François Gantheret :
Comme le murmure d'un ruisseauDans des salons du VIIème arrondissement de Paris,
Olivier Barrot s'entretient avec
François GANTHERET sur son livre "
Comme le murmure d'un ruisseau" (Editions Gallimard).
François Gantheret explique qu'il s'agit d'un
roman sur le temps.
Au fond quand je regarde mon visage dans la glace, mon visage ne sait pas qu'il est regardé, même mes yeux ne le savent pas. C'est moi qui le sais. Ce sont les yeux que j'ai derrière mes yeux qui voient que mes yeux regardent mes yeux. Ah! Ça devient bien compliqué! Et pourtant non, en même temps c'est tout simple. Maintenant c'est fini, je me regarde et je me vois, c'est moi qui me vois.
Elle flotte, désarrimée. Des pans entiers s'écroulent, des couches successives de vie qui n'étaient que des leurres tombent l'une après l'autre, cela ne s'arrêtera jamais, il n'y à rien à trouver, rien à saisir où s'accrocher et se sauver, pas de terre solide pour enfin s'enraciner.
Christophine est allongée sur le ventre, nue, et Balthazar laisse courir ses doigts le long de son dos.
- Tu as deux épaules, dit-il. Mais un seul dos!
Et sa main vérifie consciencieusement les données de l'expérience.
- Et deux ... fesses. Et deux jambes.
Elle roule sur elle-même, lui fait face.
.....
Il y a des choses… il faut bien quelles finissent un jour. Surtout quand elles sont mortes depuis longtemps.
Trente ans ont passé. Le soleil, les arbres, l’odeur de l’herbe et des pins, rien n’a changé. Les montagnes immuables, indifférentes. Le temps n’existe pas là-haut. La mort y règne, absolument.
S'il est une chose qu'enseigne l'analyse, c'est que tout finit par arriver à la seule condition qu'on ne s'y oppose pas. (p.161)
Une mort trop maquillée marche avec lui dans cette magnificence, le précède et l’entoure, comme l’ombre d’un nuage courant sur le sol.
Les femmes pures ont de très petits seins, elles ne sont pas ridées, la ride, c'est la marque du mal. (p.107)