche excentrique est un homme dont la vie garde tout son mystère. Ce mystère qui est à l'origine de plusieurs rumeurs sur la vérité de ses richesses et sur son passé. Ses fêtes extraordinaires où ses invités jouissent de ses prodigalités sont un sujet de discussion et d'éblouissement.



Mais ce parvenu est nostalgique. Il est seul. Même entouré de tous ses invités folâtres. Il a un goût amer d'inachèvement (cela ressemble à la fameuse scène du film "Le Parfum" où Jean-Baptiste Grenouille, au milieu de cette foule qui goûte aux excès de l'amour, se trouve seul, privé de toute joie). Une frustration. Gatsby a un unique but qui anime son existence ; retrouvé son amour du passé, sa passion de toujours : Daisy. Mais celle-ci est mariée à une brute. le grand Gatsby devient hésitant, timide lorsqu'il la rencontre. le jeu des contrastes est omniprésent.



Une autre histoire d'amour impossible où l'amoureuse est décevante par sa lâcheté. Une histoire d'amour tragique doublée par une description des années folles de l'entre-deux-guerres. Un témoignage exceptionnel de cette époque révolue où vivait l'auteur. Gatsby le fils de pauvres fermiers ne pourra pas retrouver sa Daisy mais aussi il est loin de faire partie de cette aristocratie ennuyeuse. West Egg ne se rapprochera jamais de East Egg.

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Gatsby le magnifique

Gatsby le magnifique est un roman qui m'avait déçu il y a plusieurs années et j'ai voulu lui redonner une nouvelle chance. Pour tout dire il me semble que je l'avais laissé tomber en cours de route, en plein milieu. Déjà qu'il n'est pas épais... Bien m'en a pris d'en reprendre la lecture, mais à partir du début...

C'est sans doute le milieu dans lequel se déroule l'histoire qui m'avait alors agacé.

Le milieu et ses personnages, un milieu mondain, snob, celui d'une Amérique riche, blanche, cynique, raciste, entre les deux guerres...

Mais ce décor ne doit pas nous empêcher d'apprécier la facture de ce roman, son ton, l'histoire qui en est dépeinte, tout cela à sa juste valeur.

Le personnage principal, - Gatsby donc, tarde à entrer en scène et pourtant on le connaît déjà.

Il est fascinant car il ressemble à une légende, on ne sait trop d'où il vient, chacun y va de sa petite musique, il est comme sorti de nulle part.

Il naît peu à peu par les allusions que font de lui les autres protagonistes, qui l'ont connu ou en ont entendu parler, en très bien ou assorti d'une mauvaise réputation. C'est ainsi que le narrateur découvre le personnage avant même d'en faire sa connaissance et s'en fait peut-être déjà une opinion, longtemps à l'avance, attente qui sans doute participe à la fascination que ressent déjà pour lui le narrateur, Nick Carraway, jeune homme de trente ans, pour ne pas dire sa déification. Gatsby semble tout droit descendu de l'Olympe, comme pour venir toucher le monde des humains avec grâce.

Nous sommes dans l'Amérique de l'entre-deux guerres, au temps de la prohibition. Pourtant ici l'alcool coule à flots chez ces jeunes riches, seuls ou en couple. Les hommes sont décrits comme des dandies, les femmes sont dépeintes en sottes. C'est un snobisme d'apparence agréable et joyeuse qui peuplent leur vies.

Ils appartiennent tous à peu de chose près au même monde. Ils se ruent vers l'est à la recherche d'un bonheur insaisissable. Ce sont des enfants gâtés, une génération perdue entre deux guerres.

Ils se livrent à des fêtes somptueuses, comme une farandole effrénée qui n'en finirait jamais. C'est comme un air de jazz qui traverserait leurs nuits.

Ils se sentent légers, beaux, gracieux le temps d'un bal et retombent comme des albatros privés d'ailes, quand les lumières s'éteignent après la fête.

Sont-ils heureux ? Les personnages de ce roman ressemblent à des phalènes agacées par la lumière d'une flamme dans le soir crépitant.

Derrière les fêtes splendides et les paillettes, c'est la fragilité d'une humanité qui est dépeinte.

Gatsby le magnifique, c'est avant tout un roman d'amour, une histoire autour de la désillusion, un rendez-vous manqué, un rêve brisé comme du verre.

Il y a ici comme un parfum de crépuscule, où les pages donnent l'impression de filer vers la mort. C'est comme une voiture lancée à tombeau ouvert sur une route vertigineuse.

C'est une histoire amère. C'est un livre fait de regrets, comme marcher dos au soleil, avec le sentiment d'avoir perdu une partie précieuse de sa vie, la meilleure à jamais...

C'est une fable cruelle, emplie de désenchantement, qui dit la fausseté des gens, qui dit aussi le désarroi et la solitude de l'âme dans ses plis les plus intimes.

Ici tout semble factice, les décors, les bulles de champagnes, les sentiments qui unissent les couples, tout est faux sauf peut-être les déchirures de l'âme.

Sans doute il y a dans le personnage de Gatsby en apparence désinvolte, quelqu'un qui ressemble étrangement à Scott Fitzgerald. Un être fragile, un amoureux transi qui cache ses blessures dans la fête...

L'ultime phrase qui scelle le roman est d'une cruauté implacable : « C'est ainsi que nous avançons, barques luttant contre un courant qui nous rejette sans cesse vers le passé. »

Voilà, il me semble pouvoir vous dire que j'ai sans doute bien fait de reprendre la lecture de ce roman, longtemps après l'avoir abandonnée.
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Gatsby le magnifique

J'avais déjà vu des adaptations au cinéma de ce livre. Redford puis Dicaprio en Gatsby ça en jetait!

Mais j'ai pourtant vraiment apprécié l'oeuvre littéraire.

Les films sont très fidèles, et il ne sert à rien de redire que c'est romantique, mélancolique, triste et désabusé.

Et pourtant les mots ne font pas le même effet. Gatsby nous paraît plus jeune, nous paraît encore un enfant plein d'illusions. Daisy est sans saveur, elle n'existe qu'à peine. J'ai été frappée par le style si fluide de l'auteur, si jazzy, mais aussi par la beauté de ce texte.

La société est dépeinte, les rêves déçus aussi, mais c'est fait de manière plus nuancée, et finalement d'un récit romantique et mélancolique, on retient plutôt l'expression de la vanité d'une vie.
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Gatsby le magnifique

Quelle écriture...

Moi qui aime ressentir, j'ai été servie !

J'ai admiré, j'ai pesté, j'ai été émue, énervée, en colère, mon cœur s'est accéléré, j'ai maudis, j'ai tremblé et puis j'ai pleuré.

Je n'avais encore rien lu de Francis Scott Fitzgerald et je n'avais pas vu les films adaptés de ce roman. Je m'attendais à quelque chose de suranné, un genre de photo sépia... eh bien pas du tout.

Je trouve même que Fitzgerald a quelque chose de très moderne dans la construction de son récit et sa poésie est terriblement touchante.

Si ce n'est déjà fait, foncez, lisez ce magnifique Gatsby !
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L'étrange histoire de Benjamin Button - La li..

Cette nouvelle est dans cette édition suivie d’une seconde nouvelle : « La lie du bonheur »



On retrouve toujours la même écriture magnifique de ce maître parti trop tôt qu’est F.S. Fitzgerald, légère, précise et virevoltante.



Les 2 nouvelles sont agréables à lire même si on est à des années lumières du sublime « Tendre est la nuit ».
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Gatsby le magnifique

Gatsby le magnifique : encore un livre que j'ai lu 2 fois, et pour lequel il y aura sans doute une troisième !



Mais pourquoi celui-là ? Tout d'abord, pour le charme un peu vintage des années 1920 qui sert de toile de fond au roman. L'opulence et la déchéance, l'insouciance et le désenchantement.



Ce qui m'a aussi beaucoup marquée c'est la langue de Fitzgerald. Une langue très belle, très poétique. Certes, c'est ce qui rend le démarrage du roman assez long ; et avait impatienté la lycéenne que j'étais.

Malgré ce "détail", j'ai été au bout de ma lecture. Et là... l'apothéose ! La tragédie grecque revisitée avec des dandys et des garçonnes ("flappers") sur scène !



Gatsby le Magnifique, c'est un mirage, une illusion, celle du rêve américain. On peut se réinventer, mais pas fuir ce qu'on est, et là ... les personnages sont rattrapés par le Destin.

Ils ont vécu leur rêve, au goût doux amer, puis ils en ont payé le prix ...
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Gatsby le magnifique

Nick Carraway a quitté son Middle West natal pour travailler dans la finance à New-York. Par un heureux hasard, il trouve à se loger à Long Island, la banlieue chic de la ville. Sa petite maison est coincée entre deux grosses bâtisses, dont l'une est la somptueuse villa de l'énigmatique Jay Gatsby. L'endroit semble abriter une fête permanente où le tout New-York se presse pour profiter des largesses du maître de maison. Mais personne ne connait vraiment Gatsby et les rumeurs les plus folles courent à son sujet. Qui est-il? D'où vient-il? D'où vient sa fortune? On raconte même qu'il aurait tué un homme...Convié à l'une de ces célèbres réceptions, Nick va se lier à son mystérieux voisin et recueillir quelques confidences. Si James Gatz s'est élevé au-dessus de sa condition, a accumulé une fortune colossale, est devenu Gatsby, c'est pour être digne de Daisy, son amour de jeunesse. Daisy qui vit de l'autre côté du détroit avec son riche mari Tom Buchanan. Daisy qui ne semble pas heureuse auprès d'un époux qui la trompe avec une certaine Myrtle, une femme du peuple mariée à un garagiste. Daisy qui n'est autre que la cousine de Nick. Ce dernier va donc aider au rapprochement des anciens amoureux. Mais par un enchaînement de circonstances malheureuses, les retrouvailles vont tourner au drame.





Ils sont jeunes, superficiels, arrogants, ils dépensent sans compter la fortune familiale, ils s'étourdissent de musique, d'alcool, de vitesse et de sexe. Ils sont la jeunesse privilégiée de l'Amérique des années 20 qui trompe son ennui de fêtes alcoolisées en virées dans les palaces new-yorkais. S'ils fréquentent Gatsby, ce n'est pas sans une certaine condescendance envers ce nouveau riche à la fortune d'origine douteuse. Et pourtant, cette fortune, il l'a amassée pour le plus pur des motifs, pour un rêve d'amour. Comme souvent d'ailleurs, le rêve ne supportera pas d'être confronté à la réalité et Gatsby l'apprendra de façon tragique.

Le roman d'une époque, au ton doux-amer, qui, sous ses airs de grand classique, cache un petit bijou d'émotions tout à fait abordable.
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L'étrange histoire de Benjamin Button - La li..

Olala qu’on est loin de Gatsby! Ça m’a paru poussif, sans épaisseur, pas bien inspiré. Fitzgerald a bien eu une idée, une idée assez originale je ne dis pas, avec cette vie à l’envers de Benjamin Button, qui a cette particularité incontestablement très particulière de naître vieux et d’avancer dans l’existence en rajeunissant. Amusant, mais faut pas pousser, pas formidable au point de remplir à elle toute seule un roman, même si c’est un tout petit roman. Après la surprise du début, l’écrivain semble considérer qu’il a largement rempli son quota de surprenant et s’appliquer à ne plus rien créer d’inattendu, les personnages sont plats, convenus, pas attachants. Heureusement, c’est court.
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Gatsby le magnifique

Inutile de raconter l’histoire de Gatsby le Magnifique, tout le monde la connaît.

Ma lecture, particulière, la voici:



! -Les objets inanimés agissent comme des humains , qui, eux, ont perdu leur statut d’humains. (Ils sont riches, et leur puissance fortunée s’est comme transférée dans leurs objets. L’argent déshumanise les humains.) La pelouse se précipite contre la maison de Daisy, comme emportée par son élan et semble vouloir envahir la pièce. Le vent joue avec les voilages, jusqu’au plafond « glacé de sucre blanc comme un gâteau de mariage. » Les plateaux de cocktails se faufilent et naviguent à travers la foule des invités, qui, eux, voltigent comme des phalènes à travers ses jardins enchantés. Les femmes sont comme de petites chiennes familières, ou, si elles sont belles, et elles le sont, des roses ou des orchidées.



2 - Les fleurs semblent ne jamais se faner dans ce monde de riches que décrit sans illusion Scott Fitzgerald. Perles, robes du soir et champagne. Il y aura bien, à la fin du livre, des orchidées mourantes. C’est que « dans le crépuscule qui nous apportait un peu de fraicheur, nous avons roulé vers la mort ».



3- la lumière : celle, rose suspendue au cœur de la maison de Tom et Daisy, et qui change sans cesse,( c’était un espoir fou pour Gatsby après 5 années passées sans elle,) s’oppose à la clarté irréelle , artificielle et incendiaire de sa propre maison.

La lumière verte du terrain de Daisy, entrevue de derrière les rideaux de Gatsby ,lui paraît vitale comme une pierre précieuse. Mais lorsqu’il en parle à Daisy, il dévoile tellement sa passion qu’il en entrevoit la fin. Jusqu’à cet aveu, la distance entre elle et lui était si grande, qu’en parlant de la lumière verte, c’est comme si il l’éteignait. Elle s’éteindra d’ailleurs brutalement et il n’apercevra que des feuillages devenus hostiles. La dernière phrase du livre évoque la petite lumière verte en laquelle Gatsby a mis ses rêves, « en cet avenir orgastique qui chaque année recule devant nous ».



4- La voix de Daisy : cette ravissante idiote, frivole et sans cœur, enchante les hommes par sa voix sombre, envoutante, dont elle baisse l’intonation pour que l’on se penche vers elle pour l’écouter.

Lorsqu’elle retrouve Gatsby alors qu’elle s’est mariée à un plus fortuné, sa voix devient « aussi neutre que possible ».

Lorsqu’elle trône dans sa propre maison, sa voix devient impudique, arrogante, pleine d’argent. Charmante idole lointaine, inatteignable, partagée entre les bijoux et le champagne.



5- Les rêves. Ce sont des ennemis qui nous emprisonnent, nous présentant une lumière qui nous aveugle plus qu’elle ne nous éclaire. Ce rêve est un fantasme, une chimère, et l’objet aimé n’est pas vu dans sa réalité, Daisy est inférieure à l’invention que Gatsby en a fait. Et d’ailleurs, dans la réalité elle montrera son irresponsabilité : elle et son mari « cassaient les objets, ils cassaient les humains, puis ils s’abritaient derrière leur argent, ou leur extrême insouciance…. Et laissaient à d’autres le soin de nettoyer et de balayer les débris ».

Le rêve meurt en continuant à se débattre, Gatsby le corrompu poursuit quand même son incorruptible rêve .



Paradoxe, et c’est là tout le génie de Scott Fitzgerald, la colossale vigueur de l’aptitude à rêver de Gatsby va éblouir le locuteur Nick. : le passionner et l’aveugler. Il est grand celui qui invente et croit en ses rêves. « ni le feu ni la glace ne sauraient atteindre en intensité ce qu’enferme un homme dans les illusions de son cœur. ». La dernière page est un hymne à ceux qui savent réinventer le monde.



Enfin, et surtout, une écriture somptueuse, lyrique, parfois cynique lorsqu’il parle de l’hystérie dont certaines femmes « entourent une faveur qu’en son parfait égocentrisme il (Gatsby) estimait lui être due. », ou les ragots véhiculés sur lui par ceux qui jouent les experts sous prétexte d’accepter son hospitalité.



Et puis les thèmes chers à Scott Fitzgerald qui est bien « l’un de ces garçons qui atteignent, à vingt et un ans, un tel niveau de réussite que tout ce qu’ils font par la suite a un arrière goût d’échec. ».

Essayer de devenir immensément riche ne fait qu’attiser des soupçons sur la provenance de cette fortune. Seul Tom, lourdaud, alcoolique, raciste a hérité, donc il séduit non seulement Daisy mais aussi les autres avec qui il la trompe.



Le passé ne se rattrape guère. La fortune, non plus.

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Gatsby le magnifique

Années 20. Des années folles! Mais seulement pour quelques-uns. Notamment sur des rivages non loin de New-York, sur Long Island. On se trouve ici avec les nantis de l'Est pour qui les autres, des provinciaux, sont peanuts!



Fitzgerald - à seulement 25 ans! - développe en très peu de pages (200) tout ce que "l'Amérique" compte de contrastes avec une histoire de séduction comme on en lit peu. C'est donc un roman concis mais intense.



La narration est assurée par Nick Carraway, le seul qui doit travailler pour gagner sa pitance dans le roman. Un modeste - comme le pompiste et les serveurs- qui est fasciné par le faste de Gatsby, son voisin. Un personnage secondaire, sans poids dans le récit, mais un observateur qui garde cependant un oeil critique sur ses "amis".



Il nous fait entrer dans le luxe mais le portrait de Gatsby n'apparaît jamais très détaillé. C'est l'un des enjeux du roman de traquer les indices ici et là qui vont le décrire.



On découvre simplement que rien n'est trop beau pour Gatsby. Pourquoi? Pour qui? Pour séduire Daisy, une femme mariée à un rustre, Tom Buchanan.

Gatsby revet donc "le chapeau d'or" et fait parler de lui, comme un acrobate ou un magicien mais qui veut garder le secret des ses tours, dans le cadre de soirées somptueuses à Long Island, au bord du détroit, non loin de là où habite justement la femme qu'il désire.



On peut lire le roman sous plusieurs angles tant il est riche. J'ai particulièrement apprécié le savoir faire du pourtant si jeune Fitzgerald, qui fait saliver son lecteur jusqu'au tiers du roman pour faire apparaître son personnage emblématique et j'ai aussi savouré la critique sociale.



Il en ressort ce que l'on vérifie encore de nos jours, surtout en amour: "qui se ressemble, s'assemble".



Mais peut-être que les mots de Nick Carraway, l'oeil du lecteur, rapportant le faits puis délivrant vers la fin son jugement sur l'insouciance et le cynisme de ces "Tom et Daisy" qui cassaient les objets et les humains puis s'abritaient derrière leur argent et laissaient à d'autres le soin de nettoyer, sauront vous donner l'envie de découvrir l'envers du décor de ce magnifique "Gatsby".



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